Andreï Makine - Le testament français

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Ce roman a l’originalité de nous offrir de la France une vision mythique et lointaine, à travers les nombreux récits que Charlotte Lemonnier, «égarée dans l’immensité neigeuse de la Russie», raconte à son petit-fils et confident.
Ce roman a reçu le prix Goncourt 1995 et ex-aequo le prix Médicis 1995.
***
«Je me souvenais qu'un jour, dans une plaisanterie sans gaîté, Charlotte m'avait dit qu'après tous ses voyages à travers l'immense Russie, venir à pied jusqu'en France n'aurait pour elle rien d'impossible […]. Au début, pendant de longs mois de misère et d'errances, mon rêve fou ressemblerait de près à cette bravade. J'imaginerais une femme vêtue de noir qui, aux toutes premières heures d'une matinée d'hiver sombre, entrerait dans une petite ville frontalière […]. Elle pousserait la porte d'un café au coin d'une étroite place endormie, s'installerait près de la fenêtre, à côté d'un calorifère. La patronne lui apporterait une tasse de thé. Et en regardant, derrière la vitre, la face tranquille des maisons à colombages, la femme murmurerait tout bas: "C'est la France… Je suis retournée en France. Après… après toute une vie."»

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La rue qui menait à la gare était jonchée d'éclats de verre, de branches cassées. Parfois, un arbre brisé en deux barrait la route. À un moment, il leur fallut contourner un énorme entonnoir. C'est à cet endroit que la foule des fuyards devenait plus dense. En s'écartant du trou, les gens chargés de sacs se poussaient, et soudain se remarquaient les uns les autres. Ils essayaient de se parler, mais l'onde du choc égarée au milieu des maisons surgissait tout à coup et, d'un écho assourdissant, les bâillonnait. Ils agitaient les bras avec impuissance et reprenaient leur course.

Quand, au bout de la rue, Charlotte vit la gare, elle sentit physiquement sa vie d'hier se précipiter dans un passé sans retour. Seul le mur de la façade restait debout et à travers les orbites vides des fenêtres on voyait le ciel pâle du matin…

La nouvelle répétée par des centaines de bouches perça enfin le bruit des bombes. Le dernier train pour l'Est venait de partir, en respectant avec une précision absurde les horaires habituels. La foule se heurta contre les ruines de la gare, s'immobilisa, puis, écrasée par le hurlement d'un avion, se dissipa dans les rues avoisinantes et sous les arbres d'un square.

Charlotte, déroutée, promena son regard autour d'elle. Une pancarte tramait à ses pieds: «Ne pas traverser les voies! Danger!» Mais la voie, arrachée par les explosions, n'était que ces rails fous dressés dans une courbe raide contre le support en béton d'un viaduc. Ils pointaient vers le ciel, et leurs traverses ressemblaient à un escalier fantasmagorique qui menait tout droit dans les nuages.

«Là, il y a un train de marchandises qui va partir», entendit-elle soudain murmurer la voix calme et comme ennuyée de son fils.

Au loin, elle vit un convoi de gros wagons bruns autour desquels s'agitaient des figurines humaines. Charlotte saisit la poignée de sa valise, les enfants attrapèrent leurs sacs.

Quand ils furent devant le dernier wagon, le train s'ébranla, et l'on entendit un soupir de joie craintive qui salua ce départ. Un tassement compact de gens apeurés apparaissait entre des parois coulissantes. Charlotte, sentant la lenteur désespérante de ses gestes, poussa ses enfants vers cette ouverture qui s'éloignait lentement. Le fils grimpa, attrapa la valise. Sa sœur dut déjà accélérer le pas pour s'accrocher à la main que le garçon lui tendait. Charlotte saisit l'enfant par la taille, la souleva, parvint à la hisser sur le bord du wagon bondé. Il lui fallait à présent courir tout en essayant de s'agripper à la grande clenche de fer. Cela ne dura qu'une seconde, mais elle eut le temps d'apercevoir les visages figés des rescapés, les larmes de sa fille et, avec une netteté surnaturelle, le bois fissuré de la paroi du wagon…

Elle trébucha, tomba à genoux. Le reste fut si rapide qu'elle crut ne pas avoir touché le gravier blanc du remblai. Deux mains lui serrèrent fortement les côtes, le ciel décrivit un brusque zigzag, elle se sentit propulsée dans le wagon. Et dans un éclair lumineux, elle entrevit la casquette d'un cheminot, la silhouette d'un homme qui, une fraction de seconde, se profila à contre-jour entre les parois écartées…

Vers midi, le convoi traversa Minsk. Dans la fumée épaisse, le soleil rougeoyait comme celui d'une autre planète. Et d'étranges papillons funèbres – de grandes floches de cendre – voltigeaient dans l'air. Personne ne pouvait comprendre comment, en quelques heures de guerre, la ville avait pu se transformer en ces enfilades de carcasses noircies.

Le train s'avançait lentement, comme à tâtons, dans ce crépuscule carbonisé, sous un soleil qui ne faisait plus mal aux yeux. Ils s'étaient déjà habitués à cette marche hésitante et au ciel rempli de rugissements d'avions. Et même à ce sifflement strident au-dessus du wagon suivi d'une giclée de balles sur son toit.

En quittant la ville calcinée, ils tombèrent sur les restes d'un train éventré par les bombes. Plusieurs wagons étaient renversés sur le remblai, d'autres, couchés ou encastrés dans un monstrueux télescopage, encombraient les rails. Quelques infirmières, plongées dans une torpeur d'impuissance devant le nombre de corps étendus, marchaient le long du convoi. Dans ses entrailles noires on voyait des contours humains, parfois un bras pendait à une fenêtre brisée. Le sol était recouvert de bagages éparpillés. Ce qui étonnait surtout, c'était la quantité de poupées qui gisaient sur les traverses et dans l'herbe… L'un des wagons restés sur les rails avait sa plaque d'émail où l'on pouvait lire la destination. Perplexe, Charlotte constata qu'il s'agissait du train qu'ils avaient manqué ce matin. Oui, ce dernier train pour l'Est qui avait respecté les horaires d'avant la guerre.

À la tombée de la nuit, la course du train s'accéléra. Charlotte sentit sa fille se caler contre son épaule et frissonner. Elle se releva alors pour libérer la grande valise sur laquelle elles étaient assises. Il fallait se préparer pour la nuit, retirer les vêtements chauds et deux sacs de biscuits. Charlotte entrouvrit le couvercle, plongea sa main à l'intérieur et se figea, ne pouvant réprimer un cri bref qui réveilla ses voisins.

La valise était remplie de vieux journaux! Dans l'affolement de ce matin, elle avait emporté la valise sibérienne…

Sans pouvoir encore en croire ses yeux, elle tira une feuille jaunie et dans la lumière grise du crépuscule, elle put lire: «Députés et sénateurs sans distinction d'opinion avaient répondu avec empressement à la convocation qui leur était adressée par MM. Loubet et Brisson… Les représentants des grands corps de l'Etat se groupaient dans le salon Murat…»

D'un geste somnambulique, Charlotte referma la valise, s'assit et regarda autour d'elle en secouant légèrement la tête comme si elle voulait nier une évidence.

– J'ai dans mon sac une vieille veste. Et puis, j'ai ramassé le pain dans la cuisine, en partant…

Elle reconnut la voix de son fils. Il avait dû deviner son désarroi.

La nuit, Charlotte s'endormit le temps d'un rêve rapide, mélange de sons et de couleurs d'autrefois… Quelqu'un, en glissant vers la sortie, la réveilla. Le train était arrêté au milieu des champs. L'air nocturne n'avait pas ici la même densité de noir que dans la ville dont ils s'étaient enfuis. La plaine qui s'étendait devant le rectangle pâle de la porte ouverte gardait le teint cendré des nuits du Nord. Quand ses yeux apprivoisèrent l'obscurité, elle distingua à côté de la voie, dans l'ombre d'un bosquet, les contours d'une isba assoupie. Et devant, dans un pré qui longeait le remblai, elle vit un cheval. Le silence était tel qu'on entendait le léger crissement des tiges arrachées et le piétinement mou des sabots sur la terre humide. Avec une sérénité amère qui l'étonna elle-même, Charlotte entendit naître et résonner dans son esprit cette pensée transparente: «Il y a eu cet enfer des villes brûlées et quelques heures plus tard – ce cheval qui broute l'herbe pleine de rosée, dans la fraîcheur de la nuit. Ce pays est trop grand pour qu'ils puissent le vaincre. Le silence de cette plaine infinie résistera à leurs bombes…»

Jamais encore elle ne s'était sentie aussi proche de cette terre.

Pendant les premiers mois de la guerre, son sommeil était traversé par un incessant défilé de corps mutilés qu'elle soignait en travaillant quatorze heures par jour. Dans cette ville, à une centaine de kilomètres de la ligne du front, on amenait les blessés par convois entiers. Souvent, Charlotte accompagnait le médecin qui venait à la gare pour accueillir ces trains remplis de chair humaine écharpée. Il lui arrivait alors de remarquer, sur la voie parallèle, un autre train, plein de soldats fraîchement mobilisés qui partaient dans le sens opposé, se dirigeant vers le front.

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