Andreï Makine - La musique d'une vie

Здесь есть возможность читать онлайн «Andreï Makine - La musique d'une vie» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Жанр: Современная проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

La musique d'une vie: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «La musique d'une vie»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

«Je m'éveille, j'ai rêvé d'une musique.» – Andreï Makine
«Un très beau roman d'une écriture épurée qui vise l'émotion et touche au cœur.» – L'Express
Au cœur de la tempête, dans l'immensité blanche de l'Oural, des voyageurs transis attendent un train qui ne vient pas. Alors que s'étire cette nuit sans fin, un vieux pianiste remonte le fil de son histoire, des prémices d'une grande carrière au traumatisme de la guerre.
Guidés par une musique intérieure, les souvenirs d'Alexeï nous révèlent la force indomptable de l'esprit russe.
Une ville, une gare, sur "une planète blanche, inhabitée". Une ville de l'Oural, mais peu importe. Dans le hall de la gare, une masse informe de corps allongés, moulés dans la même patience depuis des jours, des semaines d'attente. Puis un train, sorti du brouillard, qui s'ébranle enfin vers Moscou. Dans le dernier wagon, un pianiste raconte au narrateur la musique de son existence. Exemple parfait, elle aussi, de "l'homo sovieticus", de "sa résignation, son oubli inné du confort, son endurance face à l'absurde". Pour le pianiste s'ajoute à cela la guerre. La guerre qui joue avec les identités des hommes, s'amusent parfois à les intervertir, les salir aussi, les condamner: à la solitude, à l'exil, au silence, la pire des sentences pour un musicien. Mais rien – pas même la guerre – ne parvient à bâillonner tout à fait les musiques qui composent la vie d'Alexeï, celles qui n'ont cessé, sans qu'il le sache, d'avancer à travers sa nuit, de "respirer sa transparence fragile faite d'infinies facettes de glace, de feuilles, de vent". Celles qui le conduisent au-delà du mal, de l'angoisse et du remords.
À la suite du Testament français triplement couronné en 1995 par les prix Goncourt, Médicis et Goncourt des lycéens, Andreï Makine poursuit le portrait intraitable de sa Russie natale à travers une langue toujours plus fervente et inspirée. -Laure Anciel -Ce texte fait référence à une édition épuisée ou non disponible de ce titre.
«L'idéal du roman, c'est qu'on ne puisse rien en dire, seulement y entrer, y demeurer dans la contemplation et s'en trouver transfiguré. Ce n'est pas pour bouger l'air, se dégourdir le style que les Russes écrivent» explique Andréï Makine dans le dernier numéro de Lire.
Makine écrit donc pour dire quelque chose, il s'inscrit ainsi dans la grande lignée des auteurs russes pour lesquels littérature et philosophie se conjuguent à l'unisson. Dans La musique d'une vie, il fait surgir d'une foule endormie au fond d'une gare de Sibérie, un destin. Celui d'Alexis Berg, jeune pianiste dont la vie se brise un soir de 1941. Contraint de fuir son premier concert en raison des purges staliniennes, Alexis se réfugie en Ukraine avant de prendre une fausse identité. Il deviendra plus tard chauffeur d'un haut dignitaire de l'armée, contraint de fuir son identité pour ne pas dévoiler celle qu'il s'est appropriée. Dans ce roman à l'écriture lumineuse, Andréï Makine donne chair aux oubliés de l'histoire soviétique. Ni héros de l'armée rouge, ni dissidents, ni prisonniers, simplement figures ordinaires du peuple russe. Derrière ses mots, on sent comme les sanglots ravalés de milliers d'existences détruites par le régime. Des vies dont les promesses n'ont pas été tenues, mais qui ont survécu à tout: aux purges, à la guerre, à l'administration débilitante du régime.
Un roman que Makine portait en lui depuis quinze ans, écrit dans une langue limpide mais retenue, comme pour mieux suggérer des émotions trop fortes pour être décrites. 127 pages qui rendent justice à cet «Homo sovieticus» trop longtemps noyé dans la masse informe du peuple.

La musique d'une vie — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «La musique d'une vie», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Il pensa de nouveau à la décalcomanie. Le monde tout entier ressemblait à ce jeu de couleurs: il suffisait de retirer une mince feuille grisâtre de mauvais souvenirs et la joie éclatait. Comme, au début de mai, éclatait la nudité de Léra sous cette robe brune qu'ils arrachaient ensemble dans la précipitation des baisers encore clandestins, l'oreille tendue vers les bruits dans le couloir de la datcha: le père, vieux physicien, travaillait sur la terrasse et de temps en temps réclamait une tasse de thé ou un coussin. C'était une nudité très saine, un de ces corps qu'on voyait à l'époque marcher, couverts d'un léger maillot, dans les défilés à la gloire de la jeunesse. Ce que Léra disait était aussi très sain. Elle parlait de famille, de leur futur appartement, des enfants. Alexeï devinait que ce mariage le rendrait définitivement pareil aux autres, effaçant la silhouette de l'adolescent qui épiait les notes des cordes rongées par le feu. Plus qu'à leur jeune nid familial il rêvait, en vérité, de la voiture de son père, cette large Emka noire, confortable comme une cabine de luxe sur un long-courrier, et qu'il savait déjà conduire. Pour se débarrasser une bonne fois de l'adolescent apeuré, il suffisait d'imaginer cette voiture, lui, Léra, la bande bleutée de la forêt à l'horizon.

Sa pensée glissa vers les journées vécues à la datcha, dans ce village au nom musical de Bor. Vers la décalcomanie de ce corps quittant sa robe de lycéenne et se prêtant aux caresses les plus osées, à une lutte charnelle, à cette violence rieuse d'où ils sortent essoufflés, la vue brouillée par les larmes d'un désir entravé. Ce jeune corps se dérobe au dernier moment, se referme comme un coquillage sur sa virginité. Et ce jeu plaît à Alexeï. Dans cette résistance, il lit un engagement de fidélité future, une promesse de jeune fille responsable et avisée. Une fois seulement le doute surgit. Il se réveille après un bref sommeil, dans une chambre ensoleillée, et à travers ses cils voit Léra déjà levée, près de la porte. Elle se retourne et, le croyant encore endormi, pose sur lui un regard qui le glace. Il lui semble reconnaître le coup d'œil des masques au long nez. Pour effacer cette ressemblance, il bondit, rattrape Léra sur le pas de la porte, l'entraîne vers le lit, dans un combat fait de rires, de petites morsures, de tentatives pour se libérer. Quand enfin elle parvient à s'échapper, il éprouve non pas l'excitation du bonheur, mais une soudaine fatigue comme à la fin d'un spectacle qu'il aurait été forcé à jouer. Et il devine que ce corps féminin à la fois offert et interdit, ce corps lisse et plein appartient à une vie qui ne sera jamais la sienne. Si, bien sûr, se reprend-il aussitôt, il épousera Léra et leur vie aura la même substance que cet après-midi de printemps. Seulement, il faudra oublier la mélodie des cordes se rompant dans le feu. Leur vie aura la sonorité de la musique composée pour un défilé sportif dans un stade. Il se rappelle qu'un jour il a essayé de raconter à Léra ces notes qui s'envolaient des cordes brûlées. Elle lui a coupé la parole avec justement ce conseil enthousiaste: «Et si tu écrivais une marche sportive!»…

Dans la cour de l'immeuble, il ne put éviter le bref éveil de l'angoisse: «La bataille navale!» C'est ainsi qu'un jour, pendant les années de la terreur, s'étaient présentées à lui toutes ces fenêtres, et celles de leur appartement au milieu de la façade – des cases qu'une main invisible, imprévisible! rayait en jetant les habitants dans une voiture noire qui venait à la fin de la nuit et repartait avec sa proie. Le matin on apprenait que tel ou tel appartement était désormais vide. «Touché, coulé…»

Son regard glissa sur ces trois fenêtres, trois cases indemnes au milieu de tant de naufrages. La peur ancienne avait disparu. Le bonheur présent était trop intense pour lui laisser la place. Alexeï ne regrettait qu'une chose: ces années maudites avaient amputé sa vie d'une étape très importante qu'il aurait eu peine à définir. Le temps de la prime jeunesse, un âge rêveur, exalté, durant lequel on poétise la femme, on divinise sa chair inaccessible, on vit dans une attente farouche du miracle amoureux. Rien de tout cela pour lui. Il avait l'impression que, par un saut soudain, il avait été propulsé de l'enfance, de ce trottoir ébranlé par la destruction de la cathédrale dynamitée, par-dessus ces années de terreur – dans une vie déjà adulte, vers la nudité de ce beau corps musclé que Léra lui donnait presque tout entier, réservant ce presque pour le mariage.

Il monta l'escalier et, à chaque palier, nota le nombre de départs et d'arrivées, surtout au plus fort de la «bataille navale» de 37, 38, 39. Des gens tirés du sommeil et vivant ce départ comme un rêve qui dérapait sur l'horreur. Cet appartement-là, au-dessous du leur, une famille, une fillette qui, quelques jours avant le départ nocturne, l'avait croisé dans la rue et lui avait parlé d'un nouveau parfum de glace qu'on vendait sur les boulevards…

Il accéléra le pas et se mit à chanter un air d'opéra, du répertoire de sa mère, un air aux modulations amoureuses, grisantes. Elle l'entendit à travers la porte et, souriante, vint lui ouvrir.

***

Deux jours avant le concert, il retourna à la maison de la culture de l'usine, pour la dernière répétition. «La générale», comme il l'avait annoncé à ses parents pendant le déjeuner. Il travailla tout l'après-midi, rejoua le programme en entier et s'arrêta, se rappelant le conseil de sa mère: à force de répéter, on perdait parfois cette intime vibration de nouveauté, ce brin de miracle ou de prestidigitation dont l'art ne peut se passer. «Enfin, c'est comme pour le trac, ajoutait-elle. Si l'on n'en a pas du tout, c'est mauvais signe…»

Sur le chemin du retour, il pensa à cette peur bienfaisante, à ce frisson qui stimule. Il en avait manqué, cette fois-là, durant la répétition. «Jouer dans un tel bain de vapeur…», se justifiait-il. La journée était pesante, laiteuse, très chaude. Une journée sans couleurs, sans vie. «Sans trac», se dit-il en souriant. Sa mère lui parlait aussi de ces jeunes comédiennes qui affirmaient ne jamais avoir le trac et à qui Sarah Bernhardt promettait avec une indulgence ironique: «Attendez un peu, ça viendra avec le talent…»

Même sous la verdure des boulevards, la torpeur moite stagnait, amortissant les bruits, enveloppant les arbres, les bancs, les poteaux des réverbères d'un reflet gris, celui d'une journée déjà vécue avant et dans laquelle on aurait pénétré par erreur. Alexeï quittait l'allée principale pour prendre un raccourci quand soudain se détacha d'une rangée d'arbres une silhouette qu'il reconnut tout de suite: leur voisin, un retraité qu'on voyait souvent assis dans la cour, penché sur un échiquier. A présent, il avançait d'un pas pressé et bizarrement mécanique, venait droit à sa rencontre et, pourtant, semblait ne pas le remarquer. Alexeï s'apprêtait déjà à le saluer, à lui serrer la main, mais l'homme sans le regarder, sans ralentir le pas, passa outre. C'est au tout dernier instant de cette rencontre man-quée que les lèvres du vieillard bougèrent légèrement. Tout bas, mais très distinctement, il souffla: «Ne rentrez pas chez vous.» Et il marcha plus vite, tourna dans une étroite allée transversale.

Interloqué, Alexeï resta un moment indécis, n'en croyant pas ses oreilles, ne comprenant même pas ce qu'il venait d'entendre. Puis se précipita derrière le vieillard, le rattrapa près d'un carrefour. Mais avant qu'il pût lui demander un éclaircissement le voisin chuchota, toujours en évitant son regard: «Ne rentrez pas. Sauvez-vous. Ça va mal là-bas.» Et le vieillard trottina, déjà au feu rouge, devant une voiture qui klaxonna. Alexeï ne le suivit pas. Il venait de voir dans ce visage qui se détournait de lui le masque au long nez.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «La musique d'une vie»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «La musique d'une vie» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Отзывы о книге «La musique d'une vie»

Обсуждение, отзывы о книге «La musique d'une vie» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x