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George Martin: L'Ombre maléfique

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George Martin L'Ombre maléfique
  • Название:
    L'Ombre maléfique
  • Автор:
  • Издательство:
    Pygmalion
  • Жанр:
  • Год:
    2000
  • Город:
    Paris
  • Язык:
    Французский
  • ISBN:
    2-85704-638-3
  • Рейтинг книги:
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L'Ombre maléfique: краткое содержание, описание и аннотация

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Haï de tous et constamment en butte aux intrigues de sa propre sœur, la reine régente Cersei, Tyrion le Lutin se démène de son mieux pour préserver Port-Réal et rallier à la cause de sa maison de grands seigneurs rétifs. Le nouveau roi du Nord, Robb Stark, menace les domaines Lannister et expédie sa mère auprès de Renly Baratheon, rival direct de son propre frère, Stannis. Obtiendra-t-elle l’union sacrée contre l’adversaire commun ? Que pèse la bonne volonté des hommes face aux rivalités des dieux ou des puissances occultes qui se déchaînent en leur nom ? Comment Winterfell lui-même ne serait-il pas submergé sous les vagues d’adeptes du dieu Noyé ? Que peut la Garde de Nuit face aux sauvageons, complices insidieux des Autres ? A l’évidence, l’hiver vient pour le royaume des Sept Couronnes. Maléfices, émeutes, guerre, confusion, haine, meurtres et démence, voilà ce que présageait, semble-t-il, sous des noms divers, la comète rouge : l’imminence d’un chaos sanglant. Fétu que l’individu – qu’il s’appelle Arya, Sansa, Bran, Tommen, Myrcella… – dans cette furia de mort. Fétu que l’enfance, et pourtant, quelle vitalité !

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Le sort m’entraîne au sud, et toujours plus au sud, songea-t-elle en sirotant l’âpre infusion, quand c’est au nord que je devrais aller, au nord, chez moi. La veille du départ, elle avait écrit à Rickon et Bran. Je ne vous oublie pas, mes chéris, vous devez le croire. Seulement, je suis encore plus nécessaire à votre frère.

« Nous devrions atteindre la Mander aujourd’hui, madame, déclara ser Wendel pendant que Shadd prélevait une louchée de bouillie. Lord Renly n’en serait pas loin, s’il faut en croire la rumeur. »

Et que lui dirai-je lors de la rencontre ? Que mon fils le tient pour un usurpateur ? Elle répugnait à cette entrevue. C’était d’amis, non d’ennemis supplémentaires, qu’ils avaient besoin, mais Robb ne plierait jamais le genou devant un homme auquel il déniait tout droit au trône.

A peine eût-elle pu dire quel goût avait la bouillie qu’elle découvrit son bol vide et le reposa. « Nous devrions être déjà en route. » Plus vite elle aurait parlé à Renly, plus vite elle reprendrait le chemin du retour. Elle fut la première en selle et dicta l’allure de la colonne. A ses côtés chevauchait Hal Mollen, brandissant la bannière au loup-garou gris sur champ de neige immaculé.

Ils se trouvaient encore à une demi-journée de marche du camp de Renly quand on les prit. Parti en éclaireur, Robin Flint revint au galop annoncer la présence d’un guetteur dans les combles d’un moulin à vent mais, le temps d’y parvenir, l’individu s’était éclipsé. Moins d’un mille au-delà, cependant, une vingtaine de patrouilleurs vêtus de maille et menés par un grison de chevalier barbu dont le surcot s’ornait de geais bleus fondit sur eux.

A la vue de la bannière Stark, ce dernier se détacha toutefois du groupe et s’avança au trot. « Ser Colen d’Etanverts, pour vous servir, madame, protesta-t-il. Ces parages sont dangereux…

— Affaire urgente, répliqua-t-elle. Robb Stark, roi du Nord, mon fils, m’envoie traiter avec Renly Baratheon, roi du Sud.

— Sa Majesté Renly est le suzerain consacré de l’ensemble des Sept Couronnes, madame, riposta-t-il, d’un ton relativement courtois néanmoins. Son armée campe aux abords de Pont-l’Amer. Ce sera pour moi un immense honneur que de vous escorter jusqu’à lui. » Sur un geste de sa main revêtue de maille, ses gens vinrent flanquer de part et d’autre Catelyn et ses compagnons. Escorte ou captivité ? se demanda-t-elle. Force lui était de toute façon de s’en remettre à la foi de ser Colen – et de lord Renly.

On était encore à une bonne heure du point où la route de la Rose franchissait la Mander quand se distinguèrent les fumées du camp. Puis, par-dessus les vallonnements de la plaine ponctuée de cultures et de fermes, se devina peu à peu sa rumeur, confuse comme le ressac de quelque mer lointaine, et s’enflant progressivement. Ce n’est pourtant qu’en vue des flots boueux de la rivière éclaboussée de soleil que se différencièrent hennissements, voix mâles et cliquetis d’acier. Mais ni le tapage ni la fumée ne préparaient les voyageurs au spectacle qu’ils finirent par découvrir.

Des milliers de feux voilaient de gaze l’atmosphère. Sur des lieues et des lieues s’étiraient les rangées de chevaux. Il avait sûrement fallu abattre des forêts entières pour dresser les mâts de tant de bannières. D’énormes engins de siège, mangonneaux, pierrières, béliers montés sur des roues plus hautes qu’un cavalier, encombraient les bas-côtés herbeux de la route. Le soleil ensanglantait comme par avance le fer des piques, et les pavillons des chevaliers ainsi que des grands seigneurs émaillaient les prés comme autant de champignons soyeux. Catelyn discerna des hommes armés de lances, des hommes armés d’épées, des hommes coiffés d’acier et sanglés de maille, des gueuses à soudards pavanant leurs charmes, des archers empennant leurs flèches, des voituriers pressant l’attelage de leurs fourgons, des porchers pressant leurs troupeaux de porcs, des pages courant transmettre des messages, des écuyers fourbissant des lames, des chevaliers montés sur des palefrois, des palefreniers menant des destriers rétifs. « Ça fait un monde formidable, observa ser Wendel comme on empruntait le tablier de pierre auquel Pont-l’Amer devait son nom.

— En effet », convint Catelyn.

A peu près toute la chevalerie méridionale semblait avoir rallié Renly. Partout se voyait la rose d’or de Hautjardin : cousue sur le sein droit des hommes d’armes et des valets, claquant ou flottant aux fanions de soie verte qui ornaient piques et lances, peinte sur les boucliers pendus à l’extérieur des pavillons des fils, frères, oncles et cousins de la maison Tyrell. Catelyn repéra aussi les guirlandes-au-renard Florent, les pommes vertes et rouges Fossovoie, le chasseur Tarly, les feuilles de chêne du Rouvre, les grues Crane, la nuée de papillons noir et orange Mullendor.

Sur l’autre rive se déployaient les étendards des seigneurs de l’Orage, bannerets personnels de Renly en tant que liges des Baratheon, sires d’Accalmie. S’y reconnaissaient les rossignols de Bryce Caron, les plumes Penrose et, vert sur vert, la tortue de mer Estremont, parmi cent autres emblèmes non identifiables – ceux d’un essaim de vassaux secondaires, d’obscurs chevaliers et de francs-coureurs attirés par l’espoir de concrétiser la royauté nominale du prétendant.

Bien au-dessus de cette cohue flottait, au sommet de la plus haute tour de siège, colossal édifice de bois monté sur roues et tendu de peaux brutes, l’insigne de celui-ci : le plus prodigieux étendard de guerre qu’eût jamais vu Catelyn ; assez vaste pour tapisser toute une demeure, son brocart d’or arborait en noir, immense et cabré avec arrogance, le cerf couronné des Baratheon.

« Qu’est-ce là, madame ? demanda Hallis Mollen en se portant contre son étrier. Ce boucan ? »

Elle prêta l’oreille. Des clameurs, des hennissements, le fracas de l’acier, puis… « Des ovations », dit-elle. Après qu’ils eurent gravi une pente douce en direction de pavillons multicolores qui en bordaient le sommet, la foule s’épaissit, le boucan s’amplifia. Ils comprirent enfin.

A leurs pieds, sous les murs de pierre et de bois d’un castel, joutait une mêlée.

Aménagé en lice, le terrain comportait clôture, gradins et portillons mobiles. Des centaines, voire des milliers de gens assistaient au spectacle. A en juger par l’aspect de l’arène, défoncée, bourbeuse et jonchée de débris d’armures cabossées, de lances rompues, le divertissement durait depuis un jour au moins, mais il approchait de son terme. Seuls demeuraient en selle une poignée de chevaliers qui se chargeaient et se tapaient dessus sous les acclamations de la foule et des combattants déjà évincés. Deux destriers lourdement armés se heurtèrent de plein fouet sous les yeux de Catelyn et s’effondrèrent en un inextricable amas de ruades et d’acier. « Un tournoi, crut devoir assener Mollen qui ne ratait jamais une évidence.

— Oh, superbe ! » commenta pour sa part ser Wendel, lorsqu’un chevalier en manteau irisé d’arcs-en-ciel eut fait volter sa monture pour écrabouiller d’un revers de hache l’écu de son poursuivant qui mordit la poussière.

Devant eux, la presse rendait presque impossible la progression. « Si vos gens veulent bien nous attendre ici, lady Stark, intervint ser Colen, pendant que je vais vous présenter au roi ?

— Soit. » Après qu’elle eut crié ses ordres aussi clairement que le permettait le vacarme, ser Colen poussa son cheval pas à pas à travers la foule, et elle s’inséra dans son sillage. Un rugissement d’enthousiasme salua l’exploit d’un grand chevalier bleu qui venait d’abattre une barbe rouge sans heaume et dont le bouclier s’ornait d’un griffon. De cobalt sombre était son armure d’acier, tout comme la plommée qu’il maniait si mortellement, et sur le caparaçon de sa monture s’écartelaient les armes lune-et-soleil de la maison Torth.

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