Henry-Pierre Jeudy - Addiction

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Addiction: краткое содержание, описание и аннотация

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" Ce matin, je me lève décidé à ne pas prendre une cigarette après mon café, comme je l'ai fait depuis une trentaine d'années. Si l'envie est trop forte, je pourrai toujours me recoucher. " Fumer tue, paraît-il. Mais vivre aussi, alors pourquoi s'en faire ? C'est que l'esprit du temps est à l'hygiène de soi, au corps immaculé, à l'extermination des mauvaises habitudes. Le narrateur se donne donc trois jours pour arrêter de fumer. Niais on ne se défait pas facilement d'une pratique devenue une seconde nature : et voilà notre anti-héros contemporain arrêté, rêveur, au milieu des volutes de fumée. Plusieurs fois par jour, il prend une dernière cigarette en se posant la question obsédante : pourquoi fume-t-on ? La réponse, enfin, est au cœur de cette fiction théorique, élégante et burlesque loin, très loin des méthodes soporifiques supposées nous délivrer de la nicotine.

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Le chat vient de partir. La souris en profite pour sortir de son trou. Elle avance sur le parquet. Elle est aux aguets. Elle cherche à grignoter quelque chose. Je ne bouge pas. A la différence du chat, elle doit quérir sa nourriture par tous les moyens. Elle se glisse dans les cavités les plus exiguës, elle rogne le bois des meubles, elle tourne autour de l'évier dans la cuisine, elle absorbe les miettes de pain. La souris passe son temps à courir après ce qui lui fait défaut. Elle aussi ignore l'addiction puisqu'elle répond aux seules déterminations de son instinct. Je ne peux cependant pas lui attribuer un comportement obsessionnel, bien que ses manières de procéder me fassent songer aux compulsions que j'aurais moi-même ou que je constate chez les autres.

Le chat est revenu. Il a attrapé la souris. Elle est à moitié morte, elle se tortille sur le plancher, il la prend une seconde fois, il la lance devant lui, il lui donne un coup de patte pour qu'elle remue. Elle est inerte. Il la croque. Je l'entends la croquer. J'allume une cigarette. Je vois alors le chat retourner vers son écuelle, il se met à laper des traces de lait qui restaient dans son écuelle, comme si moi, je rallumais un mégot. Sans doute est-ce pour se rincer la gueule. Ou bien, il l'a fait comme on fume une moitié de cigarette après une lutte inégale, une lutte sans victoire, ce genre de lutte qu'on répète pour satisfaire la logique imperturbable du déterminisme de l'espèce. Une moitié de cigarette qui pue, qui fait tousser et cracher. Le goût horrible à partir duquel l'envie de fumer est malmenée : le mauvais goût du tabac refroidi.

J'irais bien me recoucher, le sommeil ne viendrait pas. Je décide tout de même de m'étendre sur le lit. J'écoute le silence de la nuit. Pensées fugitives. J'ai laissé la lampe de chevet allumée. Les lueurs de l'aube ne devraient pas tarder. Que ma joie demeure... Palpitations de tendresse, le cœur qui bat, la vie revient, elle réchauffe le corps, donne le sourire. Une douceur lente à naître, une douceur qui ravit. Et là-bas, un paysage lunaire, sans la moindre aspérité.

Ne tournez pas la page, je vous en supplie. Sur la page suivante, j'en suis sûr, vous verrez cette photographie d'un champ de tabac, les feuilles sont si belles qu'elles ne devraient pas être cueillies. Restons-en là, gardons cette surface lisse avec ses volumes arrondis dont la couleur pâle souligne la beauté de la forme. Et cette mulâtresse que j'ai vue rouler sur sa cuisse magnifique un long cigare. Une cuisse voluptueuse et musclée. Ce parfum du tabac sur sa peau, elle m'a offert le privilège de le sentir les yeux fermés, oubliant le regard des autres.

Tout à l'heure, lorsque je me lèverai, je commencerai les trois jours. Les célèbres trois premiers jours au cours desquels on tente de s'habituer à ne plus fumer. Puisque je ne serai jamais prêt, autant décider de le faire maintenant. Je ne vais pas me dire que trois jours ce n'est pas long. Il ne s'agit pas d'une épreuve temporaire, mais d'une mise en condition pour l'avenir. Il suffit d'en être persuadé. Comment pareille persuasion est-elle susceptible de durer ? Des amis m'ont conseillé de téléphoner, si je craquais, à un service d'assistance dont les membres, paraît-il, se mettent à l'écoute patiente de ceux ou celles qui viennent d'arrêter de fumer. L'idée même de soutien psychologique me fait horreur. Je refuse de me plaindre des effets d'une frustration que j'ai déjà du mal à accepter. Si je crois en ce que j'ai entendu dire, dans une semaine, je n'aurai plus l'envie tenace de prendre une cigarette. Il est pourtant difficile d'imaginer qu'une envie puisse disparaître d'une manière si aisée, surtout quand elle a toujours été agréable. Elle a pris une tournure trop naturelle pour ressembler à un simple artifice dont nous pourrions nous dispenser du jour au lendemain.

Le premier jour

Voilà, je ne dispose d'aucune cigarette, je viens d'appliquer mon timbre imprégné de nicotine sur le haut de mon bras gauche. Je me suis assis pour écrire. Il est huit heures. Le temps restera brumeux. Les hirondelles commencent à se rassembler sur les fils électriques. C'est la fin de l'été. J'ai posé mon mouchoir à droite près de la lampe. J'attends. Je ne sais pas ce que j'attends. Peut-être serais-je incapable de concentrer mon attention, d'avoir des idées, peut-être deviendrais-je en quelques heures un homme amorphe, je sens déjà l'indolence m'envahir, ma main qui est en train d'écrire a un aspect plutôt flasque, je la vois hésitante et fatiguée. Un tracteur passe. Une voix de femme, un appel qui vient du jardin avoisinant. J'écoute le bruit d'un moteur. Un autre jour, il m'aurait agacé. Je n'ai pas envie de fumer. Pour le moment, tout va bien. J'ai l'impression de guetter l'envie pour la supprimer avant qu'elle ne se développe. Le moteur ne tourne plus. C'est le silence. La journée finira bien par s'achever.

Que pourrais-je bien consigner sur mon carnet ? Je n'ai aucun symptôme particulier. Je me gratte le cuir chevelu, je l'ai déjà gratté hier quand je fumais encore. Je me mets plusieurs fois de suite l'index dans l'oreille — c'est une habitude. Depuis plus d'une heure, je suis derrière mon bureau, enfoncé dans le fauteuil, et je me sens devenir atrocement lymphatique. Qu'est-ce que ce sera le jour où je n'aurai même plus une dose de nicotine ?

J'ai sommeil. J'irais bien m'allonger pour attendre la soirée. Il faut que je découvre les plaisirs d'un autre rythme de vie. Je vais sortir, je vais aller dans le jardin jusqu'à la mare, je regarderai les plantes aquatiques, les poissons, les insectes, je regarderai aussi le reflet des pruniers à la surface de l'eau si claire qu'elle m'appellera à la méditation. Je dois découvrir un autre temps. Je peux me lever, rejoindre la fenêtre, observer le jardin, imaginer tout ce qui se passe et que je ne vois pas, avoir des souvenirs, changer de fauteuil, prendre un livre dans la bibliothèque, l'ouvrir à la page choisie au hasard d'un mouvement très calme des doigts, lire quelques phrases, le refermer, marcher encore jusqu'à la porte, passer la main sur le marbre de la cheminée, m'asseoir sur la chaise basse près du poêle en fonte noire.

Voilà, je suis dehors. Je me souviens de la dernière cigarette que j'ai fumée devant la cheminée, je m'en souviens comme s'il y avait déjà plusieurs années de passées depuis que j'ai pris ma décision. C'était hier. C'était hier tard dans la nuit, presque au petit matin. J'aurais dû la fumer avant minuit. Maintenant que j'y pense, j'ai voulu sans doute marquer le moment d'une rupture. Car bien des fumeurs souhaitent préserver, après avoir cessé de fumer, l'éventualité de recommencer.

Le plaisir de l'instant, ce plaisir qui nous envahit lorsque nous n'imaginons rien d'autre que ce que nous ressentons au temps présent, ce plaisir-là peut à lui seul être un principe de vie. Mais l'instant tire toute sa puissance du fait qu'il soit vécu comme le dernier, même s'il se reproduit. Le dernier ne veut plus dire la dernière fois, il signifie que l'instant se suffit à lui-même, qu'il est unique. Ainsi le regard que nous portons sur les choses pourrait être chaque fois le dernier, non en ce sens où nous allons mourir, mais parce que l'instant est destiné à s'évanouir de lui-même, à nous quitter. Son caractère exceptionnel lui vient de la banalité qu'il transfigure. Et lorsqu'il n'est plus là, ce dernier instant, nous découvrons qu'en lui repose la joie de vivre.

Il faut que je m'habitue à la lenteur de mes gestes. Je me suis assis dans le jardin près de la mare, lorsqu'un ami est arrivé avec des cèpes. Nous avons échangé quelques phrases, je lui ai demandé une cigarette. Je l'ai fumée, sans réel plaisir.

J'ai triché. Je n'ai pas triché avec moi-même, j'ai triché avec ceux ou celles pour qui je décris les sensations de la première journée sans cigarette. Je suis obligé de leur dire que j'ai cédé à la tentation, je ne peux pas faire semblant d'avoir résisté pour leur prouver mon infaillible volonté. Je ne suis pourtant pas étonné, je savais non pas que je tricherais, mais que je ferais l'expérience de fumer une cigarette quand j'aurais décidé d'arrêter de fumer. C'est insensé, semble-t-il, mais je souhaite éprouver ce que peut être une blessure de la volonté. Vous me direz que je me conduis comme un sophiste, que je cache de cette manière mon absence de volonté. Vous n'aurez pas tort, mais tout de même, cette cigarette-là était purement expérimentale. Si je l'ai fumée sans plaisir, ce n'est pas à cause d'un quelconque sentiment de culpabilité, c'est parce qu'elle n'avait aucune saveur. Et je l'ai justement choisie pour la raison qu'elle n'a pas le goût que j'attends de mes cigarettes. Chacun conviendra que l'apparition inopinée d'un dégoût est une arme imparable pour combattre ce pour quoi nous avons le plus d'attrait.

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