Jeff Lindsay - Dexter dans de beaux draps

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Dexter dans de beaux draps: краткое содержание, описание и аннотация

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Il ne fait pas bon être un touriste à Miami. Un tueur particulièrement inspiré s’est mis en tête de transformer les saisonniers en paniers garnis, prenant bien soin de mettre les tripes de côté. Excellente remise en jambe pour Dexter. Les choses se corsent lorsque Deborah apprend le péché mignon de son frère avant d’être poignardée et qu’une vidéo sur You Tube menace de révéler la véritable nature de Dexter…

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— Très joli. Tu veux que je tire dans la télévision ?

— Garde ça pour le méchant. Si tu penses pouvoir le faire.

— C’est vraiment ton plan ? demandé-je en jetant l’arme sur le lit. On attend que Weiss se présente à l’hôtel et on joue à OK Corral avec lui ? Dans le hall ou au petit déjeuner ?

Chutsky secoue tristement la tête, comme s’il avait vainement essayé de m’apprendre à nouer mes lacets.

— Mon pote, on sait pas quand ce mec va se pointer ni ce qu’il compte faire. Il peut même nous repérer avant.

Il hausse les sourcils d’un air de dire : Ha ! tu y avais pas pensé, à ça, hein ?

— Alors on l’abat dès qu’on le trouve ?

— L’idée, c’est d’être prêt, quoi qu’il arrive. Idéalement, on l’emmène dans un coin tranquille et on le liquide. Mais au moins on reste sur le qui-vive. Et puis Iván nous a apporté deux-trois autres trucs au cas où.

— Quoi, par exemple ? Des mines antipersonnel ? Un lance-flammes ?

— Du matos électronique. Superpointu. On pourra le repérer, le localiser, l’écouter – avec ces trucs, on pourrait l’entendre péter à deux kilomètres.

J’ai vraiment envie de me laisser gagner par l’ambiance, mais c’est très difficile de montrer un quelconque intérêt pour les problèmes digestifs de Weiss et j’espère que ce n’est pas absolument essentiel pour les plans de Chutsky. En tout cas, cette approche à la James Bond me met mal à l’aise. J’ai peut-être tort, mais je commence à apprécier la chance que j’ai eue jusqu’à maintenant dans la vie. Je me suis très bien débrouillé avec seulement quelques lames étincelantes et ma fringale – rien de très pointu, si j’ose dire, pas de vagues plans échafaudés, pas de planques incertaines à l’étranger dans des hôtels qu’on compte ravager de rafales. Rien de plus qu’un carnage joyeux, insouciant et relaxant. Certes, cela paraît primitif et même un peu brouillon devant tous ces préparatifs high-tech, mais au moins c’est un travail honnête et sain.

Cependant, je lui ai demandé son aide, et maintenant je suis coincé. Je ne peux donc pas faire grand-chose, hormis bonne figure.

— C’est très bien, tout cela, dis-je avec un sourire encourageant qui ne trompe personne, même pas moi. Quand est-ce qu’on commence ?

— Quand il arrivera, ricane Chutsky en rangeant les armes et en me tendant la valise. Tu peux la mettre dans le placard ?

Je la prends, mais lorsque je tends la main pour ouvrir le placard j’entends un léger bruissement d’ailes dans le lointain. Je me fige. Qu’est-ce que c’est ? Un imperceptible tressaillement, l’éveil d’une sensation, pas plus.

Je sors donc de la valise mon ridicule pistolet et le braque tout en tendant la main vers la poignée. J’ouvre la porte et, l’espace d’un instant, je reste immobile à en fixer l’intérieur plongé dans le noir, en attendant que l’obscurité déploie ses ailes protectrices au-dessus de moi. C’est une image impossible, irréelle – mais, après ce qui me paraît une éternité, je suis bien obligé d’y croire.

C’est Rogelio, l’ami réceptionniste de Chutsky, censé nous prévenir de l’arrivée de Weiss. Mais il n’a pas l’air très disposé à nous dire grand-chose, sauf si nous communiquons avec lui en faisant tourner des tables. Parce que, si l’on doit se fier aux apparences, avec la ceinture serrée autour de son cou, sa langue qui pend et ses yeux exorbités, Rogelio est plus que mort.

— Qu’est-ce qu’il y a, mon pote ? demande Chutsky.

— Je crois que Weiss est déjà arrivé.

Chutsky se lève péniblement et vient me rejoindre. Il regarde un moment le cadavre, laisse échapper un juron, puis tâte le pouls, ce que j’estime inutile, mais peut-être que c’est l’usage. Évidemment, il n’en trouve pas.

— Putain de merde ! Putain de merde ! s’exclame-t-il.

Je ne vois pas en quoi prononcer ces mots deux fois peut nous aider, mais après tout, puisque c’est lui l’expert, je le laisse fouiller dans les poches de Rogelio.

— Son passe, dit-il en l’empochant. (Il trouve les babioles habituelles – clés, mouchoir, peigne, un peu d’argent, qu’il examine soigneusement.) Dix dollars canadiens. On dirait que quelqu’un lui a filé un pourboire, hein ?

— Tu veux parler de Weiss ?

— Combien tu connais de Canadiens sanguinaires ?

C’est juste. Étant donné que la saison de hockey est terminée, je n’en vois qu’un : Weiss.

Chutsky sort une enveloppe de la poche intérieure de Rogelio.

— Bien vu, dit-il en me la tendant. B. Weiss, chambre 865. Je pense que ce sont des bons pour des consommations gratuites. Ouvre-la.

J’obéis et trouve effectivement deux bons pour des consommations au Cabaret parisien, le célèbre établissement de l’hôtel.

— Comment tu as deviné ? demandé-je.

Chutsky termine sa fouille et se redresse.

— J’ai déconné, dit-il. Quand j’ai indiqué à Rogelio que c’était l’anniversaire de Weiss, il a dû vouloir faire mousser l’hôtel et en profiter pour récupérer un pourboire. Vingt dollars, dit-il en me montrant le billet, c’est un mois de salaire. On ne peut pas lui en vouloir. Bref, j’ai déconné et il est mort. On est dans une merde noire jusqu’aux yeux.

Bien qu’il ne saisisse pas vraiment la portée de cette métaphore, je comprends ce qu’il veut dire. Weiss sait que nous sommes ici, nous ignorons totalement ce qu’il mijote et nous avons un cadavre très gênant dans notre placard.

— Très bien, dis-je. (Et, pour une fois, je suis heureux de bénéficier de son expérience – ce qui implique évidemment qu’il ait déjà merdé et trouvé des cadavres étranglés dans son placard, mais il est certainement plus aguerri dans ce domaine que moi.) Qu’est-ce qu’on fait ?

— D’abord, on inspecte sa chambre. Il s’est sûrement barré, mais on serait vraiment cons de pas aller voir. On connaît le numéro et il sait pas forcément qu’on est au courant. Et s’il est là – faudra, comment tu as dit ? jouer à OK Corral.

— Et dans le cas contraire ? demandé-je, car j’ai l’impression que Rogelio est un cadeau d’adieu et que Weiss est déjà loin.

— S’il est pas dans sa chambre, et même s’il y est et qu’on le liquide, dans un cas comme dans l’autre, mon pote, désolé de te l’annoncer, mais les vacances sont finies. Tôt ou tard, ça va se savoir, ajoute-t-il en désignant Rogelio, et là ça va se gâter salement. Faut qu’on se tire.

— Et Weiss, alors ? S’il est déjà parti ?

— Va falloir qu’il dégage vite fait. Il sait qu’on est sur ses traces, et quand le corps de Rogelio sera découvert il y aura bien quelqu’un pour se rappeler les avoir vus ensemble. Je pense qu’il est déjà parti se planquer. En tout cas, faut qu’on aille voir sa chambre. Après, on dégage de Cuba, muy rapido .

J’avais affreusement redouté qu’il ait un plan high-tech pour se débarrasser du corps de Rogelio, genre le dissoudre avec un laser dans la baignoire, mais je suis soulagé que, pour une fois, il se montre sensé. Je n’ai presque rien vu de La Havane excepté une chambre d’hôtel et le fond d’un verre de mojito, mais il est temps de rentrer à la maison et de penser au plan de secours.

— D’accord, dis-je, allons-y.

— Bravo. Prends ton arme.

Je glisse cette chose froide et cliquetante dans la ceinture de mon pantalon et rabats l’ignoble blouson vert par-dessus, puis je sors dans le couloir pendant que Chutsky referme le placard.

— Mets la pancarte NE PAS DÉRANGER, dit-il.

Excellente idée : cela prouve que je ne me suis pas trompé quant à son expérience. À ce stade, ce serait très embêtant qu’une femme de chambre entre pour nettoyer les cintres. J’obéis, et avec Chutsky nous prenons l’escalier.

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