Romain Rolland - Jean-Christophe Tome V
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Il s’attardait sur les quais, à rêver. C’était sa promenade de prédilection. Elle calmait un peu sa nostalgie du grand fleuve, qui avait bercé son enfance. Ah! ce n’était plus sans doute le Vater Rhein ! Rien de sa force toute-puissante. Rien des larges horizons, des vastes plaines, où l’esprit plane et se perd. Une rivière aux yeux gris, à la robe vert-pâle, aux traits fins et précis, une rivière de grâce, aux souples mouvements, s’étirant avec une spirituelle nonchalance dans la parure somptueuse et sobre de sa ville, les bracelets de ses ponts, les colliers de ses monuments, et souriant à sa joliesse, comme une belle flâneuse… La délicieuse lumière de Paris! C’était la première chose que Christophe avait aimée dans cette ville; elle le pénétrait, doucement, doucement; peu à peu, elle transformait son cœur, sans qu’il s’en aperçût. Elle était pour lui la plus belle des musiques, la seule musique parisienne. Il passait des heures, le soir, le long des quais, ou dans les jardins de l’ancienne France, à savourer les harmonies du jour sur les grands arbres baignés de brume violette, sur les statues et les vases gris, sur la pierre patinée des monuments royaux, qui avait bu la lumière des siècles, cette atmosphère subtile, faite de soleil fin et de vapeur laiteuse, où flotte, dans une poussière d’argent, l’esprit riant de la race.
Un soir, il était accoudé près du pont Saint-Michel, et, tout en regardant l’eau, il feuilletait distraitement les livres d’un bouquiniste, étalés sur le parapet. Il ouvrit au hasard un volume dépareillé de Michelet. Il avait déjà lu quelques pages de cet historien, qui ne lui avait pas trop plu par sa hâblerie française, son pouvoir de se griser de mots, et son débit trépidant. Mais, ce soir-là, dès les premières lignes, il fut saisi: c’était la fin du procès de Jeanne d’Arc. Il connaissait par Schiller la Pucelle d’Orléans; mais jusqu’ici, elle n’était pour lui qu’une héroïne romanesque, à laquelle un grand poète avait prêté une vie imaginaire. Brusquement, la réalité lui apparut, et elle l’étreignit. Il lisait, il lisait, le cœur broyé par l’horreur tragique du sublime récit; et lorsqu’il arriva au moment où Jeanne apprend qu’elle va mourir le soir et où elle défaille d’effroi, ses mains se mirent à trembler, les larmes le prirent, et il dut s’interrompre. La maladie l’avait affaibli: il était devenu d’une sensibilité ridicule, qui l’exaspérait. – Quand il voulut achever sa lecture, il était tard, et le bouquiniste fermait ses caisses. Il résolut d’acheter le livre; il chercha dans ses poches: il lui restait six sous. Il n’était pas rare qu’il fût aussi dénué: il ne s’en inquiétait pas; il venait d’acheter son dîner, et il comptait, le lendemain, toucher un peu d’argent chez Hecht, pour une copie de musique. Mais attendre jusqu’au lendemain, c’était dur! Pourquoi venait-il justement de dépenser à son dîner le peu qui lui restait? Ah! s’il avait pu offrir en paiement au bouquiniste le pain et le saucisson, qu’il avait dans sa poche!
Le lendemain matin, très tôt, il alla chez Hecht, pour chercher l’argent; mais en passant près du pont, qui porte le nom de l’archange des batailles, – «le frère du paradis» de Jeanne, – il n’eut pas le courage de ne pas s’arrêter. Il retrouva le précieux volume dans les caisses du bouquiniste; il le lut en entier, il passa près de deux heures à le lire; il manqua le rendez-vous chez Hecht; et, pour le rencontrer ensuite, il dut perdre presque toute sa journée. Enfin, il réussit à avoir sa nouvelle commande et à se faire payer. Aussitôt il courut acheter le livre. Il avait peur qu’un autre acheteur ne l’eût pris. Sans doute, le mal n’eût pas été grand: il était facile de se procurer d’autres exemplaires; mais Christophe ne savait pas si le livre était rare ou non; et d’ailleurs, c’était ce volume-là qu’il voulait, et non un autre. Ceux qui aiment les livres sont volontiers fétichistes. Les feuillets, même salis et tachés, d’où la source des rêves a jailli, sont pour eux sacrés.
Christophe relut chez lui, dans le silence de la nuit, l’Évangile de la Passion de Jeanne; et aucun respect humain ne l’obligea plus à contenir son émotion. Une tendresse, une pitié, une douleur infinie, le remplissaient pour la pauvre petite bergeronnette, dans ses gros habits rouges de paysanne, grande, timide, la voix douce, rêvant au haut des cloches, – (elle les aimait comme lui) – avec son beau sourire, plein de finesse et de bonté, ses larmes toujours prêtes à couler, – larmes d’amour, larmes de pitié, larmes de faiblesse: car elle était à la fois si virile et si femme, la pure et vaillante fille, qui domptait les volontés sauvages d’une armée de bandits, et, tranquillement, avec son bon sens intrépide, sa subtilité de femme, et son doux entêtement, déjouait pendant des mois, seule et trahie par tous, les menaces et les ruses hypocrites d’une meute de gens d’église et de loi, – loups et renards, aux yeux sanglants, – faisant cercle autour d’elle.
Ce qui pénétrait le plus Christophe, c’était sa bonté, sa tendresse de cœur, – pleurant après les victoires, pleurant sur les ennemis morts, sur ceux qui l’avaient insultée, les consolant quand ils étaient blessés, les aidant à mourir, sans amertume contre ceux qui la livrèrent, et, sur le bûcher même, quand les flammes s’élevaient, ne pensant pas à elle, s’inquiétant du moine qui l’exhortait, et le forçant à partir. Elle était «douce dans la plus âpre lutte, bonne parmi les mauvais, pacifique dans la guerre même. La guerre, ce triomphe du diable, elle y porta l’esprit de Dieu».
Et Christophe, faisant un retour sur lui-même, pensait:
– Je n’y ai pas assez porté l’esprit de Dieu.
Il relisait les belles paroles de l’évangéliste de Jeanne:
«Être bon, rester bon, entre les injustices des hommes et les sévérités du sort… Garder la douceur et la bienveillance parmi tant d’aigres disputes, traverser l’expérience sans lui permettre de toucher à ce trésor intérieur…»
Et il se répétait:
– J’ai péché. Je n’ai pas été bon. J’ai manqué de bienveillance. J’ai été trop sévère. – Pardon. Ne croyez pas que je sois votre ennemi, vous que je combats! Je voudrais vous faire du bien, à vous aussi… Mais il faut pourtant vous empêcher de faire le mal…
Et comme il n’était pas un saint, il lui suffisait de penser que sa haine se réveillât. Ce qu’il leur pardonnait le moins, c’était qu’à les voir, à voir la France à travers eux, il était impossible d’imaginer qu’une telle fleur de pureté et de poésie héroïque eût pu jamais pousser de ce sol. Et pourtant, cela était. Qui pouvait dire qu’elle n’en sortirait pas encore une seconde fois?
La France d’aujourd’hui ne pouvait être pire que celle de Charles VII, la nation prostituée d’où sortit la Pucelle. Le temple était vide à présent, souillé, à demi ruiné. N’importe! Dieu y avait parlé.
Christophe cherchait un Français à aimer, pour l’amour de la France.
C’était vers la fin de mars. Depuis des mois, Christophe n’avait causé avec personne, ni reçu aucune lettre, sauf de loin en loin quelques mots de la vieille maman, qui ne savait point qu’il était malade, qui ne lui disait point qu’elle était malade. Toutes ses relations avec le monde se réduisaient à ses courses au magasin de musique, pour prendre ou rapporter du travail. Il y allait à des heures où il savait que Hecht n’y était pas, – afin d’éviter de causer avec lui. Précaution superflue; car la seule fois qu’il avait rencontré Hecht, celui-ci lui avait à peine adressé quelques mots indifférents au sujet de sa santé.
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