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Jonathan Littell: Les Bienveillantes

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"En fait, j'aurais tout aussi bien pu ne pas écrire. Après tout, ce n'est pas une obligation. Depuis la guerre, je suis resté un homme discret; grâce à Dieu, je n'ai jamais eu besoin, comme certains de mes anciens collègues, d'écrire mes Mémoires à fin de justification, car je n'ai rien à justifier, ni dans un but lucratif, car je gagne assez bien ma vie comme ça. Je ne regrette rien: j'ai fait mon travail, voilà tout; quant à mes histoires de famille, que je raconterai peut-être aussi, elles ne concernent que moi; et pour le reste, vers la fin, j'ai sans doute forcé la limite, mais là je n'étais plus tout à fait moi-même, je vacillais, le monde entier basculait, je ne fus pas le seul à perdre la tête, reconnaissez-le. Malgré mes travers, et ils ont été nombreux, je suis resté de ceux qui pensent que les seules choses indispensables à la vie humaine sont l'air, le manger, le boire et l'excrétion, et la recherche de la vérité. Le reste est facultatif."Avec cette somme qui s'inscrit aussi bien sous l'égide d'Eschyle que dans la lignée de Vie et destin de Vassili Grossman ou des Damnés de Visconti, Jonathan Littell nous fait revivre les horreurs de la Seconde Guerre mondiale du côté des bourreaux, tout en nous montrant un homme comme rarement on l'avait fait: l'épopée d'un être emporté dans la traversée de lui-même et de l'Histoire.

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Calme, certes; mais très souvent dans la journée ma tête se met à rugir, sourdement comme un four crématoire. Je parle, je discute, je prends des décisions, comme tout le monde; mais au comptoir, devant ma fine, je m'imagine qu'un homme entre avec un fusil de chasse et ouvre le feu; au cinéma ou au théâtre, je me figure une grenade dégoupillée roulant sous les rangées de sièges; sur la place publique, un jour de fête, je vois la déflagration d'un véhicule bourré d'explosifs, la liesse de l'après-midi transformée en carnage, le sang ruisselant entre les pavés, les paquets de chair collés aux murs ou projetés à travers les croisées pour atterrir dans la soupe dominicale, j'entends les cris, les gémissements des gens aux membres arrachés comme les pattes d'un insecte par un petit garçon curieux, l'hébétude des survivants, un silence étrange comme plaqué sur les tympans, le début de la longue peur. Calme? Oui, je reste calme, quoi qu'il advienne, je ne donne rien à voir, je demeure tranquille, impassible, comme les façades muettes des villes sinistrées, comme les petits vieux sur les bancs des parcs avec leurs cannes et leurs médailles, comme les visages à fleur d'eau des noyés qu'on ne retrouve jamais. Rompre ce calme effroyable, j'en serais bien incapable, même si je le voulais. Je ne suis pas de ceux qui font un scandale pour un oui ou pour un non, je sais me tenir. Pourtant cela me pèse à moi aussi. Le pire n'est pas forcément ces images que je viens de décrire; des fantaisies comme celles-ci m'habitent depuis longtemps, depuis mon enfance sans doute, en tout cas depuis bien avant que je ne me sois moi aussi retrouvé au cœur de l'équarrissoir. La guerre, en ce sens, n'a été qu'une confirmation, et je me suis habitué à ces petits scénarios, je les prends comme un commentaire pertinent sur la vanité des choses. Non, ce qui s'est révélé pénible, pesant, c'a été de ne s'occuper qu'à penser. Songez-y: vous-même, à quoi pensez-vous, au cours d'une journée? À très peu de choses, en fait. Établir une classification raisonnée de vos pensées courantes serait chose aisée: pensées pratiques ou mécaniques, planifications des gestes et du temps (exemple: mettre l'eau du café à bouillir avant de se brosser les dents, mais les tartines à griller après, parce qu'elles sont prêtes plus vite); préoccupations de travail; soucis financiers; problèmes domestiques; rêveries sexuelles. Je vous épargnerai les détails. Au dîner, vous contemplez le visage vieillissant de votre femme, tellement moins excitante que votre maîtresse, mais autrement bien sous tous rapports, que faire, c'est la vie, donc vous parlez de la dernière crise ministérielle. En fait vous vous contre-foutez de la dernière crise ministérielle, mais de quoi d'autre parler? Éliminez ce type de pensées, et vous conviendrez avec moi qu'il ne reste plus grand-chose. Il y a bien entendu des moments autres. Inattendu entre deux réclames pour poudre à lessiver, un tango d'avant-guerre, Violetta disons, et voilà que resurgissent le clapotis nocturne du fleuve, les lampions de la buvette, la légère odeur de sueur sur la peau d'une femme joyeuse; à l'entrée d'un parc, le visage souriant d'un enfant vous ramène celui de votre fils, juste avant qu'il ne se mette à marcher; dans la rue, un rayon de soleil perce les nuages et illumine les grandes feuilles, le tronc blanchâtre d'un platane: et vous songez brusquement à votre enfance, à la cour de récréation de l'école où vous jouiez à la guerre en hurlant de terreur et de bonheur. Vous venez d'avoir une pensée humaine. Mais c'est bien rare.

Or si l'on suspend le travail, les activités banales, l'agitation de tous les jours, pour se donner avec sérieux à une pensée, il en va tout autrement. Bientôt les choses remontent, en vagues lourdes et noires. La nuit, les rêves se désarticulent, se déploient, prolifèrent, et au réveil laissent une fine couche acre et humide dans la tête, qui met longtemps à se dissoudre. Pas de malentendu: ce n'est pas de culpabilité, de remords qu'il s'agit ici. Cela aussi existe, sans doute, je ne veux pas le nier, mais je pense que les choses sont autrement complexes. Même un homme qui n'a pas fait la guerre, qui n'a pas eu à tuer, subira ce dont je parle. Reviennent les petites méchancetés, la lâcheté, la fausseté, les mesquineries dont tout homme est affligé. Peu étonnant alors que les hommes aient inventé le travail, l'alcool, les bavardages stériles. Peu étonnant que la télévision ait tant de succès. Bref, je mis vite fin à mon malencontreux congé, cela valait mieux. J'avais bien assez de temps, à l'heure du déjeuner ou le soir après le départ des secrétaires, pour griffonner.

Une brève pause pour aller vomir, et je reprends. C'est une autre de mes nombreuses petites afflictions: de temps en temps, mes repas remontent, parfois tout de suite, parfois plus tard, sans raison, comme ça. C'est un vieux problème, ça date de la guerre, ça a commencé vers l'automne 1941 pour être précis, en Ukraine, à Kiev je pense, ou peut-être à Jitomir. J'en parlerai sans doute aussi. De toute façon, depuis le temps, j'ai l'habitude: je me brosse les dents, j'avale un petit verre d'alcool, et je reprends ce que je faisais. Revenons à mes souvenirs. Je me suis acheté plusieurs cahiers d'écolier, de grand format mais à petits carreaux, que je garde au bureau dans un tiroir fermé à clef. Avant, je crayonnais des notes sur des fiches en bristol, à petits carreaux aussi; maintenant, j'ai décidé de reprendre tout ça d'une traite. Pour quoi faire, je ne le sais pas trop. Certainement pas pour l'édification de ma descendance. Si à l'instant même je décédais subitement, d'une crise cardiaque, disons, ou d'une embolie cérébrale, et que mes secrétaires prenaient la clef et ouvraient ce tiroir, elles auraient un choc, les pauvres, et ma femme de même: les fiches bristol suffiront amplement. Il faudra vite brûler tout ça pour éviter le scandale. Moi, ça m'est égal, je serai mort. Et en fin de compte, même si je m'adresse à vous, ce n'est pas pour vous que j'écris.

Mon bureau est un endroit agréable pour écrire, grand, sobre, tranquille. Des murs blancs, presque sans décoration, un meuble vitré pour les échantillons; et au fond une grande baie vitrée qui donne en hauteur sur la salle des machines. Malgré un double vitrage, le cliquètement incessant des métiers Leavers emplit la pièce. Quand je veux penser, je quitte ma table de travail et vais me tenir devant la vitre, je contemple les métiers alignés à mes pieds, les mouvements sûrs et précis des tul-listes, je me laisse bercer. Parfois, je descends flâner entre les machines. La salle est sombre, les vitres crasseuses sont teintes en bleu, car la dentelle est fragile, elle craint la lumière, et cette lueur bleuâtre me repose l'esprit. J'aime me perdre un peu dans le claquètement monotone et syncopé qui domine l'espace, ce battement métallique à deux temps, obsédant. Les métiers m'impressionnent toujours. Ils sont en fonte, on les a peints en vert, et chacun pèse dix tonnes. Certains sont très vieux, cela fait bien longtemps qu'on n'en produit plus; les pièces de rechange, je les fais faire sur commande; on est bien passé, après la guerre, de la vapeur à l'électricité, mais on n'a pas touché aux machines elles-mêmes. Je ne m'en approche pas, pour éviter de me salir: tant de pièces mobiles doivent être constamment lubrifiées, mais l'huile, évidemment, ruinerait la dentelle, aussi on se sert de graphite, une mine de plomb broyée dont le tulliste saupoudre les organes en mouvement à l'aide d'une chaussette, comme un encensoir. La dentelle en sort noire, et elle recouvre les murs, comme le plancher, les machines, et les hommes qui les surveillent. Même si je n'y mets pas souvent la main, je connais bien ces grands engins.

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