Маргерит Юрсенар - Les mémoires d'Hadrien

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Mes fréquents séjours en Asie Mineure m’avaient mis en contact avec un petit groupe de savants sérieusement adonnés à la poursuite des arts magiques. Chaque siècle a ses audaces : les meilleurs esprits du nôtre, las d’une philosophie qui tourne de plus en plus aux déclamations d’école, se plaisent à rôder sur ces frontières interdites à l’homme. À Tyr, Philon de Byblos m’avait révélé certains secrets de la vieille magie phénicienne ; il me suivit à Antioche. Nouménios y donnait des mythes de Platon sur la nature de l’âme une interprétation qui restait timide, mais qui eût mené loin un esprit plus hardi que le sien. Ses disciples évoquaient les démons : ce fut un jeu comme un autre. D’étranges figures qui semblaient faites de la moelle même de mes songes m’apparurent dans la fumée du styrax, oscillèrent, se fondirent, ne me laissant que le sentiment d’une ressemblance avec un visage connu et vivant. Tout cela n’était peut-être qu’un simple tour de bateleur : en ce cas, le bateleur savait son métier. Je me remis à l’étude de l’anatomie, effleurée dans ma jeunesse, mais ce n’était plus pour considérer sagement la structure du corps. La curiosité m’avait pris de ces régions intermédiaires où l’âme et la chair se mélangent, où le rêve répond à la réalité, et parfois la devance, où la vie et la mort échangent leurs attributs et leurs masques. Mon médecin Hermogène désapprouvait ces expériences ; il me fit néanmoins connaître un petit nombre de praticiens qui travaillaient sur ces données. J’essayai avec eux de localiser le siège de l’âme, de trouver les liens qui la rattachent au corps, et de mesurer le temps qu’elle met à s’en détacher. Quelques animaux furent sacrifiés à ces recherches. Le chirurgien Satyrus m’emmena dans sa clinique assister à des agonies. Nous rêvions tout haut : l’âme n’est-elle que le suprême aboutissement du corps, manifestation fragile de la peine et du plaisir d’exister ? Est-elle au contraire plus antique que ce corps modelé à son image, et qui, tant bien que mal, lui sert momentanément d’instrument ? Peut-on la rappeler à l’intérieur de la chair, rétablir entre elles cette union étroite, cette combustion que nous appelons la vie ? Si les âmes possèdent leur identité propre, peuvent-elles s’échanger, aller d’un être à l’autre comme le quartier de fruit, la gorgée de vin que deux amants se passent dans un baiser ? Tout sage change vingt fois par an d’avis sur ces choses ; le scepticisme le disputait en moi à l’envie de savoir et l’enthousiasme à l’ironie. Mais je m’étais convaincu que notre intelligence ne laisse filtrer jusqu’à nous qu’un maigre résidu des faits : je m’intéressais de plus en plus au monde obscur de la sensation, nuit noire où fulgurent et tournoient d’aveuglants soleils. Vers la même époque, Phlégon, qui collectionnait les histoires de revenants, nous raconta un soir celle de La Fiancée de Corinthe dont il se porta garant. Cette aventure où l’amour ramenait une âme sur la terre, et lui rendait temporairement un corps, émut chacun de nous, mais à des profondeurs différentes. Plusieurs tentèrent d’amorcer une expérience analogue : Satyrus s’efforça d’évoquer son maître Aspasius, qui avait fait avec lui un de ces pactes, jamais tenus, aux termes desquels ceux qui meurent promettent de renseigner les vivants. Antinoüs me fit une promesse du même genre, que je pris légèrement, n’ayant aucune raison de croire que cet enfant ne me survivrait pas. Philon chercha à faire apparaître sa femme morte. Je permis que le nom de mon père et de ma mère fussent prononcés, mais une sorte de pudeur m’empêcha d’évoquer Plotine. Aucune de ces tentatives ne réussit. Mais d’étranges portes s’étaient ouvertes.

Peu de jours avant le départ d’Antioche, j’allai sacrifier comme autrefois sur le sommet du mont Cassius. L’ascension fut faite de nuit : comme pour l’Etna, je n’emmenai avec moi qu’un petit nombre d’amis au pied sûr. Mon but n’était pas seulement d’accomplir un rite propitiatoire dans ce sanctuaire plus sacré qu’un autre : je voulais revoir de là-haut ce phénomène de l’aurore, prodige journalier que je n’ai jamais contemplé sans un secret cri de joie. À la hauteur du sommet, le soleil fait reluire les ornements de cuivre du temple, les visages éclairés sourient en pleine lumière, quand les plaines de l’Asie et de la mer sont encore plongées dans l’ombre ; pour quelques instants, l’homme qui prie au faîte est le seul bénéficiaire du matin. On prépara tout pour un sacrifice ; nous montâmes à cheval d’abord, puis à pied, le long de sentes périlleuses bordées de genêts et de lentisques qu’on reconnaissait de nuit à leurs parfums. L’air était lourd ; ce printemps brûlait comme ailleurs l’été. Pour la première fois au cours d’une ascension en montagne, le souffle me manqua : je dus m’appuyer un moment sur l’épaule du préféré. Un orage, prévu depuis quelque temps par Hermogène, qui se connaît en météorologie, éclata à une centaine de pas du sommet. Les prêtres sortirent pour nous recevoir à la lueur des éclairs ; la petite troupe trempée jusqu’aux os se pressa autour de l’autel disposé pour le sacrifice. Il allait s’accomplir, quand la foudre éclatant sur nous tua d’un seul coup le victimaire et la victime. Le premier instant d’horreur passé, Hermogène se pencha avec une curiosité de médecin sur le groupe foudroyé ; Chabrias et le grand prêtre se récriaient d’admiration : l’homme et le faon sacrifiés par cette épée divine s’unissaient à l’éternité de mon Génie : ces vies substituées prolongeaient la mienne. Antinoüs agrippé à mon bras tremblait, non de terreur, comme je le crus alors, mais sous le coup d’une pensée que je compris plus tard. Un être épouvanté de déchoir, c’est-à-dire de vieillir, avait dû se promettre depuis longtemps de mourir au premier signe de déclin, ou même bien avant. J’en arrive aujourd’hui à croire que cette promesse, que tant de nous se sont faite, mais sans la tenir, remontait chez lui très loin, à l’époque de Nicomédie et de la rencontre au bord de la source. Elle expliquait son indolence, son ardeur au plaisir, sa tristesse, son indifférence totale à tout avenir. Mais il fallait encore que ce départ n’eût pas l’air d’une révolte, et ne contînt nulle plainte. L’éclair du mont Cassius lui montrait une issue : la mort pouvait devenir une dernière forme de service, un dernier don, et le seul qui restât. L’illumination de l’aurore fut peu de chose à côté du sourire qui se leva sur ce visage bouleversé. Quelques jours plus tard, je revis ce même sourire, mais plus caché, voilé d’ambiguïté : à souper, Polémon, qui se mêlait de chiromancie, voulut examiner la main du jeune homme, cette paume où m’effrayait moi-même une étonnante chute d’étoiles. L’enfant la retira, la referma, d’un geste doux, et presque pudique. Il tenait à garder le secret de son jeu, et celui de sa fin.

Chapitre 19

Nous fîmes halte à Jérusalem. J’y étudiai sur place le plan d’une ville nouvelle, que je me proposai de construire sur l’emplacement de la cité juive ruinée par Titus. La bonne administration de la Judée, les progrès du commerce de l’Orient, nécessitaient à ce carrefour de routes le développement d’une grande métropole. Je prévis la capitale romaine habituelle : Ælia Capitolina aurait ses temples, ses marchés, ses bains publics, son sanctuaire de la Vénus romaine. Mon goût récent pour les cultes passionnés et tendres me fit choisir sur le mont Moriah la grotte la plus propice à la célébration des Adonies. Ces projets indignèrent la populace juive : ces déshérités préféraient leurs ruines à une grande ville où s’offriraient toutes les aubaines du gain, du savoir et du plaisir. Les ouvriers qui donnaient le premier coup de pioche dans ces murs croulants furent molestés par la foule. Je passai outre : Fidus Aquila, qui devait sous peu employer son génie d’organisateur à la construction d’Antinoé, se mit à l’œuvre à Jérusalem. Je refusai de voir, sur ces tas de débris, la croissance rapide de la haine. Un mois plus tard, nous arrivâmes à Péluse. Je pris soin d’y relever la tombe de Pompée. Plus je m’enfonçais dans ces affaires d’Orient, plus j’admirais le génie politique de cet éternel vaincu du grand Jules. Pompée, qui s’efforça de mettre de l’ordre dans ce monde incertain de l’Asie, me semblait parfois avoir œuvré plus effectivement pour Rome que César lui-même. Ces travaux de réfection furent l’une de mes dernières offrandes aux morts de l’Histoire : j’allais bientôt avoir à m’occuper d’autres tombeaux.

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