Amélie Nothomb - Hygiène de l’assassin

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Prétextat Tach, prix Nobel de littérature, n'a plus que deux mois à vivre. Des journalistes du monde entier sollicitent des interviews de l'écrivain que sa misanthropie tient reclus depuis des années. Quatre seulement vont le rencontrer, dont il se jouera selon une dialectique où la mauvaise foi et la logique se télescopent. La cinquième lui tiendra tête, il se prendra au jeu. Si ce roman est presque entièrement dialogué, c'est qu'aucune forme ne s'apparente autant à la torture. Les échanges, de simples interviews, virent peu à peu à l'interrogatoire, à un duel sans merci où se révèle alors un homme différent, en proie aux secrets les plus sombres.

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– Euh… oui, ça y est, les premiers missiles ont été…

– C'est bien.

– Vraiment?

– Je n'aime pas voir la jeunesse désœuvrée. Ainsi, en ce 17 janvier, les petits gars ont pu enfin commencer à s'amuser.

– Si l'on peut dire.

– Quoi, ça ne vous amuserait pas, vous?

– Franchement non.

– Vous trouvez peut-être plus amusant de poursuivre des vieillards adipeux avec un magnétophone?

– Poursuivre? Mais nous ne vous poursuivons pas, c'est vous-même qui nous avez autorisés à venir.

– Jamais! C'est encore un coup de Gravelin, ce chien!

– Voyons, monsieur Tach, vous êtes parfaitement libre de dire non à votre secrétaire, c'est un homme dévoué qui respecte toutes vos volontés.

– Vous dites n'importe quoi. Il me torture et il ne me consulte jamais. Cette infirmière, par exemple, c'est lui!

– Allons, monsieur Tach, calmez-vous. Reprenons notre entretien. Comment expliquez-vous le succès extraordinaire…

– Voulez-vous un alexandra?

– Non, merci. Je disais donc, le succès extraordinaire de…

– Attendez, j'en veux un, moi.

Parenthèse alchimique.

– Cette guerre toute fraîche m'a donné une furieuse envie d'alexandra. C'est un breuvage si solennel.

– Bien. Monsieur Tach, comment expliquez-vous le succès extraordinaire de votre œuvre à travers le monde?

– Je ne l'explique pas.

– Allons, vous avez bien dû y réfléchir et imaginer des réponses.

– Non.

– Non? Vous avez vendu des millions d'exemplaires, jusqu'en Chine, et cela ne vous a pas fait réfléchir?

– Les usines d'armement vendent chaque jour des milliers de missiles à travers le monde, et ça ne les fait pas réfléchir non plus.

– Cela n'a rien à voir.

– Vous croyez? Le parallélisme est pourtant frappant. Cette accumulation, par exemple: on parle de course aux armements, on devrait aussi dire «course aux littératures». C'est un argument de force comme un autre: chaque peuple brandit son écrivain ou ses écrivains comme des canons. Tôt ou tard on me brandira, moi aussi, et on fourbira mon prix Nobel.

– Si vous l'entendez de la sorte, je suis d'accord. Mais Dieu merci, la littérature est moins nocive.

– Pas la mienne. La mienne est plus nocive que la guerre.

– Ne seriez-vous pas en train de vous flatter?

– Il faut bien que je le fasse puisque je suis le seul lecteur à même de me comprendre. Oui, mes livres sont plus nocifs qu'une guerre, puisqu'ils donnent envie de crever, alors que la guerre, elle, donne envie de vivre. Après m'avoir lu, les gens devraient se suicider.

– Comment expliquez-vous qu'ils ne le fassent pas?

– Ça, en revanche, je l'explique très facilement: c'est parce que personne ne me lit. Au fond, c'est peut-être là aussi l'explication de mon extraordinaire succès: si je suis si célèbre, cher monsieur, c'est parce que personne ne me lit.

– Paradoxal!

– Au contraire: si ces pauvres gens avaient essayé de me lire, ils m'auraient pris en grippe et, pour se venger de l'effort que je leur aurais coûté, ils m'auraient jeté aux oubliettes. Alors qu'en ne me lisant pas, ils me trouvent reposant et donc sympathique et digne de succès.

– Voici un raisonnement extraordinaire.

– Mais irréfutable. Tenez, prenons Homère: en voilà un qui n'a jamais été aussi célèbre. Or, vous en connaissez beaucoup, de vrais lecteurs de la vraie Iliade et de la vraie Odyssée? Une poignée de philologues chauves, voilà tout – car vous n'allez quand même pas qualifier de lecteurs les rares lycéens endormis qui ânonnent encore Homère sur les bancs de l'école en ne pensant qu'à Dépêche Mode ou au sida. Et c'est précisément pour cette excellente raison qu'Homère est la référence.

– A supposer que ce soit vrai, vous trouvez cette raison excellente? Ne serait-elle pas plutôt navrante?

– Excellente, je maintiens. N'est-il pas réconfortant, pour un vrai, un pur, un grand, un génial écrivain comme moi, de savoir que personne ne me lit? Que personne ne souille de son regard trivial les beautés auxquelles j'ai donné naissance, dans le secret de mes tréfonds et de ma solitude?

– Pour éviter ce regard trivial, n'eût-il pas été plus simple de ne pas vous faire éditer du tout?

– Trop facile. Non, voyez-vous, le sommet du raffinement, c'est de vendre des millions d'exemplaires et de ne pas être lu.

– Sans compter que vous y avez gagné de l'argent.

– Certainement. J'aime beaucoup l'argent.

– Vous aimez l'argent, vous?

– Oui. C'est ravissant. Je n'y ai jamais trouvé d'utilité mais j'aime beaucoup le regarder. Une pièce de 5 francs, c'est joli comme une pâquerette.

– Cette comparaison ne me serait jamais venue à l'esprit.

– Normal, vous n'êtes pas prix Nobel de littérature, vous.

– Au fond, ce prix Nobel ne démentirait-il pas votre théorie? Ne supposerait-il pas qu'au moins le jury du Nobel vous ait lu?

– Rien n'est moins sûr. Mais, pour le cas où les jurés m'auraient lu, croyez bien que ça ne change rien à ma théorie. Il y a tant de gens qui poussent la sophistication jusqu'à lire sans lire. Comme des hommes-grenouilles, ils traversent les livres sans prendre une goutte d'eau.

– Oui, vous en aviez parlé au cours d'une entrevue précédente.

– Ce sont les lecteurs-grenouilles. Ils forment l'immense majorité des lecteurs humains, et pourtant je n'ai découvert leur existence que très tard. Je suis d'une telle naïveté. Je pensais que tout le monde lisait comme moi; moi, je lis comme je mange: ça ne signifie pas seulement que j'en ai besoin, ça signifie surtout que ça entre dans mes composantes et que ça les modifie. On n'est pas le même selon qu'on a mangé du boudin ou du caviar; on n'est pas le même non plus selon qu'on vient de lire du Kant (Dieu m'en préserve) ou du Queneau. Enfin, quand je dis «on», je devrais dire «moi et quelques autres», car la plupart des gens émergent de Proust ou de Simenon dans un état identique, sans avoir perdu une miette de ce qu'ils étaient et sans avoir acquis une miette supplémentaire. Ils ont lu, c'est tout: dans le meilleur des cas, ils savent «ce dont il s'agit». Ne croyez pas que je brode. Combien de fois ai-je demandé, à des personnes intelligentes: «Ce livre vous a-t-il changé?» Et on me regardait, les yeux ronds, l'air de dire: «Pourquoi voulez-vous qu'il me change?»

– Permettez-moi de m'étonner, monsieur Tach: vous venez de parler comme un défenseur des livres à message, ce qui ne vous ressemble pas.

– Vous n'êtes pas très malin, hein? Alors, vous vous imaginez que ce sont les livres «à message» qui peuvent changer un individu? Quand ce sont ceux qui les changent le moins. Non, les livres qui marquent et qui métamorphosent, ce sont les autres, les livres de désir, de plaisir, les livres de génie et surtout les livres de beauté. Tenez, prenons un grand livre de beauté: Voyage au bout de la nuit. Comment ne pas être un autre après l'avoir lu? Eh bien, la majorité des lecteurs réussissent ce tour de force sans difficulté. Ils vous disent après: «Ah oui, Céline, c'est formidable», et puis reviennent à leurs moutons. Évidemment, Céline, c'est un cas extrême, mais je pourrais parler des autres aussi. On n'est jamais le même après avoir lu un livre, fût-il aussi modeste qu'un Léo Malet: ça vous change, un Léo Malet. On ne regarde plus les jeunes filles en imperméable comme avant, quand on a lu un Léo Malet. Ah mais, c'est très important! Modifier le regard: c'est ça, notre grand œuvre.

– Ne croyez-vous pas que, consciemment ou non, chaque personne a changé de regard, après avoir fini un livre?

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