Octave Feuillet - La petite comtesse

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Le site eût suffi pour me faire deviner l'abbaye, qui sans doute succéda à l'ermitage. Dans cette période de transition brutale et convulsive qui ouvrit si péniblement l'ère moderne, quel immense besoin de repos et de recueillement devait se faire sentir aux âmes délicates et aux esprits contemplatifs! – Je lis dans le coeur du moine, du poëte, du spiritualiste inconnu que le hasard amena un jour, au milieu de cet âge terrible, que la pente de ces collines, et qui découvrit soudain le trésor de solitude qu'elles recélaient: je me figure l'attendrissement de ce rêveur fatigué en face d'une scène si paisible; je me le figure, et, en vérité, je ne suis pas loin de le partager. Notre époque, à travers de grandes dissemblances, n'est pas sans quelques rapports essentiels avec les premiers temps du moyen âge: le désordre moral, la convoitise matérielle, la violence barbare, qui caractérisaient cette phase sinistre de notre histoire, ne semblent éloignés de nous, aujourd'hui, que par la distance qui sépare la théorie de la pratique, le complot de l'exécution, et l'âme perverse de la main criminelle.

Les ruines de l'abbaye sont adossées à la forêt. Ce qui survit de l'abbaye elle-même est peu de chose: à l'entrée de la cour, une porte monumentale; une aile de bâtiment du XIIe siècle, où loge la famille du meunier dont je suis l'hôte; la salle du chapitre, remarquable par d'élégants arceaux et quelques traces de peintures murales; enfin, deux ou trois cellules, dont une paraît avoir servi de lieu de correction si j'en juge par la solidité de la porte et des verrous. Le reste a été démoli, et se retrouve par fragments dans les maisonnettes du voisinage. L'église, qui a presque les proportions d'une cathédrale, est d'une belle conservation et d'un effet merveilleux. Le portail et le chevet de l'abside ont seuls disparu: toute l'architecture intérieure, les voussures, les hautes colonnes, sont intactes et comme faites d'hier. Là, il semble qu'un artiste ait présidé à l'oeuvre de destruction: un coup de pioche magistral a ouvert aux deux extrémités de l'église, à la place du portail et à la place de l'autel, deux baies gigantesques, de sorte que le regard, du seuil de l'édifice, plonge dans la forêt comme à travers un profond arc triomphal. Dans ce lieu solitaire, cela est inattendu et solennel. J'en fus ravi.

– Monsieur, dis-je au meunier, qui, depuis mon arrivée, observait de loin chacun de mes pas avec cette méfiance féroce qui semble particulière au pays, je suis chargé d'étudier et de dessiner ces ruines. Ce travail me demandera plusieurs jours: ne pourriez-vous m'épargner une course quotidienne du bourg à l'abbaye, en me logeant chez vous, tant bien que mal, pendant une semaine ou deux?

Le meunier, Normand de race, m'examina des pieds à la tête sans me répondre, en homme qui sait que le silence est d'or: il me toisa, me jaugea, me pesa, et finalement, desserrant ses lèvres enfarinées, il appela sa femme. La meunière apparut alors sur le seuil de la salle du chapitre, convertie en étable à veaux, et je dus lui renouveler ma demande. Elle m'examina, à son tour, mais moins longuement que son mari, et, avec le flair supérieur de son sexe, sa conclusion fut, comme j'avais droit de m'y attendre, celle du Proeses dans le Malade : – Dignus es intrare . Le meunier, qui vit la tournure que prenaient les choses, souleva son bonnet et me régala d'un sourire. Ces braves gens, du reste, une fois la glace rompue, s'ingénièrent à me dédommager, par mille attentions empressées, de la prudence de leur accueil. Ils voulaient m'abandonner leur propre chambre, ornée des Aventures de Télémaque , à laquelle je préférai – comme eût fait Mentor – une cellule d'une austère nudité, dont la fenêtre à petits carreaux losangés s'ouvre sur le portail ruiné de l'église et sur l'horizon de la forêt.

Plus jeune de quelques années, j'aurais joui très-vivement de cette poétique installation; mais je grisonne, ami Paul, ou du moins j'en ai peur, bien que j'essaye encore d'attribuer à de simples jeux de lumière les tons douteux dont ma barbe s'émaille au soleil de midi. Toutefois, si ma rêverie a changé d'objet, elle dure encore et me charme toujours. Mon sentiment poétique s'est modifié, et je crois qu'il s'est élevé. L'image d'une femme n'est plus l'élément indispensable de mon rêve: mon coeur, plus calme, et qui s'étudie à l'être, se retire peu à peu du champ où s'exerce ma pensée. Je ne puis, je l'avoue, trouver un plaisir suffisant dans les pures et sèches méditations de l'intelligence: il faut que mon imagination parle d'abord et donne le branle à mon cerveau, car je suis né romanesque, romanesque je mourrai, et tout ce qu'on peut me demander, tout ce que je puis obtenir de moi, à l'âge où la bienséance commande déjà la gravité, c'est de faire des romans sans amour.

Les monuments du passé favorisent cette disposition incurable de mon esprit: ils m'aident à ressusciter les moeurs, les passions, les idées de leurs anciens habitants, et à interroger, sous les caractères variés de chaque époque, la vieille énigme de la vie. – Dans cette cellule où je t'écris, je ne manque pas d'évoquer, chaque soir, des robes de bure et des visages macérés: un moine m'apparaît, tantôt à genoux dans cet angle obscur, sur cette dalle usée, plongé dans les heureuses extases de la foi, tantôt accoudé sur cette noire tablette de chêne, couvrant d'auréoles d'or le parchemin des missels, perpétuant les oeuvres du génie antique, ou poursuivant sa science, qui l'effraye, jusqu'aux limites de la magie. Un autre fantôme, debout près de l'étroite fenêtre, attache son regard humide sur la profondeur de ces bois, qui lui rappellent les chasses chevaleresques et les palefrois des châtelaines. – Tu en diras ce qu'il te plaira, j'aime les moines, non pas les moines de la décadence, les moines fainéants, pansus et verts gaillards, qui firent la joie de nos pères, et qui ne font pas la mienne. J'aime et je vénère cette ancienne société monastique, telle que je me la figure, recrutée parmi les races malheureuses et vaincues, conservant seule, au milieu d'un monde barbare, le sentiment et le goût des jouissances de l'esprit, ouvrant un refuge, et le seul refuge possible dans une telle époque, à toute intelligence qui laissait voir, fût-ce sous le sayon de l'esclave, quelque étincelle de génie. Combien de poëtes, de savants, d'artistes, d'inventeurs anonymes ont dû bénir, pendant dix siècles, ce droit d'asile respecté, qui les avait arrachés aux misères poignantes et à la vie bestiale de la glèbe! L'abbaye aimait à découvrir ces pauvres penseurs plébéiens et à seconder le développement de leurs aptitudes diverses: elle leur assurait le pain de chaque jour et le doux bienfait du loisir, elle s'honorait et se parait de leurs talents. Quoique leur cercle fût étroit, ils y exerçaient, du moins librement, les facultés qu'ils tenaient de Dieu: ils vivaient heureux, quoiqu'ils dussent mourir ignorés.

Que plus tard le cloître se soit écarté de ces nobles et sévères traditions, qu'il ait dégénéré de chute en chute jusqu'aux frères Fredons et jusqu'au directeur spirituel de Panurge, cela est possible; il a dû subir le destin commun à toutes les institutions qui ont fait leur temps, et qui survivent à leur oeuvre accomplie. Toutefois, il se peut bien que l'esprit gaulois de la bourgeoisie émancipée, auquel vint s'ajouter bientôt l'esprit de la Réforme, ait dessiné dans nos vieilles abbayes plus de caricatures que de portraits. Quoi qu'il en soit, même en lisant Rabelais avec le respect qu'il convient, aucun homme doué de pensée ne saurait oublier que, durant cette triste nuit du moyen âge, le dernier rayon de la pure vie intellectuelle éclaire le front pâle du moine.

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