Alexandre Dumas - Le compte de Monte-Cristo Tome II

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Le compte de Monte-Cristo Tome II: краткое содержание, описание и аннотация

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Victime d'un terrible complot, Edmond Dantès est emprisonné au Château d'If alors qu'il sur le point d'épouser celle qu'il aime. A sa libération et sous l'identité du compte de Monte-Cristo, sa vengeance n'épargnera personne…

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Cet homme appartenait évidemment, sinon à l’aristocratie, du moins à la haute société.

Il était là depuis quelques minutes et commençait à donner des signes visibles d’impatience, lorsqu’un léger bruit se fit entendre sur la terrasse supérieure.

Au même instant une ombre parut intercepter la lumière, un homme apparut à l’orifice de l’ouverture, plongea son regard perçant dans les ténèbres, et aperçut l’homme au manteau; aussitôt il saisit une poignée de ces lianes pendantes et de ces lierres flottants, se laissa glisser, et, arrivé à trois ou quatre pieds du sol sauta légèrement à terre. Celui-ci avait le costume d’un Transtévère complet.

«Excusez-moi, Excellence, dit-il en dialecte romain, je vous ai fait attendre. Cependant, je ne suis en retard que de quelques minutes. Dix heures viennent de sonner à Saint-Jean-de-Latran.

– C’est moi qui étais en avance et non vous qui étiez en retard, répondit l’étranger dans le plus pur toscan; ainsi pas de cérémonie: d’ailleurs m’eussiez-vous fait attendre, que je me serais bien douté que c’était par quelque motif indépendant de votre volonté.

– Et vous auriez eu raison, Excellence, je viens du château Saint-Ange, et j’ai eu toutes les peines du monde à parler à Beppo.

– Qu’est-ce que Beppo?

– Beppo est un employé de la prison, à qui je fais une petite rente pour savoir ce qui se passe dans l’intérieur du château de Sa Sainteté.

– Ah! ah! je vois que vous êtes homme de précaution, mon cher!

– Que voulez-vous, Excellence! on ne sait pas ce qui peut arriver; peut-être moi aussi serai-je un jour pris au filet comme ce pauvre Peppino; et aurai-je besoin d’un rat pour ronger quelques mailles de ma prison.

– Bref, qu’avez-vous appris?

– Il y aura deux exécutions mardi à deux heures comme c’est l’habitude à Rome lors des ouvertures des grandes fêtes. Un condamné sera mazzolato , c’est un misérable qui a tué un prêtre qui l’avait élevé, et qui ne mérite aucun intérêt. L’autre sera decapitato , et celui-là, c’est le pauvre Peppino.

– Que voulez-vous, mon cher, vous inspirez une si grande terreur, non seulement au gouvernement pontifical mais encore aux royaumes voisins qu’on veut absolument faire un exemple.

– Mais Peppino ne fait pas même partie de ma bande; c’est un pauvre berger qui n’a commis d’autre crime que de nous fournir des vivres.

– Ce qui le constitue parfaitement votre complice. Aussi, voyez qu’on a des égards pour lui: au lieu de l’assommer, comme vous le serez, si jamais on vous met la main dessus, on se contentera de le guillotiner. Au reste, cela variera les plaisirs du peuple, et il y aura spectacle pour tous les goûts.

– Sans compter celui que je lui ménage et auquel il ne s’attend pas, reprit le Transtévère.

– Mon cher ami, permettez-moi de vous dire, reprit l’homme au manteau, que vous me paraissez tout disposé à faire quelque sottise.

– Je suis disposé à tout pour empêcher l’exécution du pauvre diable qui est dans l’embarras pour m’avoir servi; par la Madone! je me regarderai comme un lâche, si je ne faisais pas quelque chose pour ce brave garçon.

– Et que ferez-vous?

– Je placerai une vingtaine d’hommes autour de l’échafaud, et, au moment où on l’amènera, au signal que je donnerai, nous nous élancerons le poignard au poing sur l’escorte, et nous l’enlèverons.

– Cela me paraît fort chanceux, et je crois décidément que mon projet vaut mieux que le vôtre.

– Et quel est votre projet, Excellence?

– Je donnerai dix mille piastres à quelqu’un que je sais, et qui obtiendra que l’exécution de Peppino soit remise à l’année prochaine; puis, dans le courant de l’année, je donnerai mille autres piastres à un autre quelqu’un que je sais encore, et le ferai évader de prison.

– Êtes-vous sûr de réussir?

– Pardieu! dit en français l’homme au manteau.

– Plaît-il? demanda le Transtévère.

– Je dis, mon cher, que j’en ferai plus à moi seul avec mon or que vous et tous vos gens avec leurs poignards, leurs pistolets, leurs carabines et leurs tromblons. Laissez-moi donc faire.

– À merveille; mais si vous échouez, nous nous tiendrons toujours prêts.

– Tenez-vous toujours prêts, si c’est votre plaisir mais soyez certain que j’aurai sa grâce.

– C’est après-demain mardi, faites-y attention. Vous n’avez plus que demain.

– Eh bien, mais le jour se compose de vingt-quatre heures, chaque heure se compose de soixante minutes, chaque minute de soixante secondes; en quatre-vingt-six mille quatre cents secondes on fait bien des choses.

– Si vous avez réussi, Excellence, comment le saurons-nous?

– C’est bien simple. J’ai loué les trois dernières fenêtres du café Rospoli; si j’ai obtenu le sursis, les deux fenêtres du coin seront tendues en damas jaune mais celle du milieu sera tendue en damas blanc avec une croix rouge.

– À merveille. Et par qui ferez-vous passer la grâce?

– Envoyez-moi un de vos hommes déguisé en pénitent et je la lui donnerai. Grâce à son costume, il arrivera jusqu’au pied de l’échafaud et remettra la bulle au chef de la confrérie, qui la remettra au bourreau. En attendant, faites savoir cette nouvelle à Peppino; qu’il n’aille pas mourir de peur ou devenir fou, ce qui serait cause que nous aurions fait pour lui une dépense inutile.

– Écoutez, Excellence, dit le paysan, je vous suis bien dévoué, et vous en êtes convaincu, n’est-ce pas?

– Je l’espère, au moins.

– Eh bien, si vous sauvez Peppino ce sera plus que du dévouement à l’avenir, ce sera de l’obéissance.

– Fais attention à ce que tu dis là, mon cher! je te le rappellerai peut-être un jour, car peut-être un jour moi aussi, j’aurai besoin de toi…

– Eh bien, alors, Excellence, vous me trouverez à l’heure du besoin comme je vous aurai trouvé à cette même heure; alors, fussiez-vous à l’autre bout du monde, vous n’aurez qu’à m’écrire: «Fais cela», et je le ferai, foi de…

– Chut! dit l’inconnu, j’entends du bruit.

– Ce sont des voyageurs qui visitent le Colisée aux flambeaux.

– Il est inutile qu’ils nous trouvent ensemble. Ces mouchards de guides pourraient vous reconnaître; et, si honorable que soit votre amitié, mon cher ami, si on nous savait liés comme nous le sommes, cette liaison, j’en ai bien peur, me ferait perdre quelque peu de mon crédit.

– Ainsi, si vous avez le sursis?

– La fenêtre du milieu tendue en damas avec une croix rouge.

– Si vous ne l’avez pas?…

– Trois tentures jaunes.

– Et alors?…

– Alors, mon cher ami, jouez du poignard tout à votre aise, je vous le permets, et je serai là pour vous voir faire.

– Adieu, Excellence, je compte sur vous, comptez sur moi.»

À ces mots le Transtévère disparut par l’escalier, tandis que l’inconnu, se couvrant plus que jamais le visage de son manteau, passa à deux pas de Franz et descendit dans l’arène par les gradins extérieurs.

Une seconde après, Franz entendit son nom retentir sous les voûtes: c’était Albert qui l’appelait.

Il attendit pour répondre que les deux hommes fussent éloignés, ne se souciant pas de leur apprendre qu’ils avaient eu un témoin qui, s’il n’avait pas vu leur visage, n’avait pas perdu un mot de leur entretien.

Dix minutes après, Franz roulait vers l’hôtel d’Espagne, écoutant avec une distraction fort impertinente la savante dissertation qu’Albert faisait, d’après Pline et Calpurnius, sur les filets garnis de pointes de fer qui empêchaient les animaux féroces de s’élancer sur les spectateurs.

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