– Mon officier, où me menez-vous(офицер, куда вы меня ведете)?
C’était encore moi qui devais la conduire. Je la mis entre deux dragons, et je marchais derrière comme un brigadier doit faire en semblable rencontre. Nous nous mîmes en route pour la ville. D’abord la bohémienne avait gardé le silence; mais dans la rue du Serpent, – vous la connaissez, elle mérite bien son nom par les détours qu’elle fait, – dans la rue du Serpent, elle commence par laisser tomber sa mantille sur ses épaules, afin de me montrer son minois enjôleur, et, se tournant vers moi autant qu’elle pouvait, elle me dit:
– Mon officier, où me menez-vous?
– À la prison, ma pauvre enfant(в тюрьму, мое бедное дитя) , lui répondis-je le plus doucement que je pus(ответил я ей, как можно более ласково; doucement – тихо; мягко, ласково ) , comme un bon soldat doit parler à un prisonnier, surtout à une femme(как хороший солдат и должен разговаривать с узником, особенно с женщиной).
– Hélas! que deviendrai-je(ах, что со мной станет; devenir ) ? Seigneur officier, ayez pitié de moi(сеньор офицер, имейте жалость ко мне = сжальтесь надо мной; pitié, f ) . Vous êtes si jeune, si gentil(вы такой молодой, такой добрый; gentil, m – милый; добрый ) … Puis, d’un ton plus bas(затем, понизив голос: «тоном ниже») : Laissez-moi m’échapper, dit-elle(дайте мне сбежать, – сказала она) , je vous donnerai un morceau de la bar lachi (я дам вам кусочек «бар лачи») , qui vous fera aimer de toutes les femmes(и все женщины будут любить вас: «который сделает вас любимым всеми женщинами»).
– À la prison, ma pauvre enfant, lui répondis-je le plus doucement que je pus, comme un bon soldat doit parler à un prisonnier, surtout à une femme.
– Hélas! que deviendrai-je? Seigneur officier, ayez pitié de moi. Vous êtes si jeune, si gentil… Puis, d’un ton plus bas: Laissez-moi m’échapper, dit-elle, je vous donnerai un morceau de la bar lachi , qui vous fera aimer de toutes les femmes.
La bar lachi , monsieur, c’est la pierre d’aimant(«бар лачи», сеньор, это магнитная руда; pierre, f – камень; aimant, m – магнит ) , avec laquelle les bohémiens prétendent qu’on fait quantité de sortilèges(при помощи которого, как утверждают цыгане, можно совершать разные колдовства; quantité, f – количество; масса; sortilège, m ) quand on sait s’en servir(если уметь им пользоваться) . Faites-en boire à une femme une pincée râpée dans un verre de vin blanc(дайте выпить женщине щепотку в стакане белого вина; râper – тереть на терке ) , elle ne résiste plus(она не сможет устоять: «она больше не будет сопротивляться»).
Moi, je lui répondis le plus sérieusement que je pus(я ответил ей насколько можно серьезнее: «наиболее серьезно, как смог») :
– Nous ne sommes pas ici pour dire des balivernes(мы здесь не для того, чтобы говорить вздор; baliverne, f ) ; il faut aller à la prison, c’est la consigne(нужно идти в тюрьму, это приказ; consigne, f – инструкция; приказание ) , et il n’y a pas de remède(и тут ничем помочь нельзя: «и нет средств»; remède, m – лекарство; средство ).
La bar lachi , monsieur, c’est la pierre d’aimant, avec laquelle les bohémiens prétendent qu’on fait quantité de sortilèges quand on sait s’en servir. Faites-en boire à une femme une pincée râpée dans un verre de vin blanc, elle ne résiste plus.
Moi, je lui répondis le plus sérieusement que je pus:
– Nous ne sommes pas ici pour dire des balivernes; il faut aller à la prison, c’est la consigne, et il n’y a pas de remède.
Nous autres gens du pays basque(у нас, людей из страны басков) , nous avons un accent qui nous fait reconnaître facilement des Espagnols(у нас имеется акцент, который легко узнается испанцами) ; en revanche il n’y en a pas un qui puisse seulement apprendre à dire baï, jaona 12(зато из них нет ни одного, кто бы мог научиться говорить хотя бы baï, jaona ) . Carmen donc n’eut pas de peine à deviner que je venais des provinces(поэтому Кармен было нетрудно догадаться, что я был родом из Провинций; peine, f – наказание; труд; трудность ) . Vous saurez que les bohémiens, monsieur, comme n’étant d’aucun pays, voyageant toujours(вы, вероятно, знаете, сеньор, что цыгане, не принадлежа ни к какой стране, все время путешествуют = кочуют) , parlent toutes les langues(говорят на всех языках) , et la plupart sont chez eux en Portugal, en France, dans les provinces, en Catalogne, partout(и большинство их /чувствует себя/ дома и в Португалии, и во Франции, и в Провинциях, и в Каталонии, повсюду) ; même avec les Maures et les Anglais, ils se font entendre(они умеют объясниться даже с маврами и с англичанами; se faire entendre – добиться понимания, найти общий язык с кем-либо; хорошо объясняться ) . Carmen savait assez bien le basque(Кармен знала достаточно хорошо баскский язык).
Nous autres gens du pays basque, nous avons un accent qui nous fait reconnaître facilement des Espagnols; en revanche il n’y en a pas un qui puisse seulement apprendre à dire baï, jaona . Carmen donc n’eut pas de peine à deviner que je venais des provinces. Vous saurez que les bohémiens, monsieur, comme n’étant d’aucun pays, voyageant toujours, parlent toutes les langues, et la plupart sont chez eux en Portugal, en France, dans les provinces, en Catalogne, partout; même avec les Maures et les Anglais, ils se font entendre. Carmen savait assez bien le basque.
– Laguna, ene biholsarena , camarade de mon cœur, me dit-elle tout à coup( Laguna, ene biholsarena, друг сердечный, сказала она мне вдруг; camarade, m – товарищ; друг ) , êtes-vous du pays(вы из страны = мы земляки)?
Notre langue, monsieur, est si belle(наш язык, сеньор, такой красивый) , que, lorsque nous l’entendons en pays étranger(что, когда мы его слышим в чужом краю) , cela nous fait tressaillir(нас охватывает трепет: «это нас заставляет вздрогнуть»; tressaillir – вздрагивать, содрагаться ) … Je voudrais avoir un confesseur des provinces, ajouta plus bas le bandit(я бы хотел иметь духовника из Провинций, добавил, понижая голос: «потише», бандит).
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