Alexandre Dumas - JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome IV

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JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome IV: краткое содержание, описание и аннотация

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Les «Mémoires d'un médecin» est une suite romanesque qui a pour cadre la Révolution Française et qui comprend «Joseph Balsamo», «le Collier de la reine», «Ange Pitou» et la «Comtesse de Charny». Cette grande fresque, très intéressante sur le plan historique, captivante par son récit, a une grande force inventive et une portée symbolique certaine.
«Joseph Balsamo» s'ouvre en 1770 sur un Prologue ésotérique: sur le mont Tonnerre sont réunis les chefs de la franc-maçonnerie universelle. Un inconnu qui se présente comme le nouveau Messie, l'homme-Dieu – «Je suis celui qui est» -, prophétise la Révolution universelle, qui sera lancée par la France, où il se charge de devenir l'agent de la Providence. Cet inconnu s'appelle Joseph Balsamo, alias Cagliostro.
Trois trames vont s'entremêler tout au long du roman:
La lutte pour le pouvoir entre le parti de la dauphine, Marie-Antoinette, et celui de la Du Barry.
L'amour malheureux de Gilbert, petit paysan ambitieux, pour la belle Andrée de Taverney, et le roman d'apprentissage de Gilbert qui, ayant suivi Andrée à Paris, devient d'abord le jouet de la Du Barry, puis est adopté par son père spirituel, le philosophe Jean-Jacques Rousseau.
Enfin, le drame qui se joue entre Balsamo, Lorenza – médium qui assure, grâce à son don de double vue, la puissance de Balsamo, qui le hait lorsqu'elle est éveillée et l'adore lorsqu'elle est endormie – et Althotas – qui cherche l'élixir de longue vie, pour lequel il lui faut le sang d'une vierge…

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– Tu cherches à faire de l’or? dit-elle en souriant.

– Oui.

– Tous ces creusets renferment des préparations à différents degrés?

– Toutes arrêtées, toutes perdues; mais je ne le regrette pas.

– Et tu as raison; car ton or à toi ne sera jamais que du mercure coloré; tu le rendras solide peut-être, mais tu ne le transformeras pas.

– Cependant on peut faire de l’or?

– Non.

– Et pourtant Daniel de Transylvanie a vendu vingt mille ducats, à Cosme Ier, la recette pour la commutation des métaux.

– Daniel de Transylvanie a trompé Cosme Ier.

– Cependant le Saxon Payken, condamné à mort par Charles II, a racheté sa vie en changeant un lingot de plomb en un lingot d’or, dont on tira quarante ducats, tout en distrayant de ce lingot de quoi faire une médaille qui fut frappée à la plus grande gloire de l’habile alchimiste.

– L’habile alchimiste était un habile escamoteur. Il substitua le lingot d’or au lingot de plomb, voilà tout. Ta plus sûre manière de faire de l’or, Acharat, c’est de fondre en lingots, comme tu le fais, les richesses que tes esclaves t’apportent des quatre parties du monde.

Balsamo demeura pensif.

– Ainsi, dit-il, la transmutation des métaux est impossible?

– Impossible.

– Mais, par exemple, hasarda Balsamo, le diamant?

– Oh! le diamant, c’est autre chose, dit Lorenza.

– On peut donc faire du diamant?

– Oui; car faire du diamant n’est pas opérer la transmutation d’un corps dans un autre; faire du diamant, c’est tenter la simple modification d’un élément connu.

– Mais tu connais donc l’élément dont le diamant se forme?

– Sans doute; le diamant, c’est la cristallisation du carbone pur.

Balsamo demeura étourdi; une lumière éblouissante, inattendue, inouïe, jaillissait à ses yeux: il les couvrit de ses deux mains comme s’il eût été aveuglé de cette flamme.

– Oh! mon Dieu, dit-il, mon Dieu, tu fais trop pour moi; quelque danger me menace. Mon Dieu, quel est l’anneau précieux que je puis jeter à la mer pour conjurer ta jalousie? Assez, assez pour aujourd’hui, Lorenza, assez.

– Ne suis-je pas à toi? Ordonne, commande.

– Oui, tu es à moi, viens, viens.

Et Balsamo entraîna Lorenza hors du laboratoire, traversa la chambre des fourrures, et, sans faire attention à un léger craquement qu’il entendit au dessus de sa tête, il rentra avec Lorenza dans la chambre grillée.

– Ainsi, demanda la jeune femme, tu es content de ta Lorenza, mon Balsamo bien-aimé?

– Oh! fit celui-ci.

– Que craignais-tu donc? Dis, parle.

Balsamo joignit les mains et regarda Lorenza avec une expression de terreur dont un spectateur qui n’eût pas su lire dans son âme eût eu peine à se rendre compte.

– Oh! murmura-t-il, moi qui ai failli tuer cet ange, et moi qui ai failli mourir de désespoir avant de résoudre ce problème d’être heureux et puissant à la fois; moi qui ai oublié que les limites du possible dépassent toujours l’horizon tracé par l’état présent de la science, et que la plupart des vérités, qui sont devenues des faits, ont toujours commencé par être regardées comme des visions; moi qui croyais tout savoir et qui ne savais rien!

La jeune femme souriait divinement.

– Lorenza, Lorenza, continua Balsamo, il est donc réalisé, ce mystérieux dessein du Créateur, qui fait naître la femme de la chair de l’homme, et qui leur dit de n’avoir qu’un cœur à eux deux! Ève est ressuscitée pour moi; Ève, qui ne pensera pas sans moi et dont la vie est suspendue au fil que je tiens! C’est trop, mon Dieu, pour une seule créature, et je succombe sous le poids de ton bienfait.

Et il tomba à genoux, étreignant avec adoration cette suave beauté, qui lui souriait comme on ne sourit pas sur la terre.

– Eh bien, dit-il, non, tu ne me quitteras plus; sous ton regard qui perce les ténèbres, je vivrai en toute sécurité; tu m’aideras dans ces recherches laborieuses que toi seule, comme tu l’as dit, pouvais compléter, et qu’un mot de toi rendra faciles et fécondes; c’est toi qui me diras si je ne puis faire de l’or, puisque l’or est une matière homogène, un élément primitif, c’est toi qui me diras dans quelle parcelle de sa création Dieu l’a caché; c’est toi qui me diras où gisent les trésors séculaires engloutis dans les vastes profondeurs de l’océan. Je verrai avec tes yeux s’arrondir la perle dans la coquille nacrée, et grandir la pensée de l’homme sous les couches fangeuses de sa chair. J’entendrai, avec tes oreilles, la sourde sape du ver qui creuse le sol, et les pas de mon ennemi s’approchant de moi. Je serai grand comme Dieu et plus heureux que Dieu, ma Lorenza; car Dieu n’a pas au ciel son égal et sa compagne, car Dieu est tout-puissant, mais il est seul dans sa majesté divine et ne partage avec aucun autre être, divin comme lui, cette toute-puissance qui le fait Dieu.

Et Lorenza souriait toujours; et, tout en souriant, elle répondait aux paroles par d’ardentes caresses.

– Et cependant, murmura-t-elle comme si elle eût vu au crâne de son amant chaque pensée qui agitait les fibres de ce cerveau inquiet, et cependant tu doutes encore, Acharat. Tu doutes, comme tu l’as dit, que je puisse franchir le cercle de notre amour, tu doutes que je puisse voir à distance; mais tu te consoles en disant que, si je ne vois pas, elle verra, elle.

– Qui, elle?

– La femme blonde: veux-tu que je te dise son nom?

– Oui.

– Attends… Andrée.

– Oui, c’est cela. Oui, tu lis dans ma pensée; oui, une dernière crainte me trouble. Vois-tu toujours à travers l’espace, l’espace fût-il coupé par des obstacles matériels?

– Essaye.

– Donne-moi la main, Lorenza.

La jeune femme saisit passionnément la main de Balsamo.

– Peux-tu me suivre?

– Partout.

– Viens.

Et Balsamo sortant, par la pensée, de la rue Saint-Claude, entraîna la pensée de Lorenza avec lui.

– Où sommes-nous? demanda-t-il à Lorenza.

– Nous sommes sur une montagne, répondit la jeune femme.

– Oui, c’est cela, dit Balsamo en tressaillant de joie; mais que vois-tu?

– Devant moi? à gauche, ou à droite?

– Devant toi.

– Je vois une vaste vallée avec une forêt d’un côté, une ville de l’autre, et une rivière qui les sépare et va se perdre à l’horizon, en longeant la muraille d’un grand château.

– C’est cela, Lorenza. Cette forêt, c’est celle du Vésinet; cette ville, c’est Saint-Germain; ce château, c’est le château de Maisons. Entrons, entrons dans le pavillon qui est derrière nous.

– Entrons.

– Que vois-tu?

– Ah! d’abord, dans l’antichambre, un petit nègre bizarrement vêtu et mangeant des dragées.

– Zamore, c’est cela. Entrons, entrons.

– Un salon vide, avec un splendide ameublement; des dessus de porte représentant des déesses et des Amours.

– Le salon est vide?

– Oui.

– Entrons, entrons toujours.

– Ah! nous sommes dans un adorable boudoir de satin bleu, broché de fleurs aux couleurs naturelles.

– Est-il vide aussi?

– Non, une femme est couchée sur un sofa.

– Quelle est cette femme?

– Attends.

– Ne te semble-t-il pas l’avoir déjà vue?

– Oui, ici; c’est madame la comtesse du Barry.

– C’est cela, Lorenza, c’est cela; tu me rendras fou. Que fait cette femme?

– Elle pense à toi, Balsamo.

– À moi?

– Oui.

– Tu peux donc lire dans sa pensée?

– Oui; car, je le répète, elle pense à toi.

– Et à quel propos?

– Tu lui as fait une promesse.

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