Stephen King - Dôme. Tome 1

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Dôme. Tome 1: краткое содержание, описание и аннотация

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Le Dôme : personne n’y entre, personne n’en sort. A la fin de l’automne, la petite ville de Chester Mill, dans le Maine, est inexplicablement et brutalement isolée du reste du monde par un champ de force invisible. Personne ne comprend ce qu’est ce dôme transparent, d’où il vient et quand — ou si — il partira. L’armée semble impuissante à ouvrir un passage tandis que les ressources à l’intérieur de Chester Mill se raréfient. Big Jim Rennie, un politicien pourri jusqu’à l’os, voit tout de suite le bénéfice qu’il peut tirer de la situation, lui qui a toujours rêvé de mettre la ville sous sa coupe. Un nouvel ordre social régi par la terreur s’installe et la résistance s’organise autour de Dale Barbara, vétéran de l’Irak et chef cuistot fraîchement débarqué en ville…

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— Toby a voulu donner des ordres, observa Barbie. Donner des ordres à une foule d’excités, c’est donner des ordres à une fourmilière.

— Oui, mais je ne sais toujours pas…

— Je vais te le dire. »

Barbie avait répondu avec calme, et ce calme fut communicatif. Il s’interrompit, le temps de faire signe à Linda Everett. Elle s’approcha avec Jackie, les deux femmes se tenant mutuellement par la taille.

« Pouvez-vous prendre contact avec votre mari ? demanda-t-il à Linda.

— Si son portable est branché, oui.

— Dites-lui de venir ici — avec l’ambulance, si possible. S’il ne répond pas au téléphone, prenez une voiture de police et foncez à l’hôpital.

— Mais il a ses patients…

— Ici aussi il a des patients. Simplement, il ne le sait pas. » Barbie montra Ginny Tomlinson, à présent adossée au mur de parpaings du supermarché, appuyant la main contre sa joue en sang. Gina Buffalino et Harriet Bigelow se tenaient accroupies de chaque côté de l’infirmière-chef, mais lorsque Gina voulut étancher le sang qui coulait du nez radicalement déplacé de Ginny avec un mouchoir roulé en boule, cette dernière cria de douleur et détourna la tête. « À commencer par l’une des deux seules infirmières confirmées restantes, si je ne m’abuse.

— Mais comment comptez-vous vous y prendre, vous ? demanda Linda en prenant le téléphone à sa ceinture.

— Rose et moi allons les arrêter. N’est-ce pas, Rose ? »

12

Rose s’immobilisa de l’autre côté des portes, hypnotisée par le chaos qui régnait devant elle. L’odeur piquante du vinaigre emplissait l’air, mélangée à des arômes de saumure et de bière. De la moutarde et du ketchup, rappelant un dégueulis trop coloré, maculait le linoléum de l’allée 3. Un nuage de sucre glace mélangé à de la farine s’élevait au-dessus de l’allée 5. Les pillards poussaient leur chariot au milieu et beaucoup toussaient et s’essuyaient les yeux. Certains chariots dérapaient sur une dune de haricots secs éparpillés.

« Bouge pas d’ici », dit Barbie à Rose, bien que celle-ci ne fît pas mine de s’avancer davantage. Elle restait plantée, comme hypnotisée, le porte-voix serrée contre sa poitrine.

Barbie trouva Julia qui prenait des photos des caisses. « Laissez tomber et suivez-moi, lui dit-il.

— Non, je dois continuer, il n’y a personne d’autre. Je ne sais pas où est passé Pete Freeman, mais…

— On n’a pas à photographier ça, on a à l’arrêter . Avant que quelque chose de bien pire n’arrive. »

Il lui désigna Fern Bowie qui passait, tenant un panier débordant d’une main et une bière de l’autre. Il avait le front ouvert et du sang lui coulait sur la figure, mais dans l’ensemble, Fern semblait tout à fait satisfait.

« Comment ça ? »

Il l’amena jusqu’à Rose. « Prête, Rose ? En piste !

— Je… euh…

— Rappelle-toi bien. Sereine. N’essaie pas de les arrêter. Il faut seulement faire baisser la température. »

Rose prit une profonde inspiration, puis porta le porte-voix à sa bouche. « SALUT TOUT LE MONDE, C’EST ROSE TWITCHELL, DU SWEETBRIAR ROSE. »

On lui en sera éternellement reconnaissant : elle donnait l’impression d’être sereine. Les gens regardèrent autour d’eux en entendant sa voix — non pas parce que le ton était pressant mais, comme Barbie le savait, justement parce qu’il ne l’était pas. Il avait déjà vu ça à Bagdad, à Tikrit, à Falludjah. La plupart du temps après l’explosion d’une bombe dans un endroit public plein de monde, quand arrivait la police et les renforts militaires. « S’IL VOUS PLAÎT, FINISSEZ VOS COURSES AUSSI VITE ET AUSSI CALMEMENT QUE POSSIBLE. »

À ces mots quelques personnes partirent d’un petit rire, puis regardèrent autour d’elles comme si elles se réveillaient. Dans l’allée 7, Carla Venziano, rouge de honte, aida Henrietta Clavard à se remettre debout. Il y a bien assez de Texmati pour nous deux, pensa Carla. Qu’est-ce qui m’a pris, au nom du Ciel ?

Barbie adressa un hochement de tête à Rose et articula en silence : café . Au loin, il entendit le doux hululement d’une ambulance qui approchait.

« QUAND VOUS AUREZ TERMINÉ, VENEZ PRENDRE UN CAFÉ AU SWEETBRIAR. IL EST TOUT FRAIS ET C’EST LA TOURNÉE DE LA MAISON. »

Quelques personnes applaudirent. Un petit rigolo lança : « Hé, pourquoi du café ? On a des bières ! » Des rires et des cris saluèrent cette saillie.

Julia tira sur la manche de Barbie. Elle fronçait les sourcils d’une manière que Barbie trouva très républicaine. « Ils ne font pas des courses, ils volent !

— Qu’est-ce que vous préférez ? Préparer un éditorial ou les faire sortir avant que quelqu’un soit tué pour du café Blue Mountain ? » rétorqua-t-il.

Elle prit le temps de réfléchir et hocha la tête, son froncement de sourcils faisant place au sourire tourné vers l’intérieur qu’il commençait à beaucoup aimer. « Un point pour vous, colonel », dit-elle.

Barbie se tourna vers Rose, fit un geste de relance et elle reprit le porte-voix. Il accompagna alors les deux femmes le long des allées, en commençant par celles qui avaient été le plus dépouillées (charcuterie et produits laitiers), mais en restant aux aguets, au cas où ils tomberaient sur quelqu’un de très remonté voulant s’interposer. Il n’y eut personne. Rose prenait confiance en elle et les choses se calmaient dans le magasin. Les gens partaient. Beaucoup poussaient des chariots qui débordaient de produits pillés, mais Barbie préférait y voir un bon signe. Plus vite les lieux seraient vidés, mieux cela vaudrait. Et peu importait la quantité de merdes qu’ils emportaient… l’astuce avait consisté à les traiter non pas en voleurs mais en clients. Rendez à quelqu’un son amour-propre et, la plupart du temps — pas tout le temps, mais souvent —, vous lui rendez sa capacité à penser avec au moins un minimum de clarté.

Anson Wheeler les rejoignit, poussant un chariot plein de produits alimentaires divers. Il avait l’air d’avoir un peu honte et il saignait du bras. « On m’a balancé un pot d’olives, expliqua-t-il. J’ai l’impression d’être un sandwich italien. »

Rose confia le porte-voix à Julia, qui se mit à diffuser le même message du même ton d’hôtesse de l’air : finissez vos courses, chers clients, et sortez calmement.

« On ne peut pas prendre ces trucs, dit Rose avec un geste vers le Caddie.

— Mais nous en avons besoin, Rosie », lui fit observer Anson. Sur un ton d’excuse, certes, mais il tenait bon. « Vraiment besoin.

— Alors on va laisser de l’argent. Si personne ne nous a piqué le porte-monnaie. Je l’ai oublié dans la fourgonnette.

— Hum… J’ai bien peur que ce soit pas un bon plan. Il y a des types qui ont piqué l’argent dans les caisses. »

Il avait vu lesquels, mais il ne voulait pas les nommer. Pas devant la rédac’chef du journal local.

Rose fut horrifiée. « Mais qu’est-ce qui nous arrive ? Au nom du Ciel, qu’est-ce qui nous arrive ?

— Je ne sais pas », répondit Anson.

Dehors, l’ambulance venait d’arriver et son hululement diminua progressivement pour se transformer en bourdonnement. Une minute ou deux plus tard, tandis que Barbie, Rose et Julia arpentaient encore les allées avec le porte-voix et que la foule se dispersait, une voix s’éleva derrière eux. « Ça suffit. Donnez-moi ça. »

Barbie ne fut pas surpris de voir le patron de la police lui-même, le chef Randolph, tiré à quatre épingles dans son uniforme. Voilà qu’il débarquait, comme les carabiniers, juste après la bagarre. Pile-poil.

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