Dolan la regarda fixement avec un mélange de perplexité et de frustration et un soupçon d’admiration.
— Essayez-vous vraiment de me convaincre que Thurman ou Crutchfield, qui sont tous deux pourchassés pendant que l’un d’eux est gravement blessé, ont prit le temps d’aller dans la vallée de San Fernando et d’assassiner une escort girl au hasard avec une arme qu’ils n’avaient jamais utilisée ?
Jessie écouta sa diatribe avec un sourire poli, sachant que cela ne ferait que l’exaspérer encore plus.
— Je n’ai pas besoin vous en convaincre, agent Dolan. Il me suffira d’en convaincre mon capitaine. N’hésitez surtout pas à abandonner cette affaire et je continuerai à travailler dessus toute seule. Comme vous l’avez remarqué, il y a deux tueurs dangereux en cavale et, de mon côté, je compte faire tout mon possible pour les retrouver, mais faites ce que vous voulez.
— Vous êtes vraiment une forte tête, dit Dolan.
Jessie ouvrit la portière de la voiture en souriant gentiment et y entra.
— C’est ce qu’on m’a dit.
*
L’assurance de Jessie s’effondra rapidement.
Au poste, alors qu’elle attendait de pouvoir convaincre le capitaine Decker, il se passait quelque chose. Personne ne disait ouvertement de quoi il s’agissait, mais l’ambiance était électrique.
Elle se demanda s’ils avaient découvert une piste plus crédible pour retrouver l’un ou l’autre des deux hommes, ce qui retirerait toute crédibilité à l’argument contestable qu’elle comptait utiliser pour qu’on la laisse poursuivre son travail sur l’affaire Stanton. Si tel était le cas, elle n’avait pas de plan B. En tout cas, quelle que soit la cause de cette agitation, elle était de taille. On fit entrer Jessie dans la même salle de conférence isolée, où elle attendit en vain pendant vingt minutes avec Murph. Dolan avait disparu.
— Savez-vous ce qui se passe ? demanda-t-elle à Murph.
Il la regarda, légèrement satisfait de son inconfort.
— Comment pourrais-je savoir quoi que ce soit ? demanda-t-il. J’ai été coincé ici avec vous.
— Vous avez cette oreillette, signala-t-elle. Je suis sûre qu’on vous communique des nouvelles.
— Je ne peux rien vous dire, répondit-il.
Il semblait apprécier de se retrouver en position de supériorité après avoir été guère mieux qu’un simple chauffeur pendant plusieurs heures. Avant que Jessie ne puisse répondre, la porte s’ouvrit et Decker et Dolan entrèrent tous les deux.
— Il y a des nouvelles, dit le capitaine sans préambule.
Jessie comprit immédiatement que, quelles que soient les nouvelles, elles n’étaient pas bonnes. Le visage déjà profondément ridé de Decker l’était encore plus que d’habitude et il semblait réticent à croiser le regard avec Jessie. D’une façon ou d’une autre, elle savait que les nouvelles étaient liées à sa personne. Decker semblait hésiter à poursuivre. Derrière lui, Dolan avait l’air encore plus taciturne que d’habitude.
— Allez-y, capitaine, dit-elle en se préparant. Je peux supporter ça.
— On a retrouvé Ernie Cortez.
Cela aurait dû être une excellente nouvelle. Ernie était l’agent de sécurité de la DNR qui avait tué ses collègues et aidé Bolton Crutchfield à s’évader. Si on l’avait retrouvé, ils allaient finalement pouvoir bénéficier d’une piste sur l’endroit où se cachait Crutchfield, mais l’attitude de Decker et de Dolan suggérait qu’elle ne devait pas trop espérer.
— Je sens que ce n’est pas tout, dit-elle.
— Il est mort, soupira Decker.
— De crise cardiaque ? demanda Jessie d’un air sceptique tout en essayant de lutter contre la panique insidieuse qu’elle sentait monter en elle.
Dolan dévoila tout le reste.
— On l’a trouvé dans une benne à ordures, dans une ruelle située à environ six pâtés de maisons d’ici. Il avait été éventré du sternum au bassin. Ses entrailles gisaient à côté de la benne. C’est grâce à ça qu’on a réussi à le trouver.
Jessie se pencha en arrière sur sa chaise en essayant de digérer les nouvelles. Crutchfield avait discrètement noué des liens avec Ernie pendant des années, surtout pour le séduire. Il avait tellement bien réussi qu’Ernie avait volontairement massacré six de ses propres collègues pour plaire à un tueur en série, et maintenant, Crutchfield s’était débarrassé de lui avec brutalité et sans cérémonie.
Pourquoi ? Est-ce qu’Ernie l’avait déçu ou mis en colère d’une quelconque façon ? Est-ce qu’il s’était retourné contre son maître ?
Pourtant, Jessie savait que cela ne pouvait pas être la raison principale de sa mort ou, autrement, il n’aurait pas laissé le corps aussi près de l’endroit où il savait que Jessie travaillait. C’était un message et elle en était la destinataire.
— Qu’est-ce que vous n’avez pas dit ? Quelle partie craignez-vous de me dire ?
Les deux hommes se regardèrent l’un l’autre. Dans le coin de la pièce, Murph examina ostensiblement ses chaussures.
— Il a laissé un message, dit finalement Decker. Il était plié en un carré minuscule et placé dans une petite poche en plastique, qui était clouée au palais de Cortez. Le message vous était adressé.
— Bien sûr, dit Jessie, plus résignée que choquée. Est-ce que vous l’avez emmené ?
— C’est la police technique qui l’a pour l’instant, mais nous l’avons scanné.
— Puis-je le voir ? demanda Jessie.
Decker hocha la tête, afficha l’image sur son téléphone puis lui tendit son appareil. Jessie reconnut immédiatement l’écriture de Crutchfield et ne sut que penser de cette familiarité. Le message était plus court et plus direct qu’elle ne s’y était attendue et ne contenait qu’une petite quantité du langage fleuri que Crutchfield utilisait d’habitude. Il disait :
Mlle Jessie,
J’espère que vous êtes en bonne santé. Je vous prie de m’excuser pour le mode de livraison de mon message. Je sais que vous aimiez bien Ernie, même si je soupçonne que cette affection a dû diminuer ces derniers temps. Je pensais que vous souhaiteriez peut-être savoir que j’ai récemment eu une conversation avec votre père. Il … craignait que ma loyauté envers lui n’ait été compromise par le temps que j’avais passé en votre compagnie. Quelle accusation ! Cependant, il a cessé de s’en soucier. Je prévois qu’il sera bientôt suffisamment guéri de ses blessures pour essayer de vous revoir. Attendez-vous à le voir bientôt. Ce devrait être une réunion entre tueurs. Puisse le Thurman le plus fort l’emporter !
Конец ознакомительного фрагмента.
Текст предоставлен ООО «ЛитРес».
Прочитайте эту книгу целиком, на ЛитРес.
Безопасно оплатить книгу можно банковской картой Visa, MasterCard, Maestro, со счета мобильного телефона, с платежного терминала, в салоне МТС или Связной, через PayPal, WebMoney, Яндекс.Деньги, QIWI Кошелек, бонусными картами или другим удобным Вам способом.