Alexei Panshin - Rite de passage

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Rite de passage: краткое содержание, описание и аннотация

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Mon Univers est un vaisseau… Un des grands vaisseaux qui ont quittés la Terre, jadis, avant qu’elle explose et que les hommes se dispersent entre les mondes des étoiles.
J’ai 12 ans et comme je suis encore une petite fille, je m’amuse à passer d’un niveau à l’autre par les conduits d’aération.
Tout en bas, au fond du Vaisseau, il y a les machines, la Technique. Au 3ème Niveau, il y a un soleil artificiel, mais les prés sont vrais, et les oiseaux et les lapins aussi : c’est un coin de la Terre que nos ancêtres ont reconstitués là pour ne pas perdre ce qui fait encore de nous des humains.
Et, pour rester humains et parce qu’il nous faut être forts, nous avons une règle de sélection à laquelle chacun doit se soumettre. Chacun, au seuil de l’adolescence, doit affronter seul une planète sauvage. Bientôt, ce sera mon tour…

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— « À Géo, » répondit Mary à ma place.

— « C’est au Cinquième Niveau, non ? » demanda un des autres.

— « Oui, » dis-je.

— « Ah oui ! » intervint Venie. « J’en ai entendu parler. Il y a de drôles de numéros qui habitent là-bas ! »

— « Tu sais bien que ce n’est pas vrai, » rétorquai-je avec mon sourire le plus charmeur. « Pourquoi ne viens-tu pas y vivre ? Tu devrais, tu sais. Il y a une bonne place qui t’attend dans notre équipe de foot. »

— « Je ne suis peut-être pas très forte, » riposta Venie, piquée au vif, « mais je vous vaincrais n’importe quand, les yeux bandés ! »

« Comment va ta famille, Mary ? » dis-je, pour changer de conversation.

Elle prit un air malheureux et me répondit : « Ça va, ça va. »

« Moi, au moins, mes parents ne m’ont pas fichue dans un dortoir pour se débarrasser de moi pendant qu’ils étaient encore mariés, » intervint Venie.

Sans même me tourner vers elle, je lui répliquai :

« Venie, si tu tiens à recevoir un autre coup de poing sur le nez, continue à parler comme ça ! Dis, Mary, si on allait chez toi ? On ne serait pas embêtées tout le temps ! »

« Oh ! ne partez pas pour moi ! » dit Venie. « Je m’en vais de toute façon. On commence à étouffer, ici. Vous venez, les filles ? »

Elle se leva, et les trois autres filles la suivirent, se faufilant entre les tables rouges, vertes et bleues.

« Alors, Mary, on va chez toi ? »

Elle détourna les yeux. « J’aimerais bien, Mia, mais c’est impossible. Nous allions justement faire une partie de foot. »

— « Mais c’est merveilleux ! » dis-je en me levant. « Allons jouer ! »

— « Je ne pense pas que ça plairait à Venie…»

— « Hein ? Depuis quand t’occupes-tu de ce que pense Venie ? »

Mary resta un moment à me regarder, puis se décida :

« Mia, je t’aime beaucoup, tu sais, mais mets-toi bien dans la tête que tu n’habites plus ici. Moi, si. Tu comprends ? Il faut que j’y aille, maintenant. Tu m’appelleras ? »

— « Oui, » dis-je, en la regardant se hâter pour rattraper Venie Morlock. « Je t’appellerai…» Mais je savais que je ne le ferais pas. Je savais aussi qu’un doigt de plus venait de lâcher prise.

4

N’ayant plus rien à faire au Quatrième Niveau, je sortis de la Salle commune et retournai à Géo. Apparemment, j’étais calme et normale – je le crois, du moins, mais, intérieurement, c’était le chaos. Une fois, quand j’avais dix ans, on nous avait emmenés en excursion au Troisième Niveau, et je m’étais égarée dans un champ d’orties, et j’étais déjà au beau milieu quand je m’étais rendu compte de ce que c’était. Je n’avais donc plus qu’à continuer. Lorsque je ressortis enfin de l’autre côté, mes bras et mes jambes me démangeaient furieusement, et je dansais d’un pied sur l’autre tellement ces piqûres me rendaient folle. Ce que j’éprouvais maintenant sur le plan mental était assez semblable. Cela me démangeait, mais je ne savais pas exactement où, et je ne pouvais rien faire pour me soulager. J’étais agitée, malheureuse, et très déprimée.

Je voulais m’en aller, je voulais me cacher dans un coin sombre, je voulais occuper mon esprit avec quelque chose. Je rentrai dans notre appartement – les meubles y étaient, mais pas l’atmosphère – et trouvai un morceau de craie ainsi qu’une petite lampe comme les “mères” en utilisent dans les dortoirs, la nuit, pour voir si tout le monde est là. Munie de ces deux objets, je ressortis. Il était environ deux heures de l’après-midi ; il y avait longtemps que je n’avais pas mangé, mais j’étais bien trop agitée pour y penser.

Je ne choisis pas la première grille venue, mais m’éloignai un peu pour trouver un couloir calme et désert ne menant nulle part. Je n’étais pas d’humeur à fournir des explications à un adulte indiscret. Je finis par trouver une grille idéalement placée pour accéder aux conduites d’air.

Je m’agenouillai et commençai à l’ouvrir. Elle était maintenue des deux côtés par des attaches oxydées, ce qui me fit penser qu’elle n’avait pas été utilisée depuis longtemps, et j’avais du mal. Lorsque je l’aurais ouverte une ou deux fois encore, cela deviendrait plus facile, mais, pour l’instant, d’autant que j’étais maladroite, ces attaches étaient rebelles à mes efforts. Il me fallut cinq bonnes minutes pour ouvrir la première, celle de gauche. J’allais attaquer la seconde lorsqu’une voix me demanda : « Que fais-tu ici ? »

Je sursautai, me sentant coupable, et pris le temps de me calmer avant de me retourner. C’était Zena Andrus.

— « Et toi, que fais-tu ici ? » répliquai-je.

— « J’habite là-bas. » Elle me montrait une porte située un peu plus loin dans le passage. « Que faisais-tu ? »

— « Je vais entrer là-dedans, » lui dis-je en passant un doigt à travers le grillage.

— « Dans les conduites ? »

— « Oui. Pourquoi pas ? L’idée te fait peur ? »

Elle se rebiffa.

— « Je n’ai jamais peur. Je suis capable de faire tout ce que tu fais. »

— « Viens avec moi, alors, » l’encourageai-je, non sans malice.

Elle avala sa salive, puis vint s’agenouiller à côté de moi et essaya de regarder à travers la grille ; elle devait entendre le bruit lointain des ventilateurs et sentir contre son visage l’air aspiré.

« Qu’est-ce qu’il fait sombre, là-dedans ! » dit-elle.

— « J’ai une lampe. Mais nous ne nous en servirons pas souvent. C’est bien plus amusant de courir dans le noir. »

— « De courir ? »

— « De marcher si tu préfères. »

Elle essaya de nouveau de percer les ténèbres.

On dit que le malheur aime la compagnie ; eh bien, j’étais malheureuse, et j’avais besoin de rendre quelqu’un d’autre malheureux.

— « Bon, bon, » dis-je. « Si tu as peur de venir…»

Zena se dressa. « Je n’ai pas peur ! »

— « Bien, dans ce cas, écarte-toi un peu pour que je puisse ôter la grille. »

La seconde attache céda plus facilement. Je posai la grille par terre et, montrant à Zena le trou noir, je lui dis : « Après vous. »

— « Tu ne vas pas m’enfermer là-dedans ? »

— « Non. Je te suis immédiatement. Il faut entrer les pieds d’abord. »

Comme elle était plutôt grassouillette, elle eut du mal, mais je dois dire qu’elle fit des efforts. Dès qu’elle fut de l’autre côté, je lui tendis la lampe et la craie, puis je la rejoignis.

— « Rends-moi la craie et remets la grille. » Je dessinai une croix entourée d’un cercle. La craie grinçait sur le métal. « Voilà, » dis-je, « comme ça, nous retrouverons le chemin. »

Les conduites correspondant aux artères ont des ventilateurs refoulant, et celles correspondant aux veines des ventilateurs aspirants. En m’aidant des marques que je dessinais, ainsi que de la direction et de la force du vent, je sais toujours à peu près où je me trouve, même dans un système de conduites où je vais pour la première fois ; suffisamment, en tout cas, pour retrouver le chemin du retour. Et puis, contrairement aux passages et aux couloirs, les conduites se ressemblent toutes. J’étais certaine que j’aurais vite fait de m’orienter.

Dès que Zena eut remis la grille en place, nous nous mîmes en route. Je marchai la première, dans le long couloir de métal. Zena trébucha une fois, sur quoi, je me le demande ! Sur ses pieds, sans doute ! La conduite, de presque deux mètres de diamètre, était en métal entièrement lisse. L’obscurité était totale, sauf pour un petit carré de lumière, chaque fois que nous passions devant une des bouches grillagées.

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