Сорж Шаландон - Mon traître
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- Название:Mon traître
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- Издательство:J'ai Lu
- Жанр:
- Год:2011
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— Mais ne te trompe pas, m’a dit Tyrone Meehan. Je ne les déteste pas parce qu’ils nous combattent. Ce n’est rien, nous combattre. C’est la guerre. Ils nous emprisonnent, ils torturent nos gars, ils nous tuent, mais ce n’est pas pour ça que je leur en veux.
Je buvais au goulot. Une échappée brûlante. Tyrone était couché sur le dos, mains croisées sous sa nuque, recouvert d’une couverture de laine tricotée. Il avait allumé une lampe torche qui éclairait le bleu de la tente. J’étais allongé sur le côté. Je le regardais. Il parlait bas.
— J’en veux à ces salauds pour ce qu’ils ont fait de nous. Je leur en veux parce qu’ils nous ont obligés à tricher, à mentir et à tuer. Je déteste l’homme qu’ils ont fait de moi, a encore dit Tyrone Meehan.
J’ai dormi à sa droite, habillé, un peu ivre, le visage écrasé contre la toile. Au matin, la pluie m’a réveillé. Son crépitement glacé. Tyrone n’était pas là. J’avais le front lesté, les lèvres en pierre. J’ai ouvert la tente. Il était debout, de dos, face au lac noir. La brume se déchirait vers l’ouest et le ciel hésitait.
— Salut, fils, a dit Tyrone.
Mon traître avait entendu la fermeture éclair. Il ne m’a pas regardé. Il a ouvert le bras pour prendre mon épaule. Je suis venu à lui. Il fumait. Il m’a serré en frère. Comme il le faisait lorsque j’allais mal. Lorsque j’avais peur, quand je doutais de tout, quand parfois je croyais la guerre inutile ou perdue. Nous étions comme ça, à deux, face au lac, au milieu de son Irlande et sous son ciel. Il m’a pris par l’épaule. Il n’a rien dit, d’abord. Il a laissé le vent, la lumière effleurer les collines, les murets de pierres plates. Sa main, lourde sur mon épaule, ses yeux clos. Je l’ai regardé. J’étais fier. De sa confiance, surtout.
Après la mort de Jim, peu à peu, Tyrone avait accepté que j’aide le combat républicain. Que je mette ma chambre à disposition, comme je l’avais fait par le passé. Mais pour lui cette fois, et pour lui seul.
— Il n’y a que moi, tu m’entends ? Personne d’autre que moi, avait prévenu Tyrone. Les autres restent en dehors, tous. C’est la règle de la clandestinité.
Lorsqu’il venait en France, il disait qu’il allait à Dublin ou à Cork. Même Sheila le croyait en Irlande. A Paris, Tyrone n’était jamais accompagné. Il refusait que je vienne le chercher à l’aéroport. Ne pas être vus ensemble, c’était le protocole. Il se débrouillait et me retrouvait de nuit à mon atelier. Je lui donnais les clefs de la chambre de service et il les glissait dans ma boîte aux lettres deux jours après. Comme le faisaient les autres, avant leur arrestation. Parce que tous avaient été arrêtés. En décembre 1982, Paddy, qui recomptait l’argent dans les toilettes, fut interpellé à Roissy par la police française avec Mary, la femme à l’écharpe. Le petit roux avec une drôle de démarche, qui avait occupé ma chambre après lui, fut pris à Rosslare, par la Spécial Branch irlandaise en débarquant du ferry. Le grand type à barbe blanche, qui me saluait par la vitrine, s’appelait John McAnulty. Il fut intercepté gare Saint-Lazare, avec les deux jeunes gars tatoués qui jouaient au flipper dans ma brasserie. Ils prenaient le train pour Le Havre avec de faux passeports.
— On ne joue pas à la guerre, on la fait, disait Tyrone Meehan.
Lui ne buvait pas dans les cafés. Il ne faisait aucun signe par la vitre. Il ne traînait pas dans ma rue. Il traversait au bonhomme vert et dans les clous. Il prenait les clefs, les rendait. Jamais, nous ne parlions de ce qu’il faisait en France. Je l’imaginais. Il rendait visite à des évadés, il surveillait un transport d’armes, il veillait à la fabrication de faux papiers, il convoyait de l’argent. Je ne savais pas. Je tremblais pour lui. Quand je retrouvais Tyrone à Belfast, son voyage à Paris n’avait jamais existé. Voilà. C’était mon rôle. Un engagement minuscule. Tyrone Meehan en avait décidé ainsi. Il ne m’a jamais demandé autre chose que ma clef.
Je regardais mon traître. Il regardait le lac et puis il a parlé. Il a dit que, si un jour je doutais, si je me demandais pourquoi la violence, pourquoi les sacrifices, pourquoi la guerre, pourquoi James Connolly, pourquoi Bobby Sands, pourquoi Jim O’Leary, il fallait que je fasse silence. Où que je sois. A Belfast, à Paris, dans mon atelier, entre amis, seul, triste, heureux, en automne ou au printemps. Il fallait que je ferme les yeux et que j’appelle ce lac à l’aide, ces collines, ce ciel, ce vent. Il fallait que j’appelle cette beauté. Et là, comme ça, il a dit que je sentirais sa main sur mon épaule et que tout serait simple. Il a dit qu’alors je saurais qu’il est juste, et normal, et bon que des hommes se battent pour cette terre. Je ne lui ai pas parlé de mon songe, de ma vieille Irlandaise, de Mise Éire, de ses cheveux gris et de sa colère blanche face aux soldats. C’est elle, déjà, qui me murmurait ça lorsque mes nuits manquaient de force.
Tyrone a choisi la casquette pour moi. Il m’a emmené dans un magasin minuscule, caché par un rocher. La vendeuse l’a appelé par son prénom. Il a dit que j’étais comme son fils. Il a entouré ma tête avec un mètre ruban. Il a soulevé le tweed en tas.
— Essaye ça, a dit Tyrone Meehan.
Une casquette large, à bouton sur le dessus et chevrons noirs et bruns. Dans la glace, un Irlandais riait. C’était moi, exactement. Tyrone a payé. J’étais gêné. Il était chômeur. Sheila était infirmière. Ils avaient du mal à commencer le mois. Souvent, j’achetais de la viande pour qu’ils puissent oublier les patates et le chou. Sur le pas de la porte, Tyrone a pris la visière de ma casquette à deux mains et l’a cassée par le centre en rejoignant les bords.
— Montre, m’a demandé l’Irlandais.
Je me suis mis face à lui, mains dans les poches, veste un peu juste, pantalon aux chevilles, visière arrondie, casquette tombée sur le côté droit. Il m’a regardé et a levé le pouce.
— Tu étais Antoine, te voilà Tony, a ri Tyrone Meehan.
Et j’ai ri aussi.
La trêve
J’ai vraiment cru à la paix pour la première fois le lundi 22 août 1994. J’étais à Paris. La ville avait déjà son voile de septembre. Il pleuvait fin et frais. Après être allé à Belfast, au début du mois, j’avais pris quelques jours chez des parents en Mayenne. J’étais aussi allé visiter un ami à Mirecourt, un vieux luthier qui se contente aujourd’hui de trembler. J’étais heureux de retrouver mon atelier. Je rangeais l’établi en sifflotant. Lorsque le téléphone a sonné, je l’ai regardé sans un geste. C’est comme si je savais. Depuis des semaines, l’Irlande bruissait de l’incroyable nouvelle. L’IRA, l’Armée républicaine, avait décidé de déposer les armes. Pas de les rendre, comme l’écrivaient les journaux. A qui l’IRA pouvait-elle donc rendre les armes ? Elle n’était ni vaincue ni exsangue. Il n’était pas question ici de reddition militaire mais de courage politique. Déposer les armes, les détruire, accepter de neutraliser son arsenal sous le contrôle d’une commission internationale indépendante, voilà ce que l’IRA proposait. En échange, Sinn Féin – son aile politique – serait associé au processus de paix. En échange, les protestants, unionistes, loyalistes, orangistes, tous devraient accepter de partager le pouvoir avec les minoritaires catholiques. Le temps des concessions grimaçait au fond des âmes.
— Tony ? C’est Tyrone. C’est fait, Tony. C’est pour mercredi minuit. Tu viens ?
J’ai éclaté en larmes. Je serrais mon téléphone à deux mains et je pleurais. C’était fait. La trêve, le cessez-le-feu, peu importe les mots qui seraient mis dessus par d’autres. C’était fait. Je viens ? Mais bien sûr, je viens. Quelques chemises dans un sac, ma casquette de pluie, le premier avion pour Dublin. J’ai tremblé jusqu’à ce que j’arrive à Belfast. J’ai tremblé vraiment, comme un jeune homme avant le bonheur. Tyrone et Sheila étaient à la gare. J’ai couru vers eux. Jamais, je n’avais couru comme cela vers personne. Je courais le long du quai vers Sheila et Tyrone, mon sac à l’épaule. Je courais vers les portes de la gare, vers la ville, vers son odeur de tourbe et de mouillé. Je courais en riant. Sheila, puis Tyrone, puis Sheila encore, puis tous trois soudés, passant de bras en bras et de lèvres en peau au milieu de la gare, des regards amusés. Et puis j’ai reculé, j’ai pris Tyrone par les bras, je l’ai regardé, mon front presque à toucher le sien.
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