Romain Rolland - Jean-Christophe Tome IV
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– Une si belle personne!… De si jolis petits!… Quel malheur!… pensait-elle.
Elle n’osa rien dire à Christophe, quand il lui annonça qu’il dînerait, le soir, chez les Mannheim; mais elle eut le cœur un peu serré. Elle pensait qu’il ne fallait pas croire tout ce qu’on disait de méchant contre les Juifs – (on dit du mal de tout le monde) – et qu’il y a de braves gens partout, mais qu’il était mieux pourtant et plus convenable que chacun restât chez soi, les Juifs de leur côté, et les chrétiens d’un autre.
Christophe n’avait aucun de ces préjugés. Avec son esprit de réaction perpétuelle contre son milieu, il était plutôt attiré par cette race différente. Mais il ne la connaissait guère. Il n’avait eu quelques rapports qu’avec les éléments les plus vulgaires de la population juive: les petits marchands, la populace qui grouillait dans les rues entre le Rhin et la cathédrale, continuant à former, avec l’instinct de troupeau qui est chez tous les hommes, une sorte de petit ghetto. Il lui arrivait de flâner dans ce quartier, épiant au passage d’un œil curieux et assez sympathique des types de femmes aux joues creusées, aux lèvres et aux pommettes saillantes, au sourire à la Vinci, un peu avili, et dont le parler grossier et le rire saccadé venaient malheureusement détruire l’harmonie de la figure au repos. Même dans la lie de la populace, dans ces êtres aux grosses têtes, aux yeux vitreux, aux faces souvent bestiales, trapus et bas sur pattes, ces descendants dégénérés de la plus noble des races, on voyait, jusque dans cette fange fétide, d’étranges phosphorescences qui s’allumaient, comme des feux follets dansant sur les marais: des regards merveilleux, des intelligences lumineuses, une électricité subtile qui se dégageait de la vase, et qui fascinait et inquiétait Christophe. Il pensait qu’il y avait là dedans de belles âmes qui se débattaient, de grands cœurs qui cherchaient à sortir du bourbier; et il eût voulu les rencontrer, leur venir en aide; il les aimait sans les connaître, en les redoutant un peu. Mais jamais il n’avait eu d’intimité avec aucun d’entre eux. Jamais surtout il n’avait eu l’occasion d’approcher l’élite de la société juive.
Le dîner chez les Mannheim avait donc pour lui l’attrait de la nouveauté, et même du fruit défendu. L’Ève qui lui présentait ce fruit le rendait plus savoureux. Depuis l’instant qu’il était entré, Christophe n’avait plus d’yeux que pour Judith Mannheim. Elle appartenait à une espèce différente de toutes les femmes qu’il connaissait jusque-là. Grande et svelte, un peu maigre, bien que solidement charpentée, la figure encadrée de cheveux noirs, peu abondants, mais épais, et plantés bas, qui couvraient les tempes et le front osseux et doré, un peu myope, les paupières grosses, l’œil légèrement bombé, le nez assez fort aux narines dilatées, les joues d’une maigreur intelligente, le menton lourd, le teint assez coloré, elle avait un beau profil, énergique et net; de face, l’expression était plus trouble, incertaine, composite, les yeux et les joues étaient inégaux. On sentait en elle une forte race, et, dans le moule de cette race, jetés confusément, des éléments multiples, disparates, de très beaux et de très vulgaires. Sa beauté résidait surtout dans sa bouche silencieuse, et dans ses yeux qui semblaient plus profonds à cause de leur myopie, et plus sombres, par l’effet de leur cernure bleuâtre. Il eût fallu être plus habitué que Christophe à ces yeux, qui sont ceux d’une race plus que d’un individu, pour lire sous leur voile humide et ardent l’âme réelle de la femme qui était devant lui. C’était l’âme du peuple d’Israël qu’il découvrait dans ces yeux brûlants et mornes, qui la portaient en eux, sans le savoir eux-mêmes. Il y était perdu. Beaucoup plus tard seulement, après s’être souvent égaré dans de telles prunelles, il apprit à retrouver sa route sur cette mer orientale.
Elle le regardait; et rien ne venait gêner la lucidité de son regard; rien ne semblait lui échapper de cette âme chrétienne. Il le sentait. Il sentait sous la séduction de ce regard féminin, une volonté virile, claire et froide, qui fouillait en lui avec une sorte de brutalité indiscrète. Cette brutalité n’avait rien de malveillant. Elle prenait possession de lui. Non pas à la façon d’une coquette qui veut séduire sans s’inquiéter de savoir qui. Coquette, elle l’était plus que personne; mais elle savait sa force, et elle s’en remettait à son instinct de l’exercer, – surtout quand elle avait affaire à une proie aussi facile que Christophe. – Ce qui l’intéressait davantage, c’était de connaître son adversaire: (tout homme, tout inconnu était pour elle un adversaire, – avec qui l’on pouvait plus tard, s’il y avait lieu, signer un pacte d’alliance). La vie étant un jeu, où le plus intelligent gagnait, il s’agissait de lire dans les cartes de son adversaire et de ne pas montrer les siennes. À y réussir, elle goûtait la volupté d’une victoire. Peu lui importait qu’elle pût ou non en tirer parti. C’était pour le plaisir. Elle avait la passion de l’intelligence. Non de l’intelligence abstraite, encore qu’elle eût le cerveau assez solide pour réussir, si elle eût voulu, en n’importe quelles sciences, et que, mieux que son frère, elle eût été le vrai successeur du banquier Lothar Mannheim. Mais elle préférait l’intelligence vivante, celle qui s’applique aux hommes. Elle jouissait de pénétrer une âme, d’en peser la valeur – (elle y mettait autant d’attention scrupuleuse que la juive de Matsys à peser ses écus); – elle savait, avec une divination merveilleuse, trouver en moins de rien le défaut de la cuirasse, les tares et les faiblesses qui sont la clef de l’âme, s’emparer des secrets: c’était sa façon de s’en rendre maîtresse. Mais elle ne s’attardait point à sa victoire; et de sa prise elle ne faisait rien. Une fois sa curiosité et son orgueil satisfaits, elle ne s’y intéressait plus, et passait à un autre objet. Toute cette force restait stérile. Dans cette âme si vivante, il y avait la mort. Judith portait en elle le génie de la curiosité et de l’ennui.
Ainsi, elle regardait Christophe, qui la regardait. Elle parlait à peine. Il lui suffisait d’un sourire imperceptible, au coin de la bouche: Christophe était hypnotisé. Ce sourire s’effaçait, la figure devenait froide, les yeux indifférents; elle s’occupait du service et parlait au domestique, d’un ton glacial; il semblait qu’elle n’écoutât plus. Puis, les yeux s’éclairaient de nouveau; et trois ou quatre mots précis montraient qu’elle avait tout entendu et compris.
Elle révisait froidement le jugement de son frère sur Christophe: elle connaissait les hâbleries de Franz; son ironie eut beau jeu, quand elle rit paraître Christophe, dont son frère lui avait vanté la beauté et la distinction – (il semblait que Franz eût un don pour voir le contraire de l’évidence; ou peut-être prenait-il à le croire un amusement paradoxal). – Mais, en étudiant mieux Christophe, elle reconnut que pourtant tout n’était pas faux dans ce que Franz avait dit; et, à mesure qu’elle avançait à la découverte, elle trouvait en Christophe une force encore incertaine et mal équilibrée, mais robuste et hardie: elle y prenait plaisir, sachant, mieux que personne, la rareté de la force. Elle sut faire parler Christophe, dévoiler sa pensée, montrer lui-même ses limites et ses manques; elle lui fit jouer du piano: elle n’aimait pas la musique, mais elle comprenait; et elle reconnut l’originalité musicale Christophe, bien que sa musique ne lui inspirât aucune sorte d’émotion. Sans rien changer à sa froideur courtoise, quelques remarques brèves, justes, nullement louangeuses montrèrent l’intérêt qu’elle prenait à Christophe.
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