Федор Тютчев - Том 4. Письма 1820-1849

Ваш покорный —

Тютчев

Посылаю к вам, любезнейший Михайло Петрович, вожделенного Горация. Этот Гораций стоит Раичу — 5 рублей.

Не можете ли вы побывать на сих днях у меня? Имею сообщить вам нечто до вас касающееся * 1 По-видимому, эти слова связаны с предложением Погодину места учителя у Булыгиных, о чем идет речь в следующем письме. .

Ваш Тютчев

Как вы решились с Булыгиными, любезнейший Михайло Петрович? Они предлагали вам по часам — согласились ли вы? Я по крайней мере желал бы этого — и то, признаюсь, более для себя, нежели для вас. Таким образом вас чаще можно бы было видать.

Если вам мой немецкий лексикон не нужен, то я бы просил вас — мне его прислать.

Ваш Тютчев

Munich. Ce 16/28 décembre 1824

Mon Prince,

Il faut être bien persuadé de l’inépuisable bienveillance qui fait le fonds de votre caractère, pour se hasarder de venir, comme je le fais, vous importuner par ma lettre. Je pourrais à la vérité trouver une cause suffisante dans l’attachement bien sincère que je vous ai voué. Vous savez, mon Prince, qu’un attachement vrai a une certaine valeur intrinsèque, indépendante, pour ainsi dire, de la personne qui l’éprouve, et vous ne sauriez guères douter du mien, si toutefois vous daignez encore vous en souvenir.

Il y a certainement bien peu d’hommes dans les sentiments desquels on puisse avoir une confiance assez grande, pour oser croire, qu’après une séparation de deux ans et en dépit de tous les changements que le temps doit nécessairement amener, on en soit avec eux au même degré d’affection, où on les a quittés. Une telle confiance, j’ose le dire, est un véritable hommage. On ne la doit qu’à Dieu et à ces belles âmes qui (n’en déplaise à la doctrine du droit divin) sont ses seuls représentants avoués sur notre pauvre terre * 1 Намек на одну из заповедей блаженства в Евангелии: «Блаженны кроткие, ибо они наследуют землю» (Мф. 5, 5). 2 Бар. Хорнштейн, мюнхенский знакомый Тютчева. 3 Пересказ евангельской фразы: «Ибо, где двое или трое собраны во имя Мое, там Я посреди их» (Мф. 18, 20). .

Vous me pardonnerez assurément, mon Prince, de vous entretenir ainsi de la bienveillance dont vous m’avez jadis honoré. On pardonne bien aux femmes de rappeler avec délices le temps où elles étaient jeunes, c<���’est>-à-d où elles étaient aimées. Eh bien, votre présence à Munich a été l’âge d’or de mon séjour dans cette ville. Je l’ai cruellement expié depuis. Voilà près de deux ans, que je n’ai pu avoir de vous que des nouvelles très indirectes, très incomplètes et qui ne faisaient qu’irriter l’incertitude où je me trouvais à votre égard. Les absents ont tort, sans doute, et avec vous plus qu’avec tout autre; car on a toujours tort, quand on n’est pas heureux.