Alexandre Jardin - Des gens très bien
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Plus tard, cet ami probe écrivit sur une autre rencontre, physique celle-là, avec une ombre surgie des mêmes décombres : Le fleuve Combelle. Un texte miné, à fleur d'émotions, qui rend compte de ses liens brûlants avec Lucien Combelle, ex-directeur et éditorialiste d'un journal collaborationniste, Révolution nationale - antisémite à souhait, anti-républicain, phobique du communisme, - d'esprit littéraire et d'une certaine tenue. Dans cet ouvrage pudique, il est moins question de trahison nationale que de fidélité à soi-même. Et d'emmener la littérature sur les hauts-fonds de la complexité humaine en remontant le fleuve des grandes erreurs idéologiques. Mais je ne suis pas qu'écrivain.
Je suis aussi un petit-fils en colère.
Scène difficile que ce déjeuner avec Pierre Assouline dont je n'ai jamais compris les indulgences - toujours tues de ma part, de peur de le blesser ; je l'estime tant. Un jour donc, je lui propose - par courriel - de nous retrouver à une table que j'ai réservée à la brasserie du Lutetia, le palace dont il est le biographe ; lieu obscurci d'Histoire qui, après avoir abrité le quartier général de l'Abwehr, accueillit les revenants de la déportation lorsque, squelettes rayés et diaphanes, ils furent rapatriés à Paris d'avril à août 1945.
Tandis que j'attends sa réponse, une interrogation m'obsède : comment Pierre a-t-il pu se soucier du retour des camps - en ce lieu même où je lui donne rendez-vous - et non de l'aller ? Sans s'attarder sur l'idée que le directeur de cabinet de Laval avait nécessairement joué un rôle, actif ou passif, dans ces voyages organisés... même si aucun bordereau ou ordre explicite signé par le Nain Jaune n'a jamais été retrouvé. C'eût été prendre Jean pour un imbécile...
Pour Assouline comme pour moi, l'amitié ancienne crée des devoirs de loyauté mais aussi d'honnêteté ; même si je sais qu'il faut parfois être dupe pour qu'une affection perdure. Quelle situation folle où, à front renversé, je me fais, en attendant sa réponse, l'effet du bon Juif de cet homme si compréhensif avec les parias de l'Histoire !
Irons-nous au Lutetia ?
Sa réponse déboule sur mon écran d'ordinateur ; un courriel laconique : « Heu... ce n'est pas très bon là-bas... »
Manifestement, quelque chose ne passe pas. Le Lutetia lui semble trop indigeste. La déglutition de l'Histoire a ses mystères ; même si le bar reste un de ses lieux parisiens.
Nous nous retrouvons dans une brasserie de Montparnasse.
J'arrive en retard. Il m'embrasse, lui le Séfarade qui - rétif aux simplifications historiques - refuse de faire de l'antisémitisme la pierre de touche de toute lecture de Vichy ; et moi je l'accueille, ashkénaïsé au point d'avoir entièrement judaïsé mes propres souffrances.
Nous discutons famille, de nos projets divers, remuons quelques idées générales ; et, tout à trac, je fonce en direction de mon angoisse, vers les zones que son radar mental a si curieusement évitées :
- Dans ton Eminence grise, pourquoi n'as-tu pas écrit de chapitre sur le 16 juillet 1942 ?
- Parce que j'écris mes biographies en me mettant à la place de mes personnages ; en signalant les choses déplaisantes qu'il m'arrive parfois de trouver. Or pour Jean Jardin, la rafle du Vél d'Hiv n'a pas été un événement important. Il ne l'a certainement pas notée dans son agenda. Consacrer un chapitre à quelque chose de secondaire à ses yeux eût été un anachronisme.
- Mais c'est capital pour moi. Tu peux le comprendre ?
- Les positions de petit-fils et de biographe ne sont pas les mêmes. Par ailleurs, dans mes recherches, je n'ai rien trouvé de compromettant concernant Jean Jardin et les grandes rafles. Rien. Si cela avait été le cas, je l'aurais publié. Consacrer un chapitre entier à ce rien eût semblé, en 1986, totalement anachronique. A l'époque, la rafle du Vél d'Hiv n'avait pas l'importance qu'on lui prête aujourd'hui.
- Ton silence sur cette journée correspond donc à la cécité des Français ?
- Jean, comme la majorité des Français, ne pensait qu'à deux choses : faire rentrer les prisonniers de guerre en Allemagne et régler la question alimentaire.
- Dans ton livre, le Vél d'Hiv semble ne pas concerner du tout Jean.
- Parce qu'il ne le concerna pas.
- Tout ça me semble bien pire...
- Sans doute.
Et s'il avait raison ?
En rentrant chez moi, méditatif et mal à l'aise, je suis saisi alors d'interrogations. Quand on n'a pas subi soi-même le malheur que l'on commente, l'indignation n'est-elle pas toujours un anachronisme ? Si Pierre Assouline, Juif de confession et de cœur, ne trouvait pas en 1986 motif à s'indigner de l'aveuglement de Jean Jardin, on comprend qu'en 1942 les gens très bien s'y soient vautrés sans état d'âme...
Il y a donc des biographes sur mesure. Il fallait que le Nain Jaune rencontrât par-delà le temps un intellectuel juif le comprenant jusqu'au bout ; et capable de minimiser à ce point les responsabilités d'un directeur de cabinet. Ainsi qu'un petit-fils blessé. Tous deux unis par une amitié insubmersible.
Les trains invisibles
Longtemps je me suis demandé si le Nain Jaune, ancien collaborateur de Raoul Dautry - celui qui fit tant pour organiser le réseau de la SNCF, - s'était, à Vichy, intéressé à la dimension ferroviaire de la déportation. Sa vive passion pour les trains l'avait-elle conduit à poser à la SNCF, sa famille d'origine, les bonnes questions qui auraient pu, par déduction, atteindre son raisonnement ? Puis paniquer sa conscience ?
Comment parvint-il à trouver normal que des personnes voyagent dans des wagons à bestiaux ? Un cheminot avisé tel que Jean Jardin n'aurait-il pas dû s'interroger sur le ratio nombre de voyageurs / nombre de wagons ? S'il s'était un tant soit peu renseigné...
Raul Hilberg, l'historien clé de la Shoah[20], fut lui-même un très grand connaisseur des chemins de fer ; merveilleux outil de transport qui détermina la cadence des exterminations et la localisation des grilloirs (le mot de Soko résonne encore en moi) industriels de la Solution finale.
Mes recherches sur le Nain Jaune et les wagons de la mort sont restées vaines.
A ma connaissance, Jean Jardin se désintéressa des trains français de mai 1942 à octobre 1943 ; même si, détail à noter, il continua de signer sa correspondance administrative et privée avec le stylo en argent de Dautry. Aucune trace d'échanges particuliers entre le siège de la compagnie nationale et son cabinet durant cette période. La cécité ferroviaire du Nain Jaune fut alors complète.
Mon grand-père put donc travailler avec le stylo du grand pilote de la SNCF et ne jamais voir les trains du pire.
Mais en fouinant dans les publications d'universitaires américains très au fait de l'histoire des chemins de fer européens, j'ai fini par tomber sur un document[21] qui me mit dans le regard une gravité durable. Et qui ne cesse de m'interroger sur la logique profonde des gens convenables engagés dans la Shoah : le bulletin d'un régiment allemand. Cette pièce saisissante me troubla autant, sinon plus, que le Boudin des Frank en me confirmant que la subjectivité détermine ce que l'esprit peut observer. Il s'agit de la gazette d'une unité de l'Ordnungspolizei (la police d'Ordre). En mars 1943, ce bataillon exterminait consciencieusement les Juifs de Pologne. Sur une pleine colonne rageuse, son général SS s'y fend d'une mise en garde adressée à ses hommes au sujet des conditions déplorables de transport des bovins. Ce très délicat gradé paraît outré de l'inhumanité avec laquelle ses policiers ont procédé à l'évacuation des troupeaux de bovins expédiés vers l'Allemagne. L'excès de chargement a entraîné de lourdes pertes, s'indigne-t-il avant d'exiger que cessent la cruauté et l'irrespect envers les animaux. Un peu de morale, que diable ! Dorénavant, tout traitement indécent des bêtes à cornes fera l'objet d'un rapport circonstancié et de mesures disciplinaires. Défenseur de la cause animale, ce cœur sensible ne fait pas le lien entre l'entassement des bestiaux et celui des Juifs qui, à la même date, crèvent asphyxiés dans les mêmes wagons. Pour cet officier pétri de hautes valeurs, il semble parfaitement normal et légitime qu'un impératif moral protège les bêtes ; et leur assure un minimum d'eau pendant les voyages. Les bovins ne méritent-ils pas un traitement humain ? Eux ne sont pas des démons acharnés contre l'Allemagne ; eux n'ont pas partie liée avec le communisme russe et la juiverie internationale censée avoir pris les commandes à Moscou. Cadenassé dans sa fantasmagorie paranoïaque, ce type très correct n'est pas même effleuré par l'idée que veiller au bien-être des vaches dans ces mêmes wagons puisse être totalement fou.
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