Ce fut l’illumination ! Ce qu’il avait devant lui était un Antonov 22, un appareil de transport soviétique copié sur le Hercules, mais doté d’une tourelle de tir à l’arrière, et non le Hercules canadien qui devait l’emmener hors de Pologne.
Fiévreusement, il fit marche arrière, puis demi-tour, retraversa le runway et reprit le taxiway.
Six cents mètres plus loin, il poussa un cri de joie. Les feux de position d’un avion émergeaient du brouillard. Il continua à rouler, arriva juste derrière l’appareil. Cette fois c’était un Hercules ! Son Hercules. Les quatre moteurs tournaient, en train de faire le point fixe, dans un grondement infernal.
Prenant l’extrême gauche, il doubla l’appareil immobile et vint stopper en biais devant le nez du gros appareil. Le pilote devait le guetter, car aussitôt il alluma ses phares d’atterrissage, éclairant le bus. Malko lui adressa de grands gestes par la glace baissée et aperçut le pilote qui tendait le bras hors du poste de pilotage, le pouce levé. Derrière lui, c’était du délire.
— Qu’est-ce qu’on fait ? Où va-t-on ? criaient les passagers. Ils vont nous rattraper.
Sans leur répondre, Malko repartit, contournant l’avion pour revenir derrière lui. Il y eut un concert d’exclamations dans le bus. Les passagers venaient de voir la grande porte arrière en train de s’abaisser pour se transformer en rampe d’embarquement ! Le temps que Malko ait effectué sa manœuvre, la rampe touchait le sol, avec un angle de 20°, découvrant un gouffre noir : l’intérieur de l’appareil. Malko assura ses mains sur le volant et lança le bus en avant. Il y eut une secousse lorsque les roues avant mordirent sur la rampe, tout le bus se souleva, comme s’il décollait, le diesel rugit et les roues arrière s’accrochèrent à leur tour sur la rampe.
En dix secondes, le gros bus venait d’être « avalé » par le Hercules !
Il était temps, un ballet de feux bleus clignotants se ruait derrière eux, sur le taxiway.
Alors même que la rampe n’était pas encore remontée, le gros appareil commença à rouler. Les passagers hurlaient de terreur ou de stupéfaction. Plusieurs hommes s’affairaient autour du bus, se hâtant de l’arrimer. Il y eut une légère secousse. Le Hercules venait de quitter le sol.
Malko coupa le contact, épuisé. Il émergea de son siège, juste pour tomber dans les bras de Wanda. Trois passagers étaient tassés sur leur siège. Morts. Deux autres, blessés légèrement, se dirigeaient vers la porte. Le Hercules prenait lentement de la hauteur.
Malko sauta à terre dans la carlingue. Un homme en salopette grise vint à sa rencontre, la main tendue.
— George Hawks, dit-il. De la Canadian International Charter. Vous nous avez fait une belle peur avec votre engin. On nous avait annoncé une voiture !
— Il n’y a pas eu de problèmes ? demanda Malko.
— Pas trop. Mais il était temps que vous arriviez. On avait raconté à la tour une histoire de circuit hydraulique à vérifier. Mais on ne pouvait pas attendre indéfiniment. Il fallait décoller ou revenir au parking.
— Et maintenant ?
— Dans trente minutes, nous serons sortis de l’espace aérien polonais. Nous filons droit sur le nord, vers la Baltique. Nous allons voler à six cents pieds pour échapper aux radars.
C’était du beau travail. Malko avait eu l’idée, en voyant le déménagement de l’ambassade U.S., d’utiliser pour son évasion le Hercules d’une compagnie canadienne de charter habituée à travailler pour le State Department… Il avait fallu tordre pas mal de bras et faire miroiter quelques dollars, canadiens et américains. La C.I.A. avait eu la main lourde. Une panne providentielle avait retardé le départ du Hercules. Jusqu’au lundi soir.
Une femme descendit du bus, se précipita vers Malko. Elle l’étreignit, disant des mots sans suite. Le Canadien la regardait, ému. Quand elle lâcha Malko, il lui demanda :
— Qui sont tous ces gens-là ? Ce n’était pas prévu. On va avoir quelques problèmes à l’arrivée.
— Ils en auraient eu encore plus s’ils étaient restés, dit Malko.
Le Hercules continuait à s’éloigner de Varsovie de toute la puissance de ses quatre turbo-propulseurs. Le Canadien hocha la tête.
— Beau travail. Faudra rendre leur bus aux Polonais. Qu’est-ce qu’elle a cette petite, elle pleure ?
Wanda était descendue du bus. Appuyée à la paroi, elle pleurait sans pouvoir s’arrêter. Le Canadien s’approcha d’elle :
— Don’t cry, Miss. It’s gonna be all right. It’s gonna be all right [46] Ne pleurez pas, mademoiselle. Tout va aller bien. Tout va aller bien.
.
Les pleurs de Wanda redoublèrent.
— Elle pleure le printemps, dit Malko.
Le Canadien secoua la tête sans comprendre. Décidément, ces gens de la C.I.A. étaient tous un peu bizarres.
Votre Altesse.
Une merveille !
N’est-ce pas ?
Petit poisson, bon poisson. Proverbe yiddish.
C’est un très gros poisson.
S.B. : Sluzba Bezpieczewstwa. Police d’État politique.
Vendu.
Coupé.
Equivalent de « Merde ! » en polonais.
Viens ici.
Je vous baise la main, comtesse.
Vendez. Achetez. Gardez.
Voir Protection pour Teddy Bear.
Crime diabolique à Vienne.
Garde populaire.
Secrétaire général du P.O.P.U.
Services spéciaux israéliens.
Fermé.
Les services de renseignement allemands.
Services polonais.
L’amiral Turner, nouveau patron de la C.I.A.
Vous vous foutez de moi.
Service de renseignements militaires polonais.
Contre-espionnage.
150 zlotys au marché noir.
La vieille ville.
A votre santé.
Le système D.
Salaud.
Allées de Jérusalem.
Taverne.
Texte clandestin.
Mon Dieu.
Groupe catholique.
Père Pajdak.
Oui.
Mon Dieu.
Sang de chien !
Musée national.
Zydowska Organizacja Bojowa.
II n’y en a pas.
C'est lui. C'est lui, ce salaud !
Technical Division.
Liberté, liberté.
Tourne à droite.
Ne pleurez pas, mademoiselle. Tout va aller bien. Tout va aller bien.