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Jean-Paul Sartre: Les Mots

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Jean-Paul Sartre Les Mots

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Commander, obéir, c'est tout un. Le plus autoritaire commande au nom d'un autre, d'un parasite sacré – son père -, transmet les abstraites violences qu'il subit. De ma vie je n'ai donné d'ordre sans rire, sans faire rire; c'est que je ne suis pas rongé par le chancre du pouvoir: on ne m'a pas appris l'obéissance.

A qui obéirais-je? On me montre une jeune géante, on me dit que c'est ma mère. De moi-même, je la prendrais plutôt pour une sœur aînée. Cette vierge en résidence surveillée, soumise à tous, je vois bien qu'elle est là pour me servir. Je l'aime: mais comment la respecterais-je, si personne ne la respecte? Il y a trois chambres dans notre maison: celle de mon grand-père, celle de ma grand-mère, celle des «enfants». Les «enfants», c'est nous: pareillement mineurs et pareillement entretenus. Mais tous les égards sont pour moi. Dans ma chambre, on a mis un lit de jeune fille. La jeune fille dort seule et s'éveille chastement; je dors encore quand elle court prendre son «tub» à la salle de bains; elle revient entièrement vêtue: comment serais-je né d'elle? Elle me raconte ses malheurs et je l'écoute avec compassion: plus tard je l'épouserai pour la protéger. Je le lui promets: j'étendrai ma main sur elle, je mettrai ma jeune importance à son service. Pense-t-on que je vais lui obéir? J'ai la bonté de céder à ses prières. Elle ne me donne pas d'ordres d'ailleurs: elle esquisse en mots légers un avenir qu'elle me loue de bien vouloir réaliser: «Mon petit chéri sera bien mignon, bien raisonnable, il va se laisser mettre des gouttes dans le nez bien gentiment.» Je me laisse prendre au piège de ces prophéties douillettes.

Restait le patriarche: il ressemblait tant à Dieu le Père qu'on le prenait souvent pour lui. Un jour, il entra dans une église par la sacristie; le curé menaçait les tièdes des foudres célestes: «Dieu est là! Il vous voit!» Tout à coup les fidèles découvrirent, sous la chaire, un grand vieillard barbu qui les regardait: ils s'enfuirent. D'autres fois, mon grand-père disait qu'ils s'étaient jetés à ses genoux. Il prit goût aux apparitions. Au mois de septembre 1914, il se manifesta dans un cinéma d'Arcachon: nous étions au balcon, ma mère et moi, quand il réclama la lumière; d'autres messieurs faisaient autour de lui les anges et criaient: «Victoire! Victoire!» Dieu monta sur la scène et lut le communiqué de la Marne. Du temps que sa barbe était noire, il avait été Jéhovah et je soupçonne qu'Émile est mort de lui, indirectement. Ce Dieu de colère se gorgeait du sang de ses fils. Mais j'apparaissais au terme de sa longue vie, sa barbe avait blanchi, le tabac l'avait jaunie et la paternité ne l'amusait plus. M'eût-il engendré, cependant, je crois bien qu'il n'eût pu s'empêcher de m'asservir: par habitude. Ma chance fut d'appartenir à un mort: un mort avait versé les quelques gouttes de sperme qui font le prix ordinaire d'un enfant; j'étais un fief du soleil, mon grand-père pouvait jouir de moi sans me posséder: je fus sa «merveille» parce qu'il souhaitait finir ses jours en vieillard émerveillé; il prit le parti de me considérer comme une faveur singulière du destin, comme un don gratuit et toujours révocable; qu'eût-il exigé de moi? Je le comblais par ma seule présence. Il fut le Dieu d'Amour avec la barbe du Père et le Sacré-Cœur du Fils; il me faisait l'imposition des mains, je sentais sur mon crâne la chaleur de sa paume, il m'appelait son tout-petit d'une voix qui chevrotait de tendresse, les larmes embuaient ses yeux froids. Tout le monde se récriait: «Ce garnement l'a rendu fou!» Il m'adorait, c'était manifeste. M'aimait-il? Dans une passion si publique, j'ai peine à distinguer la sincérité de l'artifice: je ne crois pas qu'il ait témoigné beaucoup d'affection à ses autres petits-fils; il est vrai qu'il ne les voyait guère et qu'ils n'avaient aucun besoin de lui. Moi, je dépendais de lui pour tout: il adorait en moi sa générosité.

A la vérité, il forçait un peu sur le sublime: c'était un homme du xix esiècle qui se prenait, comme tant d'autres, comme Victor Hugo lui-même, pour Victor Hugo. Je tiens ce bel homme à barbe de fleuve, toujours entre deux coups de théâtre, comme l'alcoolique entre deux vins, pour la victime de deux techniques récemment découvertes: l'art du photographe et l'art d'être grand-père. Il avait la chance et le malheur d'être photogénique; ses photos remplissaient la maison: comme on ne pratiquait pas l'instantané, il y avait gagné le goût des poses et des tableaux vivants; tout lui était prétexte à suspendre ses gestes, à se figer dans une belle attitude, à se pétrifier; il raffolait de ces courts instants d'éternité où il devenait sa propre statue. Je n'ai gardé de lui – en raison de son goût pour les tableaux vivants – que des images raides de lanterne magique: un sous-bois, je suis assis sur un tronc d'arbre, j'ai cinq ans: Charles Schweitzer porte un panama, un costume de flanelle crème à rayures noires, un gilet de piqué blanc, barré par une chaîne de montre; son pince-nez pend au bout d'un cordon; il s'incline sur moi, lève un doigt bagué d'or, parle. Tout est sombre, tout est humide, sauf sa barbe solaire: il porte son auréole autour du menton. Je ne sais ce qu'il dit: j'étais trop soucieux d'écouter pour entendre. Je suppose que ce vieux républicain d'Empire m'apprenait mes devoirs civiques et me racontait l'histoire bourgeoise; il y avait eu des rois, des empereurs, ils étaient très méchants; on les avait chassés, tout allait pour le mieux. Le soir, quand nous allions l'attendre sur la route, nous le reconnaissions bientôt, dans la foule des voyageurs qui sortaient du funiculaire, à sa haute taille, à sa démarche de maître de menuet. Du plus loin qu'il nous voyait, il se «plaçait», pour obéir aux injonctions d'un photographe invisible: la barbe au vent, le corps droit, les pieds en équerre, la poitrine bombée, les bras largement ouverts. A ce signal je m'immobilisais, je me penchais en avant, j'étais le coureur qui prend le départ, le petit oiseau qui va sortir de l'appareil; nous restions quelques instants face à face, un joli groupe de Saxe, puis je m'élançais, chargé de fruits et de fleurs, du bonheur de mon grand-père, j'allais buter contre ses genoux avec un essoufflement feint, il m'enlevait de terre, me portait aux nues, à bout de bras, me rabattait sur son cœur en murmurant: «Mon trésor!» C'était la deuxième figure, très remarquée des passants. Nous jouions une ample comédie aux cent sketches divers: le flirt, les malentendus vite dissipés, les taquineries débonnaires et les gronderies gentilles, le dépit amoureux, les cachotteries tendres et la passion; nous imaginions des traverses à notre amour pour nous donner la joie de les écarter: j'étais impérieux parfois mais les caprices ne pouvaient masquer ma sensibilité exquise; il montrait la vanité sublime et candide qui convient aux grands-pères, l'aveuglement, les coupables faiblesses que recommande Hugo. Si l'on m'eût mis au pain sec, il m'eût porté des confitures; mais les deux femmes terrorisées se gardaient bien de m'y mettre. Et puis j'étais un enfant sage: je trouvais mon rôle si seyant que je n'en sortais pas. En vérité, la prompte retraite de mon père m'avait gratifié d'un «Œdipe» fort incomplet: pas de Sur-moi, d'accord, mais point d'agressivité non plus. Ma mère était à moi, personne ne m'en contestait la tranquille possession: j'ignorais la violence et la haine, on m'épargna ce dur apprentissage, la jalousie; faute de m'être heurté à ses angles, je ne connus d'abord la réalité que par sa rieuse inconsistance. Contre qui, contre quoi me serais-je révolté: jamais le caprice d'un autre ne s'était prétendu ma loi.

Je permets gentiment qu'on me mette mes souliers, des gouttes dans le nez, qu'on me brosse et qu'on me lave, qu'on m'habille et qu'on me déshabille, qu'on me bichonne et qu'on me bouchonne; je ne connais rien de plus amusant que de jouer à être sage. Je ne pleure jamais, je ne ris guère, je ne fais pas de bruit; à quatre ans, l'on m'a pris à saler la confiture: par amour de la science, je suppose, plus que par malignité; en tout cas, c'est le seul forfait dont j'aie gardé mémoire. Le dimanche, ces dames vont parfois à la messe, pour entendre de bonne musique, un organiste en renom; ni l'une ni l'autre ne pratiquent mais la foi des autres les dispose à l'extase musicale; elles croient en Dieu le temps de goûter une toccata. Ces moments de haute spiritualité font mes délices: tout le monde a l'air de dormir, c'est le cas de montrer ce que je sais faire: à genoux sur le prie-Dieu, je me change en statue; il ne faut pas même remuer l'orteil; je regarde droit devant moi, sans ciller, jusqu'à ce que les larmes roulent sur mes joues; naturellement, je livre un combat de titan contre les fourmis, mais je suis sûr de vaincre, si conscient de ma force que je n'hésite pas à susciter en moi les tentations les plus criminelles pour me donner le plaisir de les repousser: si je me levais en criant «Badaboum!»? Si je grimpais à la colonne pour faire pipi dans le bénitier? Ces terribles évocations donneront plus de prix, tout à l'heure, aux félicitations de ma mère. Mais je me mens; je feins d'être en péril pour accroître ma gloire: pas un instant les tentations ne furent vertigineuses; je crains bien trop le scandale; si je veux étonner, c'est par mes vertus. Ces faciles victoires me persuadent que je possède un bon naturel; je n'ai qu'à m'y laisser aller pour qu'on m'accable de louanges. Les mauvais désirs et les mauvaises pensées, quand il y en a, viennent du dehors; à peine en moi, elles languissent et s'étiolent: je suis un mauvais terrain pour le mal. Vertueux par comédie, jamais je ne m'efforce ni ne me contrains: j'invente. J'ai la liberté princière de l'acteur qui tient son public en haleine et raffine sur son rôle. On m'adore, donc je suis adorable. Quoi de plus simple, puisque le monde est bien fait? On me dit que je suis beau et je le crois. Depuis quelque temps, je porte sur l'œil droit la taie qui me rendra borgne et louche mais rien n'y paraît encore. On tire de moi cent photos que ma mère retouche avec des crayons de couleur. Sur l'une d'elles, qui est restée, je suis rose et blond, avec des boucles, j'ai la joue ronde et, dans le regard, une déférence affable pour l'ordre établi; la bouche est gonflée par une hypocrite arrogance: je sais ce que je vaux.

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