• Пожаловаться

Jean-Paul Sartre: Les Mots

Здесь есть возможность читать онлайн «Jean-Paul Sartre: Les Mots» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию). В некоторых случаях присутствует краткое содержание. категория: Философия / на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале. Библиотека «Либ Кат» — LibCat.ru создана для любителей полистать хорошую книжку и предлагает широкий выбор жанров:

любовные романы фантастика и фэнтези приключения детективы и триллеры эротика документальные научные юмористические анекдоты о бизнесе проза детские сказки о религиии новинки православные старинные про компьютеры программирование на английском домоводство поэзия

Выбрав категорию по душе Вы сможете найти действительно стоящие книги и насладиться погружением в мир воображения, прочувствовать переживания героев или узнать для себя что-то новое, совершить внутреннее открытие. Подробная информация для ознакомления по текущему запросу представлена ниже:

Jean-Paul Sartre Les Mots

Les Mots: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Les Mots»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Une approche et une étude de l'oeuvre de Sartre: le contexte de sa création, des éléments de biographie de l'auteur, l'étude des personnages, la structure de l'oeuvre, des analyses thématiques, une préparation pour l'examen et des sujets corrigés.

Jean-Paul Sartre: другие книги автора


Кто написал Les Mots? Узнайте фамилию, как зовут автора книги и список всех его произведений по сериям.

Les Mots — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Les Mots», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема

Шрифт:

Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

J'ai commencé ma vie comme je la finirai sans doute: au milieu des livres. Dans le bureau de mon grand-père, il y en avait partout; défense était faite de les épousseter sauf une fois l'an, avant la rentrée d'octobre. Je ne savais pas encore lire que, déjà, je les révérais, ces pierres levées; droites ou penchées, serrées comme des briques sur les rayons de la bibliothèque ou noblement espacées en allées de menhirs, je sentais que la prospérité de notre famille en dépendait. Elles se ressemblaient toutes, je m'ébattais dans un minuscule sanctuaire, entouré de monuments trapus, antiques qui m'avaient vu naître, qui me verraient mourir et dont la permanence me garantissait un avenir aussi calme que le passé. Je les touchais en cachette pour honorer mes mains de leur poussière mais je ne savais trop qu'en faire et j'assistais chaque jour à des cérémonies dont le sens m'échappait: mon grand-père – si maladroit, d'habitude, que ma mère lui boutonnait ses gants – maniait ces objets culturels avec une dextérité d'officiant. Je l'ai vu mille fois se lever d'un air absent, faire le tour de sa table, traverser la pièce en deux enjambées, prendre un volume sans hésiter, sans se donner le temps de choisir, le feuilleter en regagnant son fauteuil, par un mouvement combiné du pouce et de l'index puis, à peine assis, l'ouvrir d'un coup sec «à la bonne page» en le faisant craquer comme un soulier. Quelquefois je m'approchais pour observer ces boîtes qui se fendaient comme des huîtres et je découvrais la nudité de leurs organes intérieurs, des feuilles blêmes et moisies, légèrement boursouflées, couvertes de veinules noires, qui buvaient l'encre et sentaient le champignon.

Dans la chambre de ma grand-mère les livres étaient couchés; elle les empruntait à un cabinet de lecture et je n'en ai jamais vu plus de deux à la fois. Ces colifichets me faisaient penser à des confiseries de Nouvel An parce que leurs feuillets souples et miroitants semblaient découpés dans du papier glacé. Vifs, blancs, presque neufs, ils servaient de prétexte à des mystères légers. Chaque vendredi, ma grand-mère s'habillait pour sortir et disait: «Je vais les rendre»; au retour, après avoir ôté son chapeau noir et sa voilette, elle les tirait de son manchon et je me demandais, mystifié: «Sont-ce les mêmes?» Elle les «couvrait» soigneusement puis, après avoir choisi l'un d'eux, s'installait près de la fenêtre, dans sa bergère à oreillettes, chaussait ses besicles, soupirait de bonheur et de lassitude, baissait les paupières avec un fin sourire voluptueux que j'ai retrouvé depuis sur les lèvres de la Joconde; ma mère se taisait, m'invitait à me taire, je pensais à la messe, à la mort, au sommeil: je m'emplissais d'un silence sacré. De temps en temps, Louise avait un petit rire; elle appelait sa fille, pointait du doigt sur une ligne et les deux femmes échangeaient un regard complice. Pourtant, je n'aimais pas ces brochures trop distinguées; c'étaient des intruses et mon grand-père ne cachait pas qu'elles faisaient l'objet d'un culte mineur, exclusivement féminin. Le dimanche, il entrait par désœuvrement dans la chambre de sa femme et se plantait devant elle sans rien trouver à lui dire; tout le monde le regardait, il tambourinait contre la vitre puis, à bout d'invention, se retournait vers Louise et lui ôtait des mains son roman: «Charles! s'écriait-elle furieuse, tu vas me perdre ma page!» Déjà, les sourcils hauts, il lisait; brusquement son index frappait la brochure: «Comprends pas! – Mais comment veux-tu comprendre? disait ma grand-mère: tu lis par-dedans!» Il finissait par jeter le livre sur la table et s'en allait en haussant les épaules.

Il avait sûrement raison puisqu'il était du métier. Je le savais: il m'avait montré, sur un rayon de la bibliothèque, de forts volumes cartonnés et recouverts de toile brune. «Ceux-là, petit, c'est le grand-père qui les a faits.» Quelle fierté! J'étais le petit-fils d'un artisan spécialisé dans la fabrication des objets saints, aussi respectable qu'un facteur d'orgues, qu'un tailleur pour ecclésiastiques. Je le vis à l'œuvre: chaque année, on rééditait le Deutsches Lesebuch. Aux vacances, toute la famille attendait les épreuves impatiemment: Charles ne supportait pas l'inaction, il se fâchait pour passer le temps. Le facteur apportait enfin de gros paquets mous, on coupait les ficelles avec des ciseaux; mon grand-père dépliait les placards, les étalait sur la table de la salle à manger et les sabrait de traits rouges; à chaque faute d'impression il jurait le nom de Dieu entre ses dents mais il ne criait plus sauf quand la bonne prétendait mettre le couvert. Tout le monde était content. Debout sur une chaise, je contemplais dans l'extase ces lignes noires, striées de sang. Charles Schweitzer m'apprit qu'il avait un ennemi mortel, son Éditeur. Mon grand-père n'avait jamais su compter: prodigue par insouciance, généreux par ostentation, il finit par tomber, beaucoup plus tard, dans cette maladie des octogénaires, l'avarice, effet de l'impotence et de la peur de mourir. A cette époque, elle ne s'annonçait que par une étrange méfiance: quand il recevait, par mandat, le montant de ses droits d'auteur, il levait les bras au ciel en criant qu'on lui coupait la gorge ou bien il entrait chez ma grand-mère et déclarait sombrement: «Mon éditeur me vole comme dans un bois.» Je découvris, stupéfait, l'exploitation de l'homme par l'homme. Sans cette abomination, heureusement circonscrite, le monde eût été bien fait, pourtant: les patrons donnaient selon leurs capacités aux ouvriers selon leurs mérites. Pourquoi fallait-il que les éditeurs, ces vampires, le déparassent en buvant le sang de mon pauvre grand-père? Mon respect s'accrut pour ce saint homme dont le dévouement ne trouvait pas de récompense: je fus préparé de bonne heure à traiter le professorat comme un sacerdoce et la littérature comme une passion.

Je ne savais pas encore lire mais j'étais assez snob pour exiger d'avoir mes livres. Mon grand-père se rendit chez son coquin d'éditeur et se fit donner Les Contes du poète Maurice Bouchor, récits tirés du folklore et mis au goût de l'enfance par un homme qui avait gardé, disait-il, des yeux d'enfant. Je voulus commencer sur l'heure les cérémonies d'appropriation. Je pris les deux petits volumes, je les flairai, je les palpai, les ouvris négligemment «à la bonne page» en les faisant craquer. En vain: je n'avais pas le sentiment de les posséder. J'essayai sans plus de succès de les traiter en poupées, de les bercer, de les embrasser, de les battre. Au bord des larmes, je finis par les poser sur les genoux de ma mère. Elle leva les yeux de son ouvrage: «Que veux-tu que je te lise, mon chéri? Les Fées?» Je demandais, incrédule: «Les Fées, c'est là-dedans?» Cette histoire m'était familière: ma mère me la racontait souvent, quand elle me débarbouillait, en s'interrompant pour me frictionner à l'eau de Cologne, pour ramasser, sous la baignoire, le savon qui lui avait glissé des mains et j'écoutais distraitement le récit trop connu; je n'avais d'yeux que pour Anne-Marie, cette jeune fille de tous mes matins; je n'avais d'oreilles que pour sa voix troublée par la servitude; je me plaisais à ses phrases inachevées, à ses mots toujours en retard, à sa brusque assurance, vivement défaite et qui se tournait en déroute pour disparaître dans un effilochement mélodieux et se recomposer après un silence. L'histoire, ça venait pardessus le marché: c'était le lien de ses soliloques. Tout le temps qu'elle parlait nous étions seuls et clandestins, loin des hommes, des dieux et des prêtres, deux biches au bois, avec ces autres biches, les Fées; je n'arrivais pas à croire qu'on eût composé tout un livre pour y faire figurer cet épisode de notre vie profane qui sentait le savon et l'eau de Cologne.

Читать дальше
Тёмная тема

Шрифт:

Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Les Mots»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Les Mots» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё не прочитанные произведения.


Théophile Gautier: Mademoiselle De Maupin
Mademoiselle De Maupin
Théophile Gautier
libcat.ru: книга без обложки
libcat.ru: книга без обложки
Jean Echenoz
Jean-Paul Sartre: La Náusea
La Náusea
Jean-Paul Sartre
Jean-Paul Sartre: No Exit
No Exit
Jean-Paul Sartre
Отзывы о книге «Les Mots»

Обсуждение, отзывы о книге «Les Mots» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.