Сорж Шаландон - Mon traître
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- Название:Mon traître
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- Издательство:J'ai Lu
- Жанр:
- Год:2011
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— Parle, pour la mémoire de ton père, Tyrone.
— É pargne-moi ça, Mike.
— Tu veux qu’on reprenne demain ?
— S’il vous plaît.
— D’accord. On arrête.
— Personne n’est mort à cause de moi. J e n’ai pas trahi comme ça.
— Demain, Meehan. On reprendra demain. Éteignez la caméra.
Mon traître
C’était l’année dernière, un matin d’hiver. Le vendredi 15 décembre 2006. Je redressais une touche d’ébène au rabot. Deux des coins du violon avaient été arrachés. Les éclisses étaient légèrement choquées, ainsi que le pourtour de la table au niveau des filets. Le chevalet avait disparu. Le dos était fendu. Il manquait aussi les chevilles du ré et du mi. Augustin Chappuy avait gravé son nom au fer, sous le vernis, au talon du manche. C’était un faiseur de violon originaire de Mirecourt. Je datais l’instrument d’un peu avant 1780. Les chevilles restantes étaient en palissandre. Le dos, le manche étaient en érable et la table en épicéa. Un luthier de Saint-Etienne, J.B. Portier, avait restauré l’instrument en septembre 1909. Il avait collé son étiquette à l’intérieur et l’avait signée de sa main.
J’avais posé l’instrument sur une peau de chamois. Je le travaillais lentement. Il neigeait. Je promenais mon regard du bois noir à la fenêtre grise. La réparation n’était pas pressée. J’avais le temps. J’imaginais le luthier stéphanois, un scalpel à la main, redessiner le filet à la lumière d’une lampe faible. Je le voyais en blouse, son brouillon de cheveux blancs. J’ai caressé le violon, de la volute jusqu’au bouton. Une seule fois, j’ai éprouvé ce plaisir. Un collectionneur m’avait apporté un Amati superbe. Il n’était pas à l’aise en le jouant. Il voulait que j’enlève un peu d’épaisseur, que j’accentue l’arrondi du manche au-dessus du talon, pour mieux y caler sa paume. Il m’a demandé s’il pouvait rester. J’ai dit que cela prendrait un peu de temps. Il s’est assis à côté de moi, sur le tabouret, il a regardé mon canif entamer le bois. Et je tremblais.
Je n’ai pas réagi immédiatement. Le son de la radio était bas. Deux passants japonais prenaient ma vitrine en photo. J’ai entendu « Irlande du Nord », puis le mot « traître ». J’ai monté le son. Mais l’actualité était partie ailleurs. J’ai posé mon rabot. Il m’a semblé que le nom de Tyrone Meehan était entré dans la pièce. C’était juste une impression. Quelque chose de désagréable était là, qui traînait comme une ombre. J’avais entendu le nom de Tyrone. C’était certain. Quand le touriste me photographiait au travail, tout à l’heure, je me suis demandé pourquoi je pensais brusquement au sourire de mon ami.
Tyrone devait venir à Paris la semaine suivante. Il se déplaçait moins depuis la trêve, mais utilisait ma chambre encore, parfois. « La paix est longue à mettre en place, il faut tout nettoyer », m’avait-il dit un jour. Au printemps dernier, il était venu me visiter avec Sheila. Pour elle, c’était la première fois. Je les ai emmenés partout. Montmartre, la tour Eiffel, la promenade sur la Seine, les brasseries. Tyrone payait beaucoup et je lui en voulais. Sheila aussi, qui le grondait des yeux chaque fois qu’il posait sa main sur la note. Il a prétendu que c’était son premier voyage à Paris. Il faisait mine de s’émerveiller de tout, clignant de l’œil dès qu’elle avait le dos tourné.
J’ai appelé Tyrone. C’est Sheila qui a décroché. Elle n’avait pas sa voix. Elle m’a dit de rappeler plus tard, ou une autre fois. Elle semblait pressée et inquiète. Elle a raccroché. J’ai rappelé au soir. C’était Jack. En accord avec le processus de paix, le fils Meehan avait été libéré en juillet 2000, avec les derniers prisonniers de Long Kesh. Je l’aimais beaucoup. Il m’appelait « frérot ». Je lui ai demandé comment ça allait. « Mal », c’est ce qu’il a répondu. Il m’a dit qu’il y avait un problème avec Tyrone. Qu’il avait été accusé de quelque chose de grave mais que tout allait s’arranger.
J’ai rallumé la radio. Rien. L’Irlande du Nord avait disparu des informations. Je suis sorti. Il y a un kiosque à journaux à l’entrée du métro Rome. J’ai acheté un journal du soir. Je l’ai ouvert et je suis tombé. J’avais déplié le journal, je marchais, j’ai lu un titre en gras, quelques lignes et je suis tombé. Pas tombé comme on chute. Pas violent ni brusque. Simplement, j’ai tout arrêté. J’étais sur le trottoir, sur le terre-plein, à quelques mètres de mon atelier. J’ai arrêté de marcher, j’ai arrêté de lire, j’ai arrêté de me porter. Je me suis laissé aller en arrière. J’ai lâché le journal. Je me suis assis lourdement, puis couché sur le dos, tête heurtée contre le sol dans un silence blanc. Des gens sont passés. Plusieurs, sans un mot, regards. Puis un postier s’est penché sur moi. Et une femme. Un jeune homme aussi, qui parlait de malaise. Le postier m’a assis avec précaution. Il a enlevé ses gants. Il a ouvert mon col de chemise. Il a dit que j’étais gris. Que j’avais les lèvres bleues. Le serveur du café est arrivé avec un verre d’eau. C’est lui qui fait mon sandwich à midi. Il m’a appelé Monsieur Antoine. Il m’a demandé si ça allait. J’ai hoché la tête. Le journal tombé me quittait page à page, balayé par le vent.
Je ne sais plus comment. Je me suis retrouvé dans mon atelier. Assis sur le tabouret des visiteurs. J’ai regardé le violon meurtri. J’ai regardé mon mur. Les limes, glissées par dizaines dans leur support de bois. Mes canifs, avec leur manche d’érable fileté d’ébène. J’ai regardé les gouges, les lousses spiralées, les bédanes à filet, les ciseaux, les rabots, les serre-joints, les cales, les presses, les burins, les pointes, des frettes de guitare ancienne oubliées dans un coin de l’établi comme un jeu de mikado. J’ai regardé le fouillis de chiffons souillés, d’éclats de bois, de copeaux, de poussière, le gâchis de cordes enroulées tout autour de ma lampe, les boîtes, les bouchons, les débris de papier de verre, les pinceaux en bottes dans leurs tasses ébréchées. J’ai regardé les bocaux de vernis, les bouteilles à secrets, j’ai regardé mon réchaud à un feu, la casserole de colle de poisson durcie. J’ai regardé le bois rude, les quartiers d’épicéa, d’érable, empilés depuis des années en attendant d’être secs. Longtemps, j’ai regardé les violons, qui pendaient aux crochets comme des pièces de boucher. J’ai regardé ce désordre étranger, cette clarté terre de Sienne, cette presque obscurité.
Sans plus rien comprendre, j’ai retrouvé sur le mur le grand homme à col rond, et cet autre, cheveux longs, ce Bobby Sands qui souriait à la mort. J’ai relu le poème de Yeats et sa terrible beauté. J’ai regardé la proclamation d’indépendance, « Au nom de Dieu et des générations mortes… ». Je ne respirais pas. J’avais la bouche en liège. Le ventre en caverne. Ma tête battait. La neige avait cessé. La rue ne murmurait plus rien. J’étais assis, mains entre les cuisses. J’avais froid. Jamais, je n’ai eu aussi froid. La lumière éteinte. J’étais mon ombre, dos voûté, tête basse, bouche ouverte. Je sentais mon cœur. J’étais sans souffle. J’ai posé les coudes sur l’établi. J’ai pris ma tête entre les mains.
C’était un tout petit article. De ces choses rapides à lire, qui bloquent les colonnes d’un journal comme une cale sous un meuble. « Un traître au sein de l'IRA », disait le titre en gras. Presque immédiatement, le nom de Tyrone était là, en tout début de ligne. Je ne l’avais jamais vu écrit. Pas comme ça, pas dans un journal français avec son âge juste à côté. « Tyrone Meehan, 81 ans. » L’article disait que cet Irlandais était un « membre important de l’organisation terroriste » . Qu’il avait avoué avoir trahi les républicains pendant 25 ans. Qu’il avait touché de l’argent pour ses informations. Qu’il l’avait annoncé publiquement, à Dublin, lors d’une conférence de presse improvisée par Sinn Féin, l’aile politique de l'IRA. L’article disait aussi que c’était un coup dur à l’encontre de la crédibilité des nationalistes mais que cela ne mettait pas en danger le processus de paix.
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