George Martin - Une danse avec les dragons

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Une danse avec les dragons: краткое содержание, описание и аннотация

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Daenerys a eu beau se plier à toutes les exigences du peuple de Meereen – épouser Hizdahr zo Loraq, rouvrir les arènes de combat, pactiser avec des mercenaires qui l’ont déjà trahie –, rien n’y fait : la paix précaire risque à tout moment de dégénérer en un siège sanglant. D’autant plus que la jument pâle, cette peste incurable, continue de faire des ravages aux portes de la ville. Yezzan zo Qaggaz, le maître de Tyrion, figure parmi les dernières victimes en date. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, le nain y voit une occasion unique de prendre la poudre d’escampette. Pendant ce temps, au Nord, les portes de Winterfell demeurent obstinément closes, tandis que la forteresse disparaît peu à peu sous un épais manteau de neige. Ses remparts servent-ils à protéger ses occupants de l’assaut de moins en moins probable des troupes de Stannis Baratheon ou à sceller leur tombeau ? Une danse avec les dragons clôt un chapitre important du Trône de Fer, la plus célèbre des sagas de fantasy, qui depuis 2011 et sans doute pour de nombreuses années à venir, séduit à la télévision un très large public. Son auteur, George R.R. Martin, s’y consacre aujourd’hui quasi exclusivement.

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Il se vante de coucher avec moi, tu veux dire . Mais Daario n’aurait pas été assez sot pour se vanter ainsi parmi ses ennemis. C’est sans importance. En ce moment, les Yunkaïis doivent rentrer chez eux . C’était pour cette raison qu’elle avait agi comme elle l’avait fait. Pour la paix.

Elle se retourna vers le chemin qu’elle avait parcouru, vers Peyredragon qui s’élevait au-dessus des plaines herbues comme un poing serré. Ça paraît si près. Je marche depuis des heures, et pourtant l’impression demeure que je pourrais tendre le bras et le toucher . Il n’était pas trop tard pour rebrousser chemin. Il y avait du poisson dans le bassin qu’alimentait la source, près de la caverne de Drogon. Elle en avait attrapé un le premier jour là-bas, elle pourrait en pêcher d’autres. Et il y aurait des restes, des os calcinés où s’accrochaient encore des lambeaux de viande, les reliquats des chasses du dragon.

Non , se dit Daenerys. Si je regarde en arrière, c’en est fait de moi . Elle pourrait vivre des années sur les rochers cuits au soleil de Peyredragon, chevauchant Drogon le jour et grignotant ses reliefs à chaque nuit tombante, tandis que le grand océan d’herbe virait de l’or à l’orange, mais ce n’était pas pour cette existence qu’elle était née. Aussi tourna-t-elle de nouveau le dos à la colline au loin et se boucha-t-elle les oreilles au chant d’essor et de liberté que susurrait le vent en jouant dans les crêtes rocailleuses de la colline. Le ruisseau courait vers le sud-sud-est, pour autant qu’elle pût en juger. Elle le suivit. Conduis-moi au fleuve, c’est tout ce que je te demande. Conduis-moi au fleuve et je ferai le reste .

Les heures s’écoulèrent lentement. Le ruisseau obliquait d’un côté et de l’autre, et Daenerys l’accompagnait, marquant une cadence sur sa jambe avec le fouet, en s’efforçant de ne pas songer au chemin qu’elle avait parcouru, ni aux battements sous son crâne, ni à son ventre creux. Fais un pas. Puis le suivant. Encore un pas. Et encore . Que pouvait-elle faire d’autre ?

Le calme régnait, sur sa mer. Quand soufflait le vent, l’herbe soupirait tandis que les tiges frottaient les unes contre les autres, chuchotant dans une langue que seuls comprenaient les dieux. De temps en temps, le petit cours d’eau gazouillait en contournant une pierre. La boue giclait entre les orteils de Daenerys. Des insectes bourdonnaient autour d’elle, des libellules indolentes, des guêpes vertes luisantes et des moustiques qui piquaient, presque trop petits pour être visibles. Elle les giflait distraitement quand ils se posaient sur ses bras. Une fois, elle surprit un rat qui buvait au ruisseau, mais il s’enfuit en la voyant paraître, détalant entre les tiges pour disparaître dans les hautes herbes. Parfois elle entendait des oiseaux chanter. Le son lui faisait gronder l’estomac, mais elle n’avait pas de rets pour les prendre, et jusqu’ici elle n’avait pas croisé de nids. Autrefois, je rêvais de voler , et maintenant que j’ai volé, je rêve de dérober des œufs . L’idée la fit rire. « Les hommes sont fous, et les dieux plus encore », expliqua-t-elle aux herbes, et les herbes susurrèrent leur assentiment.

Trois fois ce jour-là elle aperçut Drogon. La première, il était si loin qu’il aurait pu s’agir d’un aigle, disparaissant dans les nuages et en ressortant en planant, mais Daenerys connaissait désormais sa silhouette, même quand il n’était plus qu’une petite tache. La deuxième fois, il passa devant le soleil, ses noires ailes déployées, et le monde s’obscurcit. La dernière fois, il vola juste au-dessus d’elle, si près qu’elle entendait battre ses ailes. L’espace d’un demi-battement de cœur, Daenerys crut qu’il la traquait, mais il continua son vol sans lui prêter aucune attention, et disparut quelque part à l’est. C’est aussi bien , estima-t-elle.

Le soir la prit presque à l’improviste. Alors que le soleil dorait les lointaines aiguilles de Peyredragon, Daenerys tomba sur un petit mur de pierre brisé, couvert par la végétation. Peut-être avait-il appartenu à un temple, ou à la demeure du seigneur du village. D’autres ruines s’étendaient plus loin – un vieux puits, et certains cercles dans l’herbe qui marquaient l’emplacement où s’étaient dressées quelques masures. On les avait construites en torchis, jugea Daenerys, mais de longues années de vent et de pluie les avaient réduites à rien. Daenerys en trouva huit avant que le soleil ne se couchât, mais il aurait pu y en avoir davantage plus loin, dissimulées dans les herbes.

Le mur de pierre avait mieux survécu que le reste. Bien qu’il ne dépassât nulle part trois pieds de hauteur, l’angle où il rencontrait un autre muret de moindre hauteur offrait cependant un abri contre les éléments, et la nuit montait rapidement. Daenerys se blottit dans ce recoin, s’arrangeant une sorte de nid en arrachant des poignées de l’herbe qui croissait autour des ruines. Elle était très lasse, et de nouvelles ampoules étaient apparues sur ses deux pieds, y compris une paire assortie au petit doigt de chaque. Ça doit venir de ma façon de marcher , pensa-t-elle en pouffant.

Tandis que le monde s’obscurcissait, Daenerys se rencogna et ferma les yeux, mais le sommeil refusa de venir. La nuit était froide, le sol dur, son ventre vide. Elle se retrouva à songer à Meereen, à Daario, son amour, et à Hizdahr, son mari, à Irri et Jhiqui et à la douce Missandei, à ser Barristan, Reznak et Skahaz Crâne-ras. Craignent-ils que je sois morte ? Je me suis envolée sur le dos d’un dragon. Vont-ils croire qu’il m’a dévorée ? Elle se demanda si Hizdahr était toujours roi. Sa couronne lui venait d’elle, pourrait-il la conserver en son absence ? Il voulait tuer Drogon. Je l’ai entendu. « Tuez-le, a-t-il crié, tuez cet animal », et il avait au visage une expression avide . Et Belwas le Fort était à genoux, secoué de vomissements et de trépidations. Du poison. C’était forcément du poison. Les sauterelles au miel. Hizdahr m’a encouragée à en manger, mais Belwas a tout mangé . Elle avait fait d’Hizdahr son roi, l’avait mis dans son lit, avait rouvert pour lui les arènes, il n’avait aucune raison de souhaiter sa mort. Et cependant, qui cela pouvait-il être d’autre ? Reznak, son sénéchal parfumé ? Les Yunkaïis ? Les Fils de la Harpie ?

Au loin, un loup hurla. Ce son la rendit triste et solitaire, mais pas moins affamée. Tandis que la lune s’élevait au-dessus des plaines d’herbe, Daenerys sombra enfin dans un sommeil agité.

Elle rêva. Tous ses soucis se détachaient d’elle, et toutes ses douleurs aussi, et elle paraissait flotter vers le haut, dans le ciel. Elle volait encore une fois, tournoyant, riant, dansant, tandis que les étoiles cabriolaient autour d’elle et lui chuchotaient des secrets à l’oreille. « Pour aller au nord, tu dois voyager vers le sud. Pour atteindre l’ouest, tu dois aller à l’est. Pour avancer, tu dois rebrousser chemin. Pour toucher la lumière, tu dois passer sous l’ombre.

— Quaithe ? appela Daenerys. Où êtes-vous, Quaithe ? »

Puis elle vit. Son masque est fait de lumière d’étoiles .

« Rappelle-toi qui tu es, Daenerys, chuchotèrent les étoiles avec la voix d’une femme. Les dragons le savent. Et toi ? »

Le lendemain matin, elle s’éveilla courbaturée, percluse de douleurs et de crampes, avec des fourmis qui lui couraient sur les bras, les jambes et le visage. Quand elle comprit ce qu’elles étaient, elle écarta d’un coup de pied les tiges d’herbe brune qui lui avaient servi de couche et de couverture, et se remit debout tant bien que mal. Elle était couverte de piqûres, de petites bosses rouges qui démangeaient et cuisaient. D’où sortent toutes ces fourmis ? Pour se débarrasser d’elles, Daenerys frotta ses bras, ses jambes et son ventre. Elle laissa courir une paume sur le chaume de son crâne, à l’endroit où ses cheveux avaient brûlé, et elle sentit d’autres fourmis sur sa tête, et une qui lui descendait sur la nuque. Elle les gifla et les écrasa sous ses pieds nus. Il y en avait tellement…

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