Je ne lui ai toujours pas dit que j’ai vu Damon dans le cimetière. Je lui raconterai ça demain. Il va être fou surtout quand il saura tout ce que Damon m’a balancé.
Bon, j’arrête pour aujourd’hui. Je suis crevée. Cette fois, ce journal sera bien caché…
Après avoir relu sa dernière phrase, Elena ajouta :
P.S. : Je me demande qui sera notre prochain prof d’histoire.
Elle glissa le journal sous son matelas et éteignit la lumière.
Depuis le matin, le vide se faisait autour d’Elena. D’habitude, où qu’elle aille, tout le monde s’empressait de lui dire bonjour. Aujourd’hui, rien. Les regards se détournaient à son approche, les élèves faisant mine de se plonger dans des occupations qui les obligeaient, comme par hasard, à lui tourner le dos.
Elle s’arrêta sur le seuil de la salle d’histoire. Plusieurs lycéens étaient déjà installés à leur place, et un inconnu se trouvait au tableau. Avec ses cheveux blonds mi-longs et son allure sportive, il ressemblait à un type de leur âge.
— Après avoir inscrit son nom à la craie — Alaric Saltzman — il se retourna en lui adressant un sourire.
Au moment où elle s’asseyait, Stefan entra, précéda d’un petit groupe. Il s’installa à ses côtés sans un bruit. D’ailleurs, un silence inhabituel régnait dans la classe.
Bonnie prit place non loin d’elle. Quelques sièges plus loin. Matt gardait les yeux fixés droit devant lui.
Caroline et Tyler arrivèrent les derniers. Son ex-meilleure amie affichait une mine réjouie. Qu’est-ce qu’elle mijotait encore celle-là ? Son sourire rusé et la lueur sournoise dans ses yeux ne lui disaient rien qui vaille. Quant à cet abruti de Tyler, il avait l’air très fier de lui. Ses coquards ne se voyaient presque plus. Dommage !
— Pour commencer, on va mettre les tables en cercle.
L’attention d’Elena se reporta sur le nouveau professeur.
— De cette façon, celui qui prendra la parole s’adressera à tout le monde, expliqua-t-il sans se départir de son expression joyeuse.
Les élèves s’exécutèrent sans enthousiasme, et le remplaçant de M. Tanner s’installa au milieu du cercle, à califourchon sur sa chaise.
— Parfait ! Mon nom est écrit au tableau : Alaric Saltzman. Mais vous pouvez m’appeler Alaric. Avant de me présenter, j’aimerais que vous vous exprimiez, le sais que vous traversez un moment difficile : un de vos enseignants est décédé, et c’est douloureux pour tout le monde. Je veux vous donner l’occasion d’extérioriser cette souffrance. Ensuite, nous pourrons travailler ensemble dans la sérénité, et bâtir entre nous une relation de confiance. Qui veut commencer ?
On aurait entendu une mouche voler.
— Voyons… si nous commencions par toi ? proposa-t-il avec un sourire encourageant à une blonde au premier rang.
— Donne-moi ton nom et tes impressions sur ce qui c’est passé.
La jeune fille se tortilla sur sa chaise puis se leva.
— Je m’appelle Sue Carton et… euh… Elle respira un bon coup… et j’ai peur parce que l’assassin court toujours. La prochaine fois, ça sera peut-être mon tour… Elle se rassit précipitamment.
Merci, Sue, Je suis sûr que beaucoup de tes camarades partagent tes craintes. J’ai cru comprendre que certains d’entre vous se trouvaient là au moment du draine c’est bien ça ?
Les élèves étaient visiblement très mal à l’aise. Seul Tyler semblait content d’aborder le sujet. Il se leva avec assurance, dévoilant ses dents blanches dans un grand sourire.
— La plupart d’entre nous étaient là, corrigea-t-il.
Il glissa un regard en coin vers Stefan, et plusieurs autres en firent autant.
— Je suis arrivé après que Bonnie a découvert le corps, poursuivit Tyler. C’est dramatique ! Un psychopathe se balade dans les rues sans que personne ne fasse rien pour l’arrêter !
Il se rassit.
— D’accord, merci. Donc, pas mal d’entre vous se trouvaient là. Cela rend le problème encore plus délicat. Peut-on avoir le témoignage de l’élève qui a découvert le corps ?
Bonnie leva une main hésitante.
— C’est moi qui l’ai trouvé, murmura-t-elle. Enfin plus exactement, je me suis aperçu que M Tanner ne faisait pas semblant d’être mort.
— Pus semblant ? répéta Alaric Saltzman, stupéfait, C’était donc une habitude pour lui de faire le mort ?
Il y eut quelques rires étouffés ce qui sembla plaire au professeur, qui sourit de plus belle. Elena jeta un œil à Stefan : il arborait sa mine des mauvais jours.
— Non, non, répondit Bon rue d’un air grave. Il jouait un sacrifié dans la Maison Hantée et il était donc couvert de faux sang, C’est moi qui ai insisté pour qu’il s’en asperge… Mais comme il ne voulait pas en entendre parler, Stefan s’est disputé avec lui… Enfin, bref, nous avons réussi a le convaincre et le spectacle a pu commencer. Il devait se relever pour effrayer les visiteurs, mais, comme il ne bougeait pus, je suis allée voir ce qui se passait, là, j’ai constaté qu’il fixait le plafond sans répondre à mes questions. Je l’ai touché et alors il… C’était affreux,… Sa tête a basculé…
La voix de Bonnie se brisa dans un sanglot. Elena s’était levée, aussitôt imitée par Stefan, Matt, et quelques autres, tout aussi écœurés par les méthodes de Saltzman. Elle posa une main sur l’épaule de son amie dans un geste de réconfort.
— Ça va aller, Bonnie, ne t’en fais pas.
— J’avais du sang plein les mains. Il y en avait partout…
— O.K., on va s’arrêter là, intervint Alaric. Je suis désolé, je ne voulais pas te bouleverser à ce point. Il faudrait peut-être que tu vois un psychologue pour t’aider à surmonter ce traumatisme…
Tandis que Bonnie reniflait, le jeune professeur se mit à arpenter le plancher avec nervosité.
— J’ai une idée ! S’exclama-t-il soudain en retrouvant son grand sourire. Pour prendre un nouveau départ, il faut créer une atmosphère plus détendue. Que diriez-vous de venir ce soir chez moi pour une discussion entre amis ? Ainsi, nous apprendrions à nous connaître, et ceux qui le souhaitent pourront parler de ce qui est arrivé. Vous pouvez amener un ami si vous voulez…
— Qu’en pensez-vous ?
Un silence consterné lui répondit.
— Chez vous ? S’étonna quelqu’un.
— Oui… enfin chez les Ramsey. Ils habitent Magnolia Avenue, dit-il en écrivant l’adresse au tableau. Ils me prêtent leur maison en leur absence. Je viens de Chariottesville. Votre proviseur m’a appelé vendredi pour ce remplacement. J’ai saisi cette chance : c’est mon premier vrai poste d’enseignant.
— Tout s’explique… murmura Elena entre ses dents.
— Tu crois ? lui glissa Stefan d’un air ironique.
— Alors, ça vous dit ? demanda Saltzman à la ronde.
Personne n’eut le courage de protester.
— Parfait ! Alors, je m’occupe des boissons. Ah oui j’oubliais… Dans mon cours, la participation compte pour la moitié dans la moyenne, annonça-t-il joyeusement, Voilà, vous pouvez y aller.
— Quel plaie, ce mec ! Marmonna quelqu’un.
Comme Bonnie se dirigeait vers la porte, elle fut rappelée par le professeur.
— Attendez une minute ! Que tous ceux qui se sont exprimés restent ici.
— Je vais voir si l’entraînement de foot a toujours lieu, déclara Stefan à Elena dans le couloir.
— Tu es sûr d’avoir repris assez de forces pour jouer ?demanda Elena, inquiète.
— Ça devrait aller, répondit-il en dépit de ses traits tirés et de sa démarche hésitante. On se retrouve tout à l’heure, d’accord ?
Elena approuva. Quand elle parvint à son casier, elle trouva Caroline en grande conversation avec deux autres filles. Elle sentit leurs regards peser sur elle tandis qu’elle rangeait ses livres. Lorsqu’elle releva la tête, Caroline continuait à la fixer effrontément. Elle se pencha même vers ses camarades pour leur chuchoter quelques mots à l’oreille.
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