Это письмо должен доставить вам Брей. Бог весть, когда оно придёт; вот уж неделю он откладывает отъезд со дня на день, всё не может решиться расстаться с нами.
Прощайте, мой добрейший, обнимаю вас от всей души.
Совершенно преданный вам Дантес
Прошу вас, дорогой мой, пришлите мне белья как можно скорее, мне уже почти нечего надеть.
Интересно, что, сообщая всяческие новости и сплетни, Дантес ничего не пишет Геккерену о том, как он сам проводит время на Островах. Как известно, он принимал участие почти во всех увеселениях, о которых в частности сообщает и Александрина Гончарова в письме брату от 14 августа: «Ездили мы несколько раз верьхом. Между прочим, у нас была очень весёлая верховая прогулка большой компанией. Мы были на Лахте, которая находится на берегу моря, в нескольких верстах отсюда. Дам нас было только трое и ещё Соловая, урождённая Гагарина, одна из тех, кого ты обожаешь, мне кажется, и двенадцать кавалеров, большею частью кавалергарды, там у нас был большой обед; музыканты полка, так что вечером танцевали, и было весьма весело». (Вокруг Пушкина. С. 221.) Дантес, явно не желая вызвать ревность Геккерена, предпочитает писать о своих болезнях и том, что жизнь он ведёт «очень размеренную».
Le 1 Septembre 1835
Mon cher, vous êtes un grand enfant. Comment insister pour que je vous tutoie, comme si ce mot pouvait donner plus de valeur à la pensée, et si quand je vous dis "je vous aime" c'était moins sincère que si je disais "je t'aime". Et puis voyez-vous, c'est une habitude que je serais obligé de perdre devant le monde, car vous y occupez une place qui ne permet pas qu'un jeune homme comme moi soit sans façons. Mais vous, c'est bien différent. Il y a bien longtemps que je vous en ai prié, car ça va parfaitement de vous à moi: mais au reste tout ceci sont de simples réflexions de ma part et certainement ce n'est pas que je veuille faire des façons avec vous, Dieu m'en est témoin.
Si je mets peu d'empressement à obéir au premier de vos deux [vœux] (je le veux) je serai plus soumis pour le second, et je vous donnerai les nouvelles les plus détaillées sur ma santé. Malheureusement celles que je vous donnerai cette fois ne seront pas tout à fait bonnes, car je sors de mon lit où j'ai passé 4 jours. Mon logement était tellement humide que je me sentais mal depuis assez longtemps; avec ceci j'ai été au bal des Eaux, je suis rentré en calèche ayant chaud. Aussi le lendemain Sadler a été obligé de me mettre 4 ventouses, et il a eu une peur affreuse que je n'attrappe une fluxion de poitrine. Mais il m'a donné tant de soins qu'il en a été quitte pour la peur; moi pour mon compte, je me trouve très bien, mais le docteur me défend de sortir de la chambre et me fait tenir le régime le plus sévère. Je mange pour tout potage un bouillon de poisson avec un peu de compote, puis je ne bois que du sirop de groseilles, et dès que nous aurons fini avec le mal, nous attaquerons avec les crampes comme dit Sadler, et pour mon compte, je vous tiendrai exactement au courant de ma guérison. Pour ce qui en est de l'offre de l'argent que vous me faites encore, je vous déclare que je n'en veux pas! Vraiment mon cher vous n'êtes pas raisonnable, vous vous agitez si vite que je crains presque de vous parler de moi. Soyez tranquille. Je suis encore loin de me faire enterrer et nous aurons tout le temps de dépenser un jour ensemble l'argent que vous m'offrez toujours de si bon cœur, et pour le moment j'ai de quoi me tirer d'affaire.
De nouveau des aventures dans notre régiment. Dieu sait comment ça finira cette fois. Ces jours derniers Serge Troubeskoy et deux autres de mes camarades, après avoir soupé plus que copieusement chez le restaurant qui se trouve à la campagne, en rentrant ces messieurs se sont occupés à démolir le devant de toutes les maisons le long du chemin; vous pouvez penser quel bruit ça fit le lendemain. Aussi les propriétaires ont été se plaindre au comte Shernicheff qui a fait mettre ces messieurs au Corps de Garde et a envoyé un rapport à Sa Majesté à Kaluka. Voilà d'une: voici l'autre; dernièrement à une représentation au théâtre Alexandra, l'on a jeté d'une loge où se trouvaient des officiers de notre régiment un gondan rembourré de petits papiers à une actrice qui avait le malheur de déplaire, vous pouvez penser quel tumulte ça fit dans le spectacle, aussi fit-on un second rapport à l'Empereur: et si l'Empereur se rappelle ce qu'il nous a fait dire avant de partir, que s'il arrivait la moindre histoire au régiment, il ferait passer les coupables à l'armée, certainement je ne voudrais pas être à leur place, car voilà des pauvres diables qui auront leur carrière arrêtée pour des farces qui certainement ne sont ni drôles ni spirituelles et le jeu n'en valait pas la chandelle.
Puisque je vous ai parlé du théâtre, il faut que j'entre un peu avec vous dans les coulisses et que je vous raconte tout ce qui s'est passé depuis votre départ. Le beau Paul et La Ferrière, guerre à mort! et ceci pour un soufflet que ce dernier a reçu de l'autre; les flâneurs racontent ceci de différentes manières, mais la véritable version est celle qui narre qu'ils sont jaloux l'un de l'autre touchant l'amour de la vieille Istomina, car l'on prétend qu'elle veut abandonner Paul pour La Ferrière. D'autres racontent que Paul l'avait surpris à une fenêtre et regardant à travers un trou pour voir comment lui, Paul, gagnait ses appointements auprès de ses amours. Bref, comme j'ai dit plus haut, la paire des soufflets s'en est suivie et l'on a eu toutes les peines du monde à faire rejouer La Ferrière; car il prétend qu'un homme comme lui ne peut paraître en public qu'après s'être baigné dans le sang de son ennemi.
L'histoire du pauvre Vernet se trouve beaucoup moins drôle. Tous ses vieux péchés l'ont empoigné: et où cela; le malheureux a le tout au bout du nez; aussi les médecins ont déclaré qu'il le perdrait, je vous assure que ça me fait de la peine pour le pauvre diable, car lui y perdra un meuble très précieux, et nous un acteur qui était amusant quelquefois.
J'ai ma pauvre Epouse qui est dans le plus grand des désespoirs, la pauvre femme vient de perdre il y a quelques jours un enfant et se trouve menacée de perdre l'autre; c'est vraiment affreux pour une mère et moi avec la meilleure volonté du monde, je ne parviendrai pas à les remplacer. C'est ce que me prouve l'expérience depuis une année entière.
J'ai toujours oublié de vous dire que le Docteur me questionnait toujours pour savoir ce que les médecins avaient fait avec vous: si ça ne vous donnait pas trop d'embarras je vous prierais de me dire en quelques mots quelle est la cure qu'on vous a fait suivre, et quelle espèce d'eaux vous ont fait le plus de bien. Moi au reste le peu que j'ai pu lui dire d'après vos lettres lui ont fait dire déjà à différentes reprises qu'il avait parfaitement compris votre maladie.
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