Alors que Lucas finissait son sandwich, son téléphone sonna. Une fois. Deux fois. Puis trois.
« Merde, ça doit être notre homme, » dit-il en se remettant debout d’un bond et attrapant l’appareil posé sur le comptoir de la cuisine. La sonnerie s’arrêta et il fronça les sourcils. Quand il se retourna, il vit deux visages aux expressions moqueuses qui le regardaient.
« Quoi ? demanda-t-il en se renfrognant.
— Quelqu’un est excité, à ce que je vois, lança Walker.
— Si cette femelle apprenait ne serait-ce qu’une fraction de ce que Lucas a fait pour la retrouver, elle bondirait, ajouta Ben en riant.
— Ou pire. Elle le mènerait par le bout du nez. Lucas serait son toutou, » dit Walker avec un sourire éblouissant. L’idée lui faisait manifestement plaisir.
« Vos gueules. Je suis en manque. Elle est chaude, voilà, tout est dit. De plus, elle ne saura que ce que je voudrais bien lui dire, parce que vous allez fermer vos grandes gueules quand je lui parlerais. C’est bien clair ? leur dit Lucas en les fixant d’un regard dur.
— Il va tout de même falloir faire les présentations, dit Ben en souriant. Si elle est si exceptionnelle et tout ça. Et que nous sommes supposés avoir nos chances nous aussi.
— Je dis juste que c’est moi qui passe en premier. Ensuite on verra comment ça se passe, d’accord ? »
Ben leva les yeux au ciel, mais hocha la tête et Walker haussa à peine les épaules. Sans surprise, Walker acceptait l’idée, mais n’était pas vraiment partant. Lucas attendait avec impatience de trouver une femelle pour le harem qui mettrait Walker sur le cul. Et on verrait bien alors lequel des deux ferait le plus le malin.
Le bruit du gravier crissant sous les pneus d’une voiture à l’extérieur attira son attention et Lucas se dirigea vers la porte. Ben et Walker sur ses talons, tous les deux curieux, en dépit de ce qu’ils avaient dit.
Ouvrant la porte en verre, Lucas s’avança sous le porche pour saluer ses visiteurs. Ébloui par la lumière crue de cette matinée, il abrita ses yeux d’une main en regardant plusieurs mâles humains de grande taille sortir de la voiture. Il avait été contraint de louer les services d’une équipe d’humains, ne voulant pas prendre le risque de confier une femelle aussi désirable qu’Aurélia à d’autres loups.
L’un d’entre eux ouvrit la porte arrière et fit des signes impatients à la personne assise à l’intérieur. Lucas passa un long moment à observer la porte, la respiration bloquée dans la gorge.
Finalement, deux longues jambes en émergèrent, suivies par un torse aux courbes parfaites. Enfin, la masse de cheveux rouge feu d’Aurélia apparut, jetant des reflets de miel au soleil. Elle portait un short en jean coupé court, des bottes de cow-boy rouge et un t-shirt jaune transparent. De grosses lunettes noires mangeaient son visage, mais sa forme en cœur et son petit nez retroussé restaient parfaitement visibles. Ainsi que ses lèvres pleines et roses, certaines d’enflammer tout ce qu’elles toucheraient.
Elle regardait désormais vers le porche, prenant sa mesure. Tout autour de lui disparut, les arbres et les montagnes s’obscurcirent. Ses lèvres s’incurvèrent en un sourire coquin, provoquant.
Lucas avala sa salive et passa ses mains sur l’avant de sa chemise, l’excitation faisant bouillir son sang. Elle était là, il n’avait plus qu’à la convaincre et elle se retrouverait sous lui. Il s’enfouirait au plus profond d’elle, pour satisfaire le désir féroce et sauvage qui l’affligeait. Elle lui appartiendrait et il la baiserait aussi souvent qu’il le désirerait.
Son loup s’éveilla, excité par la perspective de posséder Aurélia.
Elle monta les marches, ses bottes de cow-boy mettant en valeur la blancheur de ses jambes nues. Deux des humains la suivirent portant une valise élimée remplie de ce qui semblait être ses objets personnels.
« Aurélia, » dit Lucas en baissant le regard sur elle. Il aimait le son de son prénom dans sa bouche.
Elle s’arrêta, les jambes écartées et carra les épaules. Enlevant ses lunettes de soleil elle le jaugea d’un air sévère.
« C’est à cause de toi que je suis ici ? » demanda-t-elle sans élever la voix. Elle n’avait pas le doux accent qu’il aurait espéré d’une fille venant du Texas. Mais, et c’était très surprennent, sa voix était très fortement teintée par l’accent Néo-Zélandais.
« Oui, répondit Lucas.
— Ces hommes m’ont attrapée en pleine rue. Ils n’ont pas voulu me dire où ils m’emmenaient, ni pourquoi. Ça fait trente-six heures et aucun d’entre eux ne m’a encore parlé. Ils se sont bornés à répéter que c’était Lucas Kiern qui les avaient envoyés.
— Ils t’on bien traitée, j’espère ? demanda-t-il en faisant glisser son regard sur le chef du groupe.
— Nous l’avons interceptée en pleine rue, juste avant que quatre hommes armés ne lui tombent dessus. Nous les avons vu la suivre et l’embusquer dans un coin, nous avons agi car il était devenu évident qu’elle était à court d’options, expliqua l’homme en haussant les épaules.
— Ils ont été brutaux, dit-elle, la colère se lisant sur ses traits.
— Ils ont fait ce pourquoi ils ont été payés, » répondit Lucas. Il regarda les hommes et leur fit signe qu’il n’avait plus besoin de leurs services.
Aurélia se retourna et fit les gros yeux alors que les hommes remontaient dans leur voiture et partaient.
« C’est tout ? demanda-t-elle. Ils me déposent juste ici, sans savoir ce qui va m’arriver ?
— Tu fais plus confiance à un groupe d’humains qu’à ceux de ta propre race ? demanda Walker d’un air choqué.
— Oh, il parle ! dit Aurélia en battant des mains. Vous êtes qui vous deux, hein ? Les betas ?
— Nous ne sommes pas une meute, contra Ben.
— Oh, vous êtes des loups solitaires qui traînent ensemble alors. Bien sûr, quelle bonne idée. De mieux en mieux, cracha-t-elle.
— Aurélia, voici Ben et Walker. Nous nous connaissons depuis très longtemps, » expliqua Lucas.
Aurélia croisa les bras et bascula une hanche sur le côté. Ce mouvement fit sourire Lucas, de la pure texane pensa-t-il.
— Et donc ? Pourquoi je suis là moi ? demanda-t-elle, le visage dur.
— Entre une minute à l’intérieur d’abord. Walker et Ben vont repartir dans leurs quartiers et nous allons parler toi et moi, lui dit Lucas. » Il n’attendit pas qu’elle obéisse et se tourna pour repousser ses amis vers l’intérieur du bâtiment. Comme il l’avait prédit, ils se dirigèrent chacun vers leurs suites. Lucas ouvrit la voie jusqu’à la tanière.
« Tu as faim ? Soif ? demanda-t-il pour s’assurer qu’elle se sente à l’aise.
— Non, répondit-elle brusquement.
— Assieds-toi, » proposa-t-il en lui désignant un canapé de cuir noir. Elle le regarda puis s’assit dans un coin. Lucas lui laissa de la place pour respirer et s’assit à l’autre bout. Depuis qu’ils étaient rentrés à l’intérieur, il ne pouvait faire autrement que sentir son odeur. Sous les odeurs d’humains et de kérosène de son voyage, il percevait des notes d’hibiscus et de verveine émaner de sa peau. Son loup jappait à l’intérieur, ne rêvant que de respirer plus profondément cette odeur, de s’en approcher encore d’avantage.
Elle se tortilla, mal à l’aise, en regardant la maison autour d’elle, lui rappelant qu’il devait lui fournir une explication avant qu’elle n’essaie de s’enfuir.
« J’ai une proposition à te faire, dit-il, allant droit au but.
— Une proposition ? » demanda-t-elle en reportant son regard azur sur lui. De près, il pouvait voir que ses yeux contenaient comme des éclats de brun cuivré qui s’accordaient merveilleusement aux boucles cascadant sur ses épaules.
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