Stephen King - Le Pistolero

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Le Pistolero: краткое содержание, описание и аннотация

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« L’homme en noir fuyait à travers le désert, et le Pistolero le suivait… » Ce Pistolero, c’est Roland de Gilead, dernier justicier et aventurier d’un monde qui a changé et dont il cherche à inverser la destruction programmée. Pour ce faire, il doit arracher au sorcier vêtu de noir les secrets qui le mèneront vers la Tour Sombre, à la croisée de tous les temps et de tous les lieux. Roland surmontera-t-il les pièges diaboliques de cette créature ? A-t-il conscience que son destin est inscrit dans trois cartes d'un jeu de tarot bien particulier ? Le Pistolero devra faire le pari de le découvrir, et d’affronter la folie et la mort. Car il sait depuis le commencement que les voies de la Tour Sombre sont impénétrables…
STEPHEN KING
fait partie de ces écrivains qu’il n’est plus besoin de présenter.
autant de romans — et souvent de films — mondialement célèbres. Mais rien ne compte plus à ses yeux que le cycle de
son Grand Œuvre, une saga-fleuve monumentale dont il entama l’écriture alors qu’il était encore étudiant, et qui connaît enfin sa conclusion aujourd’hui.

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L’un des garçons de cuisine se précipita, un soldat de la Garde sur les talons.

— Y a un type qui t’demande, Hax.

— D’accord, fit Hax avec un signe de tête à l’attention du visiteur. Les garçons, allez voir Maggie, elle vous donnera de la tarte. Et puis déguerpissez. Ne me faites pas d’ennuis.

Plus tard, ils devaient tous les deux se souvenir de ces paroles : Ne me faites pas d’ennuis.

Ils acquiescèrent et allèrent trouver Maggie, qui leur donna des parts énormes de tarte sur de grandes assiettes — mais avec précaution, comme s’ils étaient des chiens errants sur le point de la mordre.

— Allons manger ça sous la cage d’escalier, proposa Cuthbert.

— D’accord.

Ils s’assirent derrière une énorme colonnade en pierre poisseuse de vapeur, hors de vue de la cuisine, et engouffrèrent leur tarte avec les doigts. Ce n’est que plus tard qu’ils virent les ombres se dessiner sur la courbure du grand escalier. Roland attrapa Cuthbert par le bras.

— Viens, il y a quelqu’un.

Cuthbert, l’air surpris et le visage maculé de jus de baies, leva les yeux vers lui.

Mais les ombres s’immobilisèrent, toujours hors de leur vue. Il s’agissait d’Hax et du soldat de la Garde. Les garçons restèrent assis où ils étaient. Au moindre mouvement, ils risquaient d’être entendus.

— … l’Homme de Bien, disait le Garde.

— Farson ?

— Dans deux semaines, répondit le Garde. Peut-être trois. Il faut que tu viennes avec nous. Il y a une cargaison au dépôt…

Un fracas particulièrement violent de vaisselle et de casseroles et une salve de sifflets dirigés contre le malheureux marmiton qui les avait lâchées masqua une partie de la suite du dialogue. Puis les garçons entendirent la fin de la réponse du garde.

— … de la viande empoisonnée.

— Risqué.

— Demande-toi non pas ce que l’Homme de Bien peut faire pour toi…, commença le Garde.

— Mais ce que tu peux faire pour lui, soupira Hax. Soldat, ne pose pas de questions.

— Tu sais ce que ça implique, fit doucement le garde.

— Oui-là. Et je sais quelles sont mes responsabilités envers lui. Pas besoin de me faire la leçon. Je l’aime au moins autant que toi. Je le suivrais dans la mer, s’il me le demandait. Ça oui.

— Très bien. La viande sera marquée pour un stockage de courte durée dans tes chambres froides. Mais il te faudra faire vite. Il faut que tu comprennes bien ça.

— Il y a des enfants, à Taunton ? demanda le cuisinier.

Il ne s’agissait pas d’une véritable question.

— Des enfants, partout, dit le garde avec douceur. Ce sont les enfants qui nous importent… et qui lui importent à lui.

— De la viande empoisonnée. C’est là une drôle de façon de prouver son amour à des enfants.

Hax lâcha un profond soupir sifflant.

— Est-ce qu’ils vont se tordre de douleur en se tenant le ventre, et appeler leur maman en pleurant ? Je me doute que oui.

— Ce sera comme s’ils s’endormaient, dit le garde, mais d’un ton trop confiant et trop raisonnable.

— Bien sûr, fit Hax en riant.

— Tu l’as dit toi-même. Soldat, ne pose pas de questions. Tu aimes ça, voir des enfants sous la loi du fusil, alors qu’ils pourraient être dans ses mains à lui, prêts à construire un nouveau monde ?

Hax ne répondit pas.

— Je dois reprendre ma garde dans vingt minutes, annonça le garde d’une voix redevenue calme. Sers-moi un gigot de mouton, et puis je vais taquiner une de tes filles, pour la faire glousser. Quand je partirai…

— Mon mouton ne te donnera pas de crampes d’estomac, Robeson.

— Pourrais-tu…

Mais les ombres s’éloignèrent et les voix se perdirent.

J’aurais pu les tuer, pensa Roland, pétrifié et fasciné. J’aurais pu les tuer tous les deux avec ma lame, les égorger comme des porcs. Il regarda ses mains, souillées de sauce et de baies, et aussi de la crasse des exercices de la journée.

— Roland.

Il se tourna vers Cuthbert. Ils se regardèrent longuement dans la semi-pénombre odorante, et Roland sentit monter dans sa gorge un arrière-goût de désespoir brûlant. Ce qu’il ressentait pouvait s’apparenter à une forme de mort… aussi brutale et définitive que la mort de la colombe dans le ciel blanc, au-dessus du terrain de jeu. Hax ? se répéta-t-il, abasourdi. Ce même Hax qui m’avait posé un cataplasme à la jambe ? Puis son esprit se verrouilla en une seconde, coupant court à ses réflexions.

Et il ne voyait plus rien — même sur le visage plein d’humour et d’intelligence de Cuthbert — rien du tout. Les yeux de Cuthbert s’étaient éteints avec la condamnation de Hax. Dans les yeux de Cuthbert, les choses s’étaient déjà produites. Il leur avait donné à manger, ils étaient descendus et alors Hax avait entraîné ce garde nommé Robeson dans le mauvais coin pour leur petit tête-à-tête. Le ka avait fait irruption comme cela arrivait parfois, comme un énorme rocher qui dévale une pente. Point final.

Les yeux de Cuthbert étaient ceux d’un pistolero.

X

Le père de Roland venait juste de rentrer des hautes terres, et il paraissait déplacé, au milieu des tentures et des fanfreluches en mousseline du grand hall de réception dans lequel le jeune garçon n’avait été que récemment admis, comme signe de son état d’apprenti.

Steven Deschain était vêtu d’un jean noir et d’une chemise de travail bleue. Sa grande cape, poussiéreuse et zébrée de crasse, déchirée à la doublure dans un coin, était jetée négligemment sur l’épaule, sans aucune considération pour le contraste qu’elle et son propriétaire marquaient avec l’élégance de la pièce. Il était d’une maigreur désespérante et sa grosse moustache en guidon de vélo semblait alourdir encore son visage lorsqu’il le baissa vers son fils. Les pistolets lui ceignaient les hanches en un angle idéalement pensé pour ses mains, et les crosses en bois de santal paraissaient mornes et amorphes sous cette lumière d’intérieur languissante.

— Le chef cuisinier, dit son père doucement. Ça alors ! Les rails qu’on a fait sauter en tête de ligne, sur le plateau. Le bétail mort à Hendrickson. Et peut-être même… Ça alors ! Incroyable !

Il posa sur son fils un regard plus attentif.

— Tu es en proie à la tourmente.

— Une proie, comme pour le faucon, répondit Roland.

Il rit, non pas devant la légèreté de la situation, mais devant l’incongruité flagrante de cette image.

Son père sourit.

— Oui, fit Roland. J’imagine que je suis en proie à la tourmente.

— Cuthbert était avec toi, reprit son père. À l’heure qu’il est, il doit en avoir parlé à son père.

— Oui.

— Il vous a donné à manger à tous les deux quand Cort…

— Oui.

— Et Cuthbert, tu penses qu’il est en proie à la tourmente, lui aussi ?

— Je ne sais pas.

Il s’en moquait. Peu lui importaient les comparaisons entre ses sentiments et ceux des autres.

— Cela te tourmente car tu as l’impression d’avoir causé la mort d’un homme ?

Roland haussa malgré lui les épaules, peu satisfait de cette introspection forcée.

— Pourtant tu as parlé. Pourquoi ?

Les yeux du garçon s’écarquillèrent.

— Comment aurais-je pu faire autrement ? La trahison est…

Son père le fit taire d’un geste brusque de la main.

— Si tu l’as fait dans le souci bien bas de suivre ton manuel, dans ce cas tu as agi indignement. J’aimerais mieux voir tout Taunton empoisonné.

— Ce n’est pas ce que j’ai fait !

Les mots jaillissaient violemment de sa bouche.

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