Сорж Шаландон - Mon traître

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Lorsque le cercueil est apparu, la foule s’est levée en silence. Le prêtre ouvrait la marche. Deux femmes et quatre hommes soutenaient le corps de Jim. Cathy et sa sœur, d’abord. Puis Tyrone et des visages connus. Trois porteurs de chaque côté. La foule s’était ouverte. Les gens se signaient en silence. Aucun autre bruit que les pas raclés sur la rue. Après quelques dizaines de mètres, les six porteurs ont été remplacés. Et puis d’autres plus loin. Et encore d’autres après. Tyrone me cherchait. Sans un mot, il m’a pris par le bras et placé derrière les porteurs suivants. Cathy pleurait, tête basse, elle portait dans les bras une photo encadrée de Jim et Denis, leur fils. Sheila pleurait. Je crois que je pleurais aussi. Il y eut un ordre bref. J’ai suivi la relève. J’ai calé le bas du cercueil entre mon épaule gauche et mon oreille, joue écrasée contre les moulures du bois. J’étais le porteur du milieu. Sur mon épaule droite, je sentais la main ferme du porteur d’en face. Il m’enserrait comme on protège. Mon bras gauche était tendu vers lui, à l’horizontale sous la charge funèbre, et mes doigts, tout au bout, écrasaient son épaule. De la main droite, j’ai agrippé la poignée de laiton ouvragé qui pendait à hauteur de mon front. Voilà donc ce qu’était un cercueil porté à dos d’homme. J’avais la nuque douloureuse et mes jambes tremblaient. « Le cercueil a été porté à dos d’homme. » J’avais tant et tant lu ces mots sans en connaître le poids. Je marchais en fermant les yeux. Je parlais à Jim à travers la paroi glacée. Je lui disais que je l’aimais. Je le remerciais de m’avoir emmené jusqu’à lui, jusqu’à son pays, jusqu’à tant et tant de cœurs blessés. Un homme a pris ma place. J’ai repris ma marche. Tyrone a posé sa main sur mon épaule. Il est resté comme ça, appuyé lourdement sur moi jusqu’au cimetière. Derrière les grilles, sur les collines qui entourent Milltown, les policiers et les soldats surveillaient notre deuil. Caché par la foule, un homme a offert le drapeau plié, le béret et les gants à Cathy. Elle a refusé la tradition en secouant la tête. Elle pleurait, la photo de son enfant et de son homme plaquée sur le cœur. La mère de Jim a recueilli les symboles du soldat défunt.

A la nuit tombée, bien plus tard, à l’heure où les rues ici ne servent à rien, une unité de volunteers s’est rendue sur la tombe de Jim O’Leary. Quatre hommes, en uniformes de parade, brassards tricolores, foulards sur la bouche, armés de fusils d’assaut. Comme ils l’avaient fait pour Bobby Sands, ils ont tiré trois salves d’honneur au-dessus de la tombe fraîche.

Le 29 novembre, Tyrone a été arrêté. Il était accusé d’avoir organisé l’hommage militaire en mémoire de Jim. Les Britanniques ont enfoncé la porte de sa maison à coups de masse. J’étais rentré à Paris. Sheila m’a raconté. Ils dormaient. Tyrone a ouvert la fenêtre pour hurler au secours. Il a cru à une attaque loyaliste. Puis il a vu les blindés qui bloquaient la rue. Alors il est descendu en pyjama pour ouvrir la grille du premier étage. Les soldats ont renversé le canapé, les livres. Ils ont ouvert les tiroirs, le four, le réfrigérateur. Ils ont fouillé les armoires, les sommiers, la salle de bains. Ils ont emmené Tyrone pieds nus et en habit de nuit. Cinq jours, ils l'ont gardé au centre d'interrogatoire de Castlereagh. Et puis ils l'ont relâché, comme ça. Sans explication ni charge. Ils l'ont juste relâché.

*

Au printemps 1982, Tyrone m’a offert une casquette. La même que lui, une large de chez Shandon, à chevrons, en tweed brun, avec un bouton sur le dessus. Mais avant cela, il m’a emmené à Milltown pour fleurir la tombe de Jim. Son lieu de repos était simple. Une croix celtique, une pierre tombale, du granit. J’ai posé mon bouquet au milieu des fleurs anciennes et des rubans tricolores fanés. Tyrone était derrière, en retrait. Il m’observait, mains dans les poches. A droite, plus loin, au milieu des ronces, des herbes mauvaises et des stèles penchées, une femme balayait une tombe. Derrière elle, près d’un caveau gris, un enfant et sa mère redressaient un vase tombé. Des brumes de détresse s’accrochaient aux collines qui encerclent la ville. J’avais le cœur froid. J’ai lu ce qui restait de mon ami. Lettres dorées sur une plaque de marbre noir. Il pleuvait, juste un peu.

Vol. Jim O’Leary

1937-1981

2nd bat

Belfast Brigade Óglaigh na-hÉireann

Killed in action

R.I.P.

J’ai eu envie de prier. Je me suis aperçu que je ne savais plus. Alors j’ai simplement imaginé qu’il était là, assis sur la pierre, un genou dans les mains. J’ai murmuré pour lui. A toi, Jim O’Leary, mort à 44 ans le 6 novembre 1981. A toi, soldat de la brigade de Belfast de l’Armée républicaine irlandaise, tué au combat. A toi, mon ami. Toi, le grand type sous la pluie, qui m’a conseillé d’ouvrir mon étui à violon un dimanche d’avril 1975, avant de m’emmener chez toi comme un Français perdu. A toi, l’élégant, qui ne m’a jamais parlé de ton combat. Jamais. Qui a gardé le silence sur ta façon de faire la guerre.

J’ai levé les yeux au ciel. Je l’ai trouvé tourmenté, trop grand, tout épuisé d’orage. Il pleuvait plus encore. Quand j’ai rejoint Tyrone, il a enlevé sa casquette et me l’a mise sur la tête en souriant.

— Il t’en faut une, a-t-il dit.

Je dormais désormais chez lui. Dans la chambre de Jack, son fils emprisonné. Après la disparition de Jim, Cathy sa femme avait quitté Belfast. Elle était retournée vivre à Dublin, chez ses parents. Elle ne supportait plus rien de la guerre. Plus rien de la violence, de la souffrance et des symboles. Elle ne supportait plus que le nom de son mari soit applaudi dans les clubs. Elle était comme très vieille, fatiguée, grise. Elle avait perdu son enfant et son homme. Elle était blessée. Elle était défaite. Elle était comme morte. On m’a dit qu’elle buvait. Je ne sais pas si elle vit encore. Je ne l’ai jamais revue.

Tyrone Meehan avait tout prévu. Lui et moi, juste nous. Une tente pour deux, des duvets, un réchaud à gaz, une voiture empruntée et des imperméables. Nous avons quitté Belfast au matin. Le ciel était d’ouest, ample et lourd. Aucune patrouille ennemie, aucun blindé. Nous avons longé le Lough Foyle et traversé Derry avant de passer la frontière pour le Donegal, sa patrie. Il roulait en sifflotant. Je regardais l’Irlande par la vitre. La mer grise. J’étais ému et fier. Encore ému, et toujours fier. C’était un voyage pour rien. Simplement, nous retournions sur sa terre natale pour acheter ma casquette.

— Il faudra que tu la casses, autrement c’est moche, a dit Tyrone.

Il a lâché le volant, pour montrer les bords de sa visière qui tombaient sur ses yeux.

— Tu vois ?

J’ai dit oui. J’ai pensé peu importe. J’étais bien. Il sifflotait toujours. Je regardais la lande, les moutons marqués de bleu, les champs de tourbe, les nuages qui traînaient. La radio disait qu’une patrouille britannique avait été prise pour cible dans le ghetto catholique d’Ardoyne mais que personne n’avait été blessé. Tyrone a baissé le son. Il a ouvert sa fenêtre.

— Tu le sens ?

— Quoi ?

— Notre pays.

Une odeur de lourd, de mouillé, de ciel battant, de menaçant, de terre, de colère océane. J’ai regardé Tyrone. Il surveillait son rétroviseur.

— Ça va ? j’ai demandé.

— Ça n’a pas l’air d’aller ?

Nous avons planté la tente près d’un lac, presque en bordure de route. Tyrone avait emporté du pain brun, des saucisses et du chou cuit. Nous nous sommes couchés tôt. Il avait avec lui un flacon de poteen, un alcool blanc de paysan, brûlant, écœurant, des épluchures de pomme de terre torturées en alambic. Nous l’avons bu à deux. Tyrone parlait. Il portait le flacon à ses lèvres, secouait la tête, grimaçait les yeux fermés et puis parlait encore. Il m’a dit qu’il en voulait aux Britanniques, qu’il avait pour leur guerre une colère infinie.

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