Anatole France - L’Île Des Pingouins

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L’Île Des Pingouins: краткое содержание, описание и аннотация

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Adoptant un style faussement détaché d’historien anthropologue, Anatole France dépeint le développement de la civilisation de la Pingouinie. Ses habitants, les Pingouins, sont des créatures humanisées par la volonté de Dieu afin de pouvoir lui rendre les honneurs canoniques. L’auteur retrace caricaturalement l’histoire de France en s’attaquant malicieusement aux «temples» de la société. Religion, propriété, État, institutions sont observés par le biais de leurs aspects les plus caricaturaux telle l’affaire Dreyfus, à peine déguisée. L’humour — fruit du décalage entre le ton solennel et les absurditées relatées — colore le récit tout le long. (AFANE)

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Le culte de la richesse eut ses martyrs. L’un de ces milliardaires, le fameux Samuel Box, aima mieux mourir que de céder la moindre parcelle de son bien. Un de ses ouvriers, victime d’un accident de travail, se voyant refuser toute indemnité, fit valoir ses droits devant les tribunaux, mais rebuté par d’insurmontables difficultés de procédure, tombé dans une cruelle indigence, réduit au désespoir, il parvint, à force de ruse et d’audace, à tenir son patron sous son revolver, menaçant de lui brûler la cervelle s’il ne le secourait point: Samuel Box ne donna rien et se laissa tuer pour le principe.

L’exemple est suivi quand il vient de haut. Ceux qui possédaient peu de capitaux (et c’était naturellement le plus grand nombre), affectaient les idées et les mœurs des milliardaires pour être confondus avec eux. Toutes les passions qui nuisent à l’accroissement ou à la conservation des biens passaient pour déshonorantes; on ne pardonnait ni la mollesse, ni la paresse, ni le goût des recherches désintéressées, ni l’amour des arts, ni surtout la prodigalité; la pitié était condamnée comme une faiblesse dangereuse. Tandis que toute inclination à la volupté soulevait la réprobation publique, on excusait au contraire la violence d’un appétit brutalement assouvi: la violence en effet semblait moins nuisible aux mœurs, comme manifestant une des formes de l’énergie sociale. L’État reposait fermement sur deux grandes vertus publiques: le respect pour le riche et le mépris du pauvre. Les âmes faibles que troublait encore la souffrance humaine n’avaient d’autre ressource que de se réfugier dans une hypocrisie qu’on ne pouvait blâmer puisqu’elle contribuait au maintien de l’ordre et à la solidité des institutions.

Ainsi, parmi les riches, tons étaient dévoués à la société ou le paraissaient; tous donnaient l’exemple, s’ils ne le suivaient pas tous. Certains sentaient cruellement la rigueur de leur état; mais ils le soutenaient par orgueil ou par devoir. Quelques-uns tentaient d’y échapper un moment en secret et par subterfuge. L’un d’eux, Édouard Martin, président du trust des fers, s’habillait parfois en pauvre, allait mendier son pain et se faisait rudoyer par les passants. Un jour qu’il tendait la main sur un pont il se prit de querelle avec un vrai mendiant et, saisi d’une fureur envieuse, l’étrangla.

Comme ils employaient toute leur intelligence dans les affaires, ils ne recherchaient pas les plaisirs de l’esprit. Le théâtre, qui avait été jadis très florissant chez eux, se réduisait maintenant à la pantomime et aux danses comiques. Les pièces à femmes étaient elles-mêmes abandonnées; le goût s’était perdu des jolies formes et des toilettes brillantes; on y préférait les culbutes des clowns et la musique des nègres et l’on ne s’enthousiasmait plus qu’à voir défiler sur la scène des diamants au cou des figurantes et des barres d’or portées en triomphe.

Les dames de la richesse étaient assujetties autant que les hommes à une vie respectable. Selon une tendance commune à toutes les civilisations, le sentiment public les érigeait en symboles; elles devaient représenter par leur faste austère à la fois la grandeur de la fortune et son intangibilité. On avait réformé les vieilles habitudes de galanterie; mais aux amants mondains d’autrefois succédaient sourdement de robustes masseurs ou quelque valet de chambre. Toutefois les scandales étaient rares: un voyage à l’étranger les dissimulait presque tous et les princesses des trusts restaient l’objet de la considération générale.

Les riches ne formaient qu’une petite minorité, mais leurs collaborateurs, qui se composaient de tout le peuple, leur étaient entièrement acquis ou soumis entièrement. Ils formaient deux classes, celle des employés de commerce et de banque et celle des ouvriers des usines. Les premiers fournissaient un travail énorme et recevaient de gros appointements. Certains d’entre eux parvenaient à fonder des établissements; l’augmentation constante de la richesse publique et la mobilité des fortunes privées autorisaient toutes les espérances chez les plus intelligents ou les plus audacieux. Sans doute on aurait pu découvrir dans la foule immense des employés, ingénieurs ou comptables, un certain nombre de mécontents et d’irrités; mais cette société si puissante avait imprimé jusque dans les esprits de ses adversaires sa forte discipline. Les anarchistes eux-mêmes s’y montraient laborieux et réguliers.

Quant aux ouvriers, qui travaillaient dans les usines, aux environs de la ville, leur déchéance physique et morale était profonde; ils réalisaient le type du pauvre établi par l’anthropologie. Bien que chez eux le développement de certains muscles, dû à la nature particulière de leur activité, pût tromper sur leurs forces, ils présentaient les signes certains d’une débilité morbide. La taille basse, la tête petite, la poitrine étroite, ils se distinguaient encore des classes aisées par une multitude d’anomalies physiologiques et notamment par l’asymétrie fréquente de la tête ou des membres. Et ils étaient destinés à une dégénérescence graduelle et continue, car des plus robustes d’entre eux l’État faisait des soldats, dont la santé ne résistait pas longtemps aux filles et aux cabaretiers postés autour des casernes. Les prolétaires se montraient de plus en plus débiles d’esprit. L’affaiblissement continu de leurs facultés intellectuelles n’était pas dû seulement à leur genre de vie; il résultait aussi d’une sélection méthodique opérée par les patrons. Ceux-ci, craignant les ouvriers d’un cerveau trop lucide comme plus aptes à formuler des revendications légitimes, s’étudiaient à les éliminer par tous les moyens possibles et embauchaient de préférence les travailleurs ignares et bornés, incapables de défendre leurs droits et encore assez intelligents pour s’acquitter de leur besogne que des machines perfectionnées rendaient extrêmement facile.

Aussi les prolétaires ne savaient-ils rien tenter en vue d’améliorer leur sort. À peine parvenaient-ils par des grèves à maintenir le taux de leurs salaires. Encore ce moyen commençait-il à leur échapper. L’intermittence de la production, inhérente au régime capitaliste, causait de tels chômages que, dans plusieurs branches d’industrie, sitôt la grève déclarée, les chômeurs prenaient la place des grévistes. Enfin ces producteurs misérables demeuraient plongés dans une sombre apathie que rien n’égayait, que rien n’exaspérait. C’était pour l’état social des instruments nécessaires et bien adaptés.

En résumé, cet état social semblait le mieux assis qu’on eût encore vu, du moins dans l’humanité, car celui des abeilles et des fourmis est incomparable pour la stabilité; rien ne pouvait faire prévoir la ruine d’un régime fondé sur ce qu’il y a de plus fort dans la nature humaine, l’orgueil et la cupidité. Pourtant les observateurs avisés découvraient plusieurs sujets d’inquiétude. Les plus certains, bien que les moins apparents, étaient d’ordre économique et consistaient dans la surproduction toujours croissante, qui entraînait les longs et cruels chômages auxquels les industriels reconnaissaient, il est vrai, l’avantage de rompre la force ouvrière en opposant les sans-travail aux travailleurs. Une sorte de péril plus sensible résultait de l’état physiologique de la population presque toute entière. «La santé des pauvres est ce qu’elle peut être, disaient les hygiénistes; mais celle des riches laisse à désirer.» Il n’était pas difficile d’en trouver les causes. L’oxygène nécessaire à la vie manquait dans la cité; on respirait un air artificiel; les trusts de l’alimentation, accomplissant les plus hardies synthèses chimiques, produisaient des vins, de la chair, du lait, des fruits, des légumes factices. Le régime qu’ils imposaient causait des troubles dans les estomacs et dans les cerveaux. Les milliardaires étaient chauves à dix-huit ans; quelques-uns trahissaient par moment une dangereuse faiblesse d’esprit; malades, inquiets, ils donnaient des sommes énormes à des sorciers ignares et l’on voyait éclater tout à coup dans la ville la fortune médicale ou théologique de quelque ignoble garçon de bain devenu thérapeute ou prophète. Le nombre des aliénés augmentait sans cesse; les suicides se multipliaient dans le monde de la richesse et beaucoup s’accompagnaient de circonstances atroces et bizarres, qui témoignaient d’une perversion inouie de l’intelligence et de la sensibilité.

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