Jonathan Littell - Les Bienveillantes

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"En fait, j'aurais tout aussi bien pu ne pas écrire. Après tout, ce n'est pas une obligation. Depuis la guerre, je suis resté un homme discret; grâce à Dieu, je n'ai jamais eu besoin, comme certains de mes anciens collègues, d'écrire mes Mémoires à fin de justification, car je n'ai rien à justifier, ni dans un but lucratif, car je gagne assez bien ma vie comme ça. Je ne regrette rien: j'ai fait mon travail, voilà tout; quant à mes histoires de famille, que je raconterai peut-être aussi, elles ne concernent que moi; et pour le reste, vers la fin, j'ai sans doute forcé la limite, mais là je n'étais plus tout à fait moi-même, je vacillais, le monde entier basculait, je ne fus pas le seul à perdre la tête, reconnaissez-le. Malgré mes travers, et ils ont été nombreux, je suis resté de ceux qui pensent que les seules choses indispensables à la vie humaine sont l'air, le manger, le boire et l'excrétion, et la recherche de la vérité. Le reste est facultatif."Avec cette somme qui s'inscrit aussi bien sous l'égide d'Eschyle que dans la lignée de Vie et destin de Vassili Grossman ou des Damnés de Visconti, Jonathan Littell nous fait revivre les horreurs de la Seconde Guerre mondiale du côté des bourreaux, tout en nous montrant un homme comme rarement on l'avait fait: l'épopée d'un être emporté dans la traversée de lui-même et de l'Histoire.

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J'arrivais insensiblement à la limite de mes capacités à contenir les flux déroutants, les poussées incompatibles qui m'envahissaient Je rôdais sans but dans la maison, je venais une heure durant caresser du bout des doigts les ornements en bois poli qui décoraient les portes des appartements de von Üxküll, je descendais à la cave avec une bougie pour m'allonger à même le sol de terre battue, moite et froid, je humais avec délice les odeurs obscures, renfermées, archaïques, de ce souterrain, j'allais inspecter avec une minutie presque policière les deux chambres ascétiques du personnel de maison et leurs cabinets, des toilettes à la turque aux marchepieds crénelés soigneusement polis, bien espacés pour laisser toute la place au déversement des entrailles de ces femmes que j'imaginais fortes, blanches et bien charpentées, comme Käthe. Je ne pensais plus du tout au passé, je n'étais plus du tout maintenant tenté de me retourner pour regarder Eurydice, je gardais les yeux fixement devant moi sur ce présent inacceptable qui se dilatait sans fin, sur les innombrables objets qui le meublaient, et je savais, avec une confiance sans faille, qu'elle, elle me suivait pas à pas, comme mon ombre. Et quand j'ouvrais ses tiroirs pour fouiller son linge, ses mains passaient délicatement sous les miennes, dépliaient, caressaient ces sous-vêtements somptueux, en dentelle noire très fine, et je n'avais pas besoin de me retourner pour la voir assise sur le divan dérouler un bas en soie, orné à mi-cuisse d'une large bande de dentelle, sur cette étendue lisse et charnue de peau blanche légèrement creusée entre les tendons, ou bien retourner ses mains dans son dos pour accrocher le fermoir de son soutien-gorge, dans lequel elle ajustait d'un geste rapide ses seins, un par un. Elle aurait accompli devant moi ces gestes, les gestes de tous les jours, sans pudeur, sans fausse honte, sans exhibitionnisme, précisément comme elle devait les accomplir seule, non pas machinalement mais avec attention, en y prenant un large plaisir, et si elle portait des sous-vêtements en dentelle, ce n'était pas pour son mari, ni pour ses amants d'un soir, ni pour moi, mais pour elle-même, pour son propre plaisir, celui de sentir cette dentelle et cette soie sur sa peau, de contempler sa beauté ainsi parée dans son grand miroir, de se regarder exactement comme je me regarde, ou voulais pouvoir me regarder: non pas avec un regard narcissique, ni avec un regard critique, qui fouille les défauts, mais avec un regard qui cherche désespérément à saisir l'insaisissable réalité de ce qu'il voit – un regard de peintre, si vous voulez, mais je ne suis pas peintre, pas plus que musicien. Et si, en réalité, elle s'était tenue ainsi devant moi, presque nue, je l'aurais regardée avec un regard semblable, dont le désir n'aurait fait qu'aiguiser la lucidité, j'aurais regardé le grain de sa peau, la trame des pores, les petits points bruns des grains de beauté semés au hasard, constellations encore à baptiser, les épaisses coulées des veines qui lui entouraient le coude, remontaient en longues branches l'avant-bras, puis passaient gonfler le dos du poignet et de la main avant de finir, canalisées entre les articulations, par disparaître dans les doigts, exactement comme dans mes propres bras d'homme. Nos corps sont identiques, je voulais lui expliquer: les hommes ne sont-ils pas des vestiges de femme? Car tout fœtus débute femelle avant de se différencier, et les corps des hommes en gardent à jamais la trace, les pointes inutiles de seins qui n'ont pas poussé, la ligne qui divise le scrotum et remonte le périnée jusqu'à l'anus en traçant l'endroit où la vulve s'est refermée pour contenir des ovaires qui, descendus, se sont mués en testicules, tandis que le clitoris poussait démesurément. Il ne me manquait en réalité qu'une chose pour être une femme comme elle, une vraie femme, le e muet en français des terminaisons féminines, la possibilité inouïe de dire et d'écrire: «Je suis nue, je suis aimée, je suis désirée». C'est ce e qui rend les femmes si terriblement femelles, et je souffrais démesurément d'en être dépossédé, c'était pour moi une perte sèche, encore moins compensable que celle du vagin que j'avais laissé aux portes de l'existence. De temps à autre, lorsque ces tempêtes intérieures se calmaient un peu, je reprenais mon livre, je me laissais emporter avec tranquillité par les pages de Flaubert, face à la forêt et au ciel bas et gris. Mais, inévitablement, j'en venais à oublier le livre sur mes genoux, tandis que le sang rosissait mon visage. Alors pour gagner du temps je reprenais un des vieux poètes français, dont la condition ne devait pas tant différer de la mienne: Ne sais quand je suis endormi! Ni quand veille, si l'on ne me le dit. Ma sœur possédait une vieille édition du Tristan de Thomas, que je feuilletai aussi jusqu'au moment où je vis avec une terreur presque aussi aiguë que celle du cauchemar qu'elle avait marqué au crayon les vers suivants: Quand fait que faire ne désire Pur suit buen qu'il ne peut aveir

Encontre désir fait voleir.

Et c'était encore une fois comme si sa longue main fantomatique était venue se glisser sous mon bras, depuis son exil helvète ou bien juste derrière moi, pour poser doucement devant mes yeux un doigt sous ces mots, cette sentence sans appel que je ne pouvais accepter, que je refusais avec tout le misérable acharnement dont j'étais encore capable. Lentement ainsi je basculai en un long stretto sans fin, où chaque réponse venait avant que la question ne soit achevée, mais en cancrizan, à l'écrevisse. Des derniers jours passés dans cette maison, il ne me reste que des bribes d'images sans suite ni sens, confuses mais animées aussi de la logique implacable du rêve, la parole même ou plutôt le coassement maladroit du désir. Je dormais maintenant chaque nuit dans son lit sans odeur, m'étendant sur le ventre de tous mes membres, ou alors me roulant en boule, sur le flanc, la tête vide de toute pensée. Il ne restait plus rien dans ce lit qui la rappelât, même pas un cheveu, j'avais défait les draps pour examiner le matelas, espérant trouver au moins une tache de sang, mais le matelas était aussi propre que les draps. Alors j'entreprenais de le souiller moi-même, accroupi et les jambes bien écartées, le corps fantomatique de ma sœur ouvert sous moi, la tête tournée légèrement de côté et les cheveux rabattus pour révéler sa petite oreille ronde et fine que j'aimais tant, puis je m'affalais dans mes glaires et m'endormais subitement ainsi, le ventre encore poisseux. Je voulais posséder ce lit, mais c'était lui qui me possédait, ne me lâchait plus. Toutes sortes de chimères venaient se lover dans mon sommeil, j'essayais de les en chasser, car je ne voulais y voir que ma sœur, mais elles étaient têtues, elles revenaient par là où je m'y attendais le moins, comme les petites sauvageonnes impudiques de Stalingrad, j'ouvrais les yeux et l'une d'entre elles s'était glissée tout contre moi, elle me tournait le dos et poussait ses fesses contre mon ventre, ma verge entrait par ce côté-là et elle restait ainsi, remuant très lentement, et puis après elle me gardait dans son cul, on s'endormait ainsi, imbriqués l'un dans l'autre. Et lorsqu'on se réveillait elle glissait sa main entre ses cuisses et me raclait les bourses, presque douloureusement, et de nouveau je durcissais en elle, une main sur l'os de sa hanche tendue, et je la renversais sur le ventre et recommençais, tandis qu'elle crispait ses petits poings dans les draps et remuait sans un son. Elle ne me laissait jamais libre. Mais alors venait en moi un autre sentiment, inattendu, un sentiment comme de douceur et de désarroi. Oui, c'est ça, ça me revient maintenant, elle était blonde, pleine de douceur et de désarroi. Je ne sais pas jusqu'où les choses sont allées entre nous. L'autre image, celle de la fille qui dort avec la pine de son amant dans le cul, ne la concerne pas. Ce n'était pas Hélène, cela est certain, car j'ai cette pensée confuse que son père était un policier, un haut responsable qui n'approuvait pas le choix de sa fille et me considérait avec hostilité, et puis aussi avec Hélène ma main n'était jamais allée plus loin que son genou, ce qui n'était peut-être pas le cas ici. Cette fille blonde aussi prenait de la place dans le grand lit, une place qui ne lui revenait pas. Cela me causait bien du souci. Mais enfin je parvenais à les repousser toutes, de vive force, au moins contre les montants torsadés du baldaquin, et à ramener par la main ma sœur et à la coucher au centre du lit, je m'étalais sur elle de tout mon poids, mon ventre nu tout contre la cicatrice qui barrait le sien, je me frappais contre elle, en vain et avec une rage croissante, et enfin il y avait une grande ouverture, comme si mon corps à son tour était fendu par la lame d'un chirurgien, mes boyaux se déversaient sur elle, la porte des enfants s'ouvrait d'elle-même sous moi et tout rentrait par là, j'étais couché sur elle comme on se couche dans la neige, mais j'étais encore vêtu, j'ôtais ma peau, abandonnais mes os nus à l'étreinte de cette neige blanche et froide qu'était son corps, et il se refermait sur moi.

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