Arthur Clarke - Les Chants de la Terre lointaine

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Les Chants de la Terre lointaine: краткое содержание, описание и аннотация

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La Terre se meurt et les derniers représentants de l'espèce humaine prennent place à bord du Magellan pour un voyage de plusieurs centaines d'années. Au cours d'une escale sur une planète-océan colonisée longtemps auparavant par des vaisseaux-semeurs, l'équipage du Magellan rencontre des humains pour qui la Terre n'est déjà plus qu'un lointain souvenir, une légende.

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Elle décrocha le micro du tableau de bord.

— Madame le maire Waldron. Nous sommes à la limite des sept kilomètres. Il y a une lumière devant nous, visible entre les arbres. Autant que je puisse la voir, elle se trouve exactement à Premier Contact. Nous n’entendons rien. Maintenant, nous repartons.

Brant n’attendit pas l’ordre mais poussa délicatement vers l’avant le levier de contrôle de la vitesse. C’était l’expérience la plus fantastique de sa vie, après son aventure lors du cyclone de 09.

Celle-là, elle avait été plus que passionnante et il avait eu de la chance de ne pas y laisser sa peau. Peut-être y avait-il aussi du danger, maintenant, mais il ne le croyait pas. Des robots pouvaient-ils être hostiles ? Thalassa n’avait rien que puissent convoiter des hors-mondiens, à l’exception de la science et de l’amitié …

— Vous savez, dit le conseiller Simmons, j’ai bien vu ce truc-là avant qu’il passe par-dessus les arbres et je suis certain que c’est une espèce d’avion. Les vaisseaux-semeurs n’ont jamais eu d’ailes, bien sûr. Et c’est très petit.

— Quoi qu’il en soit, marmonna Brant, nous saurons tout dans cinq minutes. Regardez cette lumière, elle est descendue dans le Parc de la Terre, le lieu évident. Ne devrions-nous pas laisser la voiture et faire le reste du chemin à pied ?

Le Parc de la Terre était un ovale d’herbe soigneusement entretenu, sur le côté oriental de Premier Contact. Il leur était caché maintenant par la colonne noire et massive du vaisseau mère, le plus ancien monument de la planète et le plus vénéré. Un flot de lumière ruisselait sur le cylindre que le temps n’avait pas encore terni, une lumière venant apparemment d’une source unique.

— Arrêtez la voiture juste avant d’arriver au vaisseau, ordonna le maire. Ensuite nous descendrons et nous regarderons prudemment derrière. Éteignez vos phares, pour qu’ils ne nous voient pas avant que nous le voulions.

— Ils ou … ou quelque chose ? demanda un des passagers d’une petite voix peureuse, mais personne ne lui répondit.

La voiture s’arrêta dans l’ombre immense du vaisseau et Brant la fit tourner de 180°.

— Pour faciliter une fuite rapide, expliqua-t-il, mi-sérieusement mi par malice.

Il ne parvenait toujours pas à croire qu’il y ait un danger réel. Par moments, même, il se demandait si tout cela lui arrivait vraiment. Peut-être dormait-il encore et faisait-il simplement un rêve réaliste.

Ils descendirent sans bruit de la voiture et s’approchèrent du vaisseau qu’ils contournèrent, jusqu’à ce qu’ils arrivent devant le mur de lumière bien délimité. Brant s’abrita les yeux et se pencha pour regarder derrière lui.

Le conseiller Simmons avait eu parfaitement raison. C’était bien une espèce d’avion ; ou un quelconque aéronef spatial, et très petit, par-dessus le marché. Les Nordiens pourraient-ils … ? Non, c’était absurde. Il n’y avait aucune utilisation concevable d’un tel engin, dans la région limitée des Trois Îles, et sa construction n’aurait pu passer inaperçue.

Sa forme était celle d’un fer de lance émoussé et il avait dû atterrir verticalement car il n’y avait aucune trace dans l’herbe environnante. La lumière venait d’une source unique, dans la cabine dorsale aérodynamique, et un petit phare rouge clignotait juste au-dessus. Dans l’ensemble, c’était un engin ordinaire, rassurant et même décevant. Un appareil qui ne pouvait absolument pas avoir franchi les douze années-lumière jusqu’à la colonie connue la plus voisine.

Soudain, la lumière principale s’éteignit, laissant le petit groupe d’observateurs momentanément aveugles. Lorsque Brant eut récupéré sa vision nocturne, il remarqua des hublots à l’avant de l’engin, brillant faiblement d’un éclairage interne. Vraiment ! On aurait dit un vaisseau habité ! Pas du tout l’appareil robot qu’ils attendaient tout naturellement !

Le maire venait d’aboutir à la même conclusion stupéfiante.

— Ce n’est pas un robot … il y a du monde à l’intérieur ! Ne perdons plus de temps. Braquez votre torche électrique sur moi, Brant. Qu’ils nous voient bien.

— Helga ! protesta le conseiller Simmons.

— Ne faites pas l’imbécile, Charlie. Allons-y, Brant.

Qu’avait donc déclaré le premier homme sur la Lune, près de deux millénaires auparavant ? «Un petit pas …» Ils en avaient fait vingt quand une porte s’ouvrit dans le flanc de l’appareil ; une rampe se déplia rapidement et deux humanoïdes descendirent à leur rencontre.

Ce fut la première réaction de Brant, des humanoïdes. Puis il comprit qu’il avait été trompé par la couleur de leur peau, ou de ce qu’il pouvait en voir à travers la pellicule transparente souple qui les recouvrait des pieds à la tête.

Ce n’était pas des humanoïdes, ils étaient humains. Brant se dit que s’il ne sortait plus jamais au soleil, il serait sans doute blanc et décoloré comme eux.

Le maire tendait les mains pour le traditionnel «Voyez, pas d’armes !» un geste aussi ancien que l’Histoire.

— Je ne pense pas que vous puissiez me comprendre, dit-elle, mais vous êtes sur Thalassa.

Les visiteurs sourirent et le plus âgé des deux — un bel homme aux cheveux gris approchant les soixante-dix ans — leva les mains en répondant :

— Bien au contraire, nous vous comprenons parfaitement. Nous sommes enchantés de faire votre connaissance.

Il avait une des plus belles voix, grave et admirablement modulée, que Brant ait jamais entendues.

Pendant un moment, tout le groupe resta figé, silencieux. Mais c’était bête, pensa Brant, d’être si étonné. Après tout, ils n’avaient pas la moindre difficulté à comprendre ce que disaient des hommes ayant vécu il y avait deux mille ans. Quand l’enregistrement du son avait été inventé, il avait bloqué les schémas des phonèmes de base de toutes les langues. Les vocabulaires pouvaient se développer, la syntaxe et la grammaire se modifier, mais la prononciation ne changerait pas pendant des millénaires.

Le maire Waldron fut la première à se remettre.

— Eh bien, cela nous évite certainement bien des soucis, dit-elle. Mais d’où venez-vous ? J’ai bien peur que nous ayons perdu le contact avec nos voisins, depuis la destruction de notre antenne spatiale.

L’homme âgé se tourna vers son compagnon, bien plus grand que lui, et un message muet passa entre eux. Puis il fit de nouveau face au maire.

Il y eut une indiscutable tristesse dans cette belle voix, quand il fit sa fantastique révélation :

— Vous aurez peut-être du mal à le croire, mais nous ne venons d’aucune des colonies. Nous arrivons tout droit de la Terre.

II

MAGELLAN

6

La descente sur la planète

Avant même d’ouvrir les yeux, Loren sut exactement où il était et trouva cela tout à fait surprenant. Après avoir dormi deux cents ans, une certaine confusion aurait été compréhensible mais il lui semblait que c’était la veille qu’il avait rédigé ses dernières notes dans le livre de bord. Et, pour autant qu’il puisse se souvenir de quoi que ce soit, il n’avait pas fait un seul rêve. Il en était reconnaissant.

Les yeux toujours fermés, il concentra sa pensée sur tous ses autres réseaux sensoriels. Il entendait un léger murmure de voix, paisiblement rassurant. Il y avait les soupirs familiers des échangeurs d’air et il sentait un courant imperceptible lui apporter d’agréables odeurs antiseptiques.

La seule sensation manquante était la pesanteur. Il leva sans effort le bras droit, qui resta en l’air, dans l’attente de l’ordre suivant.

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