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Сигизмунд Кржижановский: Le marque-page

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Сигизмунд Кржижановский Le marque-page

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Tous, du même geste, nous regardâmes dans la direction où pointait l’index : comme s’il en avait assez d’écouter, le copeau fit tournoyer ses boucles et, poussé par le vent, roula plus loin dans l’allée. On aurait dit que le vent avait en même temps emporté le récit.

Mais le silence ne dura qu’une minute.

— Dieu le garde ! Je me rappelle un jour, continua la voix sur un ton pensif, je me rappelle avoir trouvé un chargeur. Il n’avait rien de spécial : un chargeur de fusil, vide et rouillé. C’était non loin d’ici, sur le boulevard. Les pluies l’avaient enfoncé dans le sable. C ela doit remonter à l’époque, vous savez, où nous parlions les uns avec les autres à coups de fusil. L’autre jour le chargeur se montra… à nouveau. Bien sûr, je l’ai compris tout de suite. Tout de suite. Qu’est-ce qu’un chargeur peut bien dire. Cinq balles, l’une après l’autre, cinq trajectoires vers cinq cibles. Cela représentait le schéma d’un sujet, dans le genre des Cinq petits pois d’Andersen ou du conte russe du tsarévitch et de ses trois flèches. Ce n’est pas ma faute si les balles ont plus d’actualité que les petits pois idylliques. Ainsi, j’ai pris cinq vies, cinq récits dans le chargeur, et j’ai essayé… mais je vois que cela ne vous intéresse pas.

L’interlocuteur lugubre ne protesta pas. Une minute plus tard, dans notre dos, les câbles grincèrent et un tramway gémissant traîna sa vieille carcasse sur les rails.

— Ou alors, si l’on voulait écrire sur un suicide dans une ville, thème usé mais inusable, le titre se trouve ici, à vingt pas, noir sur blanc. Il suffit de se retourner et de recopier.

Celui à qui il s’adressait ne broncha pas, mais moi je tournai la tête et vis immédiatement le titre, en effet, noir sur blanc, au-dessous des trois feux rouges, sur un panneau d’affichage suspendu en l’air.

— Oui, c’est cela, laissa tomber le visage pointu d’une voix sourde ; et soudain il se pencha, les coudes sur les genoux. Si je voulais écrire sur celui qui tend sa gorge vers une corde ou une lame tranchante, je donnerais au récit ce titre archi-prosaïque et citadin : Arrêt facultatif. Oui. Et si le titre tient, alors on en décroche le texte comme un manteau de son clou. Le titre est pour moi le mot qui entraîne tous les autres, jusqu’au dernier. D’ailleurs, chacun sa méthode. Quand je pense qu’on prétend, continua-t-il en élevant la voix, le regard errant sur les carrés des fenêtres qui s’allumaient à l’approche de la nuit, qu’il n’y a pas de thèmes, que la pénurie de thèmes est notre fléau, qu’on dépiste les sujets, pourrait-on dire, avec des chiens courants, que pour chaque histoire inédite on organise une battue, tout le monde, toute la tribu, alors que ces maudits thèmes sont partout, que le diable les emporte, impossible de s’en protéger, rien à faire pour les fuir. Autant que les grains de poussière dans un rayon de soleil, ou – ce serait plus juste -que les moustiques au-dessus d’un marécage. Des thèmes, vous dites qu’il n’y en a pas ? Mon cerveau en est tout hérissé. Que je dorme ou que je veille, chaque fenêtre, chaque visage, tous les mots, tous les événements, toutes les choses m’envoient des thèmes par essaims, et chacun, même le plus minuscule, cherche à me piquer de son dard ! De son dard ! Et vous n’arrêtez pas de me dire…

— Je ne fais que me taire, plutôt. Et penser : fariboles. Nous avons des écrivains de valeur…

— Écrivains de valeur ! La maigre barbiche frémit. Comme vous y allez ! Il faudrait diviser votre premier mot en deux : écrivains. De vains écrits sans valeur. Effectivement, ce n’est pas ce qui manque. Et puis, dans votre deuxième mot, il faudrait changer une lettre : des voleurs. Comment imaginez-vous qu’on trouve un thème de nos jours ? Certains, du haut des escabeaux des bibliothèques, les cherchent sur les rayons : vol à l’étalage. Mais ce ne sont pas les plus méchants. D’autres se les arrachent, les mendient au comptoir des éditions de l’État, ou encore pillent au marché noir de la littérature. Tant qu’ils n’auront pas déniché un sujet, ils gratteront dans tous les coins, mais jamais ne leur viendra l’idée… de se gratter le crâne. Si seulement… là, sur ce tableau par exemple, des lettres rouges hautes de trois pieds : « la maison des soviets ». « sur l’inexistence de la littérature ». Je les aurais…

Sa voix monta d’un cran. Deux ou trois passants tournèrent la tête de notre côté et ralentirent le pas. L’interlocuteur obèse remua les genoux et décolla le dos du banc. Son visage (juste à ce moment-là un rayon de fiel électrique jaillit d’un réverbère) grimaça de dégoût ou d’embarras. Mais l’attrapeur de thèmes s’accrocha des deux mains à l’épaule et au coude de l’interlocuteur comme si celui-ci était lui-même un thème aux contours encore flous mais digne d’être développé. Le thème essaya de récupérer son bras et grogna quelque chose dans son col ; mais la voix de l’attrapeur, sautant d’un fausset suraigu au grave d’un murmure suppliant, cherchait toujours à retenir le coude rétif.

Vous avez dit : fariboles. Nullement : nous, les auteurs, nous écrivons des récits, mais l’historien de la littérature qui a le pouvoir de vous laisser entrer dans l’histoire ou de vous claquer la porte au nez, veut lui aussi, vous comprenez, écrire sur des écrits. Il n’y peut rien, c’est son emploi. Voilà pourquoi ce qui se laisse résumer en une dizaine de mots, ce qui est facile à raconter, finit par se faufiler dans l’entrée ; quant aux écrits qui ne peuvent pas présenter leur sujet, ils restent… hors sujet. Et maintenant cher ami, essayez de…

— Je suis pressé.

— Ça tombe bien. Essayez, vous dis-je, en deux ou trois mots, à la hâte, de résumer le sens, d’extraire si je puis dire l’essence de n’importe lequel des ouvrages littéraires d’aujourd’hui, tous mi-chair mi-poisson, ou ni chair ni poisson, comme il vous plaira. Au choix et en trois mots. J’attends. Vous n’y arrivez pas, hein ? Eh bien, mettez-vous à la place d’un futur historien : lui non plus, le pauvre, il n’y arrivera sans doute pas.

Soudain l’attrapeur de thèmes perdit tout intérêt pour l’interlocuteur et d’un mouvement brusque se tourna vers la droite. Sur ce bout de banc, l’oreille en entonnoir, le doigt entre les pages de son livre refermé, se trouvait l’autre témoin muet de la discussion. Apparemment, cela faisait longtemps qu’il ne lisait plus et qu’il écoutait. Le bas de son visage était entortillé dans son écharpe, le haut se dissimulait dans l’ombre longue de sa visière.

La couverture colorée sur les genoux du voisin avait attiré le regard anxieux de l’attrapeur de thèmes.

— Mais oui, je connais : la traduction de Bunk de Woodworth. Curieux livre, n’est-ce pas ?

La visière inclina son ombre en signe d’acquiescement.

— Vous voyez – le visage pointu s’enflamma à nouveau -cela vous a accroché : pourquoi ? Vous ne l’avez pas lu, demanda-t-il par-dessus son épaule. Non ? Voici de quoi il s’agit. En deux mots : débarrasser de l’absurde le tas d’absurdités dont est faite la vie. L’intrigue : un écrivain qui travaille sur un roman s’aperçoit de la disparition d’un de ses personnages. Il a échappé à sa plume et pris le large. Le travail piétine. Un jour, venu par hasard à une lecture publique, l’écrivain ébahi tombe nez à nez sur son personnage. Celui-ci veut s’éclipser, mais l’écrivain – je crois que c’est ça – l’a déjà attrapé par l’épaule et par le coude – comme ceci – et dit : « Écoutez, entre nous, vous n’êtes pas quelqu’un, mais… » En fin de compte, ils décident tous les deux de ne plus se gâcher mutuellement l’existence mais de se donner corps et âme à leur cause commune : le roman. L’auteur présente son personnage à un individu nécessaire à l’intrigue. L’individu le présente à son tour à une femme charmante et le personnage se prend pour elle d’une passion dévorante et funeste. Les chapitres suivants de notre roman commencent aussitôt à se dérober et à partir de travers, comme les lignes d’un feuillet mal fixé sur la machine à écrire. L’auteur, ne recevant plus de matière du personnage exclusivement occupé par l’amour, exige la rupture avec la femme. Le personnage cherche à biaiser, à gagner du temps. Hors de lui, l’auteur finit par exiger (la conversation se passe au téléphone) une soumission immédiate à la plume, menaçant, au cas où… Mais le personnage raccroche, tout simplement. Fin.

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