La parole empêchée

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De la simple maladresse au discours vicié, du propos délivré à contrecœur jusqu'au secret, la parole empêchée est une parole qui n'advient pas comme elle le devrait. Fondamentalement contrariée, captive de défenses qui lui font diversement obstacle, la parole est parfois contrainte de trouver d'autres voies, comme le regard, les gestes, les images.
Composé de contributions pluridisciplinaires qui s'échelonnent du Moyen Âge à nos jours, cet ouvrage examine les multiples stratégies par lesquelles la parole dialogue avec le silence et se libère, au mieux, de ses entraves.

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On ne s’étonnera pas, alors, que l’espace du silence se fasse espace de création : l’être y naît à lui-même et s’y positionne par le jeu des associations. Dans le monde romanesque, parfois même, il s’y exprime : le silence devient la voie de l’art, ou, plus précisément, c’est l’art qui devient l’expression de l’être réduit au silence. C’est alors la seule forme de communication avec l’extérieur qui reste encore ou qui soit accessible au héros muselé. Alors que la vision extatique de la contemplationcontemplation est nimbée de silence, cette fois-ci c’est le silence qui déclenche la vision ou la vocation artistique en tant qu’elle est fondamentalement imaginationimagination créatrice. Dans le Lancelot en prose, par exemple, réduit au silence par son isolementisolement, le héros, tout comme Tristan autrefois, apprend à connaître la vertu de l’imageimage. Même si la philosophie platonicienne a légué à l’homme médiéval sa méfiance vis-à-vis de l’apparence, la vision recouvre ses droits dans la littérature arthurienne, dès lors qu’elle est animée par la flamme du sujet contemplatif. On peut considérer les images créées par le héros amoureux comme de simples leurres, mais le leurre de la reine apaise Lancelot en ce qu’il entretient sa flamme et maintient intact son pouvoir de symbolisation. L’amour, ici, rejoint la religionreligion en ce qu’il suscite pareillement la méditation et la dévotion, même si la mystiquemystique est autre. La contemplation s’épanouit parce qu’elle est un espace-temps créatif qui génère et libère les associations symboliques ; en ce sens, la vision est primordiale. Dire que l’œil, « c’est li mereors au cuer » ( Cligès 8, v. 704), revient à suggérer que l’image vue s’embellit du sentiment, que celui-ci la pare et l’orne de façon toute personnelle pour qu’elle puisse à son tour parler au sujet, lui conter son histoire.

La sphère silencieuse est donc un terreau propice à la symbolisation de la perception du monde, de l’autre, de soi-même. Fort de ces acquisitions nées dans et par le silence, le héros peut renaître à la parole, enfin ! Le silence est, dans nos romans, ce qui pousse le héros vers l’accomplissement de son destin, vers lui-même. Parce que l’être ne peut indéfiniment supporter cette entrave qui le tient à l’écart de la sociétésociété, l’empêchement de parole ne peut durer trop longtemps, ni humainement, ni structurellement, dans une perspective romanesque, dont l’horizon est en principe au moins un dénouement, sinon un happy-end : il faut délier la langue du héros, autant que les fils de l’intrigue. Dans le monde arthurien, l’aventure est enclenchée par le silence, subi ou choisi, lié à la perte ou à l’absenceabsence d’un pouvoir qu’il s’agit bien sûr de (re)trouver : l’empêchement de parole est l’étincelle qui met en branle le moteur de l’action, ou plutôt des actions, car tout coup d’éclat en appelle et en engendre un autre, toujours plus lumineux, et ce, jusqu’à l’éblouissement final où la parole connaît l’épiphanie. Si le silence est constamment signe de ruine, de mortmort – et la syntaxe aussi bien que les schémas narratifs se chargent bien de l’affirmer –, la parole, à l’inverse, est signe de la rédemption, de la vie. Le Moyen Âge a ainsi conscience d’une parole-force, à l’imageimage de la Parole divine, du Verbe qui s’est incarné, et qui s’oppose à la parole ordinaire, banale ou superficielle, dont il faut se méfier :

L’idée, profondément ancrée dans les mentalités d’alors, de la puissance réelle de la parole engendre une vue moralemorale de l’univers. Tout discours est action, physiquement et psychiquement effective.9

La parole possède force de vie : elle sauve. Jacques Le Goff note que le XIII esiècle est un grand siècle de la parole : alors même que, parallèlement, l’écrit prend son essor, l’oralitéoralité connaît son apogée avec la renaissance de la prédication d’une part10 et la promotion des laïcs d’autre part, qui se livrent à une véritable prise de parole11. Sans cesse les textes soulignent l’importance de la parole, ses vertus quasi magiques, les plaisirs qu’elle engendre : les métaphoresmétaphore disent aussi qu’elle est une force dynamique ou une véritable arme, le symbolismesymbole la rapproche de la lumière.

Ainsi la trajectoire qui, de la privation à l’obtention de la parole, conduit les héros arthuriens dans le monde romanesque, est fort peu originale de la part de romanciers qui, s’ils ne sont pas eux-mêmes clercs, ont reçu l’enseignement ecclésial. Ces écrivains, finalement, traduisent fort bien dans leurs fictions en principe si mensongèresmensonge les très sérieuses préoccupations théoriques de leur temps : si le silence y est préconisé par ses vertus, c’est à la fois comme antidote – contre les méfaits de la langue, mieux vaut se taire ! – et comme cure bénéfique de (re)mise en forme – l’empêchement de parole est la condition optimale pour permettre l’apprentissage et l’acquisition de la bonne parole. Le but à atteindre, même s’il demeure peut-être une sorte d’idéal ici-bas, reste indéniablement la parole. L’écriture en porte la trace, qui oscille entre nécessités de dire et de taire ; la forme épouse harmonieusement le sens et suggère, à sa manière, ce qu’elle ne profère pas.

4. Une écriture particulière : la rhétoriquerhétorique du silence

Sans doute, la coïncidence entre un schéma narratif dominant dans les textes arthuriens (de la parole empêchée à la bonne parole) et le discours tenu à la même époque par l’Église n’est-elle pas fortuite. Alors que les bienfaits du silence ou de la taciturnitétaciturnité sont soulignés avec force, le Verbe tel qu’il apparaît dans l’éclat de sa sainte vertu et de sa toute-puissance dans la BibleBible et chez les Pères de l’Église est montré comme un modèle idéal à atteindre. Comment ne pas comprendre qu’une telle tension se soit nécessairement répercutée dans la forme même de ces romans ? Hantée par le silence, la littérature arthurienne en endosse les effets. Sa rhétoriquerhétorique est rhétorique du silence : un impossibleimpossibilité à dire, toujours repoussé dans la narration, de façon infernale, puisque cela aboutit à une confiscation du discours par les maîtres arthuriens qui n’en finissent pas d’écrire, à défaut de parler. J’irai plus vite sur ce dernier point, pourtant l’un des acquis essentiels de ma thèse, mais plus spécifique que ceux qui précèdent, sans doute, et engageant souvent des formes propres à l’écriture des romans arthuriens.

Au plan lexical tout d’abord, s’impose le paradoxe d’une parole qui est comme indicibleindicible. Les mots sont le lieu de silences. L’idée d’une incommensurabilité de la pensée et du langage vient du fonds de l’Antiquité et génère ce que Ernst Robert Curtius a nommé les topoï de l’ineffableineffable1 : l’auteur y proteste de son incapacité à traiter d’un sujet ou bien ne trouve pas de mots pour le célébrer dignement ou encore se résout à ne pas tout dire, tant les faits sont nombreux et nécessiteraient de développements. Il s’attire ainsi la captatio benevolentiae de son public2. Ce type de stéréotypestéréotype est d’un emploi fréquent chez les auteurs médiévaux, mais avec des variations de sens notables par rapport à ce que l’on trouve chez les auteurs latins. Rapidement, dès Chrétien de TroyesChrétien de Troyes, ce type d’allégations, encore présent sous sa forme traditionnelletradition chez son prédécesseur Wace, est subtilement dévié, mettant en cause non plus l’écrivain lui-même ( je ne sais pas dire ), mais les essentielles carences du langage, qui rendent la tâche impossible pour tout écrivain ( nul ne saurait le dire ), aussi parce que la richesse, l’exceptionnelle beauté ou la complexité du monde et de ses créatures empêchent une représentation exhaustive et fidèle, rendue de ce fait superflue ( tant que je ne pourrais pas le dire ou de cela je n’ai pas envie/besoin de parler ). L’inutilité du discours, vain et de ce fait ennuyeux pour le public, devient ainsi sa dispense.

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