Frédéric Beigbeder - 99 francs (14, 99 €)

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99 francs (14, 99 €): краткое содержание, описание и аннотация

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«Un rédacteur publicitaire, c'est un auteur d'aphorismes qui se vendent». Octave, riche concepteur-rédacteur de 33 ans, se rebelle et s'insurge contre l'univers superfétatoire de la publicité qui brasse des millions d'euros en vendant des produits inutiles à de pauvres ménagères. Le rédacteur publicitaire détient le pouvoir absolu des mots et des formules lapidaires. Il suscite l'envie, influence votre inconscient et décide à votre place ce qu'il vous semblera indispensable d'acheter. À la recherche d'une pureté perdue, Octave écrit son livre pour détruire la publicité et se faire licencier.
Mise en abîme de l'acte d'écrire, 99 francs est une avancée narrative qui progresse au rythme de ses réflexions ironiques, de son existence régentée par l'argent, le sexe et la cocaïne. «Tout s'achète : l'amour, l'art, la planète Terre, vous, moi». Ce roman est une sorte de diatribe, de confession enragée scandée par des scénarios publicitaires qui interrompent savamment le récit, non sans dérision. Octave, lucide et critique à l'égard de ce système mercantile n'en est pas moins le jouet et le restera jusqu'au bout.
(Nathalie Jungerman)

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Ils coulent des jours paisibles dans cette maison de retraite pour milliardaires, où la télévision, le téléphone, Internet et tout autre mode de communication externe sont rigoureusement interdits. Seuls les livres et disques numériques sont autorisés: chaque mois, les écrans plasma installés dans les bungalows sont automatiquement téléchargés avec les 10 000 principales nouveautés mondiales dans le domaine littéraire, musical et cinématographique. Des enfants prostitués des deux sexes (loués à l’année) offrent à chacun et chacune des insulaires de satisfaire la moindre de leurs envies érotiques.

Oui, quand on y pense deux minutes, ce qu’ils veulent nous faire avaler, à savoir qu’il n’y a rien d’autre et que nous sommes là par hasard, est à peu près aussi dingue que de nous fourguer un dieu barbu entouré d’anges, et le déluge, l’arche de Noé et Adam et Eve sont aussi absurdes à croire que le big bang et les dinosaures.

Patrick et Caroline boivent devant la mer turquoise. Ils avalent un jus d’ananas sous les lianes des palétuviers, au milieu des papillons grands comme la main. Toutes les drogues existantes sont déposées chaque matin sur leur paillasson dans une jolie valise Hermès. Mais ils ne les consomment pas toujours; il peut même leur arriver de rester plusieurs jours sans se défoncer, ni partouzer, ni torturer les esclaves. Caroline a accouché dans la clinique ultra-moderne de Ghost Island, baptisée «Hôpital Hemingway» (clin d’oeil à la fausse mort de l’écrivain américain au Kenya, en 1954).

Bientôt les pays seront remplacés par des entreprises. On ne sera plus citoyen d’une nation mais on habitera des marques: on vivra en Microsoftie ou à Mcdonaldland; on sera Calvin Kleinien ou Pradais.

Ils sont habillés de lin écru. Ils sont débarrassés de la mort, donc du temps. Plus personne, dans le reste du monde, ne mise sur eux. Ils font donc l’apprentissage de la liberté, comme Jésus-Christ quand il est sorti de son tombeau, trois jours après son supplice, et qu’il lui fallut se rendre à l’évidence: même la mort est éphémère, seul le paradis dure longtemps. Ils regardent leur fille gazouiller avec sa nounou. Elle surveille les singes du regard, et méprise les paons. Caroline est belle, donc Patrick est heureux. Patrick est heureux, donc Caroline est belle. Une éternité au rythme du ressac. Ils mangent des bichiques (grillades de poissons qui ont bon goût), des acras de morue et des langoustes à la vanille entre les balisiers rouge et or. Leurs seuls vêtements? Des chemises ouvertes sur des shorts de surf. Leur principal souci? Ne pas trop se brûler la plante des pieds sur le sable blanc. Leur préoccupation du moment? Prendre une douche pour se dessaler la peau. Leur unique angoisse? Faire attention en se baignant, car il existe des courants qui pourraient les emmener vers le large et les tuer pour de vrai.

4

Quand ils sont entrés dans le box des accusés, le président du tribunal a dit à la salle de s’asseoir et à Charlie et Octave de se lever mais ils ont baissé la tête. Les policiers de faction leur ont ôté les menottes. On se serait cru dans une église: les codes, les rites solennels, les robes, il n’y a pas une grande différence entre un palais de justice et une messe à Notre-Dame. A une exception près: ils ne seraient pas pardonnes. Octave et Charlie n’étaient pas fiers mais heureux que Tamara s’en soit sortie. Le procès étant public, toute la profession était présente à la cour d’assises: les mêmes qu’à l’enterrement de Marronnier. Derrière la vitre sale de leur box, ils pouvaient les voir, et comprendre que tout allait continuer sans eux. Ils en ont pris pour dix ans mais n’ont pas de raison de se plaindre (heureusement que la justice française a refusé de les extrader: si on les avait jugés en Amérique, ils auraient été grillés comme des saucisses sur un barbecue dans un film Herta).

… MICROSOFT. JUSQU’OÙ IREZ-VOUS? Je souris en voyant ça à la télé suspendue au plafond de ma cellule. C’est si loin maintenant. Ils continuent comme avant. Ils vont continuer longtemps. Ils chantent, ils rient, ils dansent aux éclats. Sans moi. Je tousse tout le temps. J’ai chopé la tuberculose. (La maladie est en pleine recrudescence, en particulier dans les milieux carcéraux.)

Tout est provisoire et tout s’achète, sauf Octave. Car je me suis racheté ici, dans ma prison pourrie. Ils m’ont autorisé (contre menue monnaie) à regarder la télé dans ma cellule. Gens qui mangent. Gens qui consomment des choses. Gens qui conduisent des voitures. Gens qui s’aiment. Gens qui se prennent en photo. Gens qui voyagent. Gens qui croient que tout est encore possible. Gens qui sont heureux mais n’en profitent pas. Gens qui sont malheureux mais ne font rien pour y remédier. Toutes ces choses que les gens inventent pour ne pas être seuls. «Les gens heureux me font chier», disait le Gros Dégueulasse de Reiser. Les gens heureux (par exemple, ce type à lunettes que j’aperçois par la fenêtre de ma taule, à un arrêt d’autobus, qui serre la main d’une douce rouquine entre les siennes sous la bruine), les «happy few», dis-je, ne me font pas chier mais pleurer de rage, de jalousie, d’admiration, d’impuissance.

J’imagine Sophie sous la lune, avec de la buée sur les seins, et Marc qui lui caresse l’intérieur du coude, à cet endroit si doux qu’il en devient translucide malgré le bronzage. Les étoiles se reflètent sur ses épaules moites. Un jour, quand je crèverai, j’irai les retrouver, loin, très loin, sur une île pour pisser du sperme avec mon gland sur la langue de la mère de mon enfant. Et quand le soleil se couchera à l’horizon, je le verrai. Je le vois déjà sur une reproduction d’un tableau de Gauguin, du fond de ma cellule chlinguant la pisse. Je ne sais pas pourquoi j’ai découpé ce tableau, La Pirogue, dans un magazine, pour l’afficher au-dessus de mon plumard. Il m’obsède. Je croyais que j’avais peur de la mort alors que j’avais peur de la vie.

Ils veulent me séparer de ma fille. Ils ont tout fait pour que je ne voie pas tes yeux si grands. Entre deux quintes de toux, j’ai tout le temps de les imaginer. Deux grands ronds noirs qui découvrent la vie. Les sadiques, ils diffusent à la télé la pub Evian avec les bébés qui se prennent pour Esther Williams. Ils nagent synchronisés sur «Bye-Bye Baby». Ils tuent mes poumons flétris. Deux yeux pétillants au milieu d’une tête rose. Ils m’empêchent d’en profiter. Sa bouche entre les joues rondes. Minuscules mains agrippées à mon menton qui tremble. Sentir son cou au lait. Fourrer mon nez dans ses oreilles. Ils ne m’ont pas laissé essuyer ton caca. Ils ne m’ont pas laissé sécher tes larmes. Ils ne m’ont pas laissé te souhaiter la bienvenue. En se tuant, elle t’a assassinée.

Ils m’ont privé de ma fille qui dort recroquevillée et se griffe les joues, respire vite puis bâille un peu et se met à respirer plus lentement, ses mini-coudes et genoux miniatures repliés sous elle, mon bébé aux longs cils recourbés de vamp, à la bouche grenat et au visage pâle, lolita dont on voit les vaisseaux sanguins à travers les tempes et les paupières, ils m’ont empêché de connaître son rire qui éclate quand on lui chatouille le nez, ses oreilles nacrées comme des coquillages, ils m’ont défendu de savoir que Chloë m’attendait â l’autre bout du rouleau. Et si c’était elle que je cherchais en courant après toutes ces filles? Cette nuque duveteuse, ces yeux noirs perçants, ces sourcils dessinés, ces traits délicats, je les ai tant aimés chez les autres filles parce qu’ils m’annonçaient la mienne. Si j’aimais tant le cachemire c’était pour m’habituer à ta peau. Si je sortais tous les soirs c’était pour m’habituer à tes horaires.

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