Louis Du Bois - Glossaire du patois normand

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BUTILLON: panier à tissu clair, et allongé en bouteille. V. Butiglionus dans Du Cange.

C

CABAGÉTIS: CABAJITIS: dépôt désordonné de vieux effets, de vieux cabas sans valeur, jetés dans un cabinet . En patois du Jura, cajabiti , cajibiti . De cage : cavea . A.

CABARET: avant-toit. A.

CABAS: vieux meuble grossier.

CABAS: tromperie. Employé en ce sens par Jean Joret.

CABASSER: tromper. Ancien français.

CABIET: chat.

CABIN: petit cabinet malpropre. A.

CABINE: ravin.

CABINET: petite armoire. A.

CABLER: fermer bruyamment une porte ou toute autre ouverture. En roman, cable signifiait un arbre ou une branche que le vent a cassée. On dit dans le patois du Bessin: «Cette porte ou fenêtre cable », c'est-à-dire est agitée bruyamment par le vent.

CABOCHE (s. f.): tête de vieux clou. De caput , tête.

CABOT: ancienne mesure contenant un demi-boisseau. Du grec καβος, mesure. Aux environs de St. – Lo, de Bayeux, etc., cabot signifie tas, monceau. Mettre le foin en cabots, c'est le réunir en petits monceaux.

CABOT; CHABOT: petit poisson de rivière à grosse tête. De caput .

CABOURE: mauvaise maison délabrée. B.

CABOUSSAT: soupe au babeure. O.

CABRE: bruit. A. Voyez CABLER.

CABREUX: conducteur de bestiaux. B.

CACAPHONIE: cacophonie.

CACHARD, DE: qui aime à dissimuler; paresseux, qui ne va qu'à force de coups. Bête cacharde.

CACHE: chasse. S. – I.

CACHE-PUCE (chasse-puce): menthe poivrée ( Mentha piperita ).

CACHER: chasser devant soi. En roman, cachier . Dans la Dance aux aveugles on emploie l'expression cacher pour chasser. L.

CACHEUX: celui qui cache ou chasse devant lui les bêtes à cornes aux marchés. L.

CACHOTTER: faire des cachotteries , faire un mystère de choses peu importantes.

CACHOTTIER, IÈRE: qui fait des cachotteries.

CACOUARD: frileux, souffreteux. B.

CACOUE (s. f.): roseau à balais ( Arundo phragmites ). B.

CADELER: soigner avec grande affection. En roman, cadeler , chadeler , signifient conduire; cadeau et cadel , jeune chien. Ainsi cadeler un enfant, c'est le traiter comme un petit chien chéri.

CAFOUIN: café faible et léger, mauvais café.

CAGÉE: plein une cage. Une cagée de volailles grasses.

CAGNARD: sorte de réchaud en fonte. L.

CAGNET: paille de sarrasin. O.

CAGNOLLE: nuque. La Muse Normande désigne sous ce nom la mort. En islandais, kenni signifie mâchoire.

CAGNON (de morue): chignon de la tête de ce poisson salé. Roman, comme cagnolle . Roquefort pense que ces mots viennent du latin catena , chaîne, «parce que la nuque ressemble à un chaînon.» L.

CAHUHAN: chat-huant.

CAIAMAN: grand coquillage spirivalve. Voyez CALIN. B.

CAIGNOT: petit enfant. De canis , chien. On dit, par mignardise, caignot pour mon petit chien, comme d'autres disent: mon petit chat, mon minet. A.

CAILLE: mêlé de blanc et de couleur foncée. Un bœuf caille, une vache caille; qui a le poil tacheté par masses de blanc et de fauve, ou de noir et de blanc. A Bayeux et dans la Manche, on dit cailli et caillé .

CAILLES; CAILLE-BOTTES: grumeaux de lait caillé.

CAILLOU: noyau d'un fruit tel que l'abricot, la cerise, etc. L.

CAIMAND, DE. Voyez QUÊMAND. Roman.

CAIN ou CAHIN (LA SEMAINE): la semaine-sainte. B.

CAINE: chaîne. Id., dans le patois Picard.

CAINGEON. Voyez CAIGNOT. A.

CAIGNOT: jeune chien.

CAIR: clair. A.

CARAILLER: ne boire que le bouillon de la soupe, que le cair (le clair) du potage. A.

CAIRÉE: curée. De caro , chair. A.

CALAMISTRER: ajuster, parer avec recherche. Dans la basse latinité, calamistrare .

CALARD, DE: paresseux, poltron. B.

CALEBOTTER (en parlant du lait): cailler. V. TRUTER. Ce verbe, en parlant des sauces, signifie se coaguler sur le feu en grumeaux, comme les caillebottes du lait caillé.

CALÉ: bien établi; solidement riche et remarquablement habillé. De cale .

CALÉE: grande quantité. Valognes.

CALEHEAU: caniveau. La lettre h s'aspire. L.

CALENGER: discuter un prix, stipuler dans un marché avant de conclure. En roman, disputer, quereller. Autrefois challengier , que M. Paulin Paris fait venir de calumniari , chicaner, et M. Pierquin de Gembloux de l'anglais to challenge , prétendre, réclamer, verbe qui plus vraisemblablement fut porté en Angleterre par les Normands 13 13 La conjecture de M. Louis Du Bois est confirmée par ce court article: «callenge, an accusation », p. 34 de l'ouvrage précieux et rare intitulé: A Dictionary of the norman or old french language… ; by Robert Kelham. London, 1779; in-8º. J. T. . Roquefort dit que le verbe calenger, en Normandie, signifie barguigner, et, avant M. Paris, il l'a dérivé de calumniari .

CALER: refuser un défi. C'est ce que l'on appelle (figurément aussi) saigner du nez.

CALESENIER: nonchalant, fainéant.

CALEUX: paresseux. R.

CALIBARAUD: entre deux vins, à demi-ivre. Evreux.

CALIBAUDÉE: feu de fagot ardent et clair.

CALIBORGNETTES: lunettes. Valognes.

CALIBORGNON: qui a la vue très-basse. L.

CALIBREDA (A): à califourchon. A.

CALIFOURQUETTE; CALIFOURCHETTE (A): à califourchon. L.

CALIMAÇON et CALIMACHON: colimaçon.

CALIN: petit coquillage spirivalve que l'on mange cuit. B.

CALIN et CALUN: suite d'éclairs sans tonnerre, qui illuminent l'horizon. De calor , chaleur. B.

CALINER (v. n.): éclairer. B.

CALINER: dorloter. L.

CALOBRE: sorte de robe, vêtement de drap grossier. De la basse latinité colobium , employé par Orderic Vital, t. I, p. 233. En roman, calobe : vêtement long sans manches. Le substantif roman caltre signifie draperie.

CALORET: petit bonnet de mauvais goût. De calotte. A.

CALORGNE: louche.

CALOT: petit trésor, magot.

CALOT: morceau de bois, provenant de débris des arbres employés à faire des sabots. Calots : gros copeaux. Bale ou son du sarrasin.

CALOT: sorte de bonnet d'enfant. De calotte .

CALOTIN: terme de mépris, en parlant d'un prêtre qui n'a de recommandable que sa calotte

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1

Jérôme-Frédéric Perrette-Lamarche, capitaine de vaisseau, ancien major de la marine à Cherbourg, né à la Meauffe le 20 juillet 1779, mort à St. – Lo le 26 décembre 1847, s'était occupé, dans les dernières années de sa vie, d'un Dictionnaire du vieux langage ou patois des habitants des campagnes des arrondissements de Cherbourg, Valognes et St. – Lo . Deux Extraits , chacun de 185 à 190 articles, en ont paru: l'un dans les Mémoires de la Société académique de Cherbourg (1843); l'autre dans les Notices, mémoires et documents publiés par la Société d'agriculture, d'archéologie et d'histoire naturelle du département de la Manche , Ire partie du Ier vol. (1851). Il est probable qu'il y aurait beaucoup à glaner dans le grand Dictionnaire manuscrit de feu Lamarche. Ce manuscrit appartient à son neveu, M. Lemennicier, homme d'un mérite égal à sa modestie, très-capable de l'enrichir et de l'éditer, et dont nous attendons ce service dans l'intérêt du Patois Normand.

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