Antoine de Saint-Exupéry - Vol De Nuit

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V

Or Robineau ce soir était las. Il venait de découvrir, en face de Pellerin vainqueur, que sa propre vie était grise. Il venait surtout de découvrir que lui, Robineau, malgré son titre d'inspecteur et son autorité, valait moins que cet homme rompu de fatigue, tassé dans l'angle de la voiture, les yeux clos et les mains noires d'huile. Pour la première fois Robineau admirait. Il avait besoin de le dire. Il avait besoin surtout de se gagner une amitié. Il était las de son voyage et de ses échecs du jour, peut-être se sentait-il même un peu ridicule. Il s'était embrouillé, ce soir, dans ses calculs en vérifiant les stocks d'essence, et l'agent même qu'il désirait surprendre, pris de pitié, les avait achevés pour lui. Mais surtout il avait critiqué le montage d'une pompe à huile du type B. 6, la confondant avec une pompe à huile du type B. 4, et les mécaniciens sournois l'avaient laissé flétrir pendant vingt minutes «une ignorance que rien n'excuse», sa propre ignorance.

Il avait peur aussi de sa chambre d'hôtel. De Toulouse à Buenos Aires, il la regagnait invariablement après le travail. Il s'y enfermait, avec la conscience des secrets dont il était lourd, tirait de sa valise une rame de papier, écrivait lentement «Rapport», hasardait quelques lignes et déchirait tout. Il aurait aimé sauver la Compagnie d'un grand péril. Elle ne courait aucun péril. Il n'avait guère sauvé jusqu'à présent qu'un moyeu d'hélice touché par la rouille. Il avait promené son doigt sur cette rouille, d'un air funèbre, lentement, devant un chef d'aéroplace, qui lui avait d'ailleurs répondu: «Adressez-vous à l'escale précédente: cet avion-là vient d'en arriver.» Robineau doutait de son rôle.

Il hasarda, pour se rapprocher de Pellerin:

– Voulez-vous dîner avec moi? J'ai besoin d'un peu de conversation, mon métier est quelquefois dur…

Puis corrigea pour ne pas descendre trop vite:

– J'ai tant de responsabilités!

Ses subalternes n'aimaient guère mêler Robineau à leur vie privée. Chacun pensait: «S'il n'a encore rien trouvé pour son rapport, comme il a très faim, il me mangera.»

Mais Robineau, ce soir, ne pensait guère qu'à ses misères: le corps affligé d'un gênant eczéma, son seul vrai secret, il eut aimé le raconter, se faire plaindre, et ne trouvant point de consolation dans l'orgueil, en chercher dans l'humilité. Il possédait aussi, en France, une maîtresse, à qui, la nuit de ses retours, il racontait ses inspections, pour l'éblouir un peu et se faire aimer, mais qui justement le prenait en grippe, et il avait besoin de parler d'elle.

– Alors, vous dînez avec moi?

Pellerin, débonnaire, accepta.

VI

Les secrétaires somnolaient dans les bureaux de Buenos Aires, quand Rivière entra. Il avait gardé son manteau, son chapeau, il ressemblait toujours à un éternel voyageur, et passait presque inaperçu, tant sa petite taille déplaçait peu d'air, tant ses cheveux gris et ses vêtements anonymes s'adaptaient à tous les décors. Et pourtant un zèle anima les hommes. Les secrétaires s'émurent, le chef de bureau compulsa d'urgence les derniers papiers, les machines à écrire cliquetèrent.

Le téléphoniste plantait ses fiches dans le standard, et notait sur un livre épais les télégrammes.

Rivière s'assit et lut.

Après l'épreuve du Chili, il relisait l'histoire d'un jour heureux où les choses s'ordonnent d'elles-mêmes, où les messages, dont se délivrent l'un après l'autre les aéroports franchis, sont de sobres bulletins de victoire. Le courrier de Patagonie, lui aussi, progressait vite: on était en avance sur l'horaire, car les vents poussaient du Sud vers le Nord leur grande houle favorable.

– Passez-moi les messages météo.

Chaque aéroport vantait son temps clair, son ciel transparent, sa bonne brise. Un soir doré avait habillé l'Amérique. Rivière se réjouit du zèle des choses. Maintenant ce courrier luttait quelque part dans l'aventure de la nuit, mais avec les meilleures chances.

Rivière repoussa le cahier.

– Ça va.

Et sortit jeter un coup d'oeil sur les services, veilleur de nuit qui veillait sur la moitié du monde.

Devant une fenêtre ouverte il s'arrêta et comprit la nuit. Elle contenait Buenos Aires, mais aussi, comme une vaste nef, l'Amérique. Il ne s'étonna pas de ce sentiment de grandeur: le ciel de Santiago du Chili, un ciel étranger, mais une fois le courrier en marche vers Santiago du Chili, on vivait, d'un bout à l'autre de la ligne, sous la même voûte profonde. Cet autre courrier maintenant dont on guettait la voix dans les écouteurs de T.S.F., les pêcheurs de Patagonie en voyaient luire les feux de bord. Cette inquiétude d'un avion en vol, quand elle pesait sur Rivière, pesait aussi sur les capitales et les provinces avec le grondement du moteur.

Heureux de cette nuit bien dégagée, il se souvenait de nuits de désordre, où l'avion lui semblait dangereusement enfoncé et si difficile à secourir. On suivait, du poste radio de Buenos Aires, sa plainte mêlée au grésillement des orages. Sous cette gangue sourde, l'or de l'onde musicale se perdait. Quelle détresse dans le chant mineur d'un courrier jeté en flèche aveugle vers les obstacles de la nuit!

Rivière pensa que la place d'un inspecteur, une nuit de veille, est au bureau.

– Faites-moi chercher Robineau.

Robineau était sur le point de faire d'un pilote son ami. Il avait, à l'hôtel, devant lui déballé sa valise; elle livrait ces menus objets par quoi les inspecteurs se rapprochent du reste des hommes: quelques chemises de mauvais goût, un nécessaire de toilette, puis une photographie de femme maigre que l'inspecteur piqua au mur. Il faisait ainsi à Pellerin l'humble confession de ses besoins, de ses tendresses, de ses regrets. Alignant dans un ordre misérable ses trésors, il étalait devant le pilote sa misère. Un eczéma moral. Il montrait sa prison.

Mais pour Robineau, comme pour tous les hommes, existait une petite lumière. Il avait éprouvé une grande douceur en tirant du fond de sa valise, précieusement enveloppé, un petit sac. Il l'avait tapoté longtemps sans rien dire. Puis desserrant enfin les mains:

– J'ai ramené ça du Sahara…

L'inspecteur avait rougi d'oser une telle confidence. Il était consolé de ses déboires et de son infortune conjugale, et de toute cette grise vérité par de petits cailloux noirâtres qui ouvraient une porte sur le mystère.

Rougissant un peu plus:

– On trouve les mêmes au Brésil…

Et Pellerin avait tapoté l'épaule d'un inspecteur qui se penchait sur l'Atlantide.

Par pudeur aussi Pellerin avait demandé:

– Vous aimez la géologie?

– C'est ma passion.

Seules, dans la vie, avaient été douces pour lui, les pierres.

Robineau, quand on l'appela, fut triste, mais redevint digne.

– Je dois vous quitter, monsieur Rivière a besoin de moi pour quelques décisions graves.

Quand Robineau pénétra au bureau, Rivière l'avait oublié. Il méditait devant une carte murale où s'inscrivait en rouge le réseau de la Compagnie. L'inspecteur attendait ses ordres. Après de longues minutes, Rivière, sans détourner la tête, lui demanda:

– Que pensez-vous de cette carte, Robineau?

Il posait parfois des rébus en sortant d'un songe.

– Cette carte, monsieur le Directeur…

L'inspecteur, à vrai dire, n'en pensait rien, mais, fixant la carte d'un air sévère, il inspectait en gros l'Europe et l'Amérique. Rivière d'ailleurs poursuivait, sans lui en faire part, ses méditations: «Le visage de ce réseau est beau mais dur. Il nous a coûté beaucoup d'hommes, de jeunes hommes. Il s'impose ici, avec l'autorité des choses bâties, mais combien de problèmes il pose!» Cependant le but pour Rivière dominait tout.

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