Janet Evanovich - Deux fois n’est pas coutume

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Deux fois n’est pas coutume: краткое содержание, описание и аннотация

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Stéphanie Plum est chasseuse de prime. Sa spécialité : ramener les libérés sous caution récalcitrants au tribunal. Un job sans grande surprise, sauf quand il s'agit de mettre la main sur Kenny Mancuso. Un vrai coriace trempé dans une affaire de trafic d'armes, qui passe son temps à découper des cadavres et à envoyer les morceaux à Stéphanie. Sans compter les quarante cercueils disparus d'une entreprise de pompes funèbres. Un vrai casse-tête. Évidemment, tout irait mieux si Morelli, flic et pot de colle, n'était pas toujours pendu à ses basques. Heureusement, Stéphanie à une grand-mère qui s'y connaît en flingues et en salons funéraires.

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— Tu aurais dû baisser le thermostat, fit remarquer Spiro. Cette poupée n’aurait pas tenu plus de dix minutes à zéro degré.

Ma grand-mère remua faiblement sur son plateau.

— Qu’est-ce qu’elle fait ? demanda Spiro.

— Elle essaie de s’asseoir, dit Kenny. Mais elle est trop vieille. Tes vieux os t’obéissent plus, hein, mémé ?

— Vieux, murmura-t-elle. Attends de voir ce que tu vas voir.

— Referme ce tiroir, dit Kenny à Spiro. Et mets la vieille à congeler.

Spiro donna une poussée sur le plateau, mais ma grand-mère, du pied, l’empêcha de coulisser. Elle avait les jambes repliées et se débattait comme un beau diable.

Spiro marmonna dans sa barbe et poussa violemment le plateau qui glissa, mais il manquait toujours quelques centimètres pour qu’il puisse refermer la porte.

— Quelque chose coince, dit-il. Je ne peux pas aller plus loin.

— Rouvre, fit Kenny. Qu’on voie ce qui cloche.

Spiro retira le plateau vers lui.

Apparut le menton de mamie Mazur, son nez, ses yeux… et ses bras qu’elle avait tendus au-dessus de sa tête.

— Tu cherches les ennuis, mémé ? fit Kenny. Tu t’amuses à coincer le tiroir ?

Ma grand-mère ne répondit pas, mais je voyais qu’elle grinçait des dentiers.

— Allonge les bras sur le côté, lui ordonna Kenny. Et me cherche pas, parce que tu pourrais bien me trouver !

Ma grand-mère gigota pour décoincer ses bras. Finalement, elle libéra sa main bandée, et l’autre suivit, tenant le .45. Elle rabattit son bras tendu et fit feu.

On se coucha tous à terre et elle tira un autre coup.

Puis, ce fut le silence. Personne ne bougea sauf ma grand-mère. Elle prit appui sur un coude, se redressa et il lui fallut un petit moment pour s’asseoir.

— Je sais ce que vous vous demandez, dit-elle, rompant le silence. Est-ce qu’elle a d’autres balles dans son barillet ? Eh bien, dans toute cette confusion, et d’être enfermée dans ce frigo, j’en avais oublié ce que j’avais sur moi. Mais étant donné qu’il s’agit d’un .45 magnum, à savoir le revolver le plus puissant du monde, et qu’il peut vous arracher la tête, vous n’avez plus qu’une question à vous poser : est-ce que c’est mon jour de chance, aujourd’hui ? Hein, qu’en dites-vous, minables ?

— Bordel, chuchota Spiro, voilà qu’elle se prend pour Clint Eastwood maintenant.

Bang ! mamie tira et dégomma une ampoule.

— Mince, fit-elle, y a vraiment un problème avec ce viseur.

Kenny crapahuta jusqu’aux caisses pour prendre un revolver. Spiro remonta l’escalier quatre à quatre. Quant à moi, je m’avançai en rampant vers mamie Mazur.

Bang ! Autre coup de feu. La balle manqua Kenny mais se ficha dans l’une des caisses. Il y eut une explosion et un feu d’artifice embrasa la cave jusqu’au plafond.

Je bondis sur mes pieds et aidai ma grand-mère à descendre du plateau.

Une autre caisse explosa. Des balles crépitèrent sur le sol et tracèrent des pointillés sur le bois des caisses qui renfermaient les cercueils. J’ignorais ce qui explosait ainsi, mais je me disais que nous avions de la chance de ne pas être touchées par des échardes de bois. Des volutes de fumée s’élevaient des caisses en flammes, nous obstruant la lumière, nous piquant les yeux.

J’entraînai ma grand-mère vers la porte de derrière et la poussai dans la cour.

— Ça va ? lui criai-je.

— Il allait me tuer, dit-elle. Et toi aussi. Nous tuer toutes les deux.

— Oui.

— Les gens ne respectent plus la vie humaine, c’est terrible !

— Oui.

Ma grand-mère se retourna vers la cave.

— Heureusement que tout le monde n’est pas comme ce Kenny. Il y a encore des gens normaux.

— Comme nous ?

— Oui, je suppose. Mais je pensais plutôt à l’inspecteur Harry.

— Bravo pour ton laïus.

— J’avais toujours rêvé de dire un truc comme ça. Je suppose que tout vient à point à qui sait attendre…

— Tu peux aller dans le bâtiment d’en face dire à Morelli que je suis là ?

Ma grand-mère s’éloigna vers la rue.

— S’il est là, je mettrai la main dessus ! dit-elle.

Kenny était à l’autre bout de la cave quand nous nous étions précipitées dehors. Soit il était remonté au rez-de-chaussée, soit il était toujours en bas en train de ramper vers la porte de derrière. Je penchais plutôt pour la deuxième solution. Il y avait trop de monde au rez-de-chaussée.

Je me trouvais à cinq ou six mètres de la porte, et je ne savais pas trop quoi faire si Kenny surgissait. Je n’avais ni revolver ni bombe lacrymogène. Pas même ma torche électrique. Je ferais peut-être mieux de filer dare-dare et d’oublier Kenny. L’argent, ce n’est pas tout dans la vie, me dis-je.

Qu’est-ce que je racontais ? Il n’était pas question d’argent. Il était question de ma grand-mère.

Il y eut une nouvelle explosion, plus faible que les précédentes, et des flammes jaillirent des fenêtres de la cuisine. Des gens criaient dans la rue et j’entendis des sirènes qui approchaient. De la fumée se déversait par la porte de la cave et s’enroulait autour d’une silhouette humaine. Une créature de l’enfer cernée par le feu. Kenny.

Il se plia en avant, en proie à une quinte de toux, puis inspira profondément, bras ballants. Apparemment, il n’avait pas réussi à prendre une arme. Bonne nouvelle. Je le vis regarder à droite et à gauche, puis marcher droit sur moi. J’avais l’impression que mon cœur allait bondir hors de ma poitrine, puis je me rendis compte que Kenny ne m’avait pas encore vue. Je me dressai, perdue dans l’ombre, sur sa voie de sortie. Il comptait contourner les garages et disparaître dans les ruelles du Bourg.

Il avançait à pas de loup, inaudible dans le rugissement des flammes. Ce ne fut qu’arrivé à un mètre cinquante de moi qu’il me vit. Il se figea sur place, surpris, et on se mesura du regard.

Tout d’abord, je crus qu’il allait prendre ses jambes à son cou, mais il se rua sur moi en poussant un juron, et on roula tous deux dans la poussière en se donnant des coups de pied et de poing. Je lui flanquai un bon coup de genou et lui enfonçai mon pouce dans l’œil.

Kenny s’écarta de moi en hurlant de douleur et commença à se relever. Je l’attrapai par un pied et le fis retomber à genoux. On roula de nouveau par terre. Et de nous rebalancer des coups de pied, de poing et des insultes.

Il était plus grand et plus fort que moi, et plus fou sans doute. Quoique j’en connaisse qui ne seraient pas forcément d’accord sur ce dernier point. J’étais mue par la colère. Kenny tentait le tout pour le tout, mais j’étais complètement enragée.

Je ne voulais pas seulement l’empêcher de fuir… je voulais lui faire mal. Pas facile à admettre. Je ne m’étais jamais considérée comme quelqu’un de foncièrement mauvais et de rancunier, mais c’était ainsi.

Je serrai le poing et lui balançai un revers, portant un coup qui me fit vibrer le bras jusqu’à l’épaule. Il y eut un craquement, Kenny haleta, puis je le vis battre l’air de ses bras.

Je l’attrapai par le pan de sa chemise et appelai à l’aide.

Ses mains se serrèrent autour de mon cou et je sentis son souffle tiède sur mon visage.

— Crève, dit-il d’une voix pâteuse.

Peut-être, mais il mordrait la poussière avec moi. Je me cramponnais à sa chemise avec une poigne de fer. Sa seule façon de m’échapper serait qu’il se mette torse-poil. Je ne lâcherais pas sa liquette, même étranglée.

J’étais si concentrée là-dessus qu’il me fallut quelques secondes pour me rendre compte que nous étions trois.

— Putain, me criait Morelli à l’oreille. Mais lâche-le donc !

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