Маргерит Юрсенар - Les mémoires d'Hadrien
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Chapitre 18
Peu à peu, la lumière changea. Depuis deux ans et plus, le passage du temps se marquait aux progrès d’une jeunesse qui se forme, se dore, monte à son zénith : la voix grave s’habituant à crier des ordres aux pilotes et aux maîtres des chasses ; la foulée plus longue du coureur ; les jambes du cavalier maîtrisant plus expertement sa monture ; l’écolier qui avait appris par cœur à Claudiopolis de longs fragments d’Homère se passionnait de poésie voluptueuse et savante, s’engouait de certains passages de Platon. Mon jeune berger devenait un jeune prince. Ce n’était plus l’enfant zélé qui se jetait de cheval, aux haltes, pour m’offrir l’eau des sources puisée dans ses paumes : le donateur savait maintenant l’immense valeur de ses dons. Durant les chasses organisées dans les domaines de Lucius, en Toscane, j’avais pris plaisir à mêler ce visage parfait aux figures lourdes et soucieuses des grands dignitaires, aux profils aigus des Orientaux, aux mufles épais des veneurs barbares, à obliger le bienaimé au rôle difficile de l’ami. À Rome, des intrigues s’étaient nouées autour de cette jeune tête, de bas efforts s’étaient exercés pour capter cette influence, ou pour lui en substituer quelque autre. L’absorption dans une pensée unique douait ce jeune homme de dix-huit ans d’un pouvoir d’indifférence qui manque aux plus sages : il avait su dédaigner, ou ignorer tout cela. Mais la belle bouche avait pris un pli amer dont s’apercevaient les sculpteurs.
J’offre ici aux moralistes une occasion facile de triompher de moi. Mes censeurs s’apprêtent à montrer dans mon malheur les suites d’un égarement, le résultat d’un excès : il m’est d’autant plus difficile de les contredire que je vois mal en quoi consiste l’égarement, et où se situe l’excès. Je m’efforce de ramener mon crime, si c’en est un, à des proportions justes : je me dis que le suicide n’est pas rare, et qu’il est commun de mourir à vingt ans. La mort d’Antinoüs n’est un problème et une catastrophe que pour moi seul. Il se peut que ce désastre ait été inséparable d’un trop-plein de joie, d’un surcroît d’expérience, dont je n’aurais pas consenti à me priver moi-même ni à priver mon compagnon de danger. Mes remords même sont devenus peu à peu une forme amère de possession, une manière de m’assurer que j’ai été jusqu’au bout le triste maître de son destin. Mais je n’ignore pas qu’il faut compter avec les décisions de ce bel étranger que reste malgré tout chaque être qu’on aime. En prenant sur moi toute la faute, je réduis cette jeune figure aux proportions d’une statuette de cire que j’aurais pétrie, puis écrasée entre mes mains. Je n’ai pas le droit de déprécier le singulier chef-d’œuvre que fut son départ ; je dois laisser à cet enfant le mérite de sa propre mort.
Il va sans dire que je n’incrimine pas la préférence sensuelle, fort banale, qui en amour déterminait mon choix. Des passions semblables avaient souvent traversé ma vie ; ces fréquentes amours n’avaient coûté jusqu’ici qu’un minimum de serments, de mensonges, et de maux. Mon bref engouement pour Lucius ne m’avait entraîné qu’à quelques folies réparables. Rien n’empêchait qu’il n’en allât de même pour cette suprême tendresse ; rien, sinon précisément la qualité unique par où elle se distinguait des autres. L’accoutumance nous aurait conduits à cette fin sans gloire, mais aussi sans désastre, que la vie procure à tous ceux qui ne refusent pas son doux émoussement par l’usure. J’aurais vu la passion se changer en amitié, comme le veulent les moralistes, ou en indifférence, ce qui est plus fréquent. Un être jeune se fût détaché de moi au moment où nos liens auraient commencé à me peser ; d’autres routines sensuelles, ou les mêmes sous d’autres formes, se fussent établies dans sa vie ; l’avenir eût contenu un mariage ni pire ni meilleur que tant d’autres, un poste dans l’administration provinciale, la gestion d’un domaine rural en Bithynie ; dans d’autres cas, l’inertie, la vie de cour continuée dans quelque position subalterne ; à tout mettre au pis, une de ces carrières de favoris déchus qui tournent au confident ou à l’entremetteur. La sagesse, si j’y comprends quelque chose, consiste à ne rien ignorer de ces hasards, qui sont la vie même, quitte à s’efforcer d’écarter les pires. Mais ni cet enfant ni moi nous n’étions sages.
Je n’avais pas attendu la présence d’Antinoüs pour me sentir dieu. Mais le succès multipliait autour de moi les chances de vertige ; les saisons semblaient collaborer avec les poètes et les musiciens de mon escorte pour faire de notre existence une fête olympienne. Le jour de mon arrivée à Carthage, une sécheresse de cinq ans prit fin ; la foule délirant sous l’averse acclama en moi le dispensateur des bienfaits d’en haut ; les grands travaux d’Afrique ne furent ensuite qu’une manière de canaliser cette prodigalité céleste. Quelque temps plus tôt, au cours d’une escale en Sardaigne, un orage nous fit chercher refuge dans une cabane de paysans ; Antinoüs aida notre hôte à retourner une couple de tranches de thon sur la braise ; je me crus Zeus visitant Philémon en compagnie d’Hermès. Ce jeune homme aux jambes repliées sur un lit était ce même Hermès dénouant ses sandales ; Bacchus cueillait cette grappe, ou goûtait pour moi cette coupe de vin rose ; ces doigts durcis par la corde de l’arc étaient ceux d’Éros. Parmi tant de travestis, au sein de tant de prestiges, il m’arriva d’oublier la personne humaine, l’enfant qui s’efforçait vainement d’apprendre le latin, priait l’ingénieur Décrianus de lui donner des leçons de mathématiques, puis y renonçait, et qui, au moindre reproche, s’en allait bouder à l’avant du navire en regardant la mer.
Le voyage d’Afrique s’acheva en plein soleil de juillet dans les quartiers tout neufs de Lambèse ; mon compagnon endossa avec une joie puérile la cuirasse et la tunique militaire ; je fus pour quelques jours le Mars nu et casqué participant aux exercices du camp, l’Hercule athlétique grisé du sentiment de sa vigueur encore jeune. En dépit de la chaleur et des longs travaux de terrassement effectués avant mon arrivée, l’armée fonctionna comme tout le reste avec une facilité divine : il eût été impossible d’obliger ce coureur à un saut d’obstacle de plus, d’imposer à ce cavalier une voltige nouvelle, sans nuire à l’efficacité de ces manœuvres elles-mêmes, sans rompre quelque part ce juste équilibre de forces qui en constitue la beauté. Je n’eus à faire remarquer aux officiers qu’une seule erreur imperceptible, un groupe de chevaux laissé à découvert durant le simulacre d’attaque en rase campagne ; mon préfet Cornélianus me satisfit en tout. Un ordre intelligent régissait ces masses d’hommes, de bêtes de trait, de femmes barbares accompagnées d’enfants robustes se pressant aux bords du prétoire pour me baiser les mains. Cette obéissance n’était pas servile ; cette fougue sauvage s’employait à soutenir mon programme de sécurité ; rien n’avait coûté trop cher ; rien n’avait été négligé. Je songeai à faire écrire par Arrien un traité de tactique exact comme un corps bien fait.
A Athènes, la dédicace de l’Olympéion donna lieu trois mois plus tard à des fêtes qui rappelaient les solennités romaines, mais ce qui à Rome s’était passé sur terre se situa là-bas en plein ciel. Par une blonde après-midi d’automne, je pris place sous ce portique conçu à l’échelle surhumaine de Zeus ; ce temple de marbre, élevé sur le lieu où Deucalion vit cesser le Déluge, semblait perdre son poids, flotter comme un lourd nuage blanc ; mon vêtement rituel s’accordait aux tons du soir sur l’Hymette tout proche. J’avais chargé Polémon du discours inauguratoire. Ce fut là que la Grèce me décerna ces appellations divines où je voyais à la fois une source de prestige et le but le plus secret des travaux de ma vie : Évergète, Olympien, Épiphane, Maître de Tout. Et le plus beau, le plus difficile à mériter de tous ces titres : Ionien, Philhellène. Il y avait de l’acteur en Polémon, mais les jeux de physionomie d’un grand comédien traduisent parfois une émotion à laquelle participent toute une foule, tout un siècle. Il leva les yeux, se recueillit avant son exorde, parut rassembler en lui tous les dons contenus dans ce moment du temps. J’avais collaboré avec les âges, avec la vie grecque elle-même ; l’autorité que j’exerçais était moins un pouvoir qu’une mystérieuse puissance, supérieure à l’homme, mais qui n’agit efficacement qu’à travers l’intermédiaire d’une personne humaine ; le mariage de Rome et d’Athènes s’était accompli ; le passé retrouvait un visage d’avenir ; la Grèce repartait comme un navire longtemps immobilisé par un calme, qui sent de nouveau dans ses voiles la poussée du vent. Ce fut alors qu’une mélancolie d’un instant me serra le cœur : je songeai que les mots d’achèvement, de perfection, contiennent en eux le mot de fin : peut-être n’avais-je fait qu’offrir une proie de plus au Temps dévorateur.
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