Маргерит Юрсенар - Les mémoires d'Hadrien
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Mes rapports avec le philosophe stoïque Euphratès furent de durée plus brève. Il s’était retiré à Athènes après d’éclatants succès à Rome. Je le pris comme lecteur, mais les souffrances que lui causait de longue date un abcès au foie, et l’affaiblissement qui en résultait, le persuadèrent que sa vie ne lui offrait plus rien qui valût la peine de vivre. Il me demanda la permission de quitter mon service par le suicide. Je n’ai jamais été l’ennemi de la sortie volontaire ; j’y avais pensé comme à une fin possible au moment de la crise qui précéda la mort de Trajan. Ce problème du suicide, qui m’a obsédé depuis, me semblait alors de solution facile. Euphratès eut l’autorisation qu’il réclamait ; je la lui fis porter par mon jeune Bithynien, peut-être parce qu’il m’aurait plu à moi-même de recevoir des mains d’un tel messager cette réponse finale. Le philosophe se présenta au palais le soir même pour une causerie qui ne différait en rien des précédentes ; il se tua le lendemain. Nous reparlâmes plusieurs fois de cet incident : l’enfant en demeura assombri durant quelques jours. Ce bel être sensuel regardait la mort avec horreur ; je ne m’apercevais pas qu’il y pensait déjà beaucoup. Pour moi, je comprenais mal qu’on quittât volontairement un monde qui me paraissait beau, qu’on n’épuisât pas jusqu’au bout, en dépit de tous les maux, la dernière possibilité de pensée, de contact, et même de regard. J’ai bien changé depuis.
Les dates se mélangent : ma mémoire se compose une seule fresque où s’entassent les incidents et les voyages de plusieurs saisons. La barque luxueusement aménagée du marchand Érastos d’Éphèse tourna sa proue vers l’Orient, puis vers le sud, enfin vers cette Italie qui devenait pour moi l’Occident. Rhodes fut touchée deux fois ; Délos, aveuglante de blancheur, fut visitée d’abord par un matin d’avril et plus tard sous la pleine lune du solstice ; le mauvais temps sur la côte d’Épire me permit de prolonger une visite à Dodone. En Sicile, nous nous attardâmes quelques jours à Syracuse pour explorer le mystère des sources : Aréthuse, Cyané, belles nymphes bleues. Je donnai une pensée à Licinius Sura, qui avait jadis consacré ses loisirs d’homme d’État à étudier les merveilles des eaux. J’avais entendu parler des irisations surprenantes de l’aurore sur la mer d’Ionie contemplée du haut de l’Etna. Je décidai d’entreprendre l’ascension de la montagne ; nous passâmes de la région des vignes à celle de la lave, puis de la neige. L’enfant aux jambes dansantes courait sur ces pentes difficiles ; les savants qui m’accompagnaient montèrent à dos de mules. Un abri avait été construit au faîte pour nous permettre d’y attendre l’aube. Elle vint ; une immense écharpe d’Iris se déploya d’un horizon à l’autre ; d’étranges feux brillèrent sur les glaces du sommet ; l’espace terrestre et marin s’ouvrit au regard jusqu’à l’Afrique visible et la Grèce devinée. Ce fut l’une des cimes de ma vie. Rien n’y manqua, ni la frange dorée d’un nuage, ni les aigles, ni l’échanson d’immortalité.
Saisons alcyoniennes, solstice de mes jours… Loin de surfaire mon bonheur à distance, je dois lutter pour n’en pas affadir l’image ; son souvenir même est maintenant trop fort pour moi. Plus sincère que la plupart des hommes, j’avoue sans ambages les causes secrètes de cette félicité : ce calme si propice aux travaux et aux disciplines de l’esprit me semble l’un des plus beaux effets de l’amour. Et je m’étonne que ces joies si précaires, si rarement parfaites au cours d’une vie humaine, sous quelque aspect d’ailleurs que nous les ayons cherchées ou reçues, soient considérées avec tant de méfiance par de prétendus sages, qu’ils en redoutent l’accoutumance et l’excès au lieu d’en redouter le manque et la perte, qu’ils passent à tyranniser leurs sens un temps mieux employé à régler ou à embellir leur âme. À cette époque, je mettais à affermir mon bonheur, à le goûter, à le juger aussi, cette attention constante que j’avais toujours donnée aux moindres détails de mes actes ; et qu’est la volupté elle même, sinon un moment d’attention passionnée du corps ? Tout bonheur est un chef-d’œuvre : la moindre erreur le fausse, la moindre hésitation l’altère, la moindre lourdeur le dépare, la moindre sottise l’abêtit. Le mien n’est responsable en rien de celles de mes imprudences qui plus tard l’ont brisé : tant que j’ai agi dans son sens, j’ai été sage. Je crois encore qu’il eût été possible à un homme plus sage que moi d’être heureux jusqu’à sa mort.
C’est quelque temps plus tard, en Phrygie, sur les confins où la Grèce et l’Asie se mélangent, que j’eus de ce bonheur l’image la plus complète et la plus lucide. Nous campions dans un lieu désert et sauvage, sur l’emplacement de la tombe d’Alcibiade qui mourut là-bas victime des machinations des Satrapes. J’avais fait placer sur ce tombeau négligé depuis des siècles une statue en marbre de Paros, l’effigie de cet homme qui est l’un de ceux que la Grèce a le plus aimés. J’avais aussi donné l’ordre qu’on y célébrât chaque année certains rites commémoratifs ; les habitants du village voisin s’étaient joints aux gens de mon escorte pour la première de ces cérémonies ; un jeune taureau fut sacrifié ; une partie de la chair fut prélevée pour le festin du soir. Il y eut une course de chevaux improvisée dans la plaine, des danses auxquelles le Bithynien prit part avec une grâce fougueuse ; un peu plus tard, au bord du dernier feu, rejetant en arrière sa belle gorge robuste, il chanta. J’aime à m’étendre auprès des morts pour prendre ma mesure : ce soir-là, je comparai ma vie à celle du grand jouisseur vieillissant qui tomba percé de flèches à cette place, défendu par un jeune ami et pleuré par une courtisane d’Athènes. Ma jeunesse n’avait pas prétendu aux prestiges de celle d’Alcibiade : ma diversité égalait ou surpassait la sienne. J’avais joui tout autant, réfléchi davantage, travaillé beaucoup plus ; j’avais comme lui l’étrange bonheur d’être aimé. Alcibiade a tout séduit, même l’Histoire, et cependant, il laisse derrière lui les monceaux de morts athéniens abandonnés dans les carrières de Syracuse, une patrie chancelante, les dieux des carrefours sottement mutilés par ses mains. J’avais gouverné un monde infiniment plus vaste que celui où l’Athénien avait vécu ; j’y avais maintenu la paix ; je l’avais gréé comme un beau navire appareillé pour un voyage qui durera des siècles ; j’avais lutté de mon mieux pour favoriser le sens du divin dans l’homme, sans pourtant y sacrifier l’humain. Mon bonheur m’était un payement.
Chapitre 17
Il y avait Rome. Mais je n’étais plus forcé de ménager, de rassurer, de plaire. L’œuvre du principat s’imposait ; les portes du temple de Janus, qu’on ouvre en temps de guerre, restaient closes ; les intentions portaient leurs fruits ; la prospérité des provinces refluait sur la métropole. Je ne refusai plus le titre de Père de la Patrie, qu’on m’avait proposé à l’époque de mon avènement.
Plotine n’était plus. Durant un précédent séjour en ville, j’avais revu pour la dernière fois cette femme au sourire un peu las, que la nomenclature officielle me donnait pour mère, et qui était bien davantage : mon unique amie. Cette fois, je ne retrouvai d’elle qu’une petite urne déposée sous la Colonne Trajane. J’assistai moi-même aux cérémonies de l’apothéose ; contrairement à l’usage impérial, j’avais pris le deuil pour une période de neuf jours. Mais la mort changeait peu de chose à cette intimité qui depuis des années se passait de présence ; l’impératrice restait ce qu’elle avait toujours été pour moi : un esprit, une pensée à laquelle s’était mariée la mienne.
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