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Isaac Asimov: Terre et Fondation

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Isaac Asimov Terre et Fondation

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Mission surhumaine pour Golan Trevize : choisir le meilleur avenir pour l’humanité.Un avenir qui ne recréera pas les erreursde l’Empire galactique,entre le matérialisme de la Première Fondationet le mentalisme de la Seconde. Un avenir qui a pour modèle Gaïa, la planète pensante, et pour nom : Galaxia. Trevize a choisi mais il voudrait savoir pourquoi. Et la réponse à ses interrogations se trouve sur la Terre. Mais où la trouver, cette planète des origines, mystérieusement disparuede toutes les archives galactiques ? Trevize et ses deux compagnons, l’historien Pelorat et Joie, la belle Gaïenne, deviennent, bien malgré eux, trois personnagesen quête de Terre... Une quête qui va les mener de planète en planètejusqu’à ce but mythique, jusqu’à la révélation finale, qui leur fera découvrir que l’aventurene fait que commencer.

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— Oui.

— Et c’est le seul point ?

— Le seul point que j’aie détecté. Avez-vous survolé la totalité de la surface lunaire ?

— Une fraction respectable, en tout cas.

— Eh bien, dans cette fraction respectable, c’est tout ce que j’ai détecté. Le signal est plus fort à présent, comme s’il nous avait également détectés, et il ne semble pas dangereux. L’impression qu’il m’évoque est celle d’un sentiment de bienvenue.

— Vous êtes sûre ?

— C’est l’impression que j’ai.

— L’émetteur pourrait-il simuler ce sentiment ? demanda Pelorat.

— Je détecterais un simulateur, je puis vous en assurer », rétorqua la jeune femme avec un rien de hauteur.

Trevize marmonna quelque chose sur l’excès de confiance puis reprit : « Ce que vous détectez, c’est une intelligence, j’espère.

— Je détecte une intelligence puissante. Excepté… » Une note étrange avait altéré sa voix. « Excepté quoi ?

— Chut. Ne me troublez pas. Laissez-moi me concentrer. » Ce dernier mot avait été tout juste prononcé du bout des lèvres.

Et puis elle annonça, avec une légère surprise : « Le signal n’est pas humain.

— Pas humain », répéta Trevize, considérablement plus surpris. « Allons-nous encore retrouver des robots ? Comme sur Solaria ?

— Non. » Joie souriait. « Ce n’est pas non plus tout à fait robotique.

— Il faut bien que ce soit l’un ou l’autre.

— Ni l’un ni l’autre. » Elle laissa échapper un petit rire. « Ce n’est pas humain, et pourtant ça ne ressemble à aucun type de robots que j’aie déjà pu détecter.

— J’aimerais bien voir ça », dit Pelorat. Il hochait vigoureusement la tête, les yeux agrandis de plaisir. « Ce serait fascinant. Enfin, quelque chose de neuf !

— Oui, du neuf ! » marmotta Trevize, envahi d’une soudaine bouffée d’optimisme – et un éclair inattendu de perspicacité sembla d’un seul coup lui illuminer l’intérieur du crâne.

100.

Ils dégringolèrent vers la surface lunaire avec une sorte de jubilation. Même Fallom les avait rejoints à présent et, avec l’abandon de la jeunesse, s’étreignait à pleins bras dans son allégresse, comme si elle retournait vraiment sur Solaria.

Quant à Trevize, il sentait en lui un reste de lucidité lui dire qu’il était tout de même étrange que la Terre – ou ce qu’il pouvait en rester, émigré sur la Lune –, la Terre qui avait pris de telles mesures pour éloigner tous les autres, en prît à présent pour les attirer, eux. Le but pouvait-il être le même, dans l’un ou l’autre cas ? Était-ce un nouvel exemple du « Quand vous ne pouvez plus les éviter, alors attirez-les pour les détruire » ? Dans l’une et l’autre hypothèse, le secret de la Terre ne demeurerait-il pas intouché ?

Mais cette pensée se dissipa, noyée dans le flot d’allégresse qui s’accroissait à mesure qu’ils approchaient de la surface lunaire. Et pourtant, au-dessus et au-delà de tout cela, il parvint à se raccrocher à l’instant d’illumination qui l’avait touché juste avant qu’ils n’entament leur plongeon vers la surface du satellite de la Terre.

Il semblait n’avoir aucun doute sur la destination du vaisseau. Ils rasaient à présent le sommet des collines et Trevize, derrière l’ordinateur, n’éprouvait pas le moindre besoin d’agir. C’était comme si lui et sa machine, ensemble, étaient guidés, et il éprouvait une énorme euphorie à se voir déchargé du poids de la responsabilité.

Ils glissaient parallèlement au sol, en direction d’une haute falaise qui se dressait, menaçante comme une barrière, droit devant eux ; une barrière qui luisait vaguement au clair de Terre et dans le faisceau des projecteurs du Far Star . L’imminence d’une collision certaine ne semblait pas troubler outre mesure Trevize, et ce fut sans la moindre espèce de surprise qu’il se rendit compte qu’une section de la falaise, juste dans leur trajectoire, venait de s’abattre pour révéler un corridor, brillamment éclairé, qui s’ouvrait droit devant eux.

Le vaisseau ralentit au pas, apparemment de son propre chef, et s’introduisit impeccablement dans l’ouverture… il entra… glissa à l’intérieur… L’ouverture se referma derrière lui tandis qu’une autre porte s’ouvrait devant. Le vaisseau la franchit pour pénétrer dans une salle gigantesque qui semblait avoir été creusée à l’intérieur d’une montagne.

Le vaisseau s’immobilisa et tous à bord se ruèrent vers le sas. Pas un, même pas Trevize, ne s’avisa de vérifier si l’atmosphère extérieure était respirable – et si même il y avait une atmosphère.

Il y avait bel et bien de l’air, toutefois. Un air respirable et agréable. Ils regardèrent autour d’eux, avec cette mine satisfaite des gens qui sont finalement parvenus à retrouver leurs pénates, et ce n’est qu’après un moment qu’ils prirent conscience de la présence d’un homme qui attendait poliment qu’ils approchent.

Il était de haute taille, et son expression était grave. Il avait les cheveux couleur bronze et taillés court. Les pommettes étaient larges, l’œil brillant, et le costume rappelait assez le style qu’on voyait dans les livres d’histoire antique. Malgré son air robuste et vigoureux, il émanait de lui comme une lassitude – quelque chose qui ne reposait sur rien de visible, ou plutôt qui ne faisait appel à aucun sens connu.

Fallom avait été la première à réagir. Avec un cri perçant, elle courut vers l’homme, agitant les bras et bramant : « Jemby ! Jemby ! » à perdre haleine.

A aucun moment elle ne ralentit sa course, et lorsqu’elle fut assez près de lui, l’homme se pencha pour relever haut dans les airs. Elle lui jeta les bras autour du cou, en sanglots, hoquetant toujours : « Jemby ! »

Les autres approchèrent plus sobrement et Trevize lança, d’une voix lente et claire (se pouvait-il que l’homme entendît le galactique ?) : « Nous vous présentons nos excuses, monsieur, cette enfant a perdu son protecteur et le recherche désespérément. Qu’elle en soit venue à vous confondre avec lui, voilà qui ne laisse pas de nous intriguer, vu qu’elle cherche un robot ; une créature mécan… »

L’homme prit pour la première fois la parole. Sur un ton plus pratique que musical, avec une touche d’archaïsme, mais il s’exprimait en galactique avec une parfaite aisance.

« Soyez les bienvenus en toute amitié », leur dit-il, et il semblait indiscutablement amical, même si son visage continuait à demeurer figé dans son expression grave. « Quant à l’enfant, poursuivit-il, elle montre peut-être une plus grande perspicacité que vous ne l’imaginez, car je suis bien un robot. Je m’appelle Daneel Olivaw. »

Chapitre 21

La quête s’achève

101.

Trevize se retrouva dans un état de totale incrédulité. Il s’était remis de l’étrange euphorie qu’il avait éprouvée juste après l’alunissage – une euphorie, soupçonnait-il à présent, imposée à sa personne par le soi-disant robot qui se tenait là, devant lui.

Trevize le fixait toujours et maintenant qu’il avait l’esprit parfaitement lucide et clair, il était éperdu d’étonnement. Il avait parlé, empli de surprise, discuté, toujours aussi surpris, tout juste compris ce qu’il pouvait dire ou entendre dans ses efforts pour trouver chez cet être qui avait toutes les apparences d’un homme, dans son aspect, son comportement, son élocution, quelque chose qui pût trahir le robot.

Pas étonnant, se dit Trevize, que Joie ait détecté quelque chose qui ne tenait ni de l’humain ni du robot mais qui était, selon les termes mêmes de Pelorat, « quelque chose de neuf ». C’était d’ailleurs aussi bien, jugeait-il, car l’événement avait détourné le cours de ses pensées vers des perspectives beaucoup plus positives, quoique pour l’heure ces préoccupations fussent reléguées à l’arrière-plan.

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