Après ce qui sembla être une éternité, Lucas se redressa et se retira. Aurélia émit une faible protestation qui le fit sourire.
— Viens près de moi, petite, dit-il en s’allongeant sur le côté dans l’herbe et en l’attirant près de lui de façon à lui faire face.
Il posa légèrement ses lèvres sur les siennes et dégagea les cheveux qui lui tombaient sur le visage.
— Ummmpf, fut tout ce qu’elle réussit à dire.
Lucas sourit, ses yeux se délectant de son visage empourpré et de son expression satisfaite. Se penchant vers elle, il l’embrassa plus profondément.
— Content d’avoir pu te donner quelque chose dont tu te rappelleras pendant mon absence, dit-il d’un ton léger.
— Ton absence ? demanda Aurélia en fronçant les sourcils.
Lucas lui prit le visage dans les mains et hocha la tête.
— Je dois aller à Atlanta pour quelques jours, expliqua-t-il.
— Tu vas aller chercher la nouvelle ? demanda-t-elle, un peu blessée. Il n’avait pas besoin de la ramener dans la seconde, si ?
— Non, non, dit Lucas en secouant la tête. Je dirige une petite entreprise, tu sais, Luna Corps. Tu en as peut-être entendu parler ?
Aurélia ne put s’empêcher de rire. Absolument tout le monde connaissait Luna Corps. Ils développaient les meilleurs logiciels du pays. Ils employaient des milliers de personnes et leurs produits étaient vendus dans le monde entier.
— Oui, je crois que je me souviens, dit-elle.
— Et bien, je dois faire mon travail de PDG. Comme je te l’ai dit, Walker est parti chercher la nouvelle. Ben est enfermé ici à développer le nouveau programme. Mais de toute façon, les réunions ne sont pas son point fort. Les membres du conseil d’administration n’apprécient pas autant ses sarcasmes que moi, ajouta-t-il en soupirant.
— Tu pars pour combien de temps ? demanda-t-elle. Elle se mordit la lèvre, en espérant ne pas paraître trop collante.
Lucas lui sourit tendrement pour la rassurer.
— Trois jours, je pense. Je vais essayer de convaincre le comité de faire plus de vidéo conférences, mais ils sont plutôt vieux jeu, plutôt étonnant pour des investisseurs dans le domaine des hautes technologies, non ? Je vais essayer d’arranger les choses pour en faire le plus possible depuis la résidence. Je te le promets.
Il leva les yeux vers la cime des arbres.
— J’ai l’impression que le soir va bientôt tomber. Je dois décoller avec l’hélicoptère dans moins d’une demi-heure si je veux être à Atlanta avant le coucher du soleil.
Après lui avoir donné un dernier baiser, il se leva et lui offrit sa main pour qu’elle en fasse autant. Elle fut agréablement surprise quand il ne la lâcha pas après l’avoir aidée à se relever, au contraire, il entrecroisa ses doigts dans les siens lorsqu’ils firent le chemin inverse pour rentrer au chalet.
— As-tu besoin de quoi que ce soit avant que je parte ? lui demanda-t-il alors qu’ils marchaient vers la maison, nus de la tête aux pieds.
— Je peux honnêtement dire que je ne manque de rien. Je suis même outrageusement gâtée, admit Aurélia en lui serrant la main.
— Redis-moi encore une fois que tu es d’accord avec cette idée, le harem, je veux dire, lui demanda-t-il en la regardant.
— Je suis d’accord. Je crois que nous savons déjà à quel point nous allons bien ensemble et ça, personne ne pourra nous l’enlever. J’aime assez l’idée de voir cette maison remplie de loups-garous et un peu de compagnie féminine ne serait pas du luxe. Tant que je reste la numéro un dans ton cœur, je suis ouverte à tout, lui dit-elle.
Lucas hocha la tête, visiblement satisfait. Ils firent le reste du chemin en silence, en admirant la beauté de la forêt et de la journée.
Quand ils arrivèrent au chalet, les parties communes étaient désertes. Sur le moment, Aurélia fut plus que soulagée de ne pas tomber sur Ben, car Lucas et elle avaient perdus tous leurs vêtements après s’être transformés dans les bois. Lucas monta directement vers ses appartements et la raccompagna devant sa porte comme un parfait gentleman.
— On se revoit bientôt. Dans seulement trois jours, d’accord ? lui rappela-t-il.
— Tout va bien se passer, j’ai trois ans de mauvaise télé-réalité à rattraper, de nouveaux langages de programmation à découvrir et je crois même que je vais faire un peu de pâtisserie, lui dit-elle en souriant.
Avec un rire et un baiser, Lucas la laissa devant sa porte et se dirigea vers sa suite avant de disparaître à l’intérieur. Aurélia sentit un pincement de tristesse quand elle entendit l’hélicoptère décoller peu de temps après, mais elle se réconforta en pensant à ce qu’elle avait prévu pour s’occuper pendant ces quelques jours. Elle aurait à peine le temps de se faire des cupcakes et encore moins de s’attirer des problèmes… n’est-ce pas ?
Ce jeudi matin, Aurélia se leva en même temps que le soleil. Elle rampa hors de son lit si confortable et se traîna jusqu’à l’immense baie vitrée qui montait jusqu’au plafond de sa chambre personnelle. Elle donnait sur un mur de pins majestueux et Aurélia admira, emplie d’une grande satisfaction, les premiers rayons du soleil avancer leurs doigts vers la maison.
Elle s’étira et fit courir ses mains sur ses côtes et ses hanches nues. Elle avait encore mal partout, une douleur bien agréable qui lui rappelait qu’elle s’était lancée dans de nombreuses courses et randonnées tout autour de la propriété ces deux derniers jours. Depuis que Lucas était parti, la maison semblait comme abandonnée et elle avait seulement eu envie de faire du sport et de se cuisiner de bons petits plats. Elle avait parlé à son frère encore une fois et rit aux jeux de mots stupides qu’il continuait toujours de faire.
Ajoutez à ça de longues siestes et de bons bains chauds et Aurélia n’avait pas vu le temps passer. Si elle était honnête avec elle-même, Lucas n’avait même pas eu le temps de lui manquer avant ce moment précis. Alors qu’elle parcourait sa chambre magnifique et regardait le lit de princesse qui l’ornait, elle se dit que c’était vraiment un luxe bien agréable… et pourtant, elle se réveillait encore seule dans ce grand lit.
Pour ce qui était de ressentir de la solitude seulement maintenant, après plusieurs années de cavale à ne voir ses connaissances du milieu des hackers qu’en de très rares occasions et absolument jamais sa famille proche, elle en était venue à la conclusion que c’était parce qu’elle avait été bien trop occupée à surveiller ses arrières pour avoir le temps de s’apitoyer sur son sort. Elle avait dû se débarrasser du sentiment de solitude en même temps que de son abonnement au câble, ses jus d’herbes et ses coupes de cheveux stylées. Elle n’en avait simplement plus eu le temps, ni l’opportunité.
Aurélia secoua la tête et se détourna de la fenêtre pour se rendre à son bureau. Après avoir vérifié quelques-unes de ses adresses mail anonymes et ses comptes en banque intraçables, elle décida qu’il était temps de transformer cette grande maison vide et triste en un véritable paradis.
Elle avait cette immense maison pour elle toute seule et elle pouvait y faire ce qu’elle voulait. Et ce qu’elle voulait le plus à ce moment précis, c’était faire des cupcakes à la vanille et les déguster affalée sur les gros canapés du salon en regardant un épisode de Real Housewives of Atlanta. Et pour se mettre encore plus à l’aise, elle décida de ne pas porter de pantalons de la journée.
En gloussant toute seule, Aurélia enfila un shorty blanc, un long débardeur noir et attacha sa crinière flamboyante en un chignon ébouriffé sur le sommet de son crâne. Prête à exécuter son plan, elle se saisit de son nouvel iPhone et descendit vers le rez-de-chaussée.
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