Ги де Мопассан - Notre coeur

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Si elle avait laissé apparaître quelque refroidissement, quelque ennui de cette passion qu’elle voyait, qu’elle sentait toujours s’accroître, il se serait peut-être irrité, puis froissé, puis découragé, puis apaisé. Mais elle se montrait au contraire plus attachée à lui que jamais, plus flattée de son amour, plus désireuse de le conserver, sans y répondre autrement que par des préférences amicales qui commençaient à rendre jaloux tous ses autres admirateurs.

Chez elle, elle ne le voyait jamais assez, et le même télégramme qui annonçait à André un empêchement pour Auteuil le priait toujours avec instance de venir dîner ou passer une heure dans la soirée. Il avait pris d’abord ces invitations-là pour des dédommagements, puis il avait dû comprendre qu’elle aimait beaucoup le voir, plus que tous les autres, qu’elle avait vraiment besoin de lui, de sa parole adoratrice, de son regard amoureux, de son affection enveloppante et proche, de la caresse discrète de sa présence. Elle en avait besoin, comme une idole, pour devenir vrai dieu, a besoin de prière et de foi. Dans la chapelle vide, elle n’est qu’un bois sculpté. Mais si seulement un croyant entre dans le sanctuaire, adore, implore, prosterné, et gémit de ferveur, ivre de sa religion, elle devient l’égale de Brahma, d’Allah ou de Jésus, car tout être aimé est une espèce de dieu.

Plus qu’aucune Mme de Burne se sentait née pour le rôle de fétiche, pour cette mission donnée aux femmes par la nature d’être adorées et poursuivies, de triompher des hommes par la beauté, la grâce, le charme et la coquetterie.

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Elle était bien cette sorte de déesse humaine, délicate, dédaigneuse, exigeante et hautaine, que le culte amoureux des mâles enorgueillit et divinise comme un encens.

Cependant son affection pour Mariolle et sa vive prédilection, elle les lui témoignait presque ouvertement, sans souci du qu’en-dira-t-on, et peut-être avec le secret désir d’exaspérer et d’enflammer les autres. On ne pouvait plus guère venir chez elle sans l’y trouver, installé presque toujours dans un grand fauteuil que Lamarthe appelait « la stalle du desservant » ; et elle ressentait un sincère plaisir à demeurer seule avec lui pendant des soirées entières, causant et l’écoutant parler.

Elle prenait goût à cette vie intime qu’il lui révélait, à ce contact incessant avec un esprit agréable, éclairé, instruit, et qui lui appartenait, dont elle était aussi bien la maîtresse que des petits bibelots qui traînaient sur sa table. Elle lui abandonnait également peu à peu beaucoup d’elle-même, de sa pensée, de sa secrète personne, en ces confidences affectueuses qui sont aussi douces à faire qu’à recevoir. Elle se sentait avec lui plus libre, plus sincère, plus découverte, plus familière qu’avec les autres, et l’en aimait davantage. Elle éprouvait aussi cette impression chère aux femmes de donner vraiment quelque chose, de confier à quelqu’un tout le disponible d’elle, ce qu’elle n’avait jamais fait.

Pour elle c’était beaucoup, mais pour lui c’était peu. Il attendait, il espérait toujours la grande débâcle définitive de l’être qui livre son âme dans ses caresses.

Les caresses, elle semblait les considérer comme inutiles, gênantes, plutôt pénibles. Elle s’y soumettait, non pas insensible, mais vite lassée ; et cette lassitude sans doute éveillait en elle de l’ennui.

Les plus légères, les plus insignifiantes, semblaient même la fatiguer et l’énerver. Quand, tout en causant, il s’emparait d’une de ses mains pour baiser ses doigts, qu’il gardait un peu, l’un

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après l’autre, entre ses lèvres, les attirant par une petite aspiration, comme des bonbons, elle semblait toujours désireuse de les ôter de là, et dans tout son bras il sentait un effort secret de retraite.

Quand, à la fin de ses visites, il déposait sur son cou, entre le col de la robe et les cheveux d’or de la nuque, un long baiser qui cherchait l’arome de son corps sous les plis des étoffes adhérentes à la chair, elle avait toujours un léger mouvement en arrière, puis une imperceptible fuite de sa peau sous cette bouche étrangère.

Il percevait cela comme des coups de couteau, et il s’en allait avec des plaies qui saignaient sans cesse dans la solitude de sa tendresse. Comment n’avait-elle pas eu au moins cette période d’entraînement qui succède chez presque toutes les femmes à l’abandon volontaire et désintéressé de leur corps ? Elle est courte souvent, suivie par la fatigue et puis par le dégoût. Mais il est si rare qu’elle n’existe pas du tout, pas une heure, pas un jour ! Cette maîtresse avait fait de lui non pas un amant, mais une sorte d’associé intelligent de sa vie.

De quoi se plaignait-il ? Celles qui se donnent tout entières ne donnent pas tant peut-être ?

Il ne se plaignait pas : il avait peur. Il avait peur de l’autre, de celui qui viendrait tout à coup, rencontré demain ou après-demain, quelconque, artiste, mondain, officier, cabotin, n’importe qui, né pour plaire à ses yeux de femme, et qui plairait sans autre raison, parce qu’il était celui-là , celui qui ferait pénétrer pour la première fois en elle l’impérieuse envie d’ouvrir les bras.

Il était déjà jaloux de l’avenir, comme il avait été, par moments, jaloux du passé inconnu ; et tous les intimes de la jeune femme commençaient à devenir jaloux de lui. Ils en jasaient entre eux, et faisaient même devant elle de très discrètes et obscures allusions. Pour les uns, il était son amant. Les autres, suivant l’opinion de Lamarthe, prétendaient qu’elle s’amusait, comme

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toujours, à l’affoler, lui, pour les énerver et les exaspérer, eux, et rien de plus. Son père s’émut, et lui fit des observations qu’elle reçut avec hauteur ; et plus elle voyait la rumeur croître autour d’elle, plus elle s’obstina à témoigner ouvertement ses préférences à Mariolle, par une bizarre contradiction avec toute la prudence de sa vie.

Mais lui s’inquiétait un peu de ces mesures de suspicion. Il lui en parla.

– Que m’importe ! dit-elle.

– Au moins si vous m’aimiez d’amour !

– Est-ce que je ne vous aime pas, mon ami ?

– Oui, et non. Vous m’aimez bien chez vous, et mal ailleurs.

Je préférerais le contraire pour moi, et même aussi pour vous.

Elle se mit à rire, en murmurant :

– On fait ce qu’on peut.

Il reprit :

– Si vous saviez dans quelle agitation me jettent les efforts que je tente pour vous animer. J’ai l’impression tantôt de vouloir enlacer de l’insaisissable, tantôt d’étreindre de la glace, qui me gèle en fondant dans mes bras.

Elle ne répondit point, n’aimant guère ce sujet, et elle prit cet air distrait qu’elle avait souvent à Auteuil.

Il n’osa pas insister. Il la regardait comme on regarde les objets précieux des musées qui tentent si fort les amateurs et qu’on ne peut pas emporter chez soi.

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Ses jours, ses nuits, n’avaient plus pour lui que des heures de souffrance, car il vivait avec cette idée fixe, encore plus avec le sentiment qu’avec l’idée qu’elle était à lui sans être à lui, conquise et libre, prise et imprenable. Il vivait autour d’elle, tout près d’elle, sans arriver jusqu’à elle, et il l’aimait avec toutes les convoitises non rassasiées de son âme et de son corps. Comme il avait fait au début de leur liaison, il se remit à lui écrire. Une fois il avait vaincu avec de l’encre la première défense de sa vertu ; avec de l’encre il pourrait peut-être emporter encore cette dernière intime et secrète résistance. Espaçant un peu ses visites, il lui répéta en des lettres presque quotidiennes l’inanité de son effort d’amour. De temps en temps, quand il avait été fort éloquent, passionné, douloureux, elle lui répondait. Ses lettres à elle, datées, par chic, de minuit, une heure, deux heures ou trois heures du matin, étaient claires, nettes, bien pensées, dévouées, encourageantes et désolantes. Elle y raisonnait fort bien, y mettait de l’esprit, même de la fantaisie. Mais il avait beau les relire, il avait beau les trouver justes, intelligentes, bien tournées, gracieuses, satisfaisantes pour sa vanité d’homme, elles ne contentaient pas son cœur. Elles ne le contentaient pas plus que les baisers donnés dans la maison d’Auteuil.

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