Gene Wolfe - Le Nouveau Soleil de Teur. Livre 2

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Le Nouveau Soleil de Teur. Livre 2: краткое содержание, описание и аннотация

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Après bien des péripéties, voici Sévérian de retour sur Teur. Un Sévérian métamorphosé, fort de pouvoirs quasi divins et entraînant dans son sillage la Fontaine Blanche — cet objet astronomique qui est l’exact opposé d’un trou noir, un jaillissement de matière né de la semande de l’Autarque.
Mais cela suffira-t-il à redonner vie à Teur et à son soleil moribond ?
Dans cette deuxième et dernière partie de la coda imaginée par Gene Wolfe pour couronner son
, Sévérian sera le moteur de bouleversements cosmiques — un nouveau Déluge, une plongée dantesque dans les Corridors du Temps — qui, ultime révélation, lui apprendront que les sauveurs des mondes sont forcés d’en être aussi les sacrificateurs.

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« Où sommes-nous ? demandai-je au capitaine. Dans quelle direction se trouve la ville ?

— Nord-nord-est », répondit-il avec un geste.

On nous donna nos provisions dans de longs ballots de la taille d’un demi-tonneau de canon. Il nous montra comment les porter, la bandoulière par-dessus l’épaule gauche et attachée à la ceinture. Il nous serra vigoureusement la main, et ses vœux de réussite me parurent sincères.

Une coupée argentée jaillit de l’endroit où coque et pont se raccordaient. Burgundofara et moi l’empruntâmes pour nous retrouver, une fois de plus, sur le sol de Teur.

Nous nous retournâmes – j’imagine que personne n’aurait pu se retenir de le faire – pour regarder la navette s’élever ; elle se redressa dès que la quille eut quitté le contact du sol, oscilla sous l’effet d’une houle qu’elle était seule à sentir, et s’éleva comme un cerf-volant. Nous avions gagné le sol à travers les nuages, comme je l’ai dit ; mais l’appareil s’engagea dans une trouée (je ne pus m’empêcher de penser que c’était à notre intention) et monta de plus en plus haut, jusqu’à n’être plus qu’un point doré dans le ciel. Point doré qui s’épanouit bientôt en quelque chose de brillant, comme les copeaux d’acier qui jaillissent d’une lime ; nous comprîmes alors que l’équipage venait de libérer les voiles, toutes de métal argenté, et chacune plus grande que bien des îles, pour les attacher aux vergues ; nous sûmes aussi que nous ne verrions plus l’appareil. Je détournai les yeux pour que Burgundofara ne vît pas mes larmes. Lorsque je la regardai de nouveau pour lui dire qu’il fallait partir, je vis qu’elle aussi avait pleuré.

Nessus se trouvait au nord-nord-est, nous avait déclaré le capitaine ; avec l’horizon encore si proche du soleil, il n’était pas difficile de conserver la bonne direction. Nous traversâmes des champs pétrifiés par la gelée pendant une bonne demi-lieue et entrâmes dans un petit bois, ou nous tombâmes rapidement sur un ruisseau le long duquel serpentait un chemin.

Jusqu’ici Burgundofara n’avait rien dit, et j’en avais fait autant ; mais lorsque nous vîmes l’eau, elle se précipita et en but autant que ses mains pouvaient en contenir. Sa soif apaisée, elle me dit : « Je sais maintenant vraiment ce que c’est que de revenir chez soi. J’ai entendu dire que pour ceux de la terre, c’est manger du pain et du sel. »

Je lui répondis que c’était en effet cela, bien que je l’eusse presque oublié.

« Pour nous, c’est boire l’eau de l’endroit. D’ordinaire, il y a bien assez de pain et de sel sur les vaisseaux, mais l’eau devient fétide ou fuit. Lorsque nous touchons terre quelque part, nous buvons l’eau, si celle-ci est bonne. Sinon, nous l’accablons de malédictions. Crois-tu que cette rivière se jette dans Gyoll ?

— Certainement, ou dans un cours d’eau plus grand qui s’y jette lui-même. Est-ce que tu veux retourner dans ton village ? »

Elle acquiesça. « Viendras-tu avec moi, Sévérian ? »

Je me souvins de Dorcas, et comment elle m’avait supplié de descendre le cours de Gyoll pour trouver un vieil homme et une maison tombée en ruine. « Si je peux, oui ; mais je ne crois pas que je pourrais rester.

— Alors je repartirai peut-être avec toi, mais j’aimerais toutefois revoir d’abord Liti. J’embrasserai mon père et tous nos parents en arrivant, et les assassinerai probablement en repartant. Mais tout de même, il faut que j’y retourne.

— Je comprends.

— Je l’espérais. Gunnie m’a dit que tu étais ce genre d’homme – que tu comprenais beaucoup de choses. »

J’avais examiné le chemin pendant que nous parlions. Je lui fis signe de se taire et nous restâmes l’oreille tendue pendant une centaine de respirations. Un vent frais agitait le sommet des arbres ; ici et là des oiseaux lançaient leur appel, mais nombreux étaient ceux qui avaient migré vers le nord. Le cours d’eau murmurait pour lui-même.

« Qu’y a-t-il ? finit par souffler Burgundofara.

— Quelqu’un nous a précédés. Tu vois ces empreintes ? Un jeune garçon, à mon avis. Il a peut-être décrit un cercle pour nous observer ; ou bien il est allé en chercher d’autres.

— Beaucoup de gens doivent utiliser ce chemin. »

Je m’accroupis à côté des empreintes de pas pour lui expliquer. « Il était ici ce matin, quand nous sommes arrivés. Vois-tu comme cette marque est sombre ? Il est arrivé à travers champs, comme nous avons fait, les pieds humides de rosée. L’empreinte ne va pas tarder à sécher. Son pied est trop petit pour être celui d’un homme, mais sa foulée est longue… je dirais un garçon qui sera bientôt un homme.

— Tu vois loin. Gunnie m’avait averti. Je n’aurais pas remarqué tous ces détails.

— Tu connais mille fois plus de choses sur les vaisseaux que moi, alors que j’ai passé un certain temps sur des appareils de types différents. J’ai été éclaireur à cheval pendant quelque temps. C’est le genre de choses que l’on apprenait.

— On devrait peut-être partir dans l’autre sens. »

Je secouai la tête. « Ce sont là les gens que je suis venu sauver. Je ne les sauverai pas en leur tournant le dos. »

Tandis que nous marchions, Burgundofara me dit : « Nous n’avons rien fait de mal.

— Rien du moins qu’ils sachent, veux-tu dire. Tout le monde a fait un jour ou l’autre quelque chose de mal, et moi j’en ai fait des centaines, que dis-je, des dizaines de milliers. »

Le bois était tellement calme que j’avais pensé que l’endroit jusqu’où l’enfant avait couru devait se situer au moins à une lieue d’ici, d’autant que je n’avais pas senti la fumée. Le chemin fit un brusque détour et nous nous trouvâmes à l’entrée d’un village d’une douzaine de huttes, sur lequel régnait un silence absolu.

« On peut peut-être tout simplement traverser, suggéra Burgundofara. Ils doivent tous dormir.

— Ils sont réveillés, dis-je. Ils nous observent par les fentes des portes et se tiennent en retrait pour ne pas être vus.

— Tu as de bons yeux.

— Non. Mais je connais un peu les villageois, et le garçon est arrivé avant nous. Si nous traversons, on va se retrouver avec des fourches dans le dos. »

Je parcourus les huttes des yeux et élevai la voix : « Gens de ce village ! Nous ne sommes que de simples voyageurs sans mauvaises intentions . Nous n’avons pas d’argent . Nous demandons simplement le droit d’utiliser votre chemin. »

Il y eut comme un semblant d’agitation dans le silence. J’avançai et fit signe à Burgundofara de me suivre.

Un homme d’une cinquantaine d’années apparut à l’une des portes ; sa barbe noire était striée d’argent, et il tenait un fléau à la main.

« Vous êtes le hetman de ce village, dis-je. Nous vous remercions pour votre hospitalité. Comme je l’ai dit, nos intentions sont pacifiques. »

Il me regarda, les yeux écarquillés, non sans me rappeler un certain maçon que j’avais connu. « Herena a dit que vous veniez d’un vaisseau tombé du ciel.

— Et qu’importe d’où nous venons ? Nous sommes des voyageurs pacifiques. Nous ne demandons rien d’autre que le droit de passer notre chemin.

— Il m’importe, parce que Herena est ma fille. Si elle ment, je dois le savoir.

— Tu vois, dis-je, m’adressant à Burgundofara, je suis loin de tout savoir. » Elle sourit, mais je me rendis compte qu’elle avait peur.

« Hetman, repris-je, si tu as confiance dans la parole d’un étranger et pas dans celle de ta fille, c’est que tu es un fou. » À ce moment-là, l’adolescente pointa le museau par la porte et je vis ses yeux. « Sors donc, Herena. Nous ne te ferons pas de mal. »

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