André Malraux - Les conquérants

Здесь есть возможность читать онлайн «André Malraux - Les conquérants» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Год выпуска: 1947, Жанр: Историческая проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Les conquérants: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Les conquérants»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Tour à tour aventurier, communiste, résistant, visionnaire, romancier, ministre, André Malraux est une personnalité marquante de l'histoire du XXe siècle français. C'est cette vision protéiforme, unique et originale qui traverse "Les conquérants". Publié en 1928, ce livre dérouta la critique de l'époque, à la fois essai, récit de voyage, reportage, roman ou document historique. Divisé en trois parties, "Les approches", "Puissances" et "L'homme", il retrace la vie, en pleine révolution chinoise, de Garine et Borodine, aventuriers visant à l'émancipation du peuple chinois. Dans un style fort, Malraux mêle terreur, ruse et passion au service de la liberté. Dans les affres d'une révolution sans scrupule et impitoyable, ces deux hommes sont de nouveaux conquérants, entre drame classique et roman d'intrigue. Un classique de la littérature française du XXe siècle. "Ce livre n'appartient que bien superficiellement à l'histoire. S'il a surnagé, ce n'est pas pour avoir peint tels épisodes de la Révolution chinoise, c'est pour avoir montré un type de héros en qui s'unissent l'aptitude à l'action, la culture et la lucidité. Ces valeurs étaient indirectement liées à celles de l'Europe d'alors".
(André Malraux, "Appel aux intellectuels", 1948).

Les conquérants — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Les conquérants», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

À peine a-t-il écouté ce que je lui ai dit. Il prête l'oreille à une rumeur très faible qui emplit toute la maison, et qui m'intriguait avant notre départ.

« Entends-tu ?

- Oui... J'entendais déjà ce bruit avant notre départ...

- D'où crois-tu qu'il vienne ?

- Écoute...

Il y a dans cette rumeur étouffée, lointaine, mécanique, quelque chose de mystérieux. C'est un grincement assourdi comme celui des rongeurs, mais régulier, et d'où sortent par intermittence, bulles dans une eau trouble, des sons semblables aux craquements du bois, qui se prolongent un instant ainsi que tous les sons dans l'obscurité et se perdent dans ce grincement constant qui semble venir à la fois de la cave et de l'horizon. Garine s'est arrêté, inquiet, respirant à peine, les épaules serrées, s'efforçant de faire le moins de bruit possible. Un craquement de ses chaussures éteint brutalement sons et rumeurs qui, après quelques secondes, reparaissent comme une lueur très faible, montent et retrouvent leur intensité lointaine et inexplicable. Enfin, son corps se détend ; il fait un geste d'indifférence, et se couche sur le lit de bois :

« En attendant, veux-tu du café ?

- Non, merci. Tu ferais mieux de prendre de la quinine et de changer ton pansement.

- Ça viendra en son temps...

Il regarde ses valises :

« Trois mois, six peut-être ?..

Toujours soucieux, il mord l'intérieur de ses joues.

« Enfin, quoi, ce ne serait pas non plus très intelligent de rester ici, faute de partir à temps... »

En disant : rester, il n'a pas voulu dire : demeurer, mais : mourir.

« Mon vieil ami Nicolaïeff insinue qu'il est déjà bien tard... »

Jusqu'ici, il a parlé pour lui-même. Le son de sa voix change ; il hausse une fois de plus l'épaule droite.

- Quel abruti !.. Si je n'étais pas retourné là-bas, cette nuit... Par qui Borodine pourra-t-il me remplacer ? Pour le service de la Propagande aux sections, par Chen, mais pour les autres ? Avec quelques gaillards comme Nicolaïeff, - discipliné, très discipliné - ça pourrait mal finir... Klein est mort... Dans quel état trouverai-je tout cela, quand je reviendrai ?.. Il suffit d'une gaffe de la Sûreté pour me faire rentrer dans cette vie de Canton comme dans mon veston, et pourtant, en ce moment, il me semble que je suis déjà parti. Allons ! si je claquais en mer, on pourrait coller sur le sac une belle étiquette !..

Ses lèvres sont plus minces encore qu'elles ne l'étaient tout à l'heure, et ses yeux sont fermés. L'ombre de son nez, qui, ainsi, semble très proéminent, se mêle au cerne de son œil gauche. Il est laid, de la laideur inquiétante et aiguë des morts, avant la sérénité.

« Dire que lorsque je suis arrivé ici, au temps de Lambert, Canton était une république de comédie ! Et, aujourd'hui, l'Angleterre ! Vaincre une ville. Abattre une ville : la ville est ce qu'il y a de plus social au monde, l'emblème même de la société : Il y en a une au moins que les pouilleux cantonais sont en train de mettre dans un bel état ! Ce décret... L'effort de tous les hommes qui ont fait de Hongkong un poing fermé est enfin... Il abaisse le pied, et se penche en avant, comme s'il écrasait quelque chose, lentement, lourdement. En même temps qu'il redresse le buste, il sort de sa poche un petit miroir rond à dos de celluloïd et regarde son visage (c'est la première fois).

« Je crois qu'il était temps...

« Ce serait vraiment trop bête de mourir comme un vague colon. Si les hommes comme moi ne sont pas assassinés, qui le sera ? »

Quelque chose, dans tout ce qu'il dit, me met mal à l'aise, m'inquiète... Il reprend :

« Que diable vais-je pouvoir faire en Europe ? Moscou ?.. Au point où j'en suis avec Borodine... Je me méfie des méthodes de l'Internationale, mais il faut voir... Dans six jours, Shanghaï ; ensuite, le bateau norvégien, et l'impression de descendre dans la loge du concierge. Pourvu que je ne retrouve pas en morceaux tout ce que j'ai fait, quand je reviendrai ! Borodine a beaucoup de force, mais aussi parfois beaucoup de maladresse... Ah ! on ne va jamais où l'on voudrait aller...

- Où diable voudrais-tu donc aller ?

- En Angleterre. Maintenant je sais ce qu'est l'Empire. Une tenace, une constante violence. Diriger. Déterminer. Contraindre. La vie est là...

Et je comprends soudain pourquoi ses paroles me déconcertent : ce n'est pas moi qu'il veut convaincre. Il ne croit pas ce qu'il dit et il s'efforce, de tous ses nerfs irrités, de se persuader... Sait-il qu'il est perdu, craint-il de l'être, ne sait-il rien ? Devant la mort certaine, une exaspération désolée naît en moi de ses affirmations, de ses espoirs. J'ai envie de lui dire : « Assez, assez ! Tu vas mourir. » Une tentation furieuse monte, que suffisent pourtant à refouler sa présence et une impossibilité physique. La maladie a creusé à tel point son visage que je n'ai besoin d'aucun effort pour l'imaginer mort. Et malgré moi, j'ai la sensation que si je parlais de la mort j'imposerais à son regard cette image, ces traits plus tirés encore, dont je ne puis me délivrer. Il me semble aussi qu'il y aurait dans mes paroles quelque chose de dangereux, comme si sa mort, connue de lui, devenait par moi certaine... Lui, depuis un moment, s'est tu. Et, dans ce nouveau silence, nous retrouvons le bruit singulier qui nous intriguait tout à l'heure. Ce n'est plus une rumeur, mais un bruit fait de secousses successives, très éloignées ou très assourdies, un bruit de rêve ; il semble que l'on frappe le sol, au loin, avec de lourds objets entourés de feutre. Et les sons plus clairs, analogues tout à l'heure à ceux des bois qui craquent, deviennent métalliques et font songer au grondement confus d'une forge, dominé par les coups musicaux des marteaux...

De nouveau, à ces bruits entremêlés se joint celui des pneus rebondissant sur le gravier. Un cadet monte, précédé d'un boy. Il apporte la réponse de l'officier télégraphiste. Le bruit, quoique lointain, emplit la chambre...

- Entends-tu ? demande Garine au boy.

- Oui, monsieur le Commissaire.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Sais pas, monsieur le Commissaire.

Le cadet hoche la tête.

- C'est l'armée, camarade Garine...

Garine lève les yeux.

- L'arrière-garde de l'armée rouge qui monte en ligne...

Garine respire profondément, puis lit les dépêches et me les tend :

Troisième agent pris. Porteur huit cents grammes cyanure.

Débâcle ennemi. Plusieurs régiments préparés par Propagande passés à nous. Approvisionnements et artillerie entre nos mains. Quartier général désorganisé. Cavalerie poursuit Tcheng en fuite.

Il signe l'accusé de réception, et le rend au cadet qui s'en va, toujours précédé du boy.

« Il ne verra plus ma signature, pendant quelque temps !.. Les troupes de Tcheng en charpie... Avant un an, Shanghaï... »

Le grondement affaibli des troupes s'approche ou s'éloigne, avec le vent chaud. Nous reconnaissons maintenant le grincement des tracteurs, l'ébranlement confus de la terre sous le pas martelé des hommes, et, par instants, dans une étouffante bouffée, les sabots des chevaux, l'écho des essieux de canons qui sonnent... Une exaltation confuse pénètre en lui avec ce lointain tumulte. De la joie ?

« Je ne te verrai guère, demain matin, parmi tous ces imbéciles qui viendront m'accompagner... »

Lentement, mordant sa lèvre inférieure, il sort de l'écharpe son bras blessé, et le lève. Nous nous étreignons. Une tristesse inconnue naît en moi, profonde, désespérée, appelée par tout ce qu'il y a là de vain, par la mort présente... Lorsque la lumière, de nouveau, frappe nos visages, il me regarde. Je cherche dans ses yeux la joie que j'ai cru voir ; mais il n'y a rien de semblable, rien qu'une dure et pourtant fraternelle gravité.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Les conquérants»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Les conquérants» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Отзывы о книге «Les conquérants»

Обсуждение, отзывы о книге «Les conquérants» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x