— Ce n'était pas prévu alors ? demanda Amy avec curiosité. Le bébé, je veux dire ?
— Non avoua Emily. Mais si je suis tombée enceinte pendant notre lune de miel comme nous semblons tous le penser, alors ça a dû être la nuit avant que Daniel me dise qu'il voulait commencer à essayer d'avoir un bébé. Elle se mordilla la lèvre, se rappelant comment Daniel avait réservé tout le restaurant du phare afin d'aborder le sujet d'une manière charmante et romantique, et combien ce moment s'était terriblement terminé pour eux quand elle avait soudainement hésité. Juste avant que je ne lui dise que je n'étais pas prête.
— Oh… dit Amy en plissant le nez. Sa voix s'adoucit. Tu ne voulais pas que ça arrive ?
— Si dit Emily. J'ai changé d'avis quelques semaines plus tard. J'avais juste besoin d'un peu de temps pour assimiler ça. Mais je devais déjà être enceinte à ce moment-là, alors je me demande si c'était juste les hormones qui m’ont fait changer d'avis de manière subliminale. Et je pense que les dégâts étaient faits à ce moment-là, pour Daniel, je veux dire. Il avait l'air content quand je lui ai dit que j'avais changé d'avis, mais je me demande s'il a conservé ou non un peu de ressentiment.
— La grossesse n'est pas une surprise aussi heureuse pour lui que pour toi ? demanda Amy.
Emily haussa les épaules. Elle prenait conscience de toutes les peurs qu'elle avait réprimées.
— J'étais la plus réticente, mais maintenant que c'est là, ça a l’air si parfait et juste. Mais Daniel semble juste stressé. Comme s'il y avait quelque chose qu'il ne me disait pas. Je me demandais si cela avait quelque chose à voir avec tout ce qu’il avait raté du début de de la vie de Chantelle. Mais il est typiquement lui à ce sujet. Il n’a pas dit un mot. M’a laissée spéculer.
Amy tapota la main d'Emily.
— Je suis désolée, Em. Ça semble dur. Et tu pourrais te passer de ce genre de stress en ce moment.
Emily sourit à son amie.
— En fait, je me sens vraiment mieux maintenant que je t'en ai parlé. C'est tellement bien de t'avoir ici. Elle agita les sourcils. Alors, Harry. Tu penses que c'est le bon ?
Amy rougit tandis que la conversation portait, une fois encore, sur son idylle florissante avec Harry.
— Ça se passe vraiment bien, avoua-t-elle. Nous sommes tellement différents, mais en quelque sorte si complètement compatibles.
Emily sourit.
— J'ai toujours eu le sentiment que tu avais besoin d'un homme plus jeune.
— Oh, ne me le rappelle pas dit Amy en levant les yeux au ciel. Il a seulement cinq ans de moins que moi, mais ça donne l’impression que c’est une génération tout entière. Je parle d’une chanson pop que j'aimais au lycée, et il me dira qu'il s'en souvient de l’époque où il avait dix ans ! Je veux dire, il est encore plus proche de la vingtaine que de la quarantaine.
— Je ne pense pas que trente-six ans devraient être compté comme étant proche de la quarantaine dit Emily, se souvenant de sa propre classification en tant que mère âgée et du faible risque que cela présentait pour elle. Elle se sentait toujours un peu susceptible quand les gens mentionnaient l’âge, même accidentellement.
— Bien dit Amy. Mais trente-et-un, ça sonne comme un bébé pour moi ! Je n'aime pas y penser. Moi qui arrive à la quarantaine tellement plus tôt que lui.
— Tu penses si loin dans le futur ? demanda Emily en levant les sourcils.
Amy haussa les épaules.
— Je crois que oui. Je ne peux pas m’en empêcher. Nous nous entendons simplement bien. C'est comme si tout était facile, tu sais. Même les disputes ne sont pas si graves, car j'ai le sentiment que nous allons les résoudre.
— C'est incroyable, dit Emily en souriant. La description d'Amy ressemblait à sa propre relation avec Daniel. Ce n'était pas facile, il y avait encore des défis, mais il y avait un sentiment omniprésent qu'ils allaient trouver une solution, quoi qu'il arrive. Mais à propos de quoi vous disputez-vous ?
— Le temps dit Amy. La distance. Évidemment.
— Ouais, qu'est-ce qui va se passer pour ça ? demanda Emily. Tu penses que tu vas déménager ici ? Ou que Harry viendra à New York ?
— Je ne sais pas. Je suis ici pour l'été maintenant, donc je vais juste y réfléchir. J'avais besoin de sortir un peu de la ville de toute façon. J’imagine que je vais voir comment je me sens après avoir passé deux mois ici. Le va-et-vient n’était pas agréable, mais je me demande si, une fois que l'étape initiale de la passion se sera un peu éteinte, la longue distance ne pourrait pas ne plus être un si gros problème.
Emily rit. C'est tellement drôle d'entendre parler comme ça. Il y avait une époque où un week-end ici était trop long pour toi.
Amy avait l'air embarrassé.
— Eh bien, ça l’était, dit-elle, sur la défensive. À l'époque. Les choses sont différentes maintenant.
— Tu es amoureuse, fit remarquer Emily. Maintenant tu sais pourquoi je devais rester ici.
Amy acquiesça à contrecœur. Elle détestait avoir tort.
À ce moment-là, la vendeuse approcha. Je suis désolée, mesdames dit-elle — mais nous fermons maintenant. Voulez-vous acheter quelque chose avant que je ne ferme la caisse ?
— Non merci, dit Emily, exactement au moment où Amy disait oui.
Emily regarda son amie, fronçant les sourcils avec confusion.
— Nous allons prendre ce fauteuil d’allaitement dit Amy.
— Ames, certainement pas ! s’écria Emily. Il est si cher !
Amy secoua la tête.
— C'est bon. Tu le mérites. Et il a déjà une importance pour nous. Nous avons eu une bonne conversation à cœur ouvert sur ce fauteuil. Nous ne pouvons pas ne pas le prendre maintenant qu'il a une telle valeur sentimentale.
Emily leva les mains en l'air. Il était inutile de discuter de cela avec Amy. Le mieux était de laisser son amie sortir le grand jeu. Offrir des cadeaux à ses amis était un de ses grands plaisirs dans la vie après tout.
Elles payèrent le fauteuil et le chargèrent à l'arrière de la voiture d'Amy. Emily remarqua, en s’installant sur le siège passager, qu'elle avait manqué un appel de l'hôtel. Elle vérifié son répondeur. C'était Lois.
— Désolé de te déranger, Emily, mais les hommes d'Érik & Fils sont là. Ils ont dit qu'ils avaient rendez-vous avec toi. Une visite de la maison de Trevor. Daniel dit que tu as les clefs, donc il ne peut pas les laisser entrer.
— Oh non ! s’écria Emily. Amy, pied au plancher. Je suis en retard pour un rendez-vous !
L'écho à l'intérieur de la maison de Trevor fit frémir Emily. Elle semblait si vide et sans vie. Si dénuée d'humanité.
Wayne Érik avança au niveau d’Emily.
— C'est un endroit magnifique dit-il. Trevor l’a gardé en très bon état.
— Ça a été sa résidence d'été pendant de nombreuses années avant qu'il n’emménage à temps plein, expliqua Emily. Cela pourrait expliquer l’absence d'usure.
Cela et le fait que Trevor n'avait pas vraiment eu quiconque dans sa vie ; pas de famille ou d'amis pour lui rendre visite. Il avait erré seul dans cette grande maison pendant des années. Emily se demandait si son père vivait une existence similaire. Âgé et seul. Peut-être avait-il des voisins qui pensaient qu'il avait été abandonné par sa famille, qui s'inquiétaient qu’il se sente seul. Cette idée lui fit mal en son for intérieur.
Daniel s'approcha d'elle et lui toucha légèrement le coude.
— Est-ce que ça va ? demanda-t-il doucement.
Emily hocha de la tête.
— Je suis tellement triste quand je viens ici expliqua-t-elle.
Daniel passa un bras autour de son épaule.
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