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Jonathan Littell: Les Bienveillantes

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"En fait, j'aurais tout aussi bien pu ne pas écrire. Après tout, ce n'est pas une obligation. Depuis la guerre, je suis resté un homme discret; grâce à Dieu, je n'ai jamais eu besoin, comme certains de mes anciens collègues, d'écrire mes Mémoires à fin de justification, car je n'ai rien à justifier, ni dans un but lucratif, car je gagne assez bien ma vie comme ça. Je ne regrette rien: j'ai fait mon travail, voilà tout; quant à mes histoires de famille, que je raconterai peut-être aussi, elles ne concernent que moi; et pour le reste, vers la fin, j'ai sans doute forcé la limite, mais là je n'étais plus tout à fait moi-même, je vacillais, le monde entier basculait, je ne fus pas le seul à perdre la tête, reconnaissez-le. Malgré mes travers, et ils ont été nombreux, je suis resté de ceux qui pensent que les seules choses indispensables à la vie humaine sont l'air, le manger, le boire et l'excrétion, et la recherche de la vérité. Le reste est facultatif."Avec cette somme qui s'inscrit aussi bien sous l'égide d'Eschyle que dans la lignée de Vie et destin de Vassili Grossman ou des Damnés de Visconti, Jonathan Littell nous fait revivre les horreurs de la Seconde Guerre mondiale du côté des bourreaux, tout en nous montrant un homme comme rarement on l'avait fait: l'épopée d'un être emporté dans la traversée de lui-même et de l'Histoire.

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Les premiers métiers à tulle anglais, secret jalousement gardé, sont passés en contrebande en France au lendemain des guerres napoléoniennes grâce à des ouvriers fuyant les taxes douanières; c'est un Lyonnais, Jacquard, qui les a modifiés pour produire de la dentelle, en y introduisant une série de cartons perforés qui déterminent le patron. Des rouleaux, en bas, alimentent l'ouvrage en fil; au cœur du métier, cinq mille bobines, l'âme, sont serrées dans un chariot; puis un catch-bar (nous gardons en français certains termes anglais) vient tenir et balancer ce chariot avec un grand clappement hypnotique, d'avant en arrière. Les fils, guidés latéralement, par des combs en cuivre scellés sur du plomb, selon une chorégraphie complexe encodée par cinq ou six cents cartons Jacquard, tissent des nœuds; un col de cygne remonte le peigne; enfin apparaît la dentelle, arachnéenne, troublante sous sa couche de graphite, et qui vient lentement s'enrouler sur un tambour, fixé au sommet du Leavers. Le travail à l'usine connaît une stricte ségrégation sexuelle: les hommes créent les motifs, percent les cartons, montent les chaînes, surveillent les métiers et gèrent les similaires qui les desservent; leurs femmes et leurs filles, elles, aujourd'hui encore, restent wheeleuses, dégraphiteuses, raccommodeuses, effileuses et plieuses. Les traditions sont fortes. Les tullistes, ic i, forment un peu une aristocratie prolétarienne. L'apprentissage est long, le travail délicat; au siècle passé, les tullistes de Calais arrivaient à l'usine en calèche et en haut-de-forme, ils tutoyaient le patron. Les temps ont changé. La guerre, malgré quelques métiers employés pour l'Allemagne, a ruiné l'industrie. Il a fallu tout recommencer de zéro; aujourd'hui, dans le Nord, il ne reste plus que quelque trois cents métiers, là où il en fonctionnait quatre mille avant la guerre. Néanmoins, lors de la reprise économique, les tullistes se sont offert une automobile avant bien des bourgeois. Mais mes ouvriers ne me tutoient pas. Je ne crois pas que mes ouvriers m'aiment. Ce n'est pas grave, je ne leur demande pas de m'aimer. Et puis je ne les aime pas non plus. Nous travaillons ensemble, voilà tout. Lorsqu'un employé est consciencieux et appliqué, que la dentelle qui sort de son métier demande peu de reprises, je lui accorde une prime en fin d'année; quant à celui qui arrive au travail en retard, ou ivre, je le sanctionne. Sur cette base-là, nous nous entendons bien. Vous vous demandez peut-être comment j'ai fini dans la dentelle. Pourtant, j'étais loin d'être prédestiné au commerce. J'ai fait des études de droit et d'économie politique, je suis docteur en droit, en Allemagne les lettres Dr. jur. font légalement partie de mon nom. Mais il est vrai que les circonstances m'ont quelque peu empêché de faire valoir mon diplôme, après 1945. Si vraiment vous voulez tout savoir, j'étais aussi loin d'être prédestiné au droit: jeune homme, je souhaitais avant tout étudier la littérature et la philosophie. Mais on m'en a empêché; encore un triste épisode de mon roman familial, j'y reviendrai peut-être. Je dois néanmoins reconnaître que pour la dentelle, le droit sert plus que la littérature. Voilà à peu près comment les choses se sont passées. Quand tout fut enfin fini, j'ai réussi à venir en France, à me faire passer pour un Français; ce n'était pas trop difficile, vu le chaos à l'époque, je suis revenu avec les déportés, on ne posait pas beaucoup de questions. Vrai, je parlais un français impeccable; c'est que j'ai eu une mère française; j'ai passé dix ans de mon enfance en France, j'ai fait le collège, le lycée, les classes préparatoires, et même deux années d'études supérieures, à l'ELSP, et comme j'ai grandi dans le Sud je pouvais même pousser une pointe d'accent méridional, de toute façon personne ne faisait attention, c'était vraiment le boxon, on m'a accueilli à Orsay avec une soupe, quelques insultes aussi, il faut dire que je n'avais pas essayé de me faire passer pour un déporté, mais pour un travailleur du STO, et ça ils n'aimaient pas trop, les gaullistes, alors ils m'ont un peu houspillé, les autres pauvres bougres aussi, puis ils nous ont relâchés, pas de Lutetia pour nous, mais la liberté – Je ne suis pas resté à Paris, j'y connaissais trop de monde, et de ceux qu'il ne fallait pas, je suis allé en province, j'ai vécu de petits boulots, çà et là. Et puis les choses se sont calmées. Ils ont vite arrêté de fusiller les gens, bientôt ils ne se fatiguaient même plus à les mettre en prison. Alors j'ai fait des recherches et j'ai fini par retrouver un homme que je connaissais. Il s'était bien débrouillé, il avait passé d'une administration à l'autre, sans heurts; en homme prévoyant, il s'était soigneusement gardé d'afficher les services qu'il nous rendait. Au début, il ne voulait pas me recevoir, mais quand enfin il a compris qui j'étais, il a vu qu'il n'avait pas vraiment le choix. Je ne peux pas dire que ce fut un entretien plaisant: il y avait là un clair sentiment de gêne, de contrainte. Mais il comprenait bien que nous avions des intérêts en commun: moi, trouver un poste, lui, garder le sien. Il avait un cousin dans le Nord, un ancien commissionnaire qui essayait de remonter une petite entreprise avec trois Leavers récupérés auprès d'une veuve en faillite. Cet homme m'embaucha, je devais voyager, démarcher pour vendre sa dentelle. Ce travail m'horripilait; je réussis enfin à le convaincre que je pourrais lui être plus utile sur le plan de l'organisation. Il est vrai que j'avais une expérience appréciable en ce domaine, même si je ne pouvais pas plus la faire valoir que mon doctorat. L'entreprise grandit, surtout à partir des années 50, lorsque je repris des contacts en République fédérale et parvins à nous ouvrir le marché allemand. J'aurais pu alors aisément retourner en Allemagne: nombre de mes anciens collègues y vivaient en toute tranquillité, certains avaient purgé une petite peine, d'autres n'avaient même pas été inquiétés. Avec mon cursus, j'aurais pu reprendre mon nom, mon doctorat, réclamer une pension d'ancien combattant et d'invalidité partielle, personne ne l'aurait remarqué. J'aurais vite trouvé du travail. Mais, me disais-je, quel intérêt? Le droit, au fond, ne me motivait pas plus que le commerce, et puis j'avais fini par prendre goût à la dentelle, cette ravissante et harmonieuse création de l'homme. Lorsque nous eûmes racheté assez de métiers, mon patron décida d'ouvrir une seconde usine et m'en confia la direction. C'est ce poste que j'occupe depuis, en attendant la retraite. Entre-temps, je me suis marié, avec une certaine répugnance il est vrai, mais ic i, dans le Nord, c'était plutôt nécessaire, une façon de consolider mes acquis. Je l'ai choisie de bonne famille, relativement belle, une femme comme il faut, et je lui ai tout de suite fait un enfant, histoire de l'occuper. Malheureusement elle a eu des jumeaux, ça doit courir dans la famille, la mienne, je veux dire, moi, un seul moutard m'aurait amplement suffi. Mon patron m'a avancé de l'argent, j'ai acheté une maison confortable, pas trop loin de la mer. Voilà comment je suis tombé en bourgeoisie. De toute façon cela valait mieux. Après tout ce qui s'était passé, j'avais surtout besoin de calme et de régularité. Mes rêves de jeunesse, le cours de ma vie leur avait brisé les os, et mes angoisses s'étaient lentement consumées, d'un bout de l'Europe allemande à l'autre. Je suis sorti de la guerre un homme vide, avec seulement de l'amertume et une longue honte, comme du sable qui crisse entre les dents. Ainsi, une vie conforme à toutes les conventions sociales me convenait: une gangue confortable, même si je la contemple souvent avec ironie, et parfois avec haine. À ce rythme, j'espère un jour parvenir à l'état de grâce de Jérôme Nadal, et de n'incliner à rien, si ce n'est de n'incliner à rien. Voilà que je deviens livresque; c'est un de mes défauts. Hélas pour la sainteté, je ne suis pas encore libéré de mes besoins. Ma femme, je l'honore encore de temps à autre, consciencieusement, avec peu de plaisir mais sans dégoût excessif non plus, afin de garantir la paix de mon ménage. Et de loin en loin, lors de voyages d'affaires, je me donne la peine de renouer avec mes anciennes mœurs; mais ce n'est plus, quasiment, que par souci d'hygiène. Tout cela a perdu beaucoup de son intérêt pour moi. Le corps d'un beau garçon, une sculpture de Michel-Ange, c'est pareil: le souffle ne vient plus à me manquer. C'est comme après une longue maladie, lorsque les aliments restent sans goût; alors, manger du bœuf ou du poulet, quelle importance? Il faut se nourrir, c'est tout. À vrai dire, il n'y a plus grand-chose qui garde un intérêt pour moi. La littérature, il se peut, et encore, je ne suis pas sûr que ce ne soit pas par habitude. Peut-être est-ce pour cela que je rédige ces souvenirs: pour me remuer le sang, voir si je peux encore ressentir quelque chose, si je sais encore souffrir un peu. Curieux exercice. Pourtant, la souffrance, je devrais la connaître. Tous les Européens de ma génération en sont passés par là, mais je peux le dire sans fausse modestie, j'en ai vu plus que la plupart. Et puis les gens oublient vite, je le constate tous les jours. Même ceux qui y étaient ne se servent presque jamais, pour en parler, que de pensées et de phrases toutes faites. Il n'y a qu'à voir la prose lamentable des auteurs allemands qui traitent des combats à l'Est: un sentimentalisme putréfié, une langue morte, hideuse. La prose de Herr Paul Carrell, par exemple, un auteur à succès ces dernières années. Il se trouve que j'ai connu ce Herr Carrell, en Hongrie, à l'époque où il s'appelait encore Paul Carl Schmidt et écrivait, sous l'égide de son ministre von Ribbentrop, ce qu'il pensait vraiment, en une prose vigoureuse du plus bel effet: La question juive n'est pas une question d'humanité, ce n'est pas une question de religion; c'est uniquement une question d'hygiène politique. Maintenant, l'honorable Herr Carrell-Schmidt a réussi l'exploit considérable de publier quatre volumes insipides sur la guerre en Union soviétique sans une seule fois mentionner le mot juif. Je le sais, je les ai lus: c'était pénible, mais je suis têtu. Nos auteurs français, les Mabire, les Landemer, ne valent pas mieux. Quant aux communistes, c'est pareil, seulement du point de vue opposé. Où sont donc passés ceux qui chantaient Enfants, aiguisez vos couteaux sur les bords des trottoirs? Ils se taisent, ou ils sont morts. On bavarde, on minaude, on patauge dans une tourbe fade pétrie des mots gloire, honneur, héroïsme, c'est fatigant, personne ne parle. Je suis peut-être injuste, mais j'ose espérer que vous me comprenez. La télévision nous assène des chiffres, des chiffres impressionnants, en alignant les zéros; mais qui d'entre vous s'arrête parfois pour penser réellement à ces chiffres? Lequel d'entre vous a même jamais tenté de compter tous ceux qu'il connaît ou a connus dans sa vie, et de comparer ce chiffre risible aux chiffres qu'il entend à la télévision, ces fameux six millions, ou vingt millions. Faisons des mathématiques. Les mathématiques, c'est utile, ça donne des perspectives, ça rafraîchit l'esprit. C'est un exercice parfois fort instructif. Prenez donc un peu patience et accordez-moi votre attention. Je ne considérerai que les deux théâtres où j'ai pu jouer un rôle, aussi infime fut-il: la guerre contre l'Union soviétique, et le programme d'extermination officiellement désigné dans nos documents comme «Solution finale de la question juive», Endlösung der Judenfrage, pour citer ce si bel euphémisme. Pour les fronts à l'Ouest, de toute façon, les pertes sont restées relativement mineures. Mes chiffres de départ seront un peu arbitraires: je n'ai pas le choix, personne n'est d'accord. Pour l'ensemble des pertes soviétiques, je retiens le chiffre traditionnel, cité par Khrouchtchev en 1956, de vingt millions, tout en notant que Reitlinger, un auteur anglais réputé, n'en trouve que douze, et qu'Erickson, un auteur écossais tout aussi réputé sinon plus, parvient, lui, à un décompte minimal de vingt-six millions; le chiffre soviétique officiel, ainsi, coupe assez nettement la poire en deux, au million près. Pour les pertes allemandes – en URSS uniquement, s'entend – on peut se baser sur l'encore plus officiel et germaniquement précis chiffre de 6172 373 soldats perdus à l'Est du 22 juin 1941 au 31 mars 1945, chiffre comptabilisé dans un rapport interne de l'OKH (le haut commandement de l'armée) trouvé après la guerre, mais englobant les morts (plus d'un million), les blessés (presque quatre millions) et les disparus (soit des morts plus des prisonniers plus des prisonniers morts, 1 288 000 environ). Disons donc pour faire vite deux millions de morts, les blessés ne nous concernant pas ici, en comptant très approximativement les cinquante mille et quelque morts supplémentaires du 1er avril au 8 mai 1945, principalement à Berlin, ce à quoi doit venir s'ajouter encore le million de morts civils estimés lors de l'invasion de l'Est allemand et des déplacements de population subséquents, soit au total, disons, trois millions. Quant aux Juifs, on a le choix: le chiffre consacré, même si peu de gens savent d'où il provient, est de six millions (c'est Höttl qui a dit à Nuremberg qu'Eichmann le lui avait dit; mais Wisliceny, lui, a affirmé qu'Eichmann avait dit à ses collègues cinq millions; et Eichmann lui-même, lorsque les Juifs ont enfin pu lui poser la question en personne, a dit entre cinq et six millions, mais sans doute cinq). Le Dr. Korherr, qui compilait des statistiques pour le Reichsführer-SS Heinrich Himmler, en est arrivé à un peu moins de deux millions au 31 décembre 1942, mais reconnaissait, quand j'ai pu en discuter avec lui en 1943, que ses chiffres de départ étaient peu fiables. Enfin, le très respecté professeur Hilberg, spécialiste de la question et peu suspect de vues partisanes, proallemandes du moins, parvient au bout d'une démonstration serrée de dix-neuf pages au chiffre de 5 100 000, ce qui correspond en gros à l'opinion de feu Obersturmbannführer Eichmann. Va donc pour le chiffre du professeur Hilberg, ce qui nous fait pour récapituler:
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