Louis-Ferdinand Céline - Voyage au bout de la nuit

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Voyage au bout de la nuit: краткое содержание, описание и аннотация

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« — Bardamu, qu'il me fait alors gravement et un peu triste, nos pères nous valaient bien, n'en dis pas de mal !…
— T'as raison, Arthur, pour ça t'as raison ! Haineux et dociles, violés, volés, étripés et couillons toujours, ils nous valaient bien ! Tu peux le dire ! Nous ne changeons pas ! Ni de chaussettes, ni de maîtres, ni d'opinions, ou bien si tard, que ça n'en vaut plus la peine. On est nés fidèles, on en crève nous autres ! Soldats gratuits, héros pour tout le monde et singes parlants, mots qui souffrent, on est nous les mignons du Roi Misère. C'est lui qui nous possède ! Quand on est pas sage, il serre… On a ses doigts autour du cou, toujours, ça gêne pour parler, faut faire bien attention si on tient à pouvoir manger… Pour des riens, il vous étrangle… C'est pas une vie…
— Il y a l'amour, Bardamu !
— Arthur, l'amour c'est l'infini mis à la portée des caniches et j'ai ma dignité moi ! que je lui réponds. »

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Donc, plus moyen de fuir. Cette interpellation avait dû être minutieusement réglée. « Monsieur, vous avez devant vous le capitaine Frémizon des troupes coloniales ! Au nom de mes camarades et des passagers de ce bateau justement indignés par votre inqualifiable conduite, j'ai l'honneur de vous demander raison !… Certains propos que vous avez tenus à notre sujet depuis votre départ de Marseille sont inacceptables !… Voici le moment, monsieur, d'articuler bien haut vos griefs !… De proclamer ce que vous racontez honteusement tout bas depuis vingt et un jours ! De nous dire enfin ce que vous pensez… »

Je ressentis en entendant ces mots un immense soulagement. J'avais redouté quelque mise à mort imparable, mais ils m'offraient, puisqu'il parlait, le capitaine, une manière de leur échapper. Je me ruai vers cette aubaine. Toute possibilité de lâcheté devient une magnifique espérance à qui s'y connaît. C'est mon avis. Il ne faut jamais se montrer difficile sur le moyen de se sauver de l'étripade, ni perdre son temps non plus à rechercher les raisons d'une persécution dont on est l'objet. Y échapper suffit au sage.

« Capitaine ! lui répondis-je avec toute la voix convaincue dont j'étais capable dans le moment, quelle extraordinaire erreur vous alliez commettre ! Vous ! Moi ! Comment me prêter à moi, les sentiments d'une semblable perfidie ? C'est trop d'injustice en vérité ! J'en ferais capitaine une maladie ! Comment ? Moi hier encore défenseur de notre chère patrie ! Moi, dont le sang s'est mêlé au vôtre pendant des années au cours d'inoubliables batailles ! De quelle injustice alliez-vous m'accabler capitaine ! »

Puis, m'adressant au groupe entier :

« De quelle abominable médisance, messieurs, êtes-vous devenus les victimes ? Aller jusqu'à penser que moi, votre frère en somme, je m'entêtais à répandre d'immondes calomnies sur le compte d'héroïques officiers ! C'est trop ! vraiment c'est trop ! Et cela au moment même où ils s'apprêtent ces braves, ces incomparables braves à reprendre, avec quel courage, la garde sacrée de notre immortel empire colonial ! poursuivis-je. Là où les plus magnifiques soldats de notre race se sont couverts d'une gloire éternelle. Les Mangin ! les Faidherbe, les Gallieni !… Ah ! capitaine ! Moi ? Ça ? »

Je me tins en suspens. J'espérais être émouvant. Bienheureusement je le fus un petit instant. Sans traîner, alors, profitant de cet armistice de bafouillage, j'allai droit à lui et lui serrai les deux mains dans une étreinte d'émotion.

J'étais un peu tranquille ayant ses mains enfermées dans les miennes. Tout en les lui tenant, je continuais à m'expliquer avec volubilité et tout en lui donnant mille fois raison, je l'assurais que tout était à reprendre entre nous et par le bon bout cette fois ! Que ma naturelle et stupide timidité seule se trouvait à l'origine de cette fantastique méprise ! Que ma conduite certes aurait pu être interprétée comme un inconcevable dédain par ce groupe de passagers et de passagères « héros et charmeurs mélangés… Providentielle réunion de grands caractères et de talents… Sans oublier les dames incomparables musiciennes, ces ornements du bord !… » Tout en faisant largement amende honorable, je sollicitai pour conclure qu'on m'admisse sans y surseoir et sans restriction aucune, au sein de leur joyeux groupe patriotique et fraternel… Où je tenais, dès ce moment, et pour toujours, à faire très aimable figure… Sans lui lâcher les mains, bien entendu, je redoublai d'éloquence.

Tant que le militaire ne tue pas, c'est un enfant. On l'amuse aisément. N'ayant pas l'habitude de penser, dès qu'on lui parle il est forcé pour essayer de vous comprendre de se résoudre à des efforts accablants. Le capitaine Frémizon ne me tuait pas, il n'était pas en train de boire non plus, il ne faisait rien avec ses mains, ni avec ses pieds, il essayait seulement de penser. C'était énormément trop pour lui. Au fond, je le tenais par la tête.

Graduellement, pendant que durait cette épreuve d'humiliation, je sentais mon amour-propre déjà prêt à me quitter, s'estomper encore davantage, et puis me lâcher, m'abandonner tout à fait, pour ainsi dire officiellement. On a beau dire, c'est un moment bien agréable. Depuis cet incident, je suis devenu pour toujours infiniment libre et léger, moralement s'entend. C'est peut-être de la peur qu'on a le plus souvent besoin pour se tirer d'affaire dans la vie. Je n'ai jamais voulu quant à moi d'autres armes depuis ce jour, ou d'autres vertus.

Les camarades du militaire indécis, à présent eux aussi venus là exprès pour éponger mon sang et jouer aux osselets avec mes dents éparpillées, devaient pour tout triomphe se contenter d'attraper des mots dans l'air. Les civils accourus frémissants à l'annonce d'une mise à mort arboraient de sales figures. Comme je ne savais pas au juste ce que je racontais, sauf à demeurer à toute force dans la note lyrique, tout en tenant les mains du capitaine, je fixais un point idéal dans le brouillard moelleux, à travers lequel l' Amiral-Bragueton avançait en soufflant et crachant d'un coup d'hélice à l'autre. Enfin, je me risquai pour terminer à faire tournoyer un de mes bras au-dessus de ma tête et lâchant une main du capitaine, une seule, je me lançai dans la péroraison : « Entre braves, messieurs les Officiers, doit-on pas toujours finir par s'entendre ? Vive la France alors, nom de Dieu ! Vive la France ! » C'était le truc du sergent Branledore. Il réussit encore dans ce cas-là. Ce fut le seul cas où la France me sauva la vie, jusque-là c'était plutôt le contraire. J'observai parmi les auditeurs un petit moment d'hésitation, mais tout de même il est bien difficile à un officier aussi mal disposé qu'il puisse être, de gifler un civil, publiquement, au moment où celui-ci crie si fortement que je venais de le faire : « Vive la France ! » Cette hésitation me sauva.

J'empoignai deux bras au hasard dans le groupe des officiers et invitai tout le monde à venir se régaler au Bar à ma santé et à notre réconciliation. Ces vaillants ne résistèrent qu'une minute et nous bûmes ensuite pendant deux heures. Seulement les femelles du bord nous suivaient des yeux, silencieuses et graduellement déçues. Par les hublots du Bar, j'apercevais entre autres la pianiste institutrice entêtée qui passait et revenait au milieu d'un cercle de passagères, la hyène. Elles soupçonnaient bien ces garces que je m'étais tiré du guet-apens par ruse et se promettaient de me rattraper au détour. Pendant ce temps, nous buvions indéfiniment entre hommes sous l'inutile mais abrutissant ventilateur, qui se perdait à moudre depuis les Canaries le coton tiède atmosphérique. Il me fallait cependant encore retrouver de la verve, de la faconde qui puisse plaire à mes nouveaux amis, de la facile. Je ne tarissais pas, peur de me tromper, en admiration patriotique et je demandais et redemandais à ces héros chacun son tour, des histoires et encore des histoires de bravoure coloniale. C'est comme les cochonneries, les histoires de bravoure, elles plaisent toujours à tous les militaires de tous les pays. Ce qu'il faut au fond pour obtenir une espèce de paix avec les hommes, officiers ou non, armistices fragiles il est vrai, mais précieux quand même, c'est leur permettre en toutes circonstances, de s'étaler, de se vautrer parmi les vantardises niaises. Il n'y a pas de vanité intelligente. C'est un instinct. Il n'y a pas d'homme non plus qui ne soit pas avant tout vaniteux. Le rôle du paillasson admiratif est à peu près le seul dans lequel on se tolère d'humain à humain avec quelque plaisir. Avec ces soldats, je n'avais pas à me mettre en frais d'imagination. Il suffisait de ne pas cesser d'apparaître émerveillé. C'est facile de demander et de redemander des histoires de guerre. Ces compagnons-là en étaient bardés. Je pouvais me croire revenu aux plus beaux jours de l'hôpital. Après chacun de leurs récits, je n'oubliais pas de marquer mon appréciation comme je l'avais appris de Branledore, par une forte phrase : « Eh bien en voilà une belle page d'Histoire ! » On ne fait pas mieux que cette formule. Le cercle auquel je venais de me rallier si furtivement, me jugea peu à peu devenu intéressant. Ces hommes se mirent à raconter à propos de guerre autant de balivernes qu'autrefois j'en avais entendues et plus tard racontées moi-même, alors que j'étais en concurrence imaginative avec les copains de l'hôpital. Seulement leur cadre à ceux-ci était différent et leurs bobards s'agitaient à travers les forêts congolaises au lieu des Vosges ou des Flandres.

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