Stephen King - Dôme. Tome 2
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- Название:Dôme. Tome 2
- Автор:
- Издательство:Editions Albin Michel
- Жанр:
- Год:2011
- Город:Paris
- ISBN:978-2-226-22437-8
- Рейтинг книги:5 / 5. Голосов: 1
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— Envoyez-le-moi par courriel.
— Non. Je considère que ce système est en contradiction avec mon métier. Je suis assez vieux jeu.
— Vous êtes une sacrée casse-pieds, chère madame.
— Je suis peut-être une casse-pieds, mais pas votre chère madame.
— Dites-moi au moins ceci : s’agit-il d’un coup monté ? Quelque chose qui aurait à voir avec Sanders ou Rennie ?
— D’après vous, colonel ? Ça me paraît évident ! »
Silence. Puis : « On se retrouve dans une heure.
— Je ne viendrai pas seule. La patronne de Barbie sera avec moi. Je crois que vous serez intéressé par ce qu’elle a à vous dire.
— Parfait. »
Julia coupa la communication. « Vous n’avez pas envie de faire une petite balade avec moi jusqu’au Dôme, Rose ?
— Si c’est pour aider Barbie, certainement, oui.
— On peut l’espérer, mais j’ai bien l’impression que nous jouons en solo, actuellement. » Julia reporta son attention sur Pete et Tony. « Vous voulez bien finir d’agrafer ce qui reste ? Empilez tout près de la porte et fermez à clef en partant. Dormez bien, parce que demain, nous sommes tous livreurs de journaux. Cette édition va avoir droit à la méthode de la vieille école. Toutes les maisons de l’agglomération. Toutes les fermes des environs. Et Eastchester, bien entendu. Il y a beaucoup de nouveaux venus, là-bas, des gens qui devraient être théoriquement moins sensibles au mythe de Big Jim. »
Pete leva les sourcils.
« Notre Mr Rennie est à lui seul l’équipe locale, dit Julia. Il va grimper sur l’estrade à la réunion d’urgence, jeudi soir, et essayer de remonter la ville comme une montre de gousset. Mais l’équipe des visiteurs sera la première debout (elle montra les journaux). Si suffisamment de personnes lisent ça, il devra répondre à quelques questions redoutables avant de commencer à nous baratiner. Nous arriverons peut-être à le mettre un peu en difficulté.
— Ou même beaucoup, si nous découvrons qui a lancé les pierres au Food City, ajouta Pete. Et vous savez quoi ? Je crois que nous allons le découvrir. Je crois que toute cette histoire a été montée en coulisses. Il y a forcément des failles.
— J’espère seulement que Barbie sera encore en vie quand on commencera à les voir », dit Julia. Elle consulta sa montre. « Allez, Rosie, partons pour notre balade. Tu veux venir, Horace ? »
Horace ne demandait pas mieux.
18
« Vous pouvez me laisser ici, monsieur », dit Sammy. Ils se trouvaient devant une maison pimpante, style ranch, dans Eastchester. Elle était plongée dans l’obscurité mais la pelouse était éclairée, car ils se trouvaient non loin du Dôme, où l’armée avait branché de puissants projecteurs à la hauteur de la démarcation Chester’s Mill-Harlow.
« Une autre bière pour la route, Missy Lou ?
— Non merci, monsieur. C’est la fin de la route pour moi. »
Sauf que pas tout à fait. Elle devait retourner en ville. Dans la lumière jaunâtre diffusée par l’éclairage du Dôme, Alden Dinsmore paraissait avoir quatre-vingt-cinq ans et non quarante-cinq. Jamais elle n’avait vu visage aussi lugubre… sinon le sien, peut-être, dans le miroir de sa chambre d’hôpital, avant qu’elle n’entreprenne son expédition. Elle se pencha et l’embrassa sur la joue. Le chaume raide lui picota les lèvres. Il posa la main sur l’endroit et parvint même à sourire.
« Vous devriez rentrer chez vous maintenant, monsieur. Vous avez une femme à laquelle vous devez penser. Et un autre fils dont vous devez vous occuper.
— J’me dis que t’as pt’être raison.
— J’ai raison.
— Et toi, ça ira ?
— Oui, monsieur. » Elle descendit, puis se retourna. « Vous le ferez ?
— J’vais essayer. »
Sammy fit claquer la portière et resta à l’entrée de l’allée pour le regarder faire demi-tour. Il bascula dans le fossé, mais celui-ci était sec et il en ressortit sans peine. Puis il reprit la direction de la 119 en zigzaguant. Finalement, ses feux de position s’éloignèrent selon une ligne à peu près droite. Il roulait de nouveau au milieu de la route — qu’elle aille se faire foutre, la ligne blanche , aurait dit Phil — mais Sammy se dit qu’il s’en sortirait. Il était bientôt huit heures et demie, l’obscurité était complète et elle ne pensait pas qu’il croiserait grand monde.
Lorsque les feux arrière disparurent, elle remonta vers le pseudo-ranch. Il n’était guère imposant, comparé aux vieilles maisons bourgeoises de Town Common Hill, mais bien mieux que tous les endroits dans lesquels elle avait jamais habité. Et c’était très joli à l’intérieur aussi. Elle y était venue une fois avec Phil, à l’époque où il ne faisait rien d’autre que de vendre de l’herbe et préparer, derrière le mobile home, un peu de dope pour sa consommation personnelle. À l’époque où il n’avait pas commencé à se faire des idées bizarres sur Jésus et à fréquenter cette église de merde, où les gens croyaient que tout le monde irait en enfer sauf eux. C’était avec la religion qu’avaient commencé les ennuis de Phil. Elle l’avait conduit à Coggins et Coggins, ou quelqu’un d’autre, avait fait de lui le Chef.
Les gens qui avaient habité ici ne prenaient pas de drogues dures ; de vrais camés n’auraient pas été capables d’entretenir une telle maison. Ils auraient sniffé jusqu’à l’hypothèque. Mais Jack et Myra Evans aimaient bien se faire une petite fumette, de temps en temps, et Phil Bushey n’avait pas demandé mieux que de les approvisionner. C’était un couple sympa, et Phil avait été sympa avec eux. Toujours à l’époque où il était encore capable d’être sympa avec les gens.
Myra leur avait offert du café glacé. Sammy était alors enceinte de sept mois de Little Walter, et bien sûr ça se voyait. Myra lui avait demandé si elle préférait que ce soit une fille ou un garçon. Sans la moindre condescendance. Jack avait entraîné Phil dans son petit bureau pour le payer, et Phil l’avait appelée :
« Hé, ma chatte, tu devrais venir voir ça ! »
Tout cela paraissait bien loin.
Elle essaya la porte de devant. Fermée à clef. Elle ramassa l’une des pierres décoratives qui formaient la bordure du parterre de fleurs, se plaça face à la baie vitrée et la brandit ; mais à la réflexion, elle préféra tenter de passer par-derrière. Enjamber l’appui de la fenêtre risquait de s’avérer difficile, dans son état actuel. Et même si elle y arrivait, même si elle faisait attention, elle risquait aussi de se blesser trop sérieusement pour pouvoir poursuivre ce qu’elle avait prévu de faire ensuite.
De plus, c’était une jolie maison. Elle n’avait pas envie de la vandaliser si elle pouvait s’y prendre autrement.
Elle n’en eut pas besoin. On avait emporté le corps de Jack, les services de la ville étaient encore en état de faire cela, mais personne n’avait pensé à fermer la porte donnant sur le jardin. Sammy entra par là. Il n’y avait pas de générateur et il y faisait aussi noir que dans le cul d’un raton laveur, mais elle trouva une boîte d’allumettes sur la cuisinière et la première qu’elle enflamma éclaira une lampe torche posée sur la table. Elle fonctionnait. Le rayon se posa sur ce qui lui parut être une tache de sang sur le sol. Elle l’en détourna rapidement et prit la direction de l’antre de Jack. Il donnait directement dans le séjour ; il s’agissait d’un espace tellement réduit qu’un petit bureau et un meuble vitré suffisaient à le meubler.
Elle fit passer le rayon de sa lampe sur le bureau, puis le dirigea vers le plafond jusqu’à ce qu’il se réfléchisse dans les yeux de verre du trophée le plus précieux de Jack : la tête de l’orignal qu’il avait abattu, des années auparavant, quelque part dans le TR-90. C’était cette tête naturalisée que Phil avait voulu qu’elle voie.
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